Au cours des 15 dernières années tous les gouvernements français se sont évertués à expliquer que la survie du pays passait par la croissance économique portée par l’augmentation de la rentabilité des services ou des entreprises en sacrifiant le pouvoir d’achat et la solidarité. Le spectre de la délocalisation a souvent été agité sans que rien ne change vraiment dans l’envie des multinationales de choisir des ajustements du prix des offres sur le dos des avantages sociaux. La ficelle est usée. La peur a changé de camp pour la première fois depuis longtemps. Le besoin en « mesures sociales » émerge accompagné d’une hostilité globale à l’égard de la démocratie représentative nationale, revient en force. C’est encore confus mais ce sera durable. Le printemps devra être social ou la france va dans le mur.
Rappelons que Nicolas Sarkozy avait par exemple supprimé la taxe professionnelle sur la base d’une affirmation vite oubliée : « On (la) supprimera en 2010 parce que je veux que l’on garde des usines en France», avait déclaré un soir ex-abrupto à la télévision un soir le Président ajoutant : «Je veux qu’on arrête les délocalisations et que si possible on relocalise.». Il avait assorti en fait cette initiative d’une compensation payée par les revenus de l’Etat, par les grands groupes français gérant des réseaux via la création des IFER (rail, pylônes électriques ou de téléphonie, parcs solaires…) ou sur la création de valeur ajoutée par des investissements…. Bref ça n’a rien réglé si ce n’est que les salariés consommateurs ou contribuables ont payé pour une suppression n’ayant pas été réellement évaluée avant son entrée en vigueur. Pour les retraites (2007 et 2010): trois ans après la réforme des régimes spéciaux(SNCF, RATP, EDF..) et malgré des mois de conflit avec les syndicats et de gigantesques manifestations de rue, la loi repousse de 60 à 62 ans l’âge minimum légal de départ en retraite, et de 65 à 67 ans l’âge minimum (pour les salariés n’ayant pas la durée de cotisation suffisante) pour une retraite sans décote. Toujours les salariés qui trinquent !
François Hollande n’a pas barguigné pour essayer de persuader les entrepreneurs de favoriser l’emploi : toutes les exonérations possibles ont été empilées ! En 2013, le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi est équivalent à 4 % de la masse salariale de l’entreprise hors salaires supérieurs à 2,5 fois le SMIC. Le gouvernement évalue à 13 milliards d’euros le coût du crédit d’impôt pour 2013 et à 20 milliards pour 2018. D’après le gouvernement, le financement de la mesure repose sur des économies dans les dépenses de l’État, une hausse de la TVA et une hausse de la fiscalité écologique jamais mis en place. D’après la loi, les entreprises devaient utiliser le CICE pour investir, embaucher ou conquérir de nouveaux marchés et ne pas l’utiliser pour augmenter les salaires des dirigeants ou les dividendes des actionnaires. Néanmoins, les instructions transmises à l’administration fiscale en juillet 2013 énonçaient que le report de l’utilisation du CICE dans les comptes annuels de l’entreprise était une possibilité et non une obligation et que l’utilisation du CICE ne serait pas contrôlée par l’administration fiscale ! En revanche on connaît le coût payé par les contribuables : 11,3 milliards d’euros en 2013, à 19 milliards d’euros en 2015 et estimé à 21 milliards d’euros en 2018 ! Aucune étude sérieuse n’a démontré que les objectifs initiaux avaient été respectés.
Chaque fois le refrain politique est le même : plus on soutient le milieu économique par des exonérations, de subventions ou des déréglementations on favorise le sort des salariés de base qui ont le privilège de conserver un emploi ! On vient de voir ce que cette stratégie à donné en Gironde avec le scandale de Ford qui a tout engrangé pour finalement plier bagages laissant sur le carreau des centaines d’emplois directs ou indirects… Les politiques n’ont fait au cours des ans que donner des dividendes supplémentaires aux actionnaires !
Bien évidemment Emmanuel le Magnifique a accentué ces « cadeaux » en détruisant le principe de la solidarité entre économie et responsabilité sociale. La baisse des cotisations a entraîné des chutes de prestations diverses (APL, aides diverses notamment médicales ou sociales) et va en générer d’autres (allocations chômage, retraites). I a falludes augmentations des taxes sur la consommation contrainte pour compnesre encore une fois les libéralités consenties à un milieu économique toujours demandeur au nom de sa capacité, jamais démontrée, à créer de la croissance. Ce fut une avalanche de décisions discrètes ou visibles qui a emporté sur son passage des pans entiers de la solidarité républicaine originelle. Il faut reconnaître que tout avait été annoncé… et donc mis en œuvre le plus vite possible afin de surfer sur la vague d’une élection de répulsion de la Marine nationaliste.
Il y avait eu au cours des mandats précédents des révoltes, des manifestations liées à un projet ou à un autre mais la nouveauté de 2018 c’est que la révolte a pris naissance pour un épiphénomène (taxe sur le gazole) mais a vite tourné au ras-le-bol confus et généralisée. Un sentiment de spoliation généralisée s’ancre dans le pays.
Une somme de mécontentements sociaux divers ou de revendications catégorielles va être à payer cash. C’est un nouveauté sociétale qui perdurera. 2019 sera à cet égard encore plus agitée que cette fin d’année. Il est impossible que les réformes annoncées sur le régime unique des retraites ou la réduction drastique des allocations chômage n’amplifient pas la lassitude en cours d’autant que les premiers mois du quinquennat ont largement accrédité le choix d’une gouvernance récompensant les plus aisés, voire uniquement les très aisés, de leur investissement en faveur de celui qui est le porteur du libéralisme financier outrancier et décomplexé. Si le jaune est présent c’est le rouge qui est mis !
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Nous nous demandions « quand çà allait péter » et nous y sommes. Tant mieux car 9 millions de pauvres, de précaires, de gens qui survivent; cela devient insupportable.
Tous les cadeaux faits aux entreprises n’ont servi à rien, certains ont profité de l’aubaine et pourquoi refuser quand c’est cadeau, quant à la promesse de créer des emplois qui peut y croire s’il les entreprises n’ont pas de débouchés, des carnets de commandes bien remplis ? Moi qui ai travaillé dans une entreprise toute ma vie, je n’ai jamais constaté que mon employeur ait embauché une personne pour faire plaisir à un politique, fut il président de la république, par contre, il embauchait quand il avait des commandes fermes avec devis signés. Tous les cadeaux qui ont été faits avec notre « pognon » n’ont servi qu’à organiser une précarité toujours plus grande et qu’à engraisser un patronat, je dirais une finance dévoreuse d’hommes. Je tiens ici à faire la différence entre les petites entreprises familiales et d’autres comme FORD. A la retraite, je serai de toutes les manifestations pour que l’on rende leur dignité aux plus démunis et que l’on ne vienne pas dire que je suis populiste. Je suis fière d’être issue du peuple, je n’ai reçu de cadeaux de personne, j’ai gagné ma vie à la sueur de mon front, suis taxée encore malgré une « retraite à mi-temps » foyer fiscal oblige. Je ne remercie pas Jupiter qui devra rendre des comptes un jour. Tant que je serai debout, je serai avec ceux qui luttent pour plus de justice. Que 2019 nous apporte l’espoir d’une vie digne !
Maria : » Je suis fière d’être issue du peuple, je n’ai reçu de cadeaux de personne, j’ai gagné ma vie à la sueur de mon front »….
Pour les gens qui n’ont eu que la peine de profiter et de de faire fructifier la « benasse » léguée par les ancêtres, c’est nous qui sommes des privilégiés et des profiteurs !
Voir les travaux des sociologues Pinçon Charlot, qui ont fait l’objet de publications (Ce que ça fait d’être riche, Voyage en grande bourgeoisie etc..).
Ces nantis nous considèrent comme des malfaiteurs : n’étant pas « nés » riches, et ayant réussi à ne pas être complètement dans la misère, le peu que nous possédons ne peut être qu’illégal, et le peu que nous avons les prive de ce qu’ils pourraient avoir, non par besoin , mais par plaisir.
Ils ne doivent d’ailleurs pas pouvoir imaginer que l’on puise gagner honnêtement sa vie (« Derrière chaque fortune il y a un crime » citation de Balzac).
Les addictions sont un mal terrible, et celle à l’argent n’est pas la moins grave et certainement la plus destructrice.
bonjour,
jongler avec les milliards que l’on a pas une stratégie dangereuse utilisée depuis longtemps par les gouvernements successifs. Une stratégie dévoilée par les milliers de documents issus des «MacronLeaks», concernant le financement de sa campagne pour trouver le carburant indispensable à cette folle aventure : l’argent. Jamais, en effet, une association politique n’était parvenue à se constituer un tel trésor de guerre – près de 15 millions d’euros – aussi rapidement. Dîners, déjeuners, cocktails… cette course effrénée à l’argent est pilotée par Christian Dargnat, ex-patron de la filiale de gestion d’actifs de la banque BNP Paribas. En seulement vingt jours, la petite équipe réussit à encaisser près de 230 000 euros, auxquels s’ajoutent 188 000 euros «en cours de récupération», divisés en 25 chèques. Cinq mois après son lancement, En marche est financé à plus de deux tiers par les grands donateurs, selon un document interne daté de septembre 2016. Près de 1,9 million d’euros ont déjà été récoltés, soit près de 400 000 euros par mois. Toute la campagne est émaillée de déclarations fallacieuses sur la provenance des fonds pour masquer le financement très « particulier » de la levée de fonds.
Pour revenir au sujet, les Macronleaks révèlent que Laurent Martel et Alexis Kohler, qui deviendront respectivement conseiller fiscalité du président Macron et secrétaire général de l’Elysée, échangent par mail à propos d’une note sur la fiscalité écologique, en novembre 2016. Les deux responsables d’En Marche s’interrogent en fait sur l’affectation de la recette : «La question est ouverte de savoir si l’on affectera intégralement le rendement de la fiscalité écologique au financement des exonérations sociales ou s’il faut en réserver une partie […] à une compensation « ménages ».» En d’autres termes, il s’agit bien de financer «une baisse de cotisations patronales par une hausse de la fiscalité diesel», comme le résume Kohler à la fin de l’échange.
Par un raisonnement qu’il qualifie lui-même de «tiré par les cheveux», Martel défend la mesure en expliquant que si elle «pèsera pour 50%» sur les 60% les moins aisés de la population, elle financera une mesure qui leur «bénéficiera intégralement». Pour parvenir à cette conclusion, il faut considérer «que la baisse des cotisations patronales bénéficiera à l’emploi ou aux salaires», concède Kohler.
Les GJ n’ont pas fait l’ENA, mais il ont bien analysé l’entourloupe du carburant et de sa fiscalité verte … Et des microscopiques « ruissellements » en terme d’emplois.
Aujourd’hui la justice se défoule sur les GJ, les peines de prison ferme tombent comme à Gravelotte en espérant un effarouchement du « gibier ». Pas de chance! un autre barbu (pas le père Noël) est remonté à la surface au Tchad. Situation très embarrassante tant à l’Élysée que dans les tribunaux. Une nouvelle doléance va elle aussi exiger de couper le cordon entre le pouvoir exécutif et le judiciaire? Cette aberration constitutionnelle de la Véme va-t-elle enfin disparaitre au profit d’une séparation RÉELLE des trois pouvoirs ?
Salutations républicaines
Facon JF
Vous n’avez rien compris ! Ça rapporte la vente des tee shirts !
Sa Suffisance Balladur l’avait pourtant déjà expliqué.
« Les GJ n’ont pas fait l’ENA, » …C’est bien pour ça qu’ils ont tout compris, ils n’ont pas eut l’esprit tordu.
Il faut avouer que ce pauvre Benalla et les services du Quai d’Orsay ont vraiment mauvaise tête !
Ils avaient oublié cette affaire de passeport à restituer, et ce malheureux Benalla ne s’en est plus souvenu non plus ! Et il les a utilisés.(entendu aux infos)
Mais où ont ils donc la tête ?
A moins que l’on nous prenne pour des idiots doublés d’amnésiques, qui auraient oublié la célèbre « cellule africaine », mise en place sous le règne de Mongénéral, et gérée un temps par le sinistre Foccart.
7 nivôse 227
Soyons taquins ! L’an dernier, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud argumentait à propos des contrats aidés dont le gouvernement souhaitait réduire drastiquement le nombre : « extrêmement coûteux pour la nation […] pas efficaces dans la lutte contre le chômage ». Un rapport de la Cour des comptes de 2016 confortait la ministre en pointant des résultats décevants pour l’insertion professionnelle et un coût élevé pour l’État : 3,3 milliards d’euros. « Le coût unitaire des contrats aidés en fait l’outil le plus onéreux de la politique de l’emploi », insistait l’institution en charge du contrôle des comptes publics.
Pourtant, une bête division donne un coût de 8250 € par an par emploi aidé. Pas grand-chose au regard des 435 000 € par emploi créé par le CICE (52 fois plus cher). À moins, bien sûr, que l’illustre Cour considère que le CICE ne fait absolument pas partie des politiques de l’emploi, contrairement aux arguments du gouvernement d’alors pour le justifier. Dommage pour un dispositif qui a coûté près de 100 milliards d’euros depuis 2013 et qui doit être transformé en annulation de cotisations sociales pour les entreprises d’un montant de 20 milliards annuel au 1er janvier 2019.