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La carte bleue meilleur atout pour votre santé

L’un des droits fondamentaux dont disposent les citoyens dans le système républicain devrait rester celui de l’égalité d’accès aux services essentiels pour une vie correcte. Un principe bafoué depuis quelques décennies puisque il existe de moins en moins dans les faits, la possibilité d’être éduqué, soigné ou protégé par les structures mises en œuvre par la puissance publique. La privatisation est rampante ou forcenée dans tous ces secteurs pour réduire la présence de l’État dans ce qui est désormais considéré comme des entités économiques à part entière, par les tenants du libéralisme réputé salvateur.

Les hôpitaux publics sont quasiment tous en déficit de manière catastrophique. Les EHPAD dont les tarifs étaaient « abordables » suivent la même direction. Partout on manque de personnel et le nombre des lits a été réduit favorisant ainsi compte-tenu des délais de prise en charge, le transfert vers les établissements à but lucratif. Le basculement s’accélère. Dans l’enseignement le phénomène devient même problématique. Partout fleurissent des écoles, des collèges, des instituts méprisant totalement le principe de la mixité sociale et sélectionnant de fait leurs ouailles sous prétexte qu’ils n’ont pas assez de place. Il faut assurer sa propre sécurité avec alarmes, murs, surveillance payante.

Si votre santé vous cause bien des soucis il est désormais anecdotique que votre carte Vitale soit sur votre téléphone comme c’est désormais la consigne présidentielle ou dans votre poche. La seule qui est devenue indispensable devient celle qui vous ouvre l’accès à votre compte en banque. Impossible d’échapper aux désormais terrifiants « dépassements d’honoraires ». Le phénomène prend de l’ampleur. Des sommes folles sont demandées à des patients parfois étranglés par l’angoisse d’être soignés rapidement et par la faiblesse de leur situation financière. Vous avez de l’argent… vous pouvez être pris en charge rapidement. Pas de fric et vous prenez votre place dans la file !

L’UFC que Choisir lance l’alerte sur cette évolution. Dans le cadre de ses analyses sur la fracture sanitaire, elle prend systématiquement en compte la dimension financière, à savoir l’accessibilité à des médecins selon qu’ils pratiquent ou non des dépassements d’honoraires. Sur la base de la collecte et de l’analyse de données de la Sécurité sociale relatives aux pratiques tarifaires de huit professions libérales, elle dresse un panorama précis de la proportion de médecins ne respectant pas le tarif de base et du niveau des dépassements d’honoraires pratiqués (1).

Alors que tout le monde apporte sa contribution à la branche maladie de la sécurité Sociale quel que soit le lieu de France où il habite, le coût des soins n’est absolument pas le même. Pire il n’existe parfois même plus de solutions humaines pour prendre en charge vos problèmes de manière équitable. C’est le privé à des tarifs prohibitifs ou… rien sauf à aller à des dizaines voire des centaines de kilomètres. La base de remboursement de l’Assurance maladie obligatoire est définie au niveau national mais selon les spécialités, les honoraires pratiqués pour une consultation sont jusqu’à 2,5 fois plus onéreux d’un département à l’autre !

Ainsi, dans son enquête Que Choisir relève que le tarif moyen d’une consultation chez un.e gynécologue s’élève à 50,6 €, et atteint même 80,5 € à Paris, contre un tarif opposable de 30 €. Pour les psychiatres, alors que le tarif servant de base de remboursement à la Sécurité sociale s’élève à 50,2 €, les patients s’acquittent de 13,7 € de dépassements en moyenne, et même 33,4 € dans le département où les tarifs sont les plus élevés. Pour les cardiologues, ce sont les Hauts-de-Seine qui décrochent la palme du tarif le plus élevé, à 77,8 € alors que le tarif de la Sécurité sociale s’élève à 51 €. Les anesthésistes pulvérisent les records avec 12,8 % d’augmentation du nombre de déconventionnements sur cinq ans.

En fait l’inégalité d’accès aux soins est de deux ordres : absence de professionnels dans la proximité ou absence de moyens pour financer les demandes de dépassements d’honoraires. J’ai vu moi-même à l’entrée en clinique des gens signer plusieurs chèques pour étaler une somme de plusieurs centaines d’euros demandés avant une opération ou un examen. Pour ma part la prostatectomie due à un cancer avancé a nécessité le versement au total de près de 3 000 euros ! Bien évidemment les secrétariats fournissent un devis destiné à savoir combien remboursera la mutuelle… histoire de faire pression sur ces dernières et les contraindre à rembourser davantage ce qui relève d’une inégalité dramatique.

Dans la mesure où la vague des départs des médecins vers la retraire n’en est qu’à ses débuts une création vigoureuse s’impose. Le phénomène des dépassements d’honoraires nécessiterait des mesures courageuses avant que ce ne soit une catastrophe sanitaire.

Cet article a 10 commentaires

  1. christian grené

    Depuis le début de cette semaine, j’ai payé pour savoir que ce que tu dis dans ta rubrique jour est vérifiable. Pas plus tard qu’hier, 1.400 euros chez le dentiste. A peine moins chez l’ophtalmo de la rue du Palais Gallien. Et j’attends maintenant mon tour à la clinique du sport. Je me demande si la fracture progressive du corps n’est pas moins sévère que la facture à payer.

    1. Laure Lataste

      Mon très cher Christian…
      Et encore heureux que tu n’aies pas eu à chanter « J’ai la rate qui s’dilate, j’ai le foie qu’est pas droit… »
      Abrazos

  2. Gilles Jeanneau

    « La santé n’a pas de prix » pouvait-on entendre jadis alors que les soins étaient encore abordables pour la majorité des français.
    Depuis un certain temps déjà, elle a surtout un coùt!
    Et les professionnels de santé (enfin certains car les infirmières ne peuvent le faire) en profitent pour exploiter les failles du système. Les médecins ont obtenu dans leur convention nationale qui les lie à l’Assurance Maladie, un droit à dépassement d’honoraires. C’est donc en toute légalité qu’ils peuvent abuser ce que ne peuvent faire les kinés et les infirmières.
    Il faut dire que l’Assurance Maladie est prise entre 2 feux: les dépenses augmentent et les ressources stagnent.
    Allez bonne journée quand même.

    1. Laure Lataste

      Si nous sommes encore des citoyens et citoyennes responsables, nous restons en mesure de choisir « nos béquilles » !

  3. J.J.

    Deux éléments sont en fait responsables de cet état de fait :
    1 ) la gloutonnerie de certains soit disant praticiens pour qui le serment d’Hyppocrate est un ornement folklorique de la profession au même titre que le Père Cent ou les bizutages.
    2 ) les praticiens de bonne volonté » (si, si ça existe) qui, conventionné, touchent des prix de consultation quasi misérables et qui voient leurs charges professionnelles augmenter dangereusement et ont parfois peine à joindre les deux bouts.

    La responsabilité des gouvernements divers et variés est grave en négligeant de réguler cette situation, premièrement en ne réprimant pas les abus consistant à pratiquer des dépassements hors des limites de la bienséance, deuxièmement en ne relevant pas de façon modérée le niveau légal des consultations.
    J’ai la chance d’avoir à faire à des praticiens non seulement dévoués, honnêtes et compétents, mais certains sont au bord de la retraite et leurs successeurs (s’ils en ont !) seront ils faits du même bois ? J’ai quand même eu affaire épisodiquement à des personnages pratiquant sans complexe le dépassement d’honoraire ou de façon plus ou moins modérée.
    Augmenter officiellement de 1,50 € le prix d’une consultation de généraliste relève de la provocation et donne à penser que l’on se fout du monde.
    Et je ne parlerai pas du doublement des franchises médicales qui déjà représentaient un scandale social.
    Exemple : vaccination anti grippale et anti Covid gratuite pour certaines tranches de la population ? FAUX : même si la participation est très modique elle est au moins de deux € (qui parfois s’ajoutent au reste), l’an prochain elle sera de quatre, sinon plus, en mettant au point une nouvelle carabistouille au dépend du patient.

    1. Laure Lataste

      Tant va la cruche à l’eau…
      Qu’à la fin, elle casse… !
      Mais plus grandes inquiétudes vont vers … notre jeunesse!

  4. Laure Lataste

    OUPS… Mes

  5. facon jf

    Bonjour,
    toute la logique est expliquée ici dans ce commentaire de Christophe Prudhomme porte-parole de l’Association des médecins urgentistes (AMUF) en août 2023 :  » Aujourd’hui, ce n’est pas le ministre de la Santé qui décide mais Bercy. C’est Bruno Le Maire qui a déjà fait des annonces sur les économies à faire dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Attention, la logique n’est pas une diminution globale des dépenses de santé, mais une diminution des dépenses prises en charge par la Sécurité sociale. On est face à des ultralibéraux qui n’osent pas dire qu’ils chérissent le modèle américain où la santé devient un service comme un autre. On suit la même pente que les États-Unis. En termes de dépenses, on est à 12 % du PIB destiné au système de santé alors qu’eux sont à 18 %, ce qui n’est pas pour eux un problème économique puisque c’est un gros business. Les résultats en termes de santé publique sont catastrophiques pour les plus pauvres. Emmanuel Macron ne fait plus confiance à l’administration puisqu’il sollicite les cabinets de consultants pour faire son travail. Depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, deux secteurs d’activité mobilisent essentiellement des fonds publics : l’éducation et la santé. Pour ces gens-là, ce sont des secteurs qui doivent largement basculer vers le secteur marchand parce que c’est une source de revenu potentiel très intéressante pour les investisseurs. »
    Ceci étant posé, revenons à l’hôpital public : depuis maintenant une vingtaine d’années, on a réduit les moyens, fermé 80 000 lits, 35 % des maternités. Les conditions de travail se sont largement dégradées, avec 30 % des infirmières qui disent vouloir démissionner dans les douze mois et des temps d’attente dans les urgences qui peuvent dépasser dix heures, conduisant à des drames inacceptables. Déshabiller le secteur public c’est plus de patients à la porte des cliniques, la demande augmente l(offre est limitée la sélection se fait par le tarif.
    Le désert médical s’étend aux villes moyennes et aux campagnes, une décision prise il y a bien longtemps ayant pour nom « numerus clausus » qui est maintenant décrié par les élus , ce sont pourtant les médecins libéraux, en 1971, qui ont réussi à convaincre l’État de limiter leur nombre. Après 50 ans de régulation du nombre de médecins par l’État, les effets de la suppression du numerus clausus en 2019 ne se feront pas sentir avant 2030. Créer la pénurie pour augmenter le coût, vieille recette du marché dit libre, tant prisé des libéraux médecins ou pas. Sous l’effet de la Mac-Ronnie le numerus clausus est remplacé par le numerus apertus. Mis en place en 2021, ce « nombre ouvert » est fixé chaque année par les universités en fonction de leurs capacités d’accueil et des places disponibles. Décidé en collaboration avec les Agences Régionales de Santé (ARS), le numerus apertus entend mieux coller aux réalités du terrain. «Le système restera sélectif, il n’est pas question de rogner sur l’excellence de la formation de nos étudiants en santé», avait tout de même précisé le chef du gouvernement lors de son discours en 2018. Il faut que tout change pour que rien ne change, le parcours d’études des futurs carabins se complexifie avec les filières LAS et PASS et ce sont toujours les mandarins qui décident …
    Les patients n’ont pas fini de patienter et souvent fort longtemps, puis se métamorphosent en client qui ne tarde pas à cracher au bassinet qu’on lui tende ou non le pistolet. Il y a donc une différence notable entre ces deux fonctions qui pourtant finissent par se rejoindre dans ce coupe-gorge et taille-jarret de nos nouveaux carabins, bandits de grands chemins qui proclament : la vie contre la bourse et ce, sans nulle garantie de réussite.
    Contrairement aux lois du commerce, ni garantie ni obligation de résultat, pas même la plus petite garantie décennale. Même en cas d’erreur manifeste, de perte du patient, les honoraires suivront au royaume des carabins.
    Les dépassements d’honoraires -toujours aussi peu honorables-, dépassent l’entendement du patient ordinaire d’autant que contrairement à ce qu’imposent les lois du commerce, le tarif pour prohibitif qu’il soit n’est pas affiché en tête de gondole. C’est même la surprise du chef, la mauvaise nouvelle que le grippe-sou confie lâchement à sa secrétaire après avoir expédié à la va-vite, les affaires courantes. Passer par un intermédiaire permet d’éviter la case négociation du dépassement pourtant légale.
    Le corps médical constitue une corporation qui n’a d’autre ambition que de s’enrichir non sur le dos mais bien sur tout le corps de la patientèle avec l’assentiment d’un pouvoir qui se fait leur complice.
    Si d’aventure une contestation se faisait jour, notre Méprisant est en mesure d’organiser une grande concertation nationale sur le sujet. Le cabinet Mac-Kiney-rien est paré pour l’organiser et délivrer les conclusions dictées par le Méprisant… En toute objectivité bien évidemment.
    Riches ou pauvres nous mourrons tous, certains bien soignés les autres non, ainsi va la vie. « Salauds de pauvres ! » qui ne font rien qu’à resquiller.
    bonne journée

  6. Laure Lataste

    Pas de panique : Si « Bercy ferme des lits… »,c’est que nous devons être en bonne santé ! » Quant à ceux et celles qui vont devoir ouvrir le portefeuille… un conseil : « restez en bonne santé » !

  7. facon jf

    « Quand on veut enterrer une décision, on crée une commission. » (Clemenceau, 1841/1929)
    Les cabinets de CON-seil ont modernisé la formule en créant pour Mac-Ronds  » Quand on veut enterrer une difficulté on ouvre un GRAND DÉBAT NATIONAL ».
    ç’a eu payé, mais ça paie plus… aurait répliqué le « J’suis qu’un pauvre paysan… » de Fernand Reynaud et c’est aussi ce qu’a répondu la FNSEA. Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA, a confirmé vendredi 23 février 2024 qu’il ne participerait pas au grand débat voulu par Emmanuel Macron en ouverture du Salon de l’Agriculture. La carotte est trop grosse et ça manque de lubrifiant, donc s’est non ! Pour le moment … Avec un gros chèque ça passera mieux surtout que ce sont les petits qui vont se la  » manger » la carotte sous les encouragements de la FNSEA bien sûr. Et qui va payer??

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