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Il y a toujours des exagérations dangereuses en politique

J’ai appris dans la vie publique que l’on finit toujours par être considéré comme un traître qui n’est que la conséquence d’une prise de position différente d’un groupe plus ou moins imposant souhaitant imposer son point de vue. Le qualificatif a fusé dans le débat politique avec la prise de position des députés socialistes sur la censure. Ce n’est qu’en France que l’on pratique ce genre d’accusation. J’ai été par exemple de 1974 à 2002 membre de la tendance qui soutenait les idées de Michel Rocard. J’ai toujours eu et j’ai de nombreux courriers ou souvenirs qui en témoignent, le sentiment que je n’avais pas ma place dans un parti girondin très majoritairement mitterrandiste. Pour se voir décerné un diplôme de fidélité à la ligne officielle il ne fallait surtout pas manifester de positions différentes sur celle qui avait toutes les qualités. Ai-je pour autant trahi mes valeurs ? 

Cette propension à considérer que la vision du chef est incontestable se développe de plus en plus. La personnalisation politicienne ouvre la place à une forme de culte de la parole individuelle comme étant si ce n’est « divine » tout au moins « fondamentale ». On repère vite les frondeurs et on les stigmatise alors qu’ils ne font que témoigner de prises de position respectable. Dans le système parlementaire actuelle il devient quasiment impossible d’échapper à cette logique de la dissidence interdite. Il faut se réfugier dans le troupeau, se cacher pour ne pas susciter la mise en accusation.

Dans la période actuelle de l’exagération dans les mots, les qualificatifs ont vite plu sur la tête des députés n’ayant pas voté la censure. C’est normal qu’ils soient critiqués. C’est logique que l’on s’interroge sur leur choix. Les insoumis n’y sont pas allés avec le dos de cuillère pour dénoncer la stratégie de leurs « camarades » : « gesticulation de pleutres » ou « magouilles de traîtres ».  Si les députés socialistes ne la votent pas, ils confirmeront un changement d’alliance que nous sentons venir depuis quelque temps ». Elle a critiqué les « mensonges répétés à longueur de journée » par les élus PS sur les « concessions » arrachées au gouvernement. « C’est le budget le plus austéritaire depuis vingt-cinq ans, avec 9 milliards de coupes supplémentaires. Et c’est un mauvais coup pour notre économie », a ajouté le Président de la Commission des Finances. Autant de sentences sévères qui n’ont pas influé sur le résultat.

J’ai été confronté à cette situation dans laquelle un vote vous apporte des tonnes d’injures. La première fois ce fut sur la réforme territoriale souhaitée sous la Présidence de François Hollande. Même si je n’étais pas en première ligne puisque simple Député suppléant, j’avais après discussion commune avec Martine Faure suggéré qu’elle ne vote pas le texte proposé au Palais Bourbon. La seconde fois c’est au Conseil général lorsqu’il avait fallu voter l’ouverture des crédits pour la LGV Bordeaux-Paris… Nous étions six réfractaires. J’ai en mémoire l’ukase qui nous avait été individuellement transmis avec la menace de ne pas voir notre mandat renouvelé. Dans chaque cas je n’ai pas varié et rien ne m’est arrivé de négatif.

L’un de ceux qui fut un grand leader du PS en Gironde que je fréquentais alors que je débutais dans la gestion mutualiste avait une stratégie particulière pour éviter ces situations. La solution était peu glorieuse mais elle lui avait permis d’accomplir une brillante carrière : le vote prostatique ! Il participait aux discussions mais au moment de voter il s’absentait pour se rendre aux toilettes en prenant son temps de telle manière que le scrutin soit clos. Il enregistrait sans mot dire le résultat auquel il n’avait pas participé. Je ne l’ai jamais vu être accusé de traîtrise.

Selon les échos que j’ai eus du Palais Bourbon, à la Buvette quelques votants PC et EE-LV de la censure n’étaient pas trop choqués d’avoir vu les Socialistes prendre les coups sur un sujet où ils auraient eu la tentation de les imiter. Silencieusement les leçons de morale politique, les accusations faciles, les fatwas individuelles commencent à fissurer le Front Populaire. Les résultats des récents scrutins démontrent que ce n’est pas forcément toujours de la faute des autres si les votes ne sont pas au rendez-vous. Or c’est ce que l’on lit et l’on entend.

Désolé j’assume. Je considère que la diversité reste une force politique à terme et que je reconnais le droit à chacun de justifier ses choix surtout à l’Assemblée nationale. L’unanimisme ne m’a jamais enchanté. D’ailleurs il y aura bientôt dix ans que sur le sujet de la « déchéance de la nationalité » j’avais pris mes distances avec le PS et je les garderai définitivement. Je n’ai pas aimé d’être anonymement qualifié de « traître ». Je ne supporte pas l’usage de ce mot dans le débat politique ! Il y a 80 ans il avait son sens.

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Cet article a 5 commentaires

  1. JJM

    J’ignorai que tu étais membre de la tendance qui soutenait les idées de Rocard. Je comprends ce que tu ressens car j’ai bien connu, dans une section locale PS, l’ostracisme de notre secrétaire envers l’un de nous qui soutenait la motion « CERES ».
    Au-delà des idées, ce qui compte c’est le pouvoir et seulement le pouvoir pour le pouvoir.!!!Même chez les rocardiens il n’est qu’à demande à notre ex ministre macroncompatible de la santé!
    Pour avoir eu une responsabilité en section d’entreprise, Pierre Brana était alors notre Secrétaire Fédéral aux entreprises, je peux te dire que nous n’attachions aucune d’importance à son courant de pensée « Rocardien ». Il est vrai que crédules, nous ne recherchions pas le pouvoir mais « changer la vie !!! ».
    Lionel Jospin a demandé de ne pas censurer, a-t-il fait mieux que Rocard ? Aucun premier ministre n’a autant privatisé, Lagardère en a été le premier bénéficiaire à travers la privatisation d’Aérospatiale.

    1. jjm

      Désolé j’ai confondu Manuel Valls et Olivier Véran mais cela ne change rien quant à leur comportement!

  2. J.J.

    « Je considère que la diversité reste une force politique à terme et que je reconnais le droit à chacun de justifier ses choix surtout à l’Assemblée nationale. »
    Et réciproquement ….
    De toute façon avec un Glucksman entre autres, parmi cette coalition, cela évoquait quelque peu les épousailles de la carpe et du socialiste en peau de lapin.
    Avec la présence de ce personnages et quelques protagonistes du même acabit, je ne donnais pas cher de la survie du NFP. RIP

  3. faconjf

    Bonjour,
    ainsi le mot du jour est donc trahison. La trahison est le fait d’abandonner, de livrer à ses ennemis ou de tromper la confiance d’un groupe (politique ou religieux), d’une personne (ami, amant, famille) ou de principes (moraux, ou autres).
    Il y a différents degrés dans la trahison, le point commun est de briser une loyauté, de prendre secrètement le parti ou le camp de l’ennemi, c’est l’image populaire du coup de poignard dans le dos.
    Le mot traître est utilisé plus généralement pour désigner l’auteur d’une trahison. Le personnage du « traître » est associé à certaines figures historiques ou de légende, comme Judas, Ganelon, Vlassov.
    Voila pour reprendre les mots de JMD « Je ne supporte pas l’usage de ce mot dans le débat politique ! Il y a 80 ans il avait son sens.  » . Et oui parfois l’honneur consiste à prendre la décision que vos adversaires appellent trahison. C’est ainsi que le gouvernement de Pétain a qualifier le « colonel De Gaulle ».
    Revenu d’entre les morts l’ectoplasme Jospin est apparu devant les merdias pour faire descendre vers nous sa « bonne parole ». De la part d’un retraité politique qui a bradé les intérets industriels de notre pays* pour complaire aux verts. Verts qui l’ont aussi trahit en 2002, le privant des 5% voix qui lui auraient permis d’accéder au 2ème tour, Les verts par cette trahison ont laissé le champ libre au borgne… En disant tout faire pour le démonter.
    Le capilo-teinté Kanner tient sa victoire, le président du groupe faucialiste au Sénat, qui a toujours été le tenant d’une alliance uniquement électorale avec LFI sait que la donne a changé en interne. Il pousse à la roue pour tenir le Congrès du Parti faucialiste avant l’été (« le plus tôt possible ») pour introniser la limace Mollande , ou un de ses faux nez. Le capilo-teinté déclare « La gauche en France, ce n’est pas la gauche guévariste. Il faut que nos collègues, amis, ou anciens partenaires de LFI comprennent que quand on n’a pas d’élus locaux ou d’élus au Sénat, on ne peut pas prétendre fixer la ligne de la gauche. C’est dur à entendre, mais il faut qu’ils s’y habituent. Le PS est un grand parti de gouvernement, il a un passé, un présent et un avenir, nous verrons bien quand M. Mélenchon ne sera plus là si LFI a un avenir. » . Il va plus loin en menaçant « LFI menace en permanence de mettre des candidats face aux députés qui ne voteraient pas la censure. Je les invite à être très prudents : si nous mettons des grands élus territoriaux face à eux, je pense que le groupe LFI risque de diminuer sérieusement et revenir à son étiage de 2017, soit 17 ou 18 députés. ».
    En fait, les faucialistes ont brisé le Nouveau Front populaire (NPF). La stratégie de Macron a réussi déclarait l’ancien premier ministre Grec Varoufakis.
    Avec leur motion de censure post budget les faucialistes tentent d’exister face à LFI et le Rhaine. Ils poussent même le vice à rédiger la dite motion pour que le RN ne vote pas avec eux. Facile il suffit d(introduire dans leur motion de censure le rejet de la formule xénophobe de Bayrou sur la « submersion », qui est en fait un appel des socialistes à renforcer le cordon sanitaire contre le RN. En bref, les socialistes ont fait le travail de Macron à sa place.En fait, ils l’ont sauvé de sa grossière erreur d’utiliser Michel Barnier pour se rapprocher du RN.
    Mais, ce faisant, les socialistes ont détruit les chances que la gauche, par le biais du NPF, puisse créer un front commun qui contrecarre la montée du RN. Leur empressement à parcourir à nouveau les couloirs du pouvoir l’emporte sur les scrupules.
    Les décisions pourries du budget sans cohérence de Bayrou n’ont aucune importance, l’objectif est ailleurs. Il consiste à faire rentrer les groupies de Mollande dans le gouvernement. L’État ne taxe pas les milliardaires qui peuvent partir ailleurs, il taxe toujours les petits, vous, moi et aujourd’hui les auto-entrepreneurs avec la TVA. Où est la cohérence de chercher à détruire les auto-entrepreneurs ???
    Tout se paye un jour et LFI est maintenant la victime de la politique des castors … Le conducator ne remet nullement sa trahison en cause, il persiste à griller ses cartouches en tirant contre son camp.
    bonne journée
    * La trahison de Jospin. L’origine de la décision politique de l’arrêt définitif du réacteur nucléaire surgénérateur Superphénix par le gouvernement de Lionel Jospin le 2 février 1998 (elle figurait dans son programme pour se faire élire avec les voix des Verts) fut un désastre technique (abandon d’une filière d’avenir), humain (pertes de compétences) et financier (pertes de milliards d’euros). Injustement discrédité par les médias, ce remarquable réacteur, alors unique au monde, sera finalement sacrifié sur l’autel de l’éphémère « majorité plurielle » arrivée au pouvoir en juin 1997 avec Lionel Jospin comme Premier ministre. Il était cent fois plus efficace et économe en combustible uranium que les réacteurs « classiques » précédents. Plus grave encore ce réacteur était la clef de voûte économique des autres réacteurs puisqu’il enrichissait et retraitait le combustible usé lui procurant une nouvelle vie. Pas grave les escrologistes ver(t)s continuent jour à ronger l’économie industrielle de notre pays à grand coup de règles européennes trahissant ainsi la France au bénéfice des Allemands.
    Trente longues années d’effort des escrogistes payés avec nos impôts pour transformer notre pays en nouveau tiers monde et nous voila enfin récompensés. Nous importons du gaz de schiste par bateaux polluants des USA pour payer leur soutien à la guerre en Ukraine, chapeau!

  4. J.J.

    Dois je rappeller également que l’on doit à Pappy Jospin, entre autres tours de force, la géniale transformation des Écoles Normales qui ont fini en eau de boudin ?
    Encore un qui a perdu une occasion de se taire.

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