Je n’ai toujours pas compris ce qu’était « une économie de guerre ». C’est certainement parce que cette spécialisation de l’activité humaine ne m’a jamais emballé. Si l’on de fie au libéralisme ou libertarisme ambiant la loi du marché reste la base de tout le système capitaliste qui régit actuellement celui des armes. D’ailleurs la France ne manque pas de souligner qu’en 2024 les exportations d’armement ont atteint plus de 18 milliards d’euros, grâce à des ventes stratégiques comme les Rafale ou les sous-marins Barracuda. Une performance saluée par le ministre des Armées Sébastien Lecornu, qui espère une nouvelle année record en 2025 et donc il faudra admettre qu’il faut franchir un pallier supplémentaire. Est-ce cet aspect de l’activité industrielle qui est évoqué avec « l’économie de guerre » ? Ou alors est-ce l’intervention publique dans ce secteur qui augmentera la fabrication destinée à l’armement de nos forces ?
En 2024 alors que le conflit armé Russo-Ukrainien était à son paroxysme la France s’est installé à la seconde place mondiale des marchands d’armes. Les importations d’armes en Europe ont doublé ces cinq dernières années. Entre 2019 et 2023, les importations européennes d’armes ont bondi.. 94 % par rapport aux cinq années précédentes. Une hausse en rapport avec le conflit en cours. L’Ukraine s’est installé au quatrième rang des importateurs mondiaux.
Le vrai problème c’est que ces efforts d’armement ont essentiellement profité aux USA. Ils représentent 42 % des ventes dans le monde contre 34 % sur la période 2014-2018. Ses ventes ont bondi au Japon, en Corée du Sud et en Australie, tous ces pays se réarmant face au danger chinois mais aussi en Europe Or on ne dit pas assez que dans le cadre des contrats signés les « mises à jour » des avions de combat, des batteries de missiles, les « mises à jour » relèvent de la seule bonne volonté des Américains. Ils ont le droit de bloquer à tout moment l’utilisation des armes vendues. Une grande part de l’armement européen est donc sous double tutelle US via l’Otan et des considérations techniques !
Une « économie de guerre » suppose donc que l’Europe fabrique et utilise les « produits » que son industrie construit et que l’on abandonne l’achat vers les USA. Il n’y a en fait que quatre pays fabricants : la France, la Grande-Bretagne, l’Italie et la Suède… Et la part de notre « grand » pays si l’on retire les 12 avions Rafale vendus à la Grèce se limite à 5 % ! Il existe donc un retard à l’allumage de la fameuse défense européenne. Alors il faudra un effort formidable et rapide pour que nous soyons en situation d’autonomie défensive.
Quel choix sera effectué ? Vendre nous aux pays du continent intéressés (s’ils existent) ou privilégierons nous l’achat national ? La production de notre «économie de guerre » devrait se développer de manière considérable ! Et que deviendront les contrats en cours avec l’Inde, le Qatar ou l’Égypte pour l’acquisition de Rafale. Il est donc à peu près certain que s’il y a volonté de s’armer de la part de quelques pays dont l’Allemagne se tourneront vers les États-Unis !
Alors il faut revenir à la définition de « l’économie de guerre » qui repose sur l’indépendance dans tous les domaines. Dans l’esprit du général élyséen il s’agit probablement de « pratiques économiques exceptionnelle ayant pour objectif le maintien des activités indispensables à un pays, l’autosuffisance, la dissuasion de la consommation privée, la garantie de la production des aliments et le contrôle de l’économie depuis… l’État » soit exactement le contraire des théories libérales. Qu’allons nous nationaliser ? Qu’allons nous contrôler ? Quelles seront les conséquences sur l’activité globale ?
La seule certitude c’est que ce seront essentiellement des fonds publics que nous n’avons pas qui alimenteront les « usines à canons » si ces dernières ont la capacité à augmenter le rythme de leur production. L’idée qui a germé à Bercy c’est de puiser dans le trésor que constituent les contrats d’assurance vie étalés sur plusieurs années. De fait, l’assurance vie vient de dépasser les 2 000 milliards placés. De leur côté, les banques et les assureurs ne seraient pas contre « placer » ce gigantesque pactole dans l’armement. Cette solution ne coûterait rien à l’État si ce ne sont des « garanties » étalées dans le temps et dont on parlera plus tard ! La situation serait asses cocasse puisque ce serait « l’assurance… vie » qui fiancerait de engins de mort !
Si l’on se fie à l’action Dassault l’annonce d’une économie de guerre lui a permis de passer entre le 12 février et le 12 mars de 217,20 € à… 291,60 € soit + 34,25 %. Celle de Thalés a évolué dans le même laps de temps de 160,20 € à 238,80 € soit + 49,06 % ! C’est probablement ça qui démontre que nous sommes bel et bien partis pour que ça dure ! Je ne suis qu’un horrible défaitiste !
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« …la France s’est installé à la seconde place mondiale des marchands d’armes. »
Il n’y a pas de quoi en être fier.
Envisager d’utiliser des fonds confisqués sur les assurances Vie pour fabriquer des engins de Mort, il fallait y penser …