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Le jour où je me retrouvais derrière une « mule » potentielle (der)

En 24 heures les oscillations du destin au Venezuela en ce début novembre 2011 ont été oppressantes. Rien n’est joué même si le retour vers la France s’annonce.

Après une virée interdite pour humer les réalités du Venezuela le retour vers l’Hôtel fut parsemé de rencontres. Dans l’allée qui montait vers la colline où se trouvait l’entrée principale des gamins cherchaient à grappiller auprès des touristes quelques objets rares comme des stylos ou des euros faute de récupérer un dollar. Ils étaient chassés en permanence par deux gardiens arpentant le porche où se garaient de luxueuses limousines. Autant être discret en raison de ma situation bancale. Juste avant le déjeuner « spécial » Air France, le bruit courut alors que nous avions abandonné les chambres que l’on viendrait nous chercher vers 17 heures. J’appréhendais le retour à l’aéroport où après avoir connu quelques problèmes pour en sortir (voir épisode 2) je risquais d’en rencontrer à nouveau pour y entrer.

Le Chinois ne laissait rien transparaître de son angoisse de ne pas pouvoir se présenter en temps voulu devant ses patrons. Nous n’avions bien entendu aucune nouvelle du Vénézuélien. Le technicien de l’exploitation pétrolière me confia que sa rotation était chaque fois compliquée. « En ayant chassé l’essentiel des cadres d’exploitation de leur or noir, le gouvernement a tué la filière. Ils ne produisent plus autant et les installations battent de l’aile. Le travail devient dangereux. Je ne sais pas si je reviendrai. En fait je suis prisonnier sur une base spécifique aux étrangers dont nous ne sortons pas ! Et si j’arrive à m’échapper la présence d’un garde du corps est obligatoire. A terme c’est une catastrophe économique qui se prépare. » Le rouquin irlandais descendait des bières locales perché sur un tabouret du bar. Le temps parut très long avant qu’un autobus se présente.

Une trentaine de passagers dont certains surgirent de nulle part montèrent dans un véhicule beaucoup plus confortable que ceux qui nous avaient transportés en cours de nuit. Les rideaux étaient moins étanches que les autres permettant de percevoir quelques instantanés sur le trajet. Je me raccrochais à mon pote irlandais toujours aussi décontracté. A l’arrivée je jouais « groupé » en me glissant au cœur de la troupe partant pour le contrôle d’accès. Je demandais à Kyllian de rester avec moi. Une très longue file attendait la fouille des bagages de cabine. De ce coté là je ne risquais pas grand-chose. Billets en main j’avançais vers les hommes en armes toujours aussi avenants qui procédaient au contrôle des passeports. Devant moi une jeune fille brune montra son viatique pour Amsterdam.

Immédiatement le ton se durcit. Il lui fut demandé les raisons d’un voyage de seulement trois jours. « Je me rends aux obséques de la grand-mère de mon copain qui habite au Pays-Bas. » expliqua-t-elle. Son sac de voyage fut fouillé et re-fouillé et re-re-fouillé. Les questions pleuvaient et la file s’impatientait. Je retrouvais le même contexte que quelques dizaines d’heures auparavant. Un gradé important succéda à un gradé plus important et la femme d’une vingtaine d’années fut écartée et emmenée vers les bureaux.

« Aller à Amsterdam pour une durée aussi courte leur paraît très suspect. Ils n’ont rien trouvé. Elle va être conduite à l’hôpital central de Caracas pour passer une radio du ventre. Ils la soupçonnent d’être une mule » m’expliqua en marchant vers la banque de départ Air France le Palois.

« Une mule ?

-Oui c’est une personne qui a absorbé des doses de cocaïne enfermées dans des préservatifs qu’elle restitue par les voies naturelles à l’arrivée. Au mieux elle risque de manquer son avion et au pire d’aller en taule pour longtemps. » J’apprenais quelque chose. J’eus une pensée pour cette fille en savourant le fait que cette fois j’avais échappé par le phénomène de groupe et à la répétition des cas de passagers allant vers Paris, sous l’œil de l’accompagnatrice, aux tracasseries liées à ma situation particulière. Je retrouvais ma carte d’embarquement avec soulagement. Il ne me restait plus qu’à attendre. J’appelais ma fille en France pour qu’elle change le billet pour Bordeaux. 

Quelques minutes avant l’heure dite une patrouille lourdement armée avec deux chiens s’engouffra dans le tunnel vers l’avion. Ils demandèrent l’ouverture des soutes et lâchèrent les « renifleurs » sur les valises. « Comme nos bagages avaient été embarqués hier soir et qu’ils les ont laissés, ils vérifient que des trafiquants n’ont pas rajouté durant la nuit des colis suspects. » m’indiqua Kyllian peu perturbé par ce nouveau contre-temps. Ils nous attendaient juste avant la porte de l’avion… pour une ouverture des valises et des sacs !

Durant le voyage je demandais à une hôtesse qu’elle se renseigne pour ma correspondance à Roissy pour Bordeaux. Elle m’assura que je serai pris en charge personnellement et que j’aurais une place à sur le premier vol. ce fut fait et bien fait. N’empêche qu’en arrivant un nouveau contrôle m’attendait pour accéder au vol… c’était le septième en trente-six heures. Il me parut bien léger !

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Cet article a 2 commentaires

  1. François

    Bonjour J-M !
    Donc, toi, ce fut long et tordu mais ils t’ont rendu à tes chers créonnais mais imagine un instant que pareille mésaventure arrive au Méprisant et qu’ils ne nous le rendent pas ! Mon po’ve J-M, mais on est perdu …c’est la cata … une grooooosse affaire d’États … vu la rançon, encore du déficit budgétaire … catastrophique !
    Entre nous, cela nous prouve que ta valeur est moindre ! ! ! ! ☺☺☺
    Amicalement

  2. A. Blondinet

    Il fallait qu’en bon François cela fût dit. Ce tour du Venezuela en 80 jours valait que J.M. y mît sa patte. Et pendant ce temps-là, Alain Delon et Michel Guérard…

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