La création d’un « grand service public unifié et laïc de l’éducation nationale » faisait partie des 110 propositions pour la France d’un certain François Mitterrand candidat à l’élection présidentielle. Il avait, rappelons le, fréquenté l’école privée Sainte-Marie de Jarnac avec son frère Robert jusqu’en 1925. Cette année-là, François entrait comme pensionnaire au collège privé d’enseignement catholique Saint-Paul d’Angoulême pour entamer des études secondaires. Un signe du destin. Son engagement fut cependant sans qu’on sache vraiment s’il était d’accord, traduit un projet de loi annoncé en décembre 1982, visant dans un premier temps la constitution d’« établissements d’intérêt public » (EIP) qui associeraient les écoles publiques, les écoles privées et les collectivités territoriales avec la perspective d’intégrer les maîtres du privé dans la fonction publique ;
Le 19 octobre 1983, le Premier ministre Mauroy annonce la titularisation de 15 000 maîtres du privé. Le projet de loi est présenté à l’Assemblée nationale dans une forme atténuée, puisqu’il n’est plus question de l’intégration des écoles privées aux EIP. N’empêche qu’allait débuter une campagne de défense de la « liberté » de l’enseignement privé. Le mouvement était géré par deux responsables de l’enseignement privé catholique français : Pierre Daniel président de la fédération des parents d’élèves UNAPEL; et le chanoine Paul Guiberteau secrétaire général de l’enseignement catholique français. Ils entamèrent une opposition frontale avec le gouvernement utilisant le mot « libre » comme un étendard.
Même sous contrat les établissements jouissaient déjà d’un liberté déjà complète dans la gestion de leur personnel, de leur recrutement, de leur gestion et même de leurs méthodes pédagogiques. Ils réussirent à faire oublier qu’ils devaient respecter un contrat leur permettant de bénéficier d’un financement public renforcé par la contribution des familles. Ils utilisent le chœur des esclaves de Nabucco, exploitation indigne d’un thème sans aucun rapport avec la réalité du fonctionnement du système privé d’enseignement. Le 14 juillet 1984, le président de la République annonçait le retrait du projet de loi Savary. Pierre Mauroy et Alain Savary démissionnait le 17 juillet ! L’enseignement catholique financé par l’État républicain avait gagné !
Il s’était d’abord créé un label de « liberté » et d’efficience qui n’a jamais cessé de grandir. Le système a fonctionné à plein régime avec l’astuce d’abaisser à trois ans l’enseignement obligatoire il a obtenu le financement par les communes des écoles maternelles. La Cour des comptes rappelle également dans un rapport de que « le financement apporté par l’État aux établissements privés sous contrat est prépondérant dans leur modèle économique ». Il est de 55 % pour les écoles maternelles et primaires, et de 68 % pour les collèges et lycées. Mais sur son site, elle note qu’en 2022, ce sont 8 milliards d’euros qui sont alloués à ces établissements privés. On en serait même selon des rapports très récents de députés et de Sénateurs à 12,2 milliards distribués sans absolument aucun contrôle réel
Les près de 7 500 d’écoles sont financées à hauteur de 75 % par des fonds publics, mais « personne ne connaît le montant total de la dépense publique consacrée aux écoles privées sous contrat », dénonce le rapport. Au travers de plusieurs recommandations, les députés plaident ainsi pour un renforcement du contrôle de ces financements. Le scandale du célèbre collège-lycée parisien Stanislas a mis en évidence l’irrespect totale des règles élémentaires du contrat le liant avec l’État. Un premier rapport avait été « oublié » alors qu’il était accablant… Personne n’avait entendu parlé des manquements graves dénoncés par les inspecteurs et il est ressorti en janvier 2024. Depuis ? Les ministres ont défilé et… pas l’ombre d’une mesure sanctionnant des dérives avérées.
Depuis quelques jours plus d’une centaine de plaintes ont été déposées concernant des violences et des agressions sexuelles commises par des membres du corps enseignant de l’établissement scolaire catholique Notre-Dame à Lestelle-Bétharram (1). On parle d’un demi-siècle de faits révélés par des plaignants qui se signalent depuis un an. Avez-vous entendu parler de rapport de l’Éducation nationale ? Peut-on connaître les dates des dernières inspections ? Combien perçoit de crédits publics cet établissement ? A-t-on vérifié l’application du contrat ? Absolument aucune autorité de tutelle n’avait entendu parler de ces situations ! En toute transparence soyez certains que vous le saurez bientôt !
Ah ! Au fait la nuit dernière on débattait dans l’exagération et le délire sécuritaire à l’Assemblée du renforcement des sanctions contre les mineurs… coupables d’actes répréhensibles. Il y a comme un décalage !
(1) Pour la peitite histoire j’ai failli y être envoyé comme sanction par mes parents en 1962 (cf mon livre Jour de rentrée)
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« Ils utilisent le chœur des esclaves de Nabucco, », récupéré également par le FN tout un programme !
Il faudrait absolument se défaire de ce terme LIBRE pour désigner une forme d’enseignement (?) qui promeut toutes sortes de concepts excepté celui de Liberté, sauf évidemment avec celle prise envers les engagement officiels.
Et je le rereredis, c’est mon combat (d’arrière garde) contre cette dénomination d »une institution qui utilise et impose des dogmes surannés, liberticides et cultive le flou le plus total dans sa gestion. Les hauts responsables « oublient » de signaler aux autorités compétentes et même parfois cachent sciemment des comportements particulièrement répréhensibles (on a vu, en plus de l’enquête « Sauvé »), dans un autre domaine d’activité, avec les mêmes protagonistes, un cas particulièrement sordide et révoltant où les responsabilités étaient largement partagées entre le lamentable délinquant, admiré un temps, et sa hiérarchie).
Un seul mot d’ordre : PAS DE VAGUES ! Tant pis pour les victimes.
Alors comment désigner cette institution aux marges de la République ?
Nous avons vu que cet enseignent n’est absolument pas libre.
Enseignement privé ? Privé de quoi ? Enseignement nanti (en jouant sur les mots) ne convient pas vraiment, bien que…
Le terme exact, qui devrait être employé officiellement, évitant toutes les ambiguïtés, dans lesquelles se complait ce genre de public est à mon avis : enseignement CONFESSIONNEL, ce terme exprime vraiment la stricte réalité.
Modérant mon propos, je sais qu’Il faut aussi reconnaître quand même que les établissement confessionnels ne sont pas gérés et fréquentés systématiquement par des délinquants et que l’on y délivre parfois un enseignement de qualité.
Bien sûr il existe des établissements d’enseignement non publics et non confessionnels (une petite minorité) auxquels il conviendrait de donner par exemple l’appellation « Établissements du secteur privé ». C’est tout simple et ça éviterait les tartufferies.
À propos de Mitterrand, je vous conseille de lire ou relire l’ouvrage de Roger Martin Du Gard : Jean Barois, je pense que vous comprendrez l’allusion, sinon demandez moi…