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La journée de la censure « cinématographique »

Nous voici à nouveau en mode censure… Toute la journée, les chaînes des télés tenteront de mobiliser le maximum de gogos en essayant de les persuader que leur avenir dépend de ce vote au sein du Palais Bourbon. Il n’y a pourtant aucun suspens sauf si ce que l’on nomme le socle commun connaissait des défaillances. Il ne s’agit que d’un tir à blanc avant ceux qui interviendront en février sur les budgets. La déclaration de politique générale a donné lieu à des tonnes de verbiages entendus permettant à chaque porte-parole de rassurer ses partisans. On était au minimum dans le « je t’aime moi non plus » et dans le « quoi que tu fasses et quoi que tu dises on aura ta peau. » Henri Bayrou IV cherchait quel serait son Ravaillac parmi les protestants qui se sont succédés à l’autel de la démocratie représentative.

Le vrai vainqueur de la journée des dupes sera une fois encore le R.N. Dans sa stratégie de dédiabolisation la « Marine nationaliste » en sursis encore pour une centaine de jours est allée un peu loin en votant pour dézinguer le Savoyard avec la Gauche. Son électorat n’a pas compris ce mélange des voix. Alors cette fois, alors que l’auteur du discours tournant autour du… pot a ignoré le parti lepéniste, il joueront la « force tranquille ». Ses députés ne bougeront pas. Ils se contenteront de démontrer que ce sont toujours eux les maîtres du jeu. Sans leur vote la censure n’aura pas de majorité. Que les socialistes la vote ou ne la votent pas. En fait c’est assez habile car comme pas grand monde s’est intéressé ou à compris ce que voulait le Béarnais flottant il vaut lieux attendre les rendez-vous budgétaires.

En attendant le R.N. a emmagasiné quelques promesses intéressantes : proportionnelle, banque de la démocratie, retour sur le cumul des mandats, immigration… et ce, sans avoir été se compromettre à Matignon et encore moins à Bercy. Une déclaration reprenant ses obsessions idéologiques que son électorat veut entendre, quelques pistes démagogiques et le silence des boutons « pour » sur les pupitres de l’Assemblée. Le tour est joué : c’est tout bénéfice ! Il seront cette fois au coté de la minorité gouvernementale qui ne votera elle-aussi. Le Premier des ministres le sait et il aura obtenu un soutien à l’insu de son plein gré.

Il en sera pas de même au PS. Olivier Faure n’a désormais qu’un objectif : rester à la tête des 20 000 adhérents de son parti. Il faut qu’il démontre à celles et ceux qui réclament la rupture avec le NFP qu’il essaie de toutes ses forces de négocier avec le gouvernement. Il sait que cette fois, que le groupe soutiennent la censure LFI ou qu’il ne la soutienne pas le résultat est acquis. Il peut donc s’offrir un double jeu qui quel qu’en soit l’issue ne comporte aucun danger. Il doit se dire avec ses potes : pourvu que Palois ne cède pas car l’intérêt d’un silence approbateur n’est pas évident.

Le patron de ce qu’il reste du PS joue avec le feu mais il n’a pas trop le choix. Sa volonté ne négocier peut lui rapporter quelques centaines de voix de militants utiles pour conserver sa majorité. La stratégie a secoué le NFP et lui a permis de montrer ses muscles face aux ukases du Tsarévitch Jean-Luc le Terrible. La formule empruntée à la présidente de la région Occitanie, Carole Delga. « la gauche qui travaille et la gauche qui braille » suffira à son bonheur électoral interne. Pour pas mal d’adhérents les humiliations permanentes suffisent et ils ont apprécié cette réaction. Il aura l’occasion de poursuivre les négociations avant l’établissement du budget. Bayrou espère verrouiller le PS par un refus de censure socialiste soutenant indirectement son discours qui, comme je l’avais prévu dans une chronique antérieure, n’était qu’un assemblage de mots vides de réalités. Il a gagné un peu de temps.

Rien n’a évolué depuis la chute du gouvernement de la raclette. Le RN restera peinard encore quelques semaines dans l’attente du jugement dans le procès des attachés parlementaires. Si la Marine est coulée par une peine inéligibilité immédiate, le gouvernement en place peut très vite faire ses cartons. Alors demain soir il n’y aura aucun coup de théâtre. Rien ne bougera provisoirement. On en reviendra au nombre 64 ! Étrange signe du destin pour celui qui semble par ses escapades récentes manquer de Pau ! En attendant il faudrait relire la fable « le chat (cherchez qui est le chat), la belette et le lapin » et sa morale :

«(…) Grippeminaud leur dit : Mes enfants, approchez,
Approchez, je suis sourd, les ans en sont la cause.
L’un et l’autre approcha ne craignant nulle chose.
Aussitôt qu’à portée il vit les contestants,
Grippeminaud le bon apôtre
Jetant des deux côtés la griffe en même temps,
Mit les plaideurs d’accord en croquant l’un et l’autre.
Ceci ressemble fort aux débats qu’ont parfois
Les petits souverains se rapportant aux Rois. »

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Cette publication a un commentaire

  1. J.J.

    Une belle édition spéciale du « Bal des Faux culs »…
    Nous sommes tombés bien bas, presque autant que les étasuniens.

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