Donald a été applaudi, honoré, ovationné, promu, adulé, adoré, déifié, couronné comme aucun autre chef d’un Etat ne l’avait été auparavant au XXI° siècle. Devant les caméras diffusant dans le monde entier son arrivée en Israël, les transferts des malheureux otages, le discours louangeur et dithyrambique de Netanyahou et le propos sans queue, nombriliste du héros du jour il est vraiment difficile de prétendre avoir une autre vision de ce qui est présenté comme une parfaite réussite. Le scénario millimétré et digne des grandes séries télévisées a parfaitement fonctionné. La journée deviendra historique mais révélatrice des maux d’une époque.
Le grand spectacle à la gloire de Trump était légitimé par l’obtention par la pression et la menace de la libération des personnes encore retenues dans les tunnels de Gaza. Sa détermination a donc fait plier le Hamas et il ne faut pas trop l’oublier le Premier Ministre israélien. D’ailleurs ce dernier point a été peu évoqué durant les heures de commentaires relatifs à ces cérémonies dépourvus de la moindre compassion à l’égard du peuple palestinien. La gloire dévolue au « Schtrump ravi » éclipsait tout le reste.
Comme toujours dans ce genre de cérémonies les milliers de morts seulement coupables de s’être trouvé au mauvais moment au mauvais endroit étaient absents des esprits. Je n’ai pu m’empêcher de penser à Voltaire et sa description de la guerre entre les Bulgares et la Abares dans ce merveilleux bouquin qu’est Candide. Les hasards de la vie m’a conduit à avoir à le commenter à l’oral du bac en 1966 et tous les mots sont restés gravés comme autant de repères contre la guerre toujours préféré à celui de la Paix. Je ne peux m’empêcher d’en citer un extrait.
« Enfin, tandis que les deux rois faisaient chanter des Te Deum chacun dans son camp, il prit le parti d’aller raisonner ailleurs des effets et des causes. Il passa par-dessus des tas de morts et de mourants, et gagna d’abord un village voisin ; il était en cendres : c’était un village abare que les Bulgares avaient brûlé, selon les lois du droit public (…) Ici des vieillards criblés de coups regardaient mourir leurs femmes égorgées, qui tenaient leurs enfants à leurs mamelles sanglantes ; là des filles éventrées après avoir assouvi les besoins naturels de quelques héros rendaient les derniers soupirs ; d’autres, à demi brûlées, criaient qu’on achevât de leur donner la mort. Des cervelles étaient répandues sur la terre à côté de bras et de jambes coupés(…). Candide s’enfuit au plus vite dans un autre village : il appartenait à des Bulgares, et des héros abares l’avaient traité de même(..). » La guerre quelle qu’en soit les causes se traduit toujours par des atrocités qu’un camp reproche à l’autre et vice versa.
Rien n’est réglé sur la terre de Palestine. Les armes reprendront malheureusement le dessus sur les paroles. Les multiples incantations à dieu qui ont émaillé les discours officiels ne les arrêteront pas. Bien au contraire. La religion reste le détonateur le plus dangereux pour réveiller à tout moment les extrémismes d’un coté ou de l’autre. Elle a été omniprésente ce qui laisse augurer des lendemains qui déchantent.
Les otages survivants ont retrouvé leur liberté et c’est humainement louable. Des milliers de prisonniers aussi. Mais ce n’est pas pour autant que la colombe de la Paix nichera dans les prochaines semaines sur la bande d Gaza, laminée, détruite, transformée en charnier à ciel ouvert et déjà repassée sous la férule du Hamas. Les milliers de morts seront
Le Schtrump a repris son avion pour pratiquer le golf où bon lui semble avec une couronne de lauriers sur sa chevelure laquée. Il laissera derrière lui des ruines, des haines féroces, des rancœurs tenaces, une défiance forte et des générations traumatisées. Imposer par la force un changement des esprits paraît moins facile que de contraindre à libérer des otages. Le vrai problème c’est que de chaque coté l’affrontement profite aux pouvoirs en place. La gabegie d’éloges, de propos laudateurs, de congratulations, de certitudes démesurées s’effacera trop vite face à la dure réalité d’une terre sur laquelle la paix n’a jamais vraiment existé.
«La guerre, c’est la routine. L’humanité, pour l’instant, n’a jamais connu la paix ; seulement des entre-deux-guerres. » explique Voltaire. Rien n’est plus vrai. Paradoxalement la journée de hier n’est guère rassurante. Ses exagérations médiatisée n’ouvre pas une période de sérénité. Bien au contraire. Israël a ostensiblement célébré une « victoire » éphémère dans ses villes et ses villages et non pas éternelle comme la prétendu le Schtrump.
Or les questions épineuses ont été repoussées pour que l’échange entre otages et prisonniers puisse se faire rapidement. Quels plans précis pour ressortir Gaza des ruines qui l’accable ? Quid prendra le pouvoir palestinien ? Comment le désarmement du Hamas peut-il concrètement exister ? Quid de l’avenir politique de Netanyahou une fois que les otages seront libérés ? Quelle avenir de la Cisjordanie ? Et plus encore existe-t-il une volonté pacifique ?
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« ces cérémonies dépourvus de la moindre compassion à l’égard du peuple palestinien »…. m’ont profondément choqué, de même que cette joie plus ou moins factice arborée par un peuple, ou du moins quelques représentants faisant preuve d’une exaltation et d’une exubérance frelatées.
J’ai assisté au retour des déportés en 1945, ces manifestations étaient empreintes d’une autre dignité et de la compassion pour les familles de ceux qui ne revinrent pas. « Autres temps, autres mœurs ».
Un bon point pour le journal d’Arte qui seul a consacré une partie de son programme à faire un constat du délabrement psychologique de la population de Gaza et des dérisoires remèdes que de courageuses bonnes volontés tentent de leur apporter.
« la bande d Gaza, laminée, détruite, transformée en charnier à ciel ouvert et déjà repassée sous la férule du Hamas. » D’aucuns le regrettent, certes, mais qui défendra les infortunés survivants s’il prend fantaisie au criminels de guerre voisins de « terminer le travail » et mettre fin à la Naqba faute de victimes à exterminer ?
Quels moyens l’État Palestinien, reconnu internationalement par de nombreux pays, dont maintenant la France, peut il se défendre contre un envahisseur aux buts exterminateurs même pas dissimulés ?
Je ne suis point rassuré sur l’avenir de ce malheureux pays à la merci de deux clowns tragiques.
J’ai aussi vu le journal d’Arte et l’émission 28 minutes qui a suivi avec la brillante Agnès Levallois parmi les trois invités.Je crois à un espoir de paix suite aux exposés des trois intervenants et ne pense pas que le Hamas soit le mieux placé pour assurer cette paix.Des affrontements interpalestiniens viennent d’avoir lieu entre le Hamas et le clan Doghmoush,que ferait une force d’interposition face à ces courageux soldats masqués soutenus par l’Iran s’ils restent à Gaza .
Rappelons que le Hamas a été abreuvé en dollar par le Quatar ce qui les a « valorisé » par opposition à l’OLP.
« Les fonds sont transférés en coordination avec les États-Unis et Israël, explique Khaled el Hroub, professeur d’études sur le Moyen-Orient à l’Université Northwestern au Qatar, à BBC Mundo.En 2016, l’émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, a annoncé que son pays allouerait 113 millions de réseaux qataris (environ 30 millions de dollars ) pour « alléger les souffrances des frères de la bande de Gaza et les graves difficultés financières auxquelles ils sont confrontés ». « En raison du siège injuste que leur impose l’occupation israélienne « .
Cet argent, versé mensuellement, a permis de payer une partie des salaires de près de 50 000 responsables gazaouis, d’acheter du carburant pour alimenter le réseau électrique de la bande et d’aider les familles les plus pauvres, qui ont reçu un chèque mensuel de 100 dollars. » Je rajouterai pour construire les tunnels,curieux personne n’a rien constaté!!
Ensuite les intérêts financiers de nos milliardaires ne seront-ils pas supérieurs aux intérêts de la population Palestinienne?