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S’évader des tristes réalités de la campagne

Comment éviter en politique les mises en cause des personnes ? C’est impossible dès que l’on occupe une position publique et donc il faut s’y préparer. Il n’existe plus de poste quel qu’il soit qui exonère d’attaques mettant en cause l’individu qui l’occupe. C’est la rançon de l’action publique. La confusion entre une femme, un homme et le poste qu’il occupe devient de plus en plus facile dans la mesure où les réseaux sociaux offrent des possibilités infinies. Grâce à l’anonymat ou l’utilisation de noms fantoches il est donc possible de s’en prendre sans grands risques à n’importe qui. Désormais la mise en place de faux supports accentue la menace.

Prendre une position est considéré comme de l’opportunisme ou de la flagornerie. Ne pas prendre position devient dans le meilleur des cas de la lâcheté ou de la trahison. En fait la personnalisation de la vie politique conduit inexorablement à l’abandon des valeurs auxquels on devrait se référer. Dans mes cinquante années d’engagement j’ai pu constater que la faiblesse des arguments est souvent compensée par les attaques ad-hominem. Tant qu’elles restent en cercle fermée ce n’est pas grave mais quand elle déborde dans la sphère publique elles deviennent insupportables. Depuis longtemps je ne suis jamais privé à visage découvert, d’écrire et de dire ce que je pense des actes, des idées, des valeurs portés par un détenteur ou une détentrice du pouvoir. C’est dépassé !

Les faux profils, les commentaires non signés ou ne permettant pas de réponses, les affirmations oiseuses constituent désormais le quotidien. Si vous avez le malheur de considérer que votre droit réside dans la suppression de ces usurpations ou ces provocations l’accusation de censeur affleure aussitôt. Il faut se méfier de tout. Il est indispensable de rester attentif et prudent sur l’exploitation qui pourraient être faites d’un écrit, d’une vidéo ou d’une photo. Tant comme citoyen que comme simple quidam, rien ne préserve du détournement de vos moindres prises de position.

Alors si vous occupiez ou si vous avez occupé une fonction « exposée » vous ne serez jamais en paix. Redevenir un parmi les autres et affirmer que vous ne voulez pas mettre les mains dans le cambouis social n’a aucune prise sur l’environnement. C’est une véritable souffrance. Se retirer sous sa tente est impossible. Et pourtant il le faut à un moment ou un autre. C’est salutaire et même indispensable pour sa santé mentale. 

Personnellement chaque fois que j’ai quitté une fonction j’ai pris soin de ne pas commenter le travail effectué par ceux qui l’occupent ou l’ont occupée. Je prends soin de ne pas revenir sur les lieux où j’ai agi, de rencontrer les personnes avec lesquelles j’ai œuvré même si parfois c’est douloureux. C’est une règle que je m’applique en permanence et je pense l’avoir respectée. Ce n’est pour autant qu’en tant que citoyen je n’ai pas ma perception des choses. Inutile d’espérer que je les exprime publiquement. Hier ce fut le cas. Aujourd’hui c’est le cas. Demain ce sera encore plus le cas. Le dialogue, l’échange, le débat doivent exister mais avec le courage de la nuance et le respect des personnes. Vous qui lisez ce blog, vous avez certainement remarqué que dans cette logique je ne cite pas les noms mais les fonctions exercées ou les rôles tenus. C’est volontaire et constant.

Ce n’est pas pour autant que je ne pense pas qu’en politique la valeur de la personne prétendant exercer un mandat n’a aucun intérêt. Pour ma part elle est même essentielle. Il est donc possible de soutenir les idées d’un candidat mais de ne pas apprécier la manière dont il les défend. On constate durant cette campagne que ce sont des «egos » surdimensionnés qui prennent le pas sur tout le reste. Doit-on l’accepter ? Non. Peut-on le condamner. Oui. Ce ne sont pas des fausses infos ou des médiocrités faciles mais ils les favorisent.

Personnellement je ne soutiendrai jamais l’outrance verbale et les atteintes aux principes républicains mais je ne porterai pas tort à celles et ceux qui ont été désignés pour combattre des manquements plus graves. J’ai été sous mon nom à trois reprises associé comme candidat à une campagne législative. J’ai été à trois reprises tête de liste à une élection municipale et deux fois à un scrutin cantonal. J’en connais les contraintes. Ma fierté aura été à chaque fois de rassembler des gens d’origine différente, de solidariser des élus non-engagés avec d’autres très engagés dans la clarté et la sincérité, de défendre des idées et pas des postures. J’ai apporté toutes mes forces à d’autres postulants en d’autres circonstances . Je n’ai jamais eu besoin de me cacher… c’est y=une force devenue une faiblesse exploitable. 

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Cet article a 2 commentaires

  1. Gilles Jeanneau

    Comme tu as raison encore une fois, et l’anonymat devrait être banni des réseaux sociaux mais c’est un voeu pieux!
    Il sera trop tard lorsque la majorité des gens l’auront compris!
    Je me sui réjoui des possibilités de l’informatique et d’Internet à ses débuts. Je commence sérieusement à déchanter vu les dérives que cela génère. Les méfaits de l’apprenti sorcier sont toujours de sortie.
    Allez, bonne journée quand même!

  2. facon jf

    Bonjour,
    l’outrance verbale ou écrite bien caché derrière son écran est une plaie du débat démocratique. Il est tout à fait possible de lever l’anonymat des « commentateurs » mais cela fermerait la porte aux opérations de déstabilisations gérés par des robots informatiques. Tout comme il est possible de filtrer les mineurs sur les sites pornographiques, si rien n’est fait c’est pour préserver des revenus  » juteux » ( c’est pas de ma faute chef j’ai glissé). Tout le monde se souvient que l’actuel patron de Free a débuté son immense fortune dans le minitel rose associé à un ancien fondé de pouvoir de la Société Générale investisseur dans les sex-shop. Puis X. N… rachète une licence de presse afin de pouvoir devenir éditeur de service, détournant celle-ci afin de mettre en place ses services commerciaux. Par ce truchement, il devient millionnaire en euros à 24 ans. La fortune de X.N… est estimée au 3 avril 2024 à 9,9 milliards de dollars (231e fortune mondiale) par le magazine américain Forbes. Propriétaire de nombreux organes de presse X. N… est aussi le gendre de B.A…. milliardaire bien connu, il déclare « Quand les journalistes m’emmerdent je prends une participation dans leur canard et après ils me foutent la paix ». L’indépendance des merdias mais quelle rigolade!! la haine dans les commentaires, ou comment utiliser les idiots utiles pour masquer les magouilles des vrais patrons des merdias.
    « Vous qui lisez ce blog, vous avez certainement remarqué que dans cette logique je ne cite pas les noms mais les fonctions exercées ou les rôles tenus.  » JMD dans l’article ci-dessus, je fais pareil hihi!.

    Pour être enfin un peu sérieux je vous suggère la lecture de ce long article, ne laissez pas votre cerveau au porte-manteau vous en aurez besoin . Par Victor Sarkis et Etienne Burle – publié le 21 juin 2024
    « Mais, mon intention étant d’écrire des choses utiles à qui les comprend, il m’a semblé plus pertinent de suivre la vérité effective des choses que l’idée que l’on s’en fait. » Machiavel
    https://grosrougequitache.fr/le-temps-de-la-clarification-chroniques-dune-anarchie-annoncee/
    Bonne soirée

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