La flamme qui serait dans une forme plus olympique que celles de Nouvelle Calédonie va zigzaguer en Gironde pour satisfaire les besoins financiers du Comité d’organisation. Conçue pour être un spectacle avec des personnalités qui la transportent d’un lieu à l’autre, la cérémonie cherche à populariser un événement qui ne préoccupe pas actuellement la très grande majorité des Françaises et des Français.
Pour les naïfs qui penseraient que cette parade ne leur coûte rien, il faut préciser que ceux qui sont si soucieux des dépenses publiques, mettront la main au portefeuille via leur taxe foncière puisque c’est la seule qui subsiste pour les collectivités locales finançant l’événement. Pour recevoir des anciennes gloires trottinant sur le macadam il faut en effet aligner des droits à hauteur de centaines de milliers d’euros.
La technique de marketing appliquée par le COJO a été assez banale. On aguiche le client en lui proposant une somme certes coquette mais paraissant acceptable de 80 000 € pour la traversée d’un département avec une demi-douzaine de lieux d’accueil. Quand toutes les candidatures ont été recueillies les prospecteurs jouent la concurrence : « vous savez il y a beaucoup de prétendants mais on vous la réserve pour 150 000 € ! ». Le contrat avait même la particularité d’être proposé sans somme inscrite de telles manières qu’elle puisse être ajoutée au dernier moment. L’objectif étaIt de ramasser la somme la plus élevée possible sur le territoire traversé avec des méthodes discutables.
L’ardoise globale approchait pour un département comme la Gironde les 450 000 €. Il aurait fallu y ajouter les contributions négociées avec les autres lieux d’accueil volontaires. Le parcours privatisé suppose aucun partenariat autre que ceux du COJO et interdit l’organisation de ventes ou organisations susceptibles d’aider au financement. Les animations, la communication et l’exploitation potentielle toutes vérifiées par les « vendeurs » de la flamme, restent cependant à la charge de la structure qui accueille. Une estimation sérieuse permet de chiffrer à 12 millions d’euros la somme collectée par le relais et à 35 à 40 le coût de cette opération quand on cumule les frais annexes engagés.
Les autres recettes pour le COJO proviennent surtout des sponsors, qui ont versé plusieurs dizaines de millions d’euros pour bénéficier de la médiatisation obligatoire de leur participation. En tête, deux principaux partenaires, le groupe bancaire BPCE et le géant Coca-Cola, qui associent leurs marques au logo de la flamme. Des parrains de second rang (ArcelorMittal, Sephora (groupe LVMH), CGA-CGM, Sanofi, La Poste, Airbnb (sic) et Visa sont également des sponsors «Monde» du CIO) qui contribuent également aux frais, en cash ou en nature.
Tous utiliseront les textes légaux pour défiscaliser une part de leur versement via des « fondations » ou par inscription aux frais généraux dont on retrouvera la trace de ces millions exonérés dans les finances publiques en 2025. Il faut y rajouter les frais générés par les services publics « réquisitionnés » pour la sécurité générale du relais. Policiers, gendarmes, pompiers, services des routes… sont évidemment à la charge de l’État ou des collectivités concernées. Et chaque fois ce n’est pas une mince affaire tant les containtes sont lourdes.
Le concept olympique est en fait totalement privatisé. Le meilleur exemple que l’on puisse trouver est celui du passage le la « torche » sur le célèbre château Saint Emilionnais de « Cheval Blanc » appartenant au groupe LVMH. L’une des flammes (il y en a plusieurs pour passer dans le maximum de lieux) reviendra de la métropole pour effectuer quelques centaines de mètres sur la propriété qui sera ainsi valorisée et surtout « popularisée ». Le groupe de Pinault a investi dit-on 150 millions pour décider des accueils utiles à son image de marque. Sur son site internet le programme est précisé avec beaucoup de mots destinés à casser l’image de richesse ostentatoire.
« Il s’agit d’une opportunité unique de réunir les talents du groupe issus de tout métier ou secteur d’activité pour aller à la rencontre du grand public dans l’ensemble du territoire. LVMH organisera des célébrations inclusives au plus près du passage de la Flamme de Paris 2024 pour traduire la vocation du groupe de Savoir Faire Rêver pendant les Relais : aujourd’hui au Château Cheval Blanc à Saint-Émilion (500 invités dont les enfants des écoles locales) ; le 14 juillet sur la place du Pont Neuf à Paris ; le 15 juillet à la Fondation Louis Vuitton et au Jardin d’Acclimatation à Paris, où de nombreux enfants du Secours populaire seront conviés aux festivités. Ces temps forts seront unifiés par une scénographie construite autour du concept du « Tissu qui nous relie ». Le luxe et le sport. Deux mondes tellement éloignés dans le quotidien qui se retrouvent pour se déclarer leur flamme durant quelques jours. Après on oubliera. Après on reviendra aux financements impossibles à trouver, aux budgets étriqués et aux bénévolat indispensable.
Je sens que je vais avoir une belle flemme olympique et que je resterai sagement chez moi. Je ne bois pas de Coca, je n’ai pas l’intention d’acheter du Cheval Blanc, je ne rêve pas d’un sac Hermés … et donc pour le principe je n’irai donc pas voir défiler le cortège des sponsors… mais je ne saurais condamner celles et ceux qui le feront. Ils ont raison : c’est directement ou indirectement avec leur argent que brûle la planète.
Bandeau : infographie publiée dans Sud-Ouest
En savoir plus sur Roue Libre - Le blog de Jean-Marie Darmian
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
Cher Jean-Marie,
La flamme est déjà passée par ici à Bayonne, à quelques centaines de mètres de chez moi…et je n’y suis pas allé.
J’ai senti l’arnaque dès que ça a été annoncé!
Et tout ce que tu écris renforce mon opinion; encore un truc de ouf pour du pognon, toujours du pognon, encore du pognon.
Y’en a marre et pourvu que ça dure pas!
Allez, bonne journée quand même…
« vendeurs » de la flamme, quelle belle expression, bien dans l’esprit initial des Jeux de la Grèce Antique. Où le mercantilisme va-t-il se nicher !
Un aspect de l’affaire que tu n’évoques pas (on ne peut pas tout dire !), c’est la gêne provoquée par ce non évènement pour les citoyennes et citoyens lambda qui vont travailler, ou résident dans le « périmètre de sécurité », sont obligés de se déplacer et et ne sont pas admis à participer à la fête.
Depuis avant hier, tout stationnement de véhicule est interdit dans les rues où va passer la flamme et dans un très large périmètre. Les heureux propriétaires ou usagers d’un véhicule sont donc priés de déguerpir et de trouver un emplacement jusqu’à vendredi soir 20 heures pour y garer leur engin, sinon gare à la fourrière ! Encore une occasion pour certaines entreprises de dépannage de faire des bénéfices sans peine (31 VH en fourrière à périgueux, 51 à Pau, 66 à Toulouse, au moins 300 véhicules déplacés à Marseille(chiffre bas, etc.).
Demain, inutile de tenter de mettre un pied en ville, ou dans le périmètre de protection, ni d’emprunter certaines lignes d’autobus. Tant pis pour les personnes résidant dans le secteur, c’est quantité négligeable, sauf pour contribuer à payer la dette faramineuse engendrée par cette manifestation soi disant populaire.
Un aspect positif cependant : les nids de poule (ou d’autruche) sur les voies que doit emprunter la flamme ont été rebouchés et même parfois la chaussée a été refaite . Facile dans ces conditions de repérer l’itinéraire ou tout au moins les voies où la flamme ne passera pas.
Bonjour,
la flemme Olympique sévira aussi chez moi et je me réjouis que mon département est dit non à cette gabegie.
Ce n’est pas le cas du département des 2 chèvres voir ici une approximation à minima des dépenses engagées.
https://www.lanouvellerepublique.fr/deux-sevres/commune/coulon/desinfox-le-departement-des-deux-sevres-depense-t-il-pres-de-600-000-pour-la-flamme-olympique
Je ne regarde quasiment jamais le sport dans l’étrange lucarne, j’espère que le beau temps sera de la partie à cette époque ce qui me permettra d’enfourcher mon cheval à pétrole pour de belles balades bien plus saines pour mon organisme que la position avachie de » la moule de canapé ».
bonne journée
Le hasard m’a fait être à la Cité du vin ce matin et donc d’apercevoir la flamme qui a pour qualité de ne pas s’éteindre sous la pluie.
Pas de grand raout, une centaine de curieux, une dizaine de voitures de l’organisation ,une trentaine de policiers, pas de grand remue-ménage, ni de gros bouchon, assez banal en somme.
Cher Jean-Marie, je viens tout juste de prendre connaissance de tes écrits de la semaine. Ils m’ont ravi, mais celui du jour est un modèle d’information quand les chaines publique font la grève sur le PAF.
Longue vie à « Roue Libre ».
0wrbj7