Encouragé par l’instituteur du village, je me suis engagé depuis 1966 dans le syndicalisme enseignant au sein de ce merveilleux Syndicat National des Instituteurs comme responsable de promotion en formation professionnelle à l’École Normale. Aimé Lepvraud a guidé mes pas dans ce milieu au moins aussi rude que celui du foot des villages. Le SNI unitaire voyait en effet s’affronter les courants communistes, libertaires et socialisant le plus souvent hostiles à la SFIO. Ce n’était pas de tout repos et aussi formateur qu’une montée en première ligne lorsque l’on n’a qu’une formation de Marie-Louise.
J’ai accédé très rapidement à toutes les fonctions à l’insu de mon plein gré (conseiller syndical, membre du bureau départemental, responsable de la commission des jeunes départementale et nationale, délégué du personnel, délédgué à la Fédération de l’Éducation nationale…) participant aux congrès et à toutes les négociations. J’ai croisé des personnages banals ou exceptionnels, intransigeants ou habiles négociateurs, intrigants ou sans faiblesses, valeureux ou opportunistes. Une sacré bain permanent de vie sociale.
Récupéré par Marc Boeuf (1), alors directeur de la MGEN j’ajoutais le combat et la gestion de la Mutuelle générale de l’Éducation Nationale à l’action syndicale. Là encore il m’a fallu apprendre, décoder, innover et surtout écouter durant des années. Administrateur, secrétaire départemental, délégué aux assemblées générales je consacrais des heures et des heures bénévolement à ces deux entités formatrices.
Sans être un frondeur invétéré j’ai vite admis que dans l’action publique il fallait choisir entre une carrière et sa conscience. J’ai toujours eu la parole trop près du cœur et des valeurs qui s’y trouvaient. J’ai refusé (et j’en ai les preuves), des postes de responsabilités pour ne pas perdre pied…avec une constante née des recommandations de femmes et d’hommes indépendants : me méfier de la politique et des partis !
Même si en 1966 j’avais approché très brièvement le Parti Communiste je n’imaginais jamais ainsi entrer dans un carcan idéologique. Durant cette période je me suis construit dans la confrontation et dans l’observation mais je n’ai pas tenu longtemps le cap des consignes car il m’était impossible de me sentir totalement à l’aise dans le corsetage formel des idées. Je n’ai jamais pu m’en débarrasser. D’ailleurs il est évident que cette liberté de refuser, de contester, de râler, de protester face à ce qui me paraît impossible à admettre, n’est pas prête de disparaître.
L’entrée dans la politique par la seule vie locale, en 1974 dans le sillage de Roger Caumont, n’a fait que conforter ma soif de penser sous son influence, comme je le veux, de dire ce que je veux et d’agir comme je le veux dans le respect de ce que je crois être mes valeurs. Qui peut dire que je me suis accroché quelque part ou à quelque poste ? Je suis par exemple pour le non cumul de la durée des mandats et je me l’applique….
Je me suis fâché avec bien des gens qui ne supportaient pas que je fasse passer la liberté, la fraternité, la solidarité, l’amitié avant la docilité, l’individualité, l’intérêt ou la rivalité. Et ça ne s’améliore pas ! Je le constate chaque jour davantage et je le regrette ou le condamne. La politique n’est pour beaucoup qu’un raport de forces.
On devient mon adversaire et jamais mon ennemi si l’on sait rester sur des valeurs républicaine. Ce fut toujours facile avant ces dernières années ! J’ai été radié du PS en 1976 quelques mois après mon adhésion. J’ai été traduit devant la commission des conflits en 83. Certains ont demandé mon exclusion en 1996. Je cessé mon militantisme au PS depuis 2016 continuant loyalement à payer mes cotisations d’élu local puisque je restais dans le groupe qui m’avait fait confiance. C’est ainsi !
Et le pire c’est que je l’assume pleinement comme j’assume mes erreurs politiques nombreuses et celles qui ont pu émailler ma gestion des affaires publiques. J’ai été un indécrottable frondeur préférant viscéralement sa conscience aux consignes. Il n’y a aucune chance que je change si près de la fin de mon engament dans la vie publique ! Je rêve qu’on le comprenne.
J’ai bientot 74 ans dont plus de 55 de combats d’intérêt général où je ne pense pas avoir trop souvent failli. Je suis ce que je suis et ce que l’action publique m’a fait. Surtout pas un modèle, un mentor. surtout pas une référence. J’ai perdu bien des gens que je pensais solides en cours de route et je n’en suis pas très triste.
J’ai toujours gagné avec le soutien de bien des gens simples, dévoués, amicaux, chaleureux, compétents ou motivés, toutes les élections sur lesquelles j’engageais seul ou en équipe, et souvent avec des marges confortables. Je me suis révolté contre des terribles injustices faites pour éréthisme à celles et ceux qui empruntaient les sentiers de la politique pouvant les conduire vers leur sommet.
Je me suis fais haïr par mes prises de positions publiques jugées agressives ou déplacées car à contre-courant des la bien-pensance politique du moment. Je défie pourtant quiconque de m’avoir vu demander ou revendiquer quoi que ce soit pour moi. Mais putain que c’est dur d’en persuader… les autres ! J’aurai été toujours suspect… et je le revendique!
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Le 7 février 2020, j’ai eu 80 ans. Alors, avec tes « bientôt 74 ans, » tu es pour moi un jeunot, cher Jean-Marie !
Bienvenu au club « des sages »… mais toujours rebelles ! ! !
Voilà comment par certains on a vite fait de se faire traiter d’anarchiste !
J’ai eu une carrière, disons extrascolaire, nettement moins riche que la tienne, mais j’ai été sollicité par des partis ou des organisations qui m’ont un moment attiré, jusqu’au moment où j’ai découvert le collier du chien(cf. la Fontaine, toujours lui !).
J’étais aussi très naïf et ignorant, idéaliste, ne comprenant rien aux querelles internes, aux antagonismes irréductibles. L’aboutissement de nos projets, de nos aspirations était pour moi la priorité qui devait effacer les querelles d’ego, d’idées personnelles, de préséance.
Par contre, autant j’ai accepté, je désirais même que l’on s’efface devant l’intérêt général, autant je n’ai admis que l’on veuille m’imposer ou me faire adopter des idées que je n’approuvais pas .
Inutile de dire que ma carrière dans le domaine politique et syndical a été brève.
J’ai cependant déploré l’explosion de la FEN et ses conséquences.
J’ai participé à la gestion d’autres associations et organisations professionnelles et j’ai rencontré parfois aussi ce gens de sectarisme. Un exemple entre autres, un président par exemple un jour m’a ouvertement, et en public, pris à parti à cause de ce qu’il imaginait être mes convictions, que je n’avais pourtant pas exprimées. Mais lui était chasseur et moi pas ….
J’ai aussi trouvé le moyen de travailler sereinement et sérieusement avec des camarades aux opinions diverse, et cela ne nous a pas empêché de mener à bien nos projets dans une « entente cordiale ».
Il est vrai qu’après quelques expériences plus ou moins décevantes, tout en menant mon action du mieux possible, j’ai gardé du recul, une certaine réserve.
Bravo Jean-Marie pour votre déclaration où je me retrouve totalement même si c’est à un modeste niveau par rapport à vous ; comme vous j’ai été une syndicaliste convaincue, je siégeais au bureau local et départemental, j’étais chargée au niveau local de la branche « formation professionnelle » ce qui m’a amenée à siéger plus tard à Toulouse au Centre Interministériel de Formation Professionnelle, de plus au plan local j’étais aussi en charge de la branche « Retraité(e)s »……. J’ai toujours été convaincue que l’on devait s’investir pour les autres sans en attendre quelque chose de personnel, j’ai toujours privilégié le dialogue avant de passer à la phase « action »…………
De façon naturelle j’ai toujours apporté mon aide à mes collègues quelque soit leur niveau, alors que rien ne m’y obligeait, ce qui m’a valu la réflexion désagréable d’un de mes supérieurs : « C’est assistante sociale que vous auriez dû faire et non pas secrétaire administrative »……….. comme si les deux n’étaient pas compatibles………Je n’ai jamais succombé aux tentatives « d’achat », avec tous les risques que cela comportait pour moi, lorsque je me suis trouvée confrontée à un très important marché « truqué » (c’était du lourd…)………..Mes positions fermes m’ont valu des déboires au niveau professionnel mais je les ai toujours assumé.
De l’âge de 17 ans jusqu’en 2011 (lorsque la maladie d’alzhéimer de mon mari s’est aggravée) j’ai exercé le rôle « d’écrivain public », je n’appartenais à aucune structure et je n’ai jamais demandé un centime à qui que ce soit (les frais étaient pour moi…..) mais je m’étais fixée une éthique……..
Tout au long de mon parcours je n’ai jamais cédé à aucune compromission, je suis restée droite dans mes bottes fidèle aux principes inculqués par mes parents et qui sont les miens aussi……..
Lorsque j’étais à Beychac et Cailleau j’ai siégé « au Conseil des Sages » et « au Comité Local de Sécurité Routière » , mais même là il ne fut jamais question que je me laisse asservir……
Mais aujourd’hui je suis fière de moi, même si j’a dû commettre quelques erreurs la perfection n’étant pas de ce Monde, comme on dit je peux me regarder dans une glace sans baisser les yeux…….
On ne se connait pas beaucoup car je ne vais pas spontanément vers les gens mais je sais que vous êtes quelqu’un de bien, ouvert et généreux, toujours prêt à aider son prochain, soyez fier de vous………
Merci Jean-Marie ! C’est toujours utile de le dire et le redire. Moi aussi j’ai été rayé du PS par la grande porte, mais j’y suis revenue par la fenêtre ! Je ne me voie pas être autrement que socialiste…
Bonsoir Jean Marie,
Ceux qui ne font rien ont toujours des choses, des idées, des réalisations à critiquer à ceux qui s’engagent, qui réalisent, qui ne comptent pas leur temps pour mener des projets à bien pour l’amélioration de tous. Celui qui ne fait rien n’est pas critiqué.
Tu as eu un beau parcours, ne regrette rien. Tu as su tenir tes engagements et les mener au bout. je te sens un peu triste et pessimiste.
Nous avons connu des années plus belles.
Prends soin de toi et bonne soirrée
D’où te vient ce « coup de gueule », cher Jean-Marie ? Quel malotrus a mis en doute ta droiture ?????
On connait pourtant ton engagement au Service des Autres. Et je mets des majuscules parce que ta vie entière se reflète dans ces trois mots si précieux. Allons donc, garde la force de tes indignations, elles nous sont salutaires. Par les temps qui courent, elles sont salutaires pour d’autres aussi qui n’ont pas cette opportunité ou ce courage……
Je t’embrasse bien amicalement
Denise