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Les racines des guerres puisent leurs forces dans le profit

Derrière chaque conflit, chaque émergence d’un pouvoir autoritaire, chaque magouille plus ou moins avouable il y a des enjeux financiers et de manipulations liées à des dimensions strictement économiques. Les grandes puissances s’arrangent pour trouver des alliés zélés qui envoient des femmes et des hommes à la mort uniquement pour des intérêts qui les dépassent. Peut-être jamais le constat de Paul Valéry voulant que « les guerres, ce sont des gens qui ne se connaissent pas et qui s’entre-tuent parce que d’autres gens qui se connaissent très bien ne parviennent pas à se mettre d’accord. » n’a été aussi vrai. Dommage que plus personne n’utilise cette référence pour expliquer des affrontements supposés être religieux, idéologiques ou politiques alors que ce ne sont que des luttes sanglantes pour la possession de sites énergétiques, vitaux ou de gisements potentiels minerais. La race humaine s’autodétruit victime de décisions uniquement dictées par le profit.

Dans quelques zones africaines les querelles mettant en jeu des milliers si ce n’est des millions de personnes, sont liées à la maîtrise de l’eau et la possession des terres arables qui restent. Dans un proche avenir ces phénomènes deviendront les causes essentielles des guerres sur la planète. L’accès à la nourriture alors que le réchauffement climatique bouleverse les cultures constitue en effet un enjeu majeur.  la Chine, avec moins d’un million d’hectares de terres agricoles en Afrique, arrive loin derrière les grands acquéreurs terriens sur le continent, que sont les Émirats arabes unis (1,9 million d’hectares), l’Inde (1,8 million d’hectares), le Royaume-Uni (1,5), les USA (1,4), et l’Afrique du Sud (1,3). Partout les peuples installés sont déplacés ou bousculés ou même exterminés afin de laisser la place à des industriels ou des organismes d’État. Le terrorisme organisé par des tiers intéressés a alors toute son utilité.

Sur leurs terres contestées de Cisjordanie, les colons israéliens développent une agriculture foisonnante, notamment grâce à l’accès privilégié à l’eau dont ils bénéficient. Au grand dam des Palestiniens, qui doivent se contenter d’une portion congrue de cette précieuse ressource contrôlée à 80 % par Israël. Pas très loin l’Égypte, le Soudan et l’ Éthiopie sont au bord de l’affrontement au sujet de l’affectation de l’eau du Nil et sur le danger que représente la construction d’un barrage en amont de la terre des pharaons par Addis-Abeba… Tôt ou tard il y aura des conflits meurtriers avec la naissance de mouvements séparatistes dans ces pays. Ils existent même déjà.

Depuis hier on a une idée plus précise des racines du conflit russo-ukrainien même si j’ai à plusieurs reprises écrit ici, que Poutine avait comme vraie motivation la récupération dans ce conflit du grenier à céréales des grandes plaines autour de Kiev et des mines du Donbass. Il approche d’ailleurs de son but puisque certains grands sites miniers risquent de tomber sous sa domination dans les prochains mois. L’armée russe est par exemple actuellement à environ six kilomètres du centre de Pokrovsk, autrefois une cité industrielle prospère autour des plus importantes réserves de charbon d’Ukraine. Au Sahel dans le sillage des Russes qui raflent tout ce qu’ils peuvent rafler pour se payer les Chinois s’installent. Partout la course aux minéraux s’accélère. Elle est derrière tous les affrontements. 

Trump a eu le mérite (en est-ce un ?) de mettre sur le devant de la scène le cynisme absolu des USA vis à vis de l’Ukraine. Dans un plan de paix dévoilé en octobre dernier, le président ukrainien avait proposé – sans évoquer spécifiquement les terres rares – un « accord spécial » avec ses partenaires. Objectif : une « protection commune » et une « exploitation commune des ressources stratégiques » de son pays. Il avait donné pour exemples « l’uranium, le titane, le lithium, le graphite et d’autres ressources stratégiques de grande valeur ». Trump est allé bien plus loin en réclamant l’exclusivité de l’exploitation des terres rares qui se trouvent en Ukraine : « Nous cherchons à conclure un accord avec l’Ukraine pour qu’elle sécurise ce que nous lui donnons avec ses terres rares et d’autres choses ». Prétendre que les Russes ne le savaient pas en attaquant Kiev… serait idiot. Trump dit simplement ce que les autres pensent tous bas. 

C’est en fait un aveu sans aucune gêne de la finalité de la fourniture d’armes et donc de la mort de milliers de pères de familles, de jeunes prometteurs ou de soldats dans la force de l’âge… Ce n’est pas une découverte car des millions d’autres sont morts pour le monde à cause de la finance qui sort toujours vainqueur de ces conflits inhumains. La liste en serait longue. « On les raconte différemment, mais les guerres ont toujours été faites pour remettre l’argent en mouvement, pour conquérir d’autres marchés, pour s’emparer des ressources des autres » a écrit l’auteur italien actuel Alessandro Baricco. Dommage que ce ne soit plus la boussole des pacifistes.

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Cet article a 2 commentaires

  1. faconjf

    Bonjour,
    bah! pourquoi se gêner, en fait rien de neuf sous le soleil depuis que l’homme est devenu propriétaire il a toujours cherché à s’accaparer les biens du voisin. Notre pays n’échappe pas à la règle envahi ou envahissant ses voisins pour voler ou se faire voler … Toutes les excuses sont bonnes pour piller, voler, violer, tuer on peut citer les religions ou l’histoire ou les ethnies… En réalité ce sont toujours les enjeux de pouvoir et actuellement les matières premières sont aux premiers rangs.
    La transition énergétique efface tous les scrupules des populations nanties qui ne s’interrogent plus sur le prix du sang des terres et métaux rares indispensables. La bonne conscience escrologique de faire du « durable propre » étouffe les cris des enfants exploités, les pleurs des mères enterrant leur progéniture morte de faim ou hachées par les bombes  » chirurgicales propres ».
    Tous ces malheurs sont oubliés par les bobos en motoneiges électriques qui vont pouvoir se photographier en haut des sommets avec leur smartphone dernier cri.
    Au diable les efforts en raquettes ou avec les skis à peau de phoque pour gravir dans la neige fraîche les pentes abruptes. Seul le plaisir immédiat fourni par sa majesté pognon est mis à l’honneur avec pour témoignage le selfie glorieux déversé sur les réseaux sociaux gouffres à énergie.
    Chacun sa gloire.
    Bonne journée

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