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Le doute s’installe enfin envers les sondages politiques

Bizarrement alors que les médias s’étaient goinfrés de sondages lors de la primaire de droite ils sont très avare de leurs deniers pour celle qui concerne une partie de la gauche. Il faut avouer que le ridicule ne tuant guère dans ce milieu les spécialistes qui vivent souvent grassement dans ces supports ayant en charge l’analyse des événements politiques survivent à des échecs cuisants. Ayant majoritairement plus ou moins discrètement pris position en faveur d’Alain Juppé ils ont du avaler leur caméra, leur micro ou leur stylo au soir du premier tour. La multiplication d’enquêtes d’opinion dominante sur un électorat inconnu puisque très volatile était ridicule tellement elle était outrancière. Il est en effet impossible de déterminer un échantillon fiable d’étude quand le corps électoral est purement artificiel.

La mobilisation souterraine de la partie la plus décidée à infléchir vers une vision réactionnaire du programme de la droite ne pouvait absolument pas être prise en compte. Personne n’avait imaginé un tel taux de participation car aucune enquête journalistique de terrain avait été effectuée pour connaître la motivation réelle des participants à cette primaire. En fait les instituts de sondage répondent à une commande au résultat implicite faite par celle ou celui qui le paie. On voit mal l’Humanité publier un sondage disant que Manuel Valls est un leader charismatique de l’électorat de gauche ou Le Figaro mettre à la une un résultat indiquant que les vendeurs d’armes ou d’avions de combat doivent être surtaxés pour financer l’action humanitaire ou la lutte contre la faim ! Les enquêtes sont faites pour vérifier des tendances de consommation mais sont illusoires dans le secteur des options électorales sauf si elles visent insidieusement à les orienter. Elles ne se justifient que pour permettre aux élites de vendre une soupe conforme à ce qu’elles estiment bonnes pour elles et leur avenir.

« C’est une réflexion qu’on a menée depuis quelque temps déjà, notamment après le Brexit et l’élection de Donald Trump », a enfin avoué annonce le directeur des rédactions du Parisien/Aujourd’hui en France avides depuis toujours (avec le JDD) de sondages sur les évolutions politiques ou les intentions de vote. Au micro de France Inter, il a expliqué qu’enfin le quotidien ne commanderait plus de sondages politiques pendant la campagne présidentielle et s’accordera « une pause pour se concentrer sur le journalisme de terrain ». Pas possible ? Il reviendrait aux fondements de l’information : enquêter pour transmettre des constats, des faits, des éléments de réflexion plutôt que d’exploiter des ratios, des chiffres, des pourcentages dénués de toute véritable humanité car forcément anonymes ! En fait il ne veut plus que ses rédactions confortent ou pire illustrent un fait établi (on commande un reportage caméra caché ou un micro-trottoir ou un échantillon de réactions) mais qu’elles provoquent le débat, la controverse, la réflexion à partir de la différence réelle.

« Ce n’est pas une question de défiance envers les sondeurs mais une façon de travailler différemment que nous voulons tester pour la suite de la campagne », A expliqué le patron d’un journal. L’idée est d’éviter « le côté course de petits chevaux où on se focalise sur qui prend la première position » afin de « se concentrer sur le fond, sur les programmes ». En revanche, il ne s’interdit pas toutefois de commenter les sondages commandés par d’autres médias…. toujours contraints de faire vivre leur commerce d’adaptation aux tendances du moment !

Consommateur de sondages, Le Parisien y consacrait « quelques dizaines de milliers d’euros par an », selon le directeur des rédactions, qui insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas avec cette « pause » de réaliser des économies. « On peut entendre les critiques qui nous sont faites, à nous, médias, d’être coupés d’une forme de réalité. Déployer ces journalistes sur le terrain, cela coûte plus cher que les sondages, et nous oblige aussi à être plus exigeants. » Il est temps que les rédactions le deviennent plus exigeantes !

On attend donc avec impatience la vérification de cette orientation tellement salutaire car dans la majorité des médias c’est l’inverse qui se produit. On restreint le journalisme de terrain ou d’investigation surtout en politique pour se consacrer à du journalisme de pages des courses où on doit faire des pronostics non plus utiles au parieurs mais aux électeurs désireux qu’on luis suggère le bon « cheval » ! Or pour la prochaine échéance constituée par la primaire d’une part de la gauche il est évident que le camouflet de celle de l’autre camp va rendre les pronostiqueurs professionnels très prudents… c’est peut-être ce qui inquiète le favori de l’institution organisatrice de ce qui devait être une formalité ! D’ailleurs les premières analyses des programmes connus devient angoissantes pour lui car il ne s’agit plus de travestir la vérité derrière un sondage !

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Cet article a 3 commentaires

  1. pc

    Un sondage est, en principe, une utilisation de mathématique statistique, et devrait donc « toujours » être juste….
    Le seul vrai problème est la représentativité statistique de l’échantillon choisi.
    Et comme l’opinion est de plus en plus volatile à cause des médias et des candidats qui changent leur discours ( à cause des sondages…), et fait son choix au dernier moment, les sondages perdent toute efficacité.
    Les sondeurs ne donnent jamais la marge d’incertitude (+ ou – tant de %), ce qui reviendrait à avouer leur imprécision…
    Or + ou – 2% autour de 50% font passer un candidat de 48 à 52%…..

  2. Alain E

    Je pense que l’ on devrait remplacer le mot sondage, par carottage.
    En effet, on influence plus ou moins le futur votant en lui donnant une hiérarchie bidon d’ un résultat à venir souvent faux.
    On lui vole donc un peu de son libre arbitre.
    une idée à creuser en ce début d’ année !!!!

  3. faconjf

    Bonjour,
    un beau sujet les sondages, voyons ensemble, si vous le permettez, de quoi il retourne.Les instituts de sondage ne consacrent qu’une fraction, le plus souvent minoritaire, de leur activité aux sondages d’opinion concernant la vie politique et sociale. Elles étudient plutôt les comportements dans les domaines de la consommation de biens et de services en tout genre. Ce sont des entreprises qui font des études de marché dans tous les domaines ou presque.
    Avec la professionnalisation de l’activité politique, la plupart des partis politiques s’apparentent à des entreprises dont les parts de marché sont constituées de segments du corps électoral.On pourrait parler de « marché électoral ». Les instituts de sondage s’inscrivent donc dans cet univers du marketing politique.
    En fait, les instituts de sondage font partie d’un système médiatique global. Une autre escroquerie réside dans le fait que l’opinion publique n’existe objectivement pas : c’est une fiction construite. C’est ce que déclare le sociologue Pierre Bourdieu. Traitant du sondage d’opinion, il considère l’objet « opinion publique » ainsi construit comme « un artefact pur et simple dont la fonction est de dissimuler que l’état de l’opinion à un moment donné du temps est un système de forces, de tensions et qu’il n’est rien de plus inadéquat pour représenter l’état de l’opinion qu’un pourcentage » et ajoute que « l’effet fondamental de l’enquête d’opinion [est de] constituer l’idée qu’il existe une opinion publique unanime, donc légitimer une politique et renforcer les rapports de force qui la fondent ou la rendent possible ». C’est un peu hermétique, j’en conviens, mais cela veut dire que les instituts de sondage cherchent à créer un maillage des esprits pour fabriquer du consentement.Les instituts de sondage opèrent sur trois axes pour réaliser ce maillage : l’axe de l’individu (la vie personnelle ou familiale) ; l’axe du citoyen (la vie sociale, professionnelle, politique) ; l’axe du consommateur(tous les produits de consommation de nature matérielle, immatérielle ou culturelle le relatif aussi à tous les types de services publics ou privés).
    Qui possède et contrôle les instituts de sondage ?
    -IFOP Laurence Parisot, Vice-présidente, actionnaire majoritaire, ex-présidente du Medef. (Parisot est le 2ème constructeur mondial de meubles).
    – SOFRES devenu TNS –SOFRES actionnaire principal FIMALAC (Financière Marc Ladreit de Lacharrière) puis WPP Kantar.
    -IPSOS Didier Truchot Il figure à la 118e place des plus grandes fortunes de France selon le magazine Challenges. L’institut est mis en examen dans l’affaire des sondages de l’Elysée ( sarko).
    -CSA Cet institut de sondage résulte de la fusion en 1998 des sociétés TMO et CSA, créées respectivement en 1974 et en 1983 détenu par le groupe Bolloré.
    -BVA Créée en 1970 par Michel Brulé et Jean-Pierre Ville (qui donneront leurs noms à la société : « Brulé Ville et Associé ») propriété Edmond de Rothschild Investment Partners.
    Par la statistique, je pourrais prouver l’existence de Dieu.
    disait George Gallup dont le nom est devenu synonyme de « sondage d’opinion ».
    Permettez moi de douter.
    Salutations républicaines

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