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Le réarmement de l’autorité n’est pas pour demain

Dans la société actuelle une tendance progresse inexorablement : celle de la demande de davantage d’autorité. Cette manifestation d’une crainte sur les fondements du respect et du principe voulant que la liberté des uns commence où celles des autres, constitue un leitmotiv. Pas un instant sans que quelqu’un s’exprime sur le non-respect des règles de vie commune par un tel ou un tel. Et de citer exemple à l’appui, des manquements de tous niveaux. Cette revendication d’une sévérité accrue s’applique toujours aux… autres mais jamais à soi-même ou à ses proches.

Il suffit de s’asseoir paisiblement à la terrasse d’un café et d’observer le comportement général pour constater que les entorses aux contraintes réglementaires ordinaires deviennent monnaie courante. Le « sens interdit » ne l’est pas pour tout le monde. Et alors que dire du stationnement ou des obligations liées à par exemple aux priorités de cheminement sur une « zone de rencontre ». Les arrêts aux « stops » relèvent semble-t-il d’un comportement timoré du conducteur qui les effectuent. Mieux plus personne ne sait ce que la « priorité à droite » veut dire. Le stationnement sur les emplacements handicapés : une banalité ordinaire.  Les automobilistes, les motocyclistes et les cyclistes ne s’embarrassent pas des articles du code de la route. C’est pour les autres !  

Cette propension au contournement de tout ce qui est vécu comme une entrave à sa liberté révèle un changement profond des mentalités. Impossible de gérer ces multiples situations et ainsi s’installe le sentiment que l’impunité n’a rien d’anormal. Les explications fusent : « pas assez de places de parking alors je me gare où je peux ! » : « il n’y avait personne alors je passe… » ; « Ah ! Si j’étais arabe on ne m’emmerderait pas… » ; « je ne fais rien de mal ! » ; « Ils n’ont rien de mieux à faire que de sanctionner les braves gens. » « j’en ai que pour quelques minutes »; « c’est lui qui a commencé ». Bref tricher ou enfreindre la loi ou les réglements devient une attitude « citoyenne » normale. Le faible c’est celui qui respecte la vie collective et ses règles. 

Alors, de tous cotés revient sous diverses formes? la nécessité de renforcer « l’autorité ». Mais personne ne s eprononce sur la nature de l’autorité il s’agit. Celle des mères ou des pères qui sont frappés par des enfants de l’âge de la maternelle ? Celle du professeur contesté car il a osé effectuer une remarque sur l’attitude d’un élève ? Celle du policier municipal qui, par exemple,  sur un parcours d’une centaine de mètres peut relever sans effort une vingtaine d’infractions ? Celle de l’élu qui n’a que le droit de pondre des arrêtés que personne ne respecte ? Celle de l’élite qui gouverne et passe son temps dans les prétoires ?

En fait entre les chiens errants, les déjections canines sur les trottoirs (attention les animaux sont devenus plus sacrés que les Hommes), les véhicules occupant des espaces réservés aux piétons ou aux vélos, les modifications de façades ou d’ouvertures non déclarées, les déchets ménagers abandonnés au pied des poubelles, ces dernières laissées dans la rue en ordre dispersé, les chantiers non terminés ou mal signalés… le policier municipal devrait dilligenter des enquêtes, des rapports et des sanctions qui n’ont plus de sens tellement elles sont devenues ordinaires et sans effets réels. 

L’autorité tellement réclamée partout a cette particularité de ne pas concerner les individus. La sévérité revendiquée comme moyen de modifier les comportements n’a de valeur que pour les autres. Chacun y va de sa considération sur l’inefficacité de la Gendarmerie ou de la Justice (sauf le jour où la sanction lui tombe dessus). Inutile de préciser que l’indulgence supposée de la justice est au hit-parade des commentaires autour des tables familiales ou de bistrots. En revanche nul ne les rapproche des sanctions infligées aux « puissants » quand pour des comportements mille fois moins graves, les « coupables » sont laminés au plus bas échelon du système judiciaire.

Les prisons sont submergées et l’opinion dominante continue pourtant à réclamer que les juges y envoient toujours plus de monde. On est à un taux d’occupation de 145 % sans que personne ne cherche à évaluer les conséquences de cette surpopulation sur la récidive et l’embrigadement. L’aveu de faiblesse d’une société se trouve dans ce constat. L’autorité est-elle renforcée quand la seule perspective pour l’instaurer se trouve dans une incarcération ? Le président de la République a déclaré dans ses propos sur Robert Badinter :  « Pour lui, il existait un droit qu’aucune loi ne pouvait entamer, le droit de devenir meilleur » Est-il sûr que ce principe essentiel vit dans la société actuelle ?

L’autorité repose essentiellement sur le comportement moral de celui qui est en mesure de l’exercer et sur la valeur de l’exemple. Pas si facile qu’on le pense. Beaucoup plus aisé de la réclamer à cor et à cri sans se soucier de savoir si on la respecte. Tout concourt à la diminuer, à la caricaturer, à la détruire. Elle n’a même plus d’existence réelle si ce n’est dans une pesanteur administrative qui masque une l’effondrement de la capacité à revenir à la raison. 

Cet article a 2 commentaires

  1. christian grené

    Nous, les graines d’ananar, refusons toute forme d’autorité. Pourquoi n »est-il pas-il pas inscrit dans la Constitution qu’il est interdit d’interdire? Article 68-69, et basta!

  2. Gilles Jeanneau

    Oui, mon cher Kiki, o, peut toujours rêver d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître…
    Mais hier soir, j’ai regardé le documentaire sur l’histoire des mafias et les banques. Et bien, il y a du souci à se faire, ou plutôt, on est déjà bien dans la mouise car les mafias, avec la complicité de certains Etats, ont déjà pris le pouvoir, le vrai, qui réside dans les finances en abritant les fortunes de certains politiques notamment.
    Alors, le pouvoir des dirigeants, c’est du pipeau en définitive…
    Allez, bonne soirée quand même.

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