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Certains devront battre en retraite

Les retraités représentent un pan de la société captif et majoritairement peu contestataire pour des raisons simples de mobilité,  de santé ou par manque de moyens financiers. Ils constituent l’enjeu majeur de la vie sociale dans les prochains mois. D’abord parce que ceux qui sont actuellement bénéficiaires d’une pension résultante des engagements pris alors qu’ile étaient en activité sont réputés couter trop cher à la structure qui les paye chaque mois. En fait il faudra attendre mercredi et la publication du rapport de la Cour des Comptes pour évaluer de manière exacte la réalité de cette situation. Quand les uns parlent de déficit « caché » d’autres avancent que rien n’est aussi grave que l’on veut bien le clamer sur les plateaux des télés aux palabres orientés.

Ensuite il y a celles et ceux qui attendent de connaître les conditions qui leur seront faites pour faire valoir leur droit à pension. La médiatisation outrancière et simpliste de l’âge de « départ » occulte le vrai problème qui demeure celui de la durée des cotisations nécessaires pour parvenir à un taux maximum. Il reste enfin à effectuer des prévisions fiables dans le contexte d’un pays qui décline chaque jour davantage et dont on ne connâit pas l’avenir. Il est dans une telle situation fort plausible que des interventions extérieures (Commission européenne ou FMI) contraignent la France à mettre en œuvre des mesures beaucoup plus drastiques que celles qui sont en préparation.

Le problème du système de « la répartition » se résume en grande partie entre le nombre d’actifs alimentant par leur cotisation ajoutée à celle de leurs employeurs et celui des prétendants à pension. Or dans la période actuelle tout s’affaisse lentement. Les entreprises coulent à une allure vertigineuse dans un grand nombre de secteurs d’activités. Plus de 66.000 entreprises ont fait faillite en 2024 en France, soit un niveau record depuis au moins 2009. Au total, 260.000 emplois ont été menacés en 2024 par ces défaillances. Si la tendance se poursuit ou s’accélère, les ressources des cotisations risquent bien de flancher sérieusement ! Les plans sociaux en préparation n’arrangeront guère cette perspective.

Pour que le système soit équilibré il faudrait un taux d’emplois plus élevé et une baisse forte de la fraude sociale (emplois au noir, fausses déclarations, exonérations multiples) : autant rêver dans une période où la commande publique va s’effondrer et où la fameuse politique de l’offre montre ses limites. En 2021 il y avait 29,3 millions d’actifs pour 16,8 millions de « pensionnés ». C’était la « belle période » du quoi qu’il en coûte qui a permis de maintenir en vie de nombreuses entreprises déjà mal en point. Il faut rappeler qu’entre 2018 et 2019 les actifs ont progressé de 1,2 million alors que celui des « retraités » n’a progressé que de 300 000 unités !

Mercredi, selon les premières fuites sur le rapport de la Cour des Comptes, le « je ne sais rien » de Bétharam risque d’avaler de travers puisque ses affirmations sur un déficit abyssal ne seront pas corroborées par les chiffres publiés. La Cour ne valide absolument pas un déficit des régimes serait bien supérieur à celui établi par le Conseil d’orientation des retraites (COR). Ainsi, pour le Premier ministre, à horizon 2030, il manquerait …55 milliards d’euros dans les caisses, plutôt que le COR qui l’estime seulement à 6,1 milliards en 2024. Les juges de la rue Cambon ne confirmeraient donc pas du tout pas le chiffre d’une impasse de 55 milliards… ce qui risque de perturber considérablement le rendez-vous entre partenaires sociaux. Ils sont à peu près sur les estimations du COR !

Alors en attendant Bercy travaille à des ajustements techniques permettant de grapiller quelques milliards : décalage des versements des pensions, augmentation de la CSG sur les versements les plus élevés, incitations à revoir des avantages divers en matière d’imposition, hausse de certains prélèvements par-ci par-là… Les ordinateurs du Ministère des finances tournent à plein régime pour savoir comment on peut rogner sur les retraites sans le dire, tout en le faisant. En fait tout se focalise autour de la prise en compte… de la contribution de l’État employeur !

En 2012 il y avait en France 1 852 000 fonctionnaires d’État (1) et 1 429 000 fonctionnaires territoriaux pour dix ans plus tard se retrouver avec 1 827 000 pour les premiers (- 22 % ) et 1 429 000 pour la seconde catégorie (=). La seule évolution significative est celle des…contractuels + 47 % en dix ans dans les services de l’Etat et de + 22 % dans les collectivités. Une évolution qui a considérablement fait baisser le rapport « actifs-retraités » et donc la dépense de l’État. Il faut l’assumer et ne pas en rejeter la responsabilité sur les pensionnés actuels qui se sont engagés sur des bases définies (salaires plus bas que dans le privé et donc retraite plus faible mais parfois avantages sur l’âge de départ qui ont disparu) d’où les difficultés à recruter dans l’enseignement pas exemple. Mercredi rien ne sera réglé. Loin s’en faut ! On aura recours à l’intelligence artificielle et tout ira mieux !

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Cet article a 4 commentaires

  1. J.J.

    On vit une époque formidable ! Que de progrès sociaux nous faisons à la manière des écrevisses.
    Il ne faut pas non plus sous estimer les manœuvres sabordives de certains « rochers noirs », par exemple, en embuscade pour mettre en place un système beaucoup avantageux pour les goinfres du grand capital.
    Comme le scandaleux capital amassé par des « sans dents », petite épargne de précaution, dont la moyenne des placements atteint péniblement les 8000 €, mais qui aiguise l’appétit d’autres gloutons intempérants.

  2. Christian C

    Un retour à la TVA à 33% sur les produits de luxe pour boucler le budget des retraites ?
    En attendant bel anniversaire à toi, Jean-Marie, profitez bien du salaire différé cher à Bernard Friot.

  3. JJM

    Que disait notre excellence Macron lors d’une conférence de presse le 25 avril 2019:
    (…) quand aujourd’hui on est peu qualifié;quand on vit dans une région qui est en difficulté industrielle, qu’on a une carrière fracturée…Bon courage déjà pour arriver à 62 ans! C’est ça la réalité de notre pays.Alors on va dire :non ,non faut maintenant aller à 64 ans? Vous ne savez déjà plus comment faire après 55 ans (…). C’est ça la réalité .(…) Expliquer aux gens:< mes bons amis,travaillez plus longtemps,c’est le délai légal> ce serait hypocrite>.

  4. François

    Bonsoir Jean-Marie … et Bon Anniversaire !
    De retour des fêtes de Dax ( voir Nadau/retour des fêtes de Dax), Joan nous parle « d’une  p…e de pendule qui répète cinq fois qu’il est une heure ! ».
    Plus tôt, Jacques Brel nous décrivait « une pendule d’argent qui dit oui, qui dit non, qui dit je vous attends » : malicieuses ces mécaniques, car toutes deux nous ajoutent une année tous les 365 jours ! ! !
    Précautionneusement, n’oublions pas de remonter leurs lests ! ! ! ☺ ☺ ☺
    Amitiés

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