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Une audition sauce béarnaise occultant la réalité

Plusieurs heures de questions se voulant incisives et accusatrices et de réponses musclées, des digressions, des considérations généralistes ont tenté d’éclairer la tragédie médiatisée dite de Bétharam. Des heures que j’oserai qualifier de totalement inutiles sauf pour une exploitation potentielle sur le plan politique o,t succédé à celles tout aussi inutiles de la veille. L’ambulance béarnaise a résisté à l’embuscade car comme de bien entendu il a au d’abord la mémoire qui flanche et ensuite il avait eu le temps de préparer ses ripostes en puisant dans les archives des excuses plus ou moins glorieuses. Un zeste de mauvaise foi de part et d’autre, un soupçon de règlement de compte, une forte dose de nombrilisme et à l’arrivée absolument aucune évocation des causes profondes de ces abus multiples et « avariés ».

Celui qui fut Ministre de l’Éducation nationale mis en cause personnellement, se retrouvait devant une commission d’enquête de l’Assemblée nationale alors que sa vraie faute originelle c’est d’avoir comme tant d’autres en dehors d’Alain Savary, soutenu la fameuse « liberté » d’un système d’enseignement se considérant comme au-dessus de principes républicains. En fait le seul moment de vérité de cette audition sous serment aura été celui où l’une des responsables de la commission a souligné « qu’il n’y avait eu depuis la loi Debré qu’ une seule inspection au niveau rectoral et aucune au niveau national d’un établissement sous contrat en France ». Il avait fallu des plaintes médiatisées (le rôle utile de la presse d’enquête a été au cœur de cette séquence longue durée) pour qu’un inspecteur pédagogique régional (vie scolaire) domicilié dans les Pyrénées atlantiques, connaissant bien l’établissement, soit envoyé passer une « journée » d’investigation à Bétharam.

Le Premier ministre en manque de Pau savait, sans savoir, tout en sachant trop tard ou partiellement, n’a à aucun moment il a remis en cause la pyramide institutionnelle de l’Éducation. Ses membres ont été parfaits. La preuve : ils n’ont grâce à leur inaction totale causé aucun désagrément politique aux gouvernements qu’ils ont servi. Dans certains pays comme la Finlande pour économiser sur les budgets, ils ont totalement supprimé tous les inspecteurs en tous genres. Dans mes 38 ans de carrière j’en ai vu trois dont un d’académie ! Le premier le jour de mon CAP et le second de nombreuses années plus tard… Totalement inutile ! 

L’enseignement qui se dit « libre » grâce à la passivité de la puissance publique, bénéficie des subsides publics dès qu’ils ont obtenu un contrat d’association élargie au niveau des écoles maternelles. Au total ce sont plus de 8 milliards (salaires des enseignants compris) qui lui sont alloués par l’État. Il faut y ajouter les crédits votés dans les communes, les départements et les régions pour le fonctionnement quotidien calculé à partir des dépenses effectuées en faveur de l’École publique. Des sommes versées sans absolument aucun contrôle possible puisqu’aucune gestion d’établissement sous contrat n’a été contrôlé. Par exemple il serait intéressant que la Cour régionale des Comptes examine ceux de Bétharam… et d’autres établissements de ce type qui engraissent des congrégations propriétaires de leurs locaux. 

Une sénatrice avait eu comme mission d’indexer les sommes allouées aux système privé d’enseignement soit proportionnelle à leurs efforts de respect de la « mixité sociale » qu’il accepte dans leur fréquentation. La ségrégation s’accentue en effet chaque année davantage. Le recrutement par une habile sélection leur permet comme dans tous les autres privatisations, de constituer des structures d’exclusion. La Cour des Comptes dans son dernier rapport sur le sujet souligne cette réalité : « alors que les effectifs apparaissent globalement stables, la mixité sociale dans les établissements privés sous contrat est en fort recul depuis une vingtaine d’années . Les élèves de familles très favorisées, qui constituaient 26,4 % des effectifs de l’enseignement privé sous contrat en 2000, en représentent 40,2 % en 2021 et les élèves de milieux favorisés ou très favorisés sont désormais majoritaires dans ce secteur (55,4 % en 2021) alors qu’ils représentent 32,3 % des élèves dans le public ». La sénatrice qui avait travaillé sur un projet prenant ces références en compte s’était heurtée sans nuance de Peillon, Ministre de l’Éducation et de François Hollande en personne ! Le projet fut enterré ! 

Des heures et des heures d’audition pour constater que le malheur s’est abattu sur des centaines d’enfants ou d’adolescents sans que les services de la République aient réagi ou même voulu le faire. J’ai apprécié la réaction d’Alain Esquerre le porte-parole des victimes de Bétharam : Selon lui si François Bayrou n’est « ni la cause unique, ni le seul témoin de cette tragédie, il incarne une époque où les signaux d’alerte ont été négligés, ignorés ou minimisés. L’enjeu est de comprendre comment un tel système a pu durer si longtemps dans le silence des autorités, malgré des plaintes, des rapports, des rumeurs persistantes« , Un vœu pieux comme on dirait au catéchisme car rien ne changera vraiment tellement le système actuel est sclérosé, verrouillé et impossible à réformer. Souvenez vous du sort qui a été réservé en 1984 à Alain Savary le seul vrai ministre inspiré par le Conseil national de la Résistance…

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Cet article a 4 commentaires

  1. J.J.

    sa vraie faute originelle c’est d’avoir comme tant d’autres en dehors d’Alain Savary, soutenu la fameuse « liberté » d’un système d’enseignement se considérant comme au-dessus de principes républicains….
    Faute illustrée pour le personnage dont nous parlons, par une caricature (que j’ai dû te faire parvenir), inspirée d’un tableau de Georges de la Tour.
    En 1993, déjà(et peut être avant) le personnage s’était illustré par sa fourberie.
    En passant vers Lourdes (sans m’y arrêter …) j’avais vu cet espèce de grand machin sinistre qui m’avait impressionné par son aspect sévère, rébarbatif, que j’ai découvert plus tard être ce lieu infréquentable, sauf pour des personnages digne d’une célèbre et controversée pièce de Molière.
    Et ce n’est pas en devenant le « Beau Rameau » (de Ravel…, je sais c’est facile, mais je pense qu’il y en a au moins un à qui ça plaira peut être…) que ça lui donné un aspect accueillant et honnête.

  2. LAVIGNE Maria

    J’ai suivi avec intérêt l’audition du sieur Bayrou et j’ai remarqué qu’il n’était pas venu seul. En effet, la nouvelle bible bleue était posée sur sa droite et il n’hésitait pas à la brandir pour montrer son mécontentement. La présidente a été obligée de rappeler le règlement, il était là pour répondre aux questions posées et pas pour faire son cinéma.
    La justice ira t’elle au bout ?
    Beaucoup sont restés sur leur faim , le Béarnais ira peut-être à confesse et avec un pater et deux ave, il sera redevenu blanc comme neige….Affligeant !

  3. alain

    c est pratique la confession !
    mais c est surtout facile d être au dessus des lois au dessus du vulgaire « pauvre con » « sans dent » « gens de rien »
    suffit d ‘être né dans la bonne famille ,celle de ceux qui n ont jamais travaillé pour nourrir leur famille!
    qui se nourrissent sur la bête
    reviens Voltaire

  4. faconjf

    Bonjour,
    après les 3 heures du locataire des champs E(n)lysée, voici les 5 heures de déni de l’embourbé Béarniais, pas de doute notre pays s’enfonce dans le marigot où nous ont conduit les zélites nationales.
    Sébastien Chenu, et son « air haine » invité sur TF1 nous éclaire sur les motivations de son parti pour défendre le benêt de la crèche (Lou Ravi de la crèche). «Cette audition m’a mis assez mal à l’aise parce qu’elle ressemblait davantage à un procès de Moscou», a lancé le député RN du Nord, évoquant un «naufrage». Pour le vice-président du parti nationaliste, l’objectif de cette commission d’enquête est clair : «Coller une balle au premier ministre et en coller une autre à l’enseignement catholique.»
    Le baiser de Judas est porté par l’ensemble des droites extrêmes et extrême droites. Il faut sauver le soldat qui manque de Pau pour sauver l’enseignement catholique! Les trois mois de pieux mensonges devant l’Assemblée sont pardonnés. Le 8éme commandement « Tu ne porteras pas de témoignage mensonger contre ton prochain » (Exode 20,16) sera ignoré par les « bons » chrétiens.
    Puisque ces gens d’église se sont rendus coupables de delictis gravioribus ( du latin « Sur les crimes les plus graves ») à savoir ( graviora delicta )  » l’infraction d’un clerc (un évêque, un prêtre ou un diacre) qui commet un péché sexuel avec une personne de moins de 18 ans. » pourquoi avoir exfiltré Pierre Silviet-Carricart au Vatican ? Et comment François Bayrou qui est en 1998 parent d’élève de l’institution Notre-Dame de Bétharram, député des Pyrénées-Atlantiques, président du conseil général des Pyrénées-Atlantiques, et ancien ministre de l’Éducation nationale, affirme ne pas avoir été informé de cette histoire à ce moment-là et de pas être intervenu dans la procédure malgré des témoignages qui infirment ces assertions. Acculé par les témoignages concordants, et notamment celui de sa fille, faisant état d’une rencontre entre François Bayrou et le juge en charge de l’affaire, le cabinet de François Bayrou finit par reconnaître, le 25 avril 2025, que ce dernier a bel et bien rencontré le juge Mirande, en pleine affaire Carricart.
    Pour le Béarniais il est victime d’une infâme cabale ourdie par l’extrême gauche.
    « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens. » Peu de paroles historiques ont connu un succès aussi durable que celle-ci. Généralement employée pour résumer l’esprit de la croisade contre les Albigeois, elle apparaît dans tous les réquisitoires dirigés contre l’intolérance et le fanatisme. Le légat pontifical Arnaud Amaury l’aurait prononcée lors du siège de Béziers, le 22 juillet 1209.
    bonne journée

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