C’était prévisible : la commission d’enquête de l’Assemblée nationale a pondu ce genre de rapport sur le dérapage budgétaire 2024 qui n’aura comme utilité que celle de caler un meuble bancal de lé réserve où il sera entreposé. Il n’y a ni responsable, ni encore moins de coupable mais seulement un gloubi-boulga de considérations techniques échappant au bon sens voulant qu’un budget ait comme qualité d’être sincère dans ses prévisions. Bien entendu comme cette qualité est appréciée de manière subjective les parlementaires ont argumenté selon leurs intentions politiciennes elle n’a pas été mise en cause. Alors les rapporteurs ont chacun mis une petite touche dans le texte destinée à instiller le doute pour l’un (Ciotti) ou à exonérer ses copains de toute mise en cause (Lefebvre). Le président (Cocquerel) a réussi à rester dans le flou qui suppose qu’il y aurait un loup.
Alors il faut se contenter d’un premier constat des comptes 2024 qui reflètent la pagaille ayant régné toute l’année avec une gestion à la corne de brume. S’il a manqué plus de 69 milliards de recettes ce n’est pas à cause de la politique menée par ce qui était la presque majorité présidentielle mais pour des « erreurs techniques ». Les prévisions surestimées ont été maintenues alors que tous les signaux d’alerte clignotaient. La faiblesse des rentrées de TVA en était un mais elle a été dissimulée comme tous les autres afin de ne pas affoler l’opinion avant les élections européennes. Il y a eu incontestablement dissimulation de la situation réelle.
La situation de 2024 n’a rien de conjoncturel mais elle n’était que le fruit d’une multitude d’erreurs dont un « quoi qu’il en coûte » incontrôlé et des exonérations fiscales n’ayant eu aucun effet réel autre que celui d’enrichir ceux qui étaient déjà riches. Elle a débouché sur une forte dégradation de nos comptes publics, marqués par des dépenses atteignant à l’heure actuelle… 57,1 % du PIB et une dette de plus de 3 300 milliards d’euros, soit 113 % du PIB. La dissolution a accentué ce désastre financier aux conséquences durables car elle a stoppé toute initiative de redressement des comptes faute de gouvernement durant plusieurs mois. Sur sa lancée la dette s’est accrue sous l’influence de l’augmentation des taux d’intérêt. Bref Bercy était un bateau à la dérive se contentant de se laisser porter par le courant.
Du côté des dépenses publiques, la hausse observée en 2024 se monte à 63 milliards d’euros (de 1 607 à 1 670 milliards), représentant un accroissement de 3,9 % par rapport à 2023, soit plus que l’inflation estimée à 2 %. Sans surprise, on constate que les dépenses sociales représentent 62 % de cette augmentation (39 milliards d’euros) et que leur propre croissance fut de 5,5 % en 2024. Autre point délicat, la charge de la dette (les intérêts) a atteint 58 milliards d’euros en 2024, soit presque 8 milliards de plus qu’en 2023, en raison de la hausse des taux d’intérêt.
Au total, le déficit public se creuse à 5,8 % du PIB après 5,4 % en 2023 et 4,7 % en 2022. Il faut se rappeler que « l’orthodoxie budgétaire » de l’Union européenne nous limite en principe à 3 % du PIB et que les objectifs auxquels s’était engagée la France pour 2024 se montaient d’abord à 4,4 % et avaient subi un petit décalage à 5,1 % pour finir à 5,8 %. On ne reviendra que très difficilement en 2025 sur ce taux malgré les affirmations officielles. Tous les évènements géopolitiques actuels aggraveront la situation et il faudra certainement de nouvelles mesures restrictives. Les déficits (hors une très grande majorité de collectivités territoriales) se creuseront et la fin de l’exercice s’annonce problématique.
Le rapport des députés est d’un ridicule absolu puisqu’il n’apporte aucune explication « politique » à cet effondrement de la gestion des finances publiques. Il n’y a plus, c’est exact et admissible, aucune lisibilité des recettes fiscales à court et moyen terme. Les paramètres changent au jour le jour à causé de « Trump la Raspa » qui est seulement obsédé par sa fortune personnelle et celle de ses potes qui ont arrosé sa campagne. Aucun scrupule. Aucune vergogne. Bercy prépare donc un budget 2026 qu’aucun citoyen ou aucun élu ne peut imaginer la dureté. La leçon de 2024 a été retenue : les prévisions de Bercy seront drastiques.
Le gouvernement a déjà annoncé que “le budget 2026 (serait) un cauchemar à préparer” et que “tout le monde sera mis à contribution”. Ce mot, “contribution”, a effectivement de quoi nous faire cauchemarder, tant il nous rappelle notre statut de contribuables mais surtout de consommateur : ça va taxer dans tous les coins ! Bercy cherchera plus que jamais à augmenter tel taux de prélèvement, créer telle nouvelle taxe éminemment « citoyenne » et appeler les riches et les grandes entreprises à participer encore un peu plus à l’effort national (c’est moins sûr!). L’idée serait en effet de revenir à un déficit public de 4,6 % du PIB en 2026 (on peut y croire) quand on sait que la charge de la dette augmentera et qu’il faut financer la hausse des dépenses de défense. Un pari impossible… alors qu’il n’y a aucune majorité parlementaire pour soutenir pareilles mesures.
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Mais à part ça…… tout va très bien, tout va très bien….
À la réflexion, et à la vue du trou, ça me rappelle celui du sapeur Camembert, qui creusait un trou pour y déposer la terre du trou précédent.
Bonjour Jean-Marie. En regardant seulement la photo avant de lire l’édito du jour ,j’ai vu le trou et la pelle. Comme je passe mes jours à l’hosto, je me suis chanté tout seul: « »Ho! non, non, non, je ne suis pas mort! Car je glande encore, car je glande encore ». Comment faites-vous Jean-Marie, FJF et JJ aussi pour écrire encore et toujours? Vous m’espantez.
Je voulait profiter de cet instant de « Roue Libre » pour vous saluer.
Je suis content que tu glandes encore, Christian!
Sinon, pour le reste, c’est à se taper le c.l sur un pain de glace, comme aurait dit je sais plus qui!
Allez bonne journée quand même
« Sinon, pour le reste, c’est à se taper le c.l sur un pain de glace, comme aurait dit je sais plus qui! »
En effet, je pense à la même personne.