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Garder le rythme n’est plus du tout d’actualité

Tous les observateurs avisés du fonctionnement du système éducatif vous le diront : moins les enfants sont présents dans l’école et plus ils réussissent. Enfin c’est l’impression que l’on a en regardant l’évolution des fameux rythmes scolaires puisqu’on est lentement passé de la semaine complète de cinq jours à celle de quatre réputée bien meilleure pour remonter le niveau des élèves. Rappeler que les papis et mamies actuels ont fréquenté la communale du lundi au mercredi et du vendredi au samedi et qu’ils sont toujours vivants ne relève pas de la provocation.

Je sais que je suis dépassé et que je ne comprends rien au nouveau fonctionnement social mais j’ai l’avantage d’avoir de la mémoire. Entre 1969 et 1972, le ministre Olivier Guichard procède à plusieurs réformes. Les cours du samedi après-midi sont supprimés et la semaine passe de trente à vingt-sept heures (en 1969), puis la journée d’interruption au cours de la semaine est reportée du jeudi au mercredi (en 1972). Chaque fois ce fut dans l’intérêt de l’enfant que ces aménagements furent décidés. Enfin on peut le rêver. 

Je rigole doucement quand je lis que la classe le mercredi dans les communes ayant conservé la répartition hebdomadaire de la réforme Peillon favorise l’absentéisme ce matin là. Ce fut déjà le cas lorsqu’il ne restait que trois heures de cours le samedi… Rien n’a vraiment changé. Le fait que les parents pour convenances personnelles, n’envoient plus leur progéniture à l’école constitue un phénomène qui a traversé toutes les époques. Lorsqu’il fallait aider à la ferme au début du XX° siècle la présence en classe était déjà sacrifiée. Un constat n’ayant aucun lien avec les rythmes scolaires mais simplement révélateur de l’appréciation que les adultes responsables portaient sur leur intérêt pour le système éducatif. Esst-ce vraiement changé pour certaines familles ?

Les cahiers dits d’appel qui furent scrupuleusement tenus portent témoignage de ce phénomène de déscolarisation d’opportunité. Dimanche dernier j’ai eu le privilège d’assister à Bordeaux au match de rugby UBB-Toulouse. Dans les tribunes il y avait des centaines de gamins d’âge scolaire dont certains venant de Toulouse. Difficile de penser que ces 3-16 ans ayant quitté le stade vers 23 heures pour se coucher pour les plus proches une heure, et pour les autres 2 à 4 heures plus tard sont allés sur les bancs de leur établissement le lendemain matin à 8 ou 8h 30. Quelles excuses auront été donnéeS par les adultes pour justifier une absence du « petit » un lundi ?

Pour les enseignants le travail le mercredi matin favorise (article d’Actu.fr) « une fatigue accrue, une augmentation des accidents en fin de semaine ainsi qu’une baisse de l’attention en classe ». Le phénomène de la « fatigue » est toujours constaté objectivement dans la semaine de quatre jours. Il a été agité pour supprimer le samedi matin. C’est surtout et essentiellement une affaire d’hygiène de vie. Ainsi à deux ans un enfant français passe en moyenne 56 minutes par jour devant un écran, quel qu’il soit. Le chiffre grimpe à 1h20 par jour à trois ans et demi, puis à 1h34 par jour à cinq ans et demi. D’ailleurs pour qu’il se « repose » on lui rajoute un peu d’écran tactile, de tablette ou d’ordinateur en temps scolaire… Avec le ramassage scolaire, les déplacements, les activités associatives après la classe ou en soirée, et l’usage de la télévision en France la durée du sommeil recommandée pour les enfants de 12 à 13 heures est rarement appliquée ? La fatigue constatée vient-elle du mercredi matin ? Plus les familles sont d’un niveau social faible et moins les enfants dorment. 

Une étude précise qu’un collégien dort seulement en moyenne 8h16 par nuit et un lycéen, 7h19, soit 20 minutes de sommeil perdus depuis 2010 au collège et 5 minutes au lycée. 13,8 % des collégiens et 29 % des lycéens ont un sommeil trop court les jours de classe (nuits de moins de 7 heures). Ces proportions ont nettement augmenté depuis 2010 notamment au collège. 30,6 % des collégiens et 41,4 % des lycéens se sentent fatigués presque tous les jours en se levant le matin. La réalité est celle-là ! Rien à voir aavec les rythmes scolaires. 

La réforme Peillon a-t-elle changé le niveau d’attention des enfants ? Trois heures de classe placées en fin d’après-midi sur quatre jours sont elles meilleurs pour sa concentration que trois heures enlevées à la journée. L’intérêt pour l’école et les méthodes pédagogiques pratiquées ont certainement un impact plus effectif que la répartition horaire. Mais c’est un sujet à éviter. En fait rien n’a changé. Le fonctionnement de l’école, ses aménagements ont pratiquement toujours résulté des exigences économiques, politiques, religieuses et sociales de la société adulte du moment plutôt que de la volonté de respecter l’enfant, son développement et ses rythmes.

Pour satisfaire ce dernier besoin, il avait été opportun de tenir compte des résultats des recherches de chronobiologie et surtout de chronopsychologie qui permettaient de mieux connaître ce que sont les rythmes propres à l’enfant. Or dans l’article d’Actu.fr on lit que c’est une affaire d’inégalité… (pas entre élèves mais entre enseignants) qui impacte les conditions de travail entre enseignants  sur plusieurs points : ‘la charge de travail, le coût financier (sic), l’accès à la formation continue et la stabilité des équipes’. Alors allons vite vers les quatre jours. Les statistiques PISA de la France vont remonter.

Cette publication a un commentaire

  1. J.J.

    « Rappeler que les papis et mamies actuels ont fréquenté la communale du lundi au mercredi et du vendredi au samedi et qu’ils sont toujours vivants ne relève pas de la provocation ». 9heures/12 heures, 13h30/ 16h30, (horaire variable selon les communes) y compris le samedi, plus pour certains le « caté » après la classe ou le jeudi . On a survécu !

    À propos de fatigue et de repos, il faut aussi considérer les sort des enfants qui sont confiés à la garderie que j’espionne depuis mon « mirador », parfois dès 7 ou 7 heures trente pour certains, pour d’autres, c’est la garderie du soir, jusqu’à 18h30/19 heures, et certains cumulent les deux, j’ai connu ! Inutile de dire dans quel état ils sont le lendemain matin.

    Les samedis matin, avant leur suppression, grand absentéisme, mais pénibles quand même : les chères têtes blondes présentes avaient généralement passé la soirée avec les parents, profitant du ouiquende débutant pour aller pousser le caddy dans les grandes surfaces.
    Le lundi matin (« Ça va comme un lundi. ») grands bâillements collectifs consécutifs au film du dimanche soir.

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