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Le lobbying est assez plastique pour s’adapter

Suite à l’adoption de la « loi Sapin II », les acteurs socio-économiques qui cherchent à influer sur le contenu d’une décision publique en entrant en communication avec des responsables publics sont tenus de s’inscrire, depuis le 1er juillet 2017, sur un répertoire numérique des représentants d’intérêts que tout le monde connaît davantage sous l’appellation lobbyistes. Dans ce registre ils doivent donner des informations sur leur organisation, leurs activités de lobbying et les moyens qui y sont consacrés.

Ce répertoire « assure l’information des citoyens sur les relations entre les représentants d’intérêts et les pouvoirs publics ». Le seule véritable problème c’est que personne ne le sait ou ne se penche sur cette liste « officielle ». Et pourtant elle est au moins aussi édifiante que celle des partis politiques ou des syndicats.

Les influenceurs des réseaux sociaux sont dans le collimateur des pouvoirs publics car ils joueraient un rôle néfaste sur l’économie ou la vie sociale. En fait ils ne sont que les lobbyistes du pauvre quand bien d’autres en s‘exprimant médiatiquement jouent un rôle essentiel. Ces derniers sont tenus d’effectuer tous les ans une déclaration d’activité auprès de la Haute Autorité. Cette dernière porte sur les actions de représentation d’intérêts qui ont été menées au cours de l’année précédente et les moyens consacrés (sous-entendu le fric) à la représentation d’intérêts. Ils doivent adresser cette déclaration dans un délai de trois mois à compter de la clôture de leur exercice comptable, pour toutes les actions réalisées pendant cet exercice

Dans le collimateur de la HAVP les relations entre les ministres, les parlementaires, les décideurs de l’État ou les hauts-fonctionnaires avec des personnes chargées de vendre les postions d’une branche professionnelle, d’un groupement plus ou moins imposant d’une filière, d’un fabricant quelconque, d’un pays. Leur job consiste à peser sur les décisions à prendre de telles manière qu’elles favorisent leurs « patrons » ou qu’elles ne les pénalisent pas trop. Ils ont durant un temps rodé dans les couloirs de l’Assemblée ou du Sénat mais même imparfaites les lois successives les ont contraints à battre en retraite et à devenir plus discrets. Ils sont passés de l’action directe à des moyens détournés de moduler l’opinion publique et donc d’influer sur les textes à préparer.

Normalement la « transparence » doit être de rigueur dans les actions menées. Il n’est plus utile de « rencontrer » les élus locaux et nationaux pour défendre son pré carré. Il faut avoir dans son répertoire d’adresses quelques journalistes en lien avec le sujet traité. Des vrais campagnes dites de « communication » sont élaborer pour contrer les mesures jugées néfastes aux intérêts bien compris du secteur concernés. Un exemple récent atteste de ces pratiques : fabriqué à partir de pétrole, le plastique est en train de devenir la nouvelle façon d’engranger des profits pour les industries fossiles.

TotalEnergies vient de s’associer avec Saudi Aramco, le plus gros pétrolier du monde, pour ériger un complexe pétrochimique géant en Arabie saoudite. Leur but : nous inonder de plastique, au détriment du climat. Dans ce contexte il faut rappeler que de grandes négociations sont en cours à Paris pour un traité international de réduction du fléau.Actuellement, le plastique représente plus de 9 milliards de tonnes, c’est-à-dire quatre fois plus que le poids total de tous les animaux qui existent sur Terre, 45 fois plus que le poids des vers de terre, 150 fois plus que le poids des humains. C’est colossal et angoissant

Le problème est que ces matériaux, en vieillissant, se fragmentent, interagissent avec des polluants et son capable de passer les barrières, y compris les barrières biologiques, c’est-à-dire qu’on en retrouve à l’intérieur des organes et là, évidemment, avec des effets très importants. Et donc, c’est ce qu’on appelle l’empreinte plastique. Et cette empreinte plastique, c’est une dette de toxicité envers les générations futures. Les lobbies des pétroliers n’en ont rien à faire. Ils ont immédiatement contre attaqué en déployant dans tous les pays n’ayant pas une vision aussi stricte que la France, leurs forces de persuasion.

Rien n’a évidemment été décidé à Paris. Les 175 pays représentés ont simplement mandaté leur Président pour rédiger un texte qui sera discuté au Kenya en fin d’année 2023 ; D’ici là des « conseils » qui deviendront des « consignes » seront données pour que les mots n’aient pas le poids attendu et que les délais permettent de rentabiliser les investissements réalisés. Ils travaillent surtout à ce qu’il n’y ait pas de diminution de la production quitte à accepter quelques formules de fabrication. Bien entendu ce lobbying sera déclaré… Pourquoi vous en doutiez ? 

Cet article a 6 commentaires

  1. François

    Bonjour J-M!
    Sincères félicitations pour ton feuillet matinal et ….l’exercice de vocabulaire que tu as réalisé ! Dans cette soixantaine de lignes n’apparait pas une seule fois le mot adéquat d’ARNAQUEUR ! Il te restait encore les mots de commerciaux, publicitaires, téléreprésentants, avocats, « blablateurs » et …. énarques !
    Bravo JM, l’Écriture est vraiment ton domaine !
    Amicalement.

  2. christian grené

    Vieux soixante-huitard décrépi, je ne vois que le plasticage des Palais Bourbon et du Luxembourg , voire de l’Elysée, comme solution à la pollution.

    1. Laure Garralaga Lataste.

      @ à mon ami christian…
      Vieux… impossible… !
      68 arts aux pluriel car nous sommes 2…
      Je repars à mes écritures…
      Fuerte abrazo

  3. J.J.

    « Dans ce contexte il faut rappeler que de grandes négociations sont en cours à Paris pour un traité international de réduction du fléau. »
    Le Général eut nommé ça un comité Théodule , organisation aussi couteuse qu’inefficace. Comme il n’y avait rien à en attendre, comme ça on n’est pas déçu.

    Je hais particulièrement ce terme d’influenceur, qu’il soit influenceur au petit pied sur les réseaux prétendus sociaux, ou de grande envergure auprès de décideurs, en fait de simples représentants de commerce.
    Je pense que c’est injurieux de se déclarer influenceur, comme si les gens que l’on a l’intention d’influencer n’étaient pas assez lucides et intelligents pour savoir ce dont ils ont besoin.
    Se déclarer influenceur revient à dire « in petto » : « Vous voyez bien que vous êtes nul, heureusement que je suis là pour vous dire ce qu’il vous faut et ce que vous devez faire ».
    Je ressens cela comme l’expression d’une forme suprême de mépris et de suffisance.

    1. François

      Bonjour @J.J. !
      100% d’accord avec vous !
      Qu’en termes choisis mais justes cela est dit ! ! !
      Amicalement.

    2. Laure. Garralaga.Lataste

      @à J.J.…
      Quand tu reprends ce therme « comité de Théodule »… C’ est le général qui serait content… ! Il doit même s’en retourner dans sa tombe… à Colombey… Ils en ont de la chance d’ avoir 2 églises !

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