Un vent mauvais souffle depuis l’arrivée à la Maison Blanche de l’agité du bocal dont on la démesure commence à peser sur la planète. Distribuant les soutiens « officiels » ou « occultes » ou les exécutions sommaires, il a semble-t-il lancé la mode de l’action anti-démocratique dès que l’on bénéficie du verdict d’un suffrage universel plus ou moins contestable. Profitant de la crainte de prise de position pouvant peser sur le contexte anxiogène créé par les conflits de tous ordres en cours, les adeptes de « j’y suis, J’y reste ! » s’offrent des actes uniquement destinés à éliminer les adversaires potentiels. Ils savent que personne n’élèvera la voix et que personne ne dénoncera de manière forte ces exactions. Les pays dans lesquels le pouvoir en place agit en contradiction avec les valeurs démocratiques essentielles se comptent désormais par dizaines.
La Turquie illustre parfaitement cette évolution. Nation charnière, membre de l’Otan sans se trouver trop engagée car entretenant des liens avec la Russie et des satellites, mêlée aux guerres du Moyen-Orient, économiquement mal en point mais fort d’une diaspora influente en Allemagne et en France elle revient à son histoire de l’empire Ottoman. Hier Ekrem Imamoglu a été incarcéré à la prison de Marmara. L’édile, arrêté mercredi, a été conduit dans cette prison en même temps que plusieurs coaccusés. Le Maire d’Istambul a été « suspendu de ses fonctions », a annoncé le ministère de l’intérieur turc. « Le processus judiciaire en cours est loin d’être équitable. C’est une exécution sans procès », a accusé le maire dans une déclaration transmise par ses avocats. Il n’y a pas d’autres mots. Il s’agit en effet d’une mise à mort politique calculée.
Principal rival du président Erdogan, Ekrem Imamoglu a donc été écarté de la scène turque avec le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), principale force d’opposition, auquel le maire d’Istanbul appartient. En fait pour eux il s’agit d’« un coup d’Etat politique » mais Erdogan s’en moque. Il sait fort bien que personne ne s’en offusquera tellement le contexte conduit au silence pour éviter des retours de bâton désastreux du genre « mêle toi de ce qui te regarde où je réactive quelques foyers dangereux ! » Les manifestations monstres qui se déroulent en Turquie n’y changeront rien car tout le système institutionnel (police, armée, justice, médias..) est verrouillé.
C’est pire en Israël où un conseil des ministres spécial a voté hier à l’unanimité le lancement d’un processus de destitution de la procureure générale, Gali Baharav-Miara, Après la tentative limogeage du chef du Shin Bet (renseignement intérieur), bloqué pour l’heure par la Cour suprême, le bras de fer entre le pouvoir exécutif et judiciaire continue en Israël. C’est à l’unanimité que les ministres israéliens ont adopté la première étape de la procédure de destitution de la conseillère juridique du gouvernement. Là encore les raisons de ces décisions sont claires. Protéger un premier ministre qui se maintient au pouvoir qu’en entretenant une guerre que personne ne dénonce ou ne veut voir.
Cette femme au caractère affirmé et soucieuse de respecter des valeurs qui sont essentielles a estimé que cette réunion du gouvernement portant sur sa propre destitution était « dépourvue de validité juridique ». Elle a affirmé que l’objectif réel de la procédure était de l’empêcher de dénoncer des actions illégales prises par le gouvernement. Il faut noter car c’est révélateur de ce sentiment d’impunité qui règne, que cabinet israélien s’est réuni en l’absence du chef du gouvernement, Benyamin Nétanyahou. Ce dernier rappelons le est en conflit d’intérêt dans pareille situation en raison de son procès pour fraude, abus de confiance et corruption est suspendu tant que la guerre continue. Là encore des milliers de personnes sont descendues dans la rue…
Le Président serbe Aleksandar Vučić accusé depuis des mois d’entretenir une corruption désastreuse a annoncé le déploiement d’un important dispositif de police conte une manifestation et en a profité pour encore une fois mépriser le mouvement initié par les étudiants en prétendant : « Je n’accepte pas les méthodes antidémocratiques, je n’accepte pas les plénums, les assemblées et tout le reste ». Pour le président serbe, ce mouvement est une « révolution de couleur » ‘sic) dirigée par des puissances étrangères pour lui faire quitter le pouvoir. La contestation ne cesse de croître. Des conseils citoyens sont installés partout et maille désormais le pays. Vučić s’accroche et cherche le soutien des Russes. Il a aussi accueilli de fils du Trumpicide mondial venu le réconforter et effectuer quelques emplettes.
Là encore évidemment silence radio. Les communiqués officiels ne sont plus tellement crédibles. Ils ne servent qu’à justifier l’existence de celui qui les émet mais n’ont absolument aucun effet. La « politique de la réalité » oblige en effet à dénoncer pour les opinions publiques en s’excusant par voie diplomatique de l’avoir fait. Ainsi va le monde !
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« Pour le président serbe, ce mouvement est une « révolution de couleur » (‘sic) ».
Et, exception par rapport aux autres, je pense qu’il n’a pas tout à fait tort. À mon humble avis, l’affaire de la gare de Novi Sad semble le prétexte.
Des révolutions de couleur, malheureusement ce n’est pas un mythe, surtout en Europe Centrale post soviétique, et il y a peu de doutes sur l’identité des organisateurs, dont certains que l’on n’imagine pas.
Et ça ne marche pas toujours du premier coup, voire en Ukraine où ça grenouillait depuis longtemps.
La dernière (Maïdan) a réussi, ce qui a permis de détruire le peu de démocratie qui restait dans ce pays : interdiction des langues régionales, en particulier le russe, même dans les territoires russophones, interdiction des partis et syndicats d’opposition, retour des idées nauséabondes qui s’étaient propagées durant l’occupation allemande( toute une série de monuments « commémoratifs » sont sans ambiguïté sur ce sujet si l’on prend la peine de chercher un peu[ glorification de Bandera, qui aurait été un « chasseur de juifs », bataillon Azof qui affiche sans honte l’insigne de la division Das Reich, etc.).
Il y a « à boire et à manger » dans tout cela. Je ne déchirerais pas l’un pour raccommoder l’autre.
Mais le résultat est là : une occasion pour quelques fadas belliqueux ( et par principe à l’abri) pour pousser les populations à s’entre tuer, au grand plaisir et bénéfice des industriels spécialisés.
Au fait, en notre époque menée par les actions en faveur de la nature, du climat, des « COP » organisées à grand frais pour le climat etc., comment fait on pour « recycler » un obus qui a explosé, et neutraliser les gaz produits par les explosions et la fabrication, de faire monter le taux de CO2 dans l’atmosphère ?
Bonjour,
Dans le système actuel, un candidat peut se faire élire sur une belle parole, et appliquer strictement le contraire une fois au pouvoir. Cette trahison serait alors tout à fait légale puisque l’élu n’a absolument aucun compte à rendre à personne. Voila ce que les belles âmes appellent du mot sacré de démocratie et malheur à qui dénonce ces forfaitures. L’argument massue tombe immanquablement sur le complotiste « Allez en dictature, vous verrez ! ». En fait les mots ont un sens et tout le monde s’en fout. La confusion est totale lorsque l’on parle de démocratie, et c’est voulu, en confondant démocratie directe ( pour faire simple les lois édictées par le peuple et pour le peuple) et la démocratie représentative, (les citoyens élisent des représentants qui sont chargés d’établir les lois et de les exécuter). Personne ne peut croire au raccourci un citoyen = 1 voix laissant croire à un système équitable et irréprochable. Comment accepter comme argent comptant que la voix de dame « Michu » est équivalente à celle de Bernard Arnauld ou du milliardaire breton ? Nous sommes bien dans un régime censitaire qui ne dit pas son nom. L »abbé Seiyés* considérait que le vote était une fonction et que par conséquent seuls les individus ayant les capacités (intelligence, niveau économique) d’exercer cette fonction devaient y participer. C’est aussi le mode actuel d’élection des Sénateurs et des délégués communautaires. Comment pourrait-on alors avoir un scrutin honnête si les merdias aux mains des milliardaires soutiennent massivement un candidat, comme Emmanuel Macron en 2017, ou si au contraire, ils s’acharnent à décrédibiliser un autre postulant ? JMD écrit « Les pays dans lesquels le pouvoir en place agit en contradiction avec les valeurs démocratiques essentielles se comptent désormais par dizaines. » Oui mais nous Français grands donneurs de leçons démocratiques où en sommes nous ? En 2017, le méprisant était déjà élu avec moins de 43,6% des inscrits. En 2022, il est tombé encore plus bas, à 38,5%. À cette occasion, il avait recueilli au premier tour 9,7 millions de voix. Or, les abstentionnistes, les votants blanc et nul et les non-inscrits rassemblaient pas moins de 17,5 millions d’unités.
JMD écrit aussi « Pour le président serbe, ce mouvement est une « révolution de couleur » ‘sic) dirigée par des puissances étrangères pour lui faire quitter le pouvoir. » Nous vivons une époque formidable, vraiment ! la grande prêtresse de l’U€ Nathalie Loiseau voit dans cette manifestation monstre un besoin d’Europe… Je sais pas ce quelle fume mais ça doit être de la bonne!!!
Les images de Belgrade disent tout le contraire, aucun drapeau €U et des centaines de drapeaux Serbes mêlés à des dizaines de drapeaux Grecs au milieu des images orthodoxes. Pourquoi des drapeaux Grecs le courrier des balkans nous livre la raison. Deux ans après la catastrophe de Tempé, la Grèce gronde pour obtenir justice . 24 heures de grève générale et de véritables marées humaines à Athènes, Thessalonique, Patras ou Héraklion. Pour les deux ans de la catastrophe ferroviaire de Tempé, la pire de l’histoire du pays, la Grèce a connu une mobilisation historique alors que les autorités sont accusées de cacher la vérité.
La vérité en question qui unit les deux populations c’est la Corruption, dénoncée par ceux qui ne sont rien! Et en face les polices anti-émeutes avec leurs nouveaux canons soniques pourtant interdits. Ils en sont à l’expérimentation en vraie grandeur en attendant que nous les achetions.
La démocrature est en marche, les mensonges en sont le carburant. Rappelez vous l’€urope c’est la paix! L’€urope sera sociale ou ne sera pas! L’ €urope vous protège … En attendant, les étudiants Serbes tentent de changer les choses.Il y avait les plénums étudiants, il y a maintenant les zbors, les assemblées populaires organisées dans chaque commune de Serbie. Le terme de « zbor » renvoie au passé de la Serbie, mais c’est bien d’une réinvention de la démocratie directe qu’il s’agit.
J’aime bien consulter l’agence officielle Turque Anadolu qui fourmille d’informations inédites sur le Moyen-Orient, surprise aujourd’hui pas un mot sur les manifestations en Turquie … Étonnant non?
bonne journée
*Emmanuel-Joseph Sieyès, souvent appelé « l’abbé Sieyès » est un homme d’Église, homme politique et essayiste français, surtout connu pour ses écrits et son action pendant la Révolution française, faisant partie des prêtres favorables au processus révolutionnaire et même des régicides de 1793, mais devenant ensuite plus conservateur et promouvant l’accession au pouvoir de Napoléon Bonaparte en 1799.
Ne pas confondre « l’abbé Sieyès » avec le libraire Jean-Alexandre Seyès, libraire-papetier à Pontoise qui a mis au point en 1892 la réglure des cahiers d’écoliers.