Il est de plus en plus difficile de comprendre le comportement de peuples qui soutiennent de manière massive des femmes (rares) et des hommes politiques déraisonnables au sens premier de cet adjectif. Le mensonge, la manipulation la plus grossière, la valorisation de la croyance au détriment de l’analyse et pire que tout l’exploitation de l’ignorance constituent la palette des supports de l’accession au pouvoir des dictateurs. Depuis des mois aux États-Unis une croisade est organisée contre tous ce qui peuvent de près ou de loin jouer un rôle pour dénoncer l’irrationalité des arguments ou des comportements des gens installés au sommet de l’État. On sait combien les religions ont joué un rôle essentiel dans l’installation à la Maison Blanche de Trump.
Depuis son installation le maître à ne surtout pas penser des USA, chasse le scientifique en meute. Dans toutes les disciplines, des milliers d’entre eux perdent leur emploi, des agences sont purement et simplement détruites, des projets interrompus et des données confisquées, des universités perdent leurs financements, condamnant les enseignants-chercheurs précaires au chômage, les projets de recherche sont soumis à un étroit contrôle politique qui proscrit l’usage de certains termes. Tout va très vite. Les licenciements et les fermetures s’effectuent pas mails. Ce n’est pas seulement des menaces, des sanctions contre des professionnels mais plus largement contre la science elle-même.
Il existe partout sur la planète une contestation populiste contre tout ce qui combat les allégations parfois totalement absurdes de pseudos-commentateurs de l’activité scientifique. La notion de complot nourrit des formes de haine collective à l’égard des défenseurs d’une « vérité » scientifique. Impossible d’exiger que l’on prouve quoi que ce soit : il suffit d’affirmer pour influencer une opinion dominante affolée et fragile. Il est vrai que le comportement des femmes et des hommes tenant le pouvoir n’a rien de très rassurant sur les bases qui le justifient. La notion de « scientifiques » a été remplacée par celle plus confortable car seulement basée sur des affirmations péremptoires, « d’experts ». ils savent tout sur tout et sur rien!
Un sénateur républicain du Texas a listé 3400 projets d’études accusés de « promotion de la diversité » ou de « propagande néomarxiste » dont il souhaite voir les subsides arrêtés par la Fondation nationale américaine pour la science. Il décline toutes les obsessions populiste. Le censeur a ciblé des études accusées de « néomarxisme » traitant de sujets de recherche médicale ou d’ingénierie qui ne mentionnent ni le genre, ni le climat, ni le Covid. Ceux-là sont pointés du doigt car ils assument l’application d’une politique de diversité sociale, d’équité et d’inclusion. Par exemple les financements pour l’université de Californie qui voulait mieux soigner les fibroses cardiaques ou pour l’université du Maryland qui cherchait à mieux comprendre le virus de la grippe ont été supprimés. Toutes les deux ont mentionné dans leur projet qu’elles voulaient faire appel à des chercheurs de « milieux divers » ou « sous-représentés ». Impossible : crédits à supprimer ! Partout on chasse le chercheur qui pourrait mettre en cause les théories trumpistes simplistes et excluantes.
Partout la science recule. Elle n’a plus de place réelle dans les programmes d’éducation dont le nôtre. Comme elle exige curiosité, patience et surtout rigueur elle a été dilué dans des phrases creuses et elle a vu sa place réduite au maximum. Baisse drastique des crédits, soumission de plus en plus répandue aux « sponsoring » privé, recrutement en chute libre, censure assumée de tout ce qui touche aux problèmes climatiques, à la diversité, aux origines, à la diversité : un déchaînement réactionnaire submerge les esprits aux USA mais aussi chez nous. Les Universités crèvent la dalle. Les laboratoires se vident. Les chercheuses et les chercheurs pointent au chômage ou s’exilent s’ils en ont la possibilité.
L’Europe préoccupée par le bruit des chenilles des chars russes, ne se rend pas compte qu’elle emboîte le pas du mouvement en cours aux USA. Partout les budgets se restreignent et si l’on écoute attentivement les médias, la parole est offerte davantage à ceux qui croient qu’à ceux qui pensent. En France considérés comme les boucs émissaires de la crise agricole des agents et bureaux de l’Office français de la biodiversité (OFB) sont ciblés par des agriculteurs. Ils sont abandonnés par le gouvernement d’une façon ahurissante et même accusé de martyriser des producteurs. Agences maculées, murées, envahies…agents terrorisés : ceux qui prônent la raison et l’application des textes en vigueur deviennent « inutiles » et doivent être réduits au silence.
Henri Bergson prétendait que « notre avenir ne dépend (ait) pas de la science politique mais de la politique de la science ! ». Nous sommes en train de le vivre concrètement.
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« L’Europe préoccupée par le bruit des chenilles des chars russes… »
À l’instar de Jehanne, la Bonne Lorraine, l’Europe à l’ouïe particulièrement sensible, comme les enfants qui s’amusent à se faire peur …
À la vitesse à laquelle les troupes russes avancent en Ukraine, je pense que, contrairement à la division « Das Reich » en 1940, ils ne sont pas près à passer la Bidassoa.
Par contre si l’on s’obstine à jouer au « machin » avec eux, l’éventualité que l’on se prenne quelques objets volants identifiés et ravageurs sur le coin de la figure n’est pas à écarter à priori.
Et ce ne sont pas nos blindés dernier cri, nos redoutables coucous et nos vaillantes trouposol qui nous protègeront.
Effectivement, comme tu l’exposes si bien, une majorité de décervelés est prête à croire n’importe quelle proposition, pourvue qu’elle soit parfaitement illogique et irrationnelle. Ce n’est pas une nouveauté, mais ça prend de l’ampleur.
Les religions de tout poil nous en fournissent hélas un lamentable exemple.
Ma nièce, scientifique de très haut niveau, qui travaille à New York, démissionne de son travail et rentre en France.
On n’a pas idée chez nous du climat délétère qui règne au USA.
D.u Trump partout et à toutes les sauces GAGA, c’est insupportable , elle n’en peut plus.
OFB, mais aussi l’ADEME qui serait dans le collimateur de quelques politiques.
Obscurantisme éclaire nous