Le fossé qui sépare les « élites » possédant le pouvoir de gouverner un pays et ceux qui dépendent de leurs décisions se creuse au point de devenir un précipice. On parle souvent des politiques mais on oublie que la haute fonction publique qui se reproduit par marcottage, survit à tous les changements des responsables qui sont censés la diriger. Il suffit de trouver quelques profils de ces « grands commis de l’État » pour constater qu’au nom de leur technicité ils passent d’un poste à un autre sans aucune difficulté. Leur vision de la France repose sur des statistiques, des rapports, des visites « aseptisées » ou des dîners en cercle fermé. Tous invoquent les risques de leurs fonctions pour éviter d’aller simplement et directement au contact des réalités.
Leur « puissance » réside dans leur capacité plus ou moins solide, de décoder le fonctionnement complexifié par leurs soins de la société. Plus ils accumulent les lois, les décrets, les circulaires, les accords abscons et plus leur importance grandit. La soumission des élus à ce mode de fonctionnement, devient angoissant. Insidieusement et inexorablement « l’administration d’État ou des collectivités » a pris le contrôle du fonctionnement de la démocratie. Chaque crise sociale ou sociétale démontre combien l’un des besoins essentiels reste la « simplification » des procédures et des méthodes mais elle ne viendra jamais car trop sd’emplois ou de situations privikégiées en dépendent.
Un vœu pieux car le système mis en place est devenu tellement inextricable entre l’Europe et les nations qui la composent, qu’il devient quasiment impossible de revenir en arrière. Quelle que soit la décision politique prise par l’adoption d’une loi, l’élite administrative la modèle à sa façon par la rédaction des décrets d’application. Quelques articles sibyllins ou tordus suffisent à rendre une mesure annoncée totalement inapplicable, ou alors avec de tels délais de mise en oeuvre que le public concerné n’en verra jamais les effets. Détricoter les textes en vigueur relève du mythe de Sisyphe. C’est l’inacessible rêve de Don Quichotte.
Il se murmure que le mois mis par le « maîtres des horloges » pour pondre un gouvernement majoritairement hors-sol, a été mis à profit par Bercy pour cisailler bien des engagements souscrits dans la loi des finances 2024. la suppression de pans entiers ou le renforcement drastique des conditions de distribution des crédits afait fureur en quatre semaines. Pendant que les ministres se rongeaient les ongles pour connaître leur sort, les coupeurs de crédits ont opéré en silence. Celles et ceux qui sont revenus ont été mis devant le fait accompli et celles et ceux qui arrivent le découvriront dans les prochains jours. Il n’y a plus de petites économies… Le débit du « robinet » a été volontairement restreint. La caste de Bercy maîtrise tout. Et rien ne l’arrête.
Les générations successives de l’élite qui dirige dans les faits la démocratie n’ont jamais digéré la « décentralisation ». Ils ont réussi lentement à récupérer une bonne part des prérogatives qui étaient les leurs avant 1983 remettant de manière progressive et détournée les collectivités territoriales sous leur coupe. L’amoncellement de normes a stérilisé l’initiative de proximité ; la disparition de l’autonomie de gestion par des réformes successives de la fiscalité a privé de moyens ; le transfert constant de prérogatives que l’État ne veut et ne peut plus assurer a noyé les collectivités ; l’application concrète de décisions nationales aux conséquences financières catastrophiques les discréditent ; la confrontation avec les victimes d’une politique ayant sacrifié les services publics les met sous pression ; le soutien aux besoins de solidarité humaine s’aggrave : le délestage des vraies difficultés actuelles sur le local a renforcé la prééminence des « tutelles » qui prétendent le contraire.
Aucun ouvrier, aucun agriculteur, aucun enseignant, aucun soignant de première ligne, aucun technicien, aucun élu local, aucun acteur de la vie réelle ayant une expérience de la réalité quotidienne dans les lieux du pouvoir centralisé… Les voyages officiels ne changeront rien à cette tendance qui s’aggrave au nom de la capacité que n’auraient pas les « politiques » à concevoir, à animer, à agir, à décider de mesures dans l’intérêt général. Cet éloignement des citoyennes et des citoyens conduit ces derniers à un rejet global d’un système n’ayant plus rien d’humain. C’est perceptible chaque jour un peu plus. La défiance augmente.
Les élites qui occupent le pouvoir ne changeront pourtant pas. Elles s’y accrochent sûres de leur puissance et de leur capacité à museler toute velléité de décentralisation. Elles s’adapteront au nom de « leur loyauté à l’égard de l’État » à toutes les situations que lui imposeraient les scrutins électoraux à venir. Elles s’y préparent discrètement. Beaucoup anticiperont en partant vers le clan libéral qu’elles auront servi sans aucun état d’âme. En attendant de revenir…
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Nous assistons à l’agonie de la 5e République…
@Laure c’est plus grave que ça, en fait nous assistons à la montée du nihilisme politique dont les beaux messieurs en costume 3 pièces sont les exécuteurs des basses œuvres ( Exécuteur des basses œuvres, personne chargée de besognes inavouables.).
Le nihilisme politique est employé comme synonyme de décadence, d’anomie ou de renversement des valeurs. L’anomie (du grec ἀνομία / anomía, du préfixe ἀ- a- « absence de » et νόμος / nómos « loi, ordre, structure ») est un concept de poïétique désignant l’état d’un être ou d’une société qui ne reconnaît plus de règle.
C’est donc l’effondrement de notre pays qui se dilue dans une Europe vassale des états-unis. Emmanuel Todd explique tout cela dans son livre « la défaite de l’occident » et est interviewé ici:
https://elucid.media/politique/l-occident-parasitaire-sombre-dans-le-nihilisme-et-l-autodestruction?mc_ts=crises
bonne soirée