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L’impuissance réelle face aux fanatismes

Un terroriste atteint de troubles psychiatriques a semé la panique samedi soir à proximité de la Tour Eiffel à Paris, lieu éminemment symbolique à moins d’un an des Jeux Olympiques. Il a tué un jeune touriste germano-philippin et blessé deux autres personnes, dans une attaque au couteau puis au marteau. Cet acte revendiqué comme étant soumis aux desiderata du groupe État islamique a aussitôt généré les sempiternelles réactions politiciennes exacerbées. Le registre est un peu différent puisqu’il s’agit d’un fichier S ayant été emprisonné et qui après avoir purgé sa peine a replongé dans le fanatisme religieux.

Cette situation pose pour la première fois la question angoissante des quelques 400 individus actuellement incarcérés pour des faits de terrorisme et plus de 470 individus libérés depuis mi-2018. La menace potentielle portée par les détenus et anciens détenus est au cœur des préoccupations de la DGSI. Elle vient de se concrétiser et elle permet à l’angoisse de monter d’un cran. En effet elle illustre les très grandes difficultés qui attendent les pouvoirs publics face au terrorisme endogène difficilement contrôlable.

Cet acte met en effet en évidence combien ce terrorisme islamique sera ardu à maîtriser. La première réaction se trouve dans la sanction la plus sévère possible : l’emprisonnement. C’est la réponse que souhaite la société à tous les actes délictueux ou criminels et donc à ceux des fanatiques aveuglés par leur haine de la société. Or quelles que soient les sanctions elles n’assurent pas, loin s’en faut, l’abandon des racines idéologiques du terrorisme. Certains observateurs soulignent même qu’elles les renforcent. La notion de martyrs, très présente dans l’Islam donne un statut personnel particulier à ceux qui ont commis les actes les plus graves.

Un autre constat est partagé par tout le monde : la prison n’efface rien et permet un prosélytisme dangereux. L’islam serait ainsi la première (et de loin) religion dans le système carcéral français. La radicalisation devient ainsi le plus grand danger. Se pose une question de fond : en quoi la privation de liberté permet de « soigner » ce qui relève souvent de la psychiatrie ? Quand on connaît la faiblesse du suivi médical dans les prisons et les conditions dans lesquels il s’exerce on imagine aisément que les examens des fichier S ou des incarcérés islamisés de droit commun ne sont pas à la hauteur des enjeux.

L’autre aspect de l’acte terroriste de samedi concerne justement la reconnaissance du fait que tout individu qui tue de sang-froid au nom d’un extrémisme religieux (quel qu’il soit) relève de traitement psychiatrique. Pour avoir au CHS de Cadillac discuté avec les soignants et le personnel médical sur la prise en charge de ces « malades » spéciaux, j’ai pris conscience des difficultés des prises en charge.

Le pire c’est que le secteur de la psychiatrie, auquel évidemment le ministre de l’intérieur s’est illico attaqué, se trouve dans une situation catastrophique. Les cas « ordinaires » ne peuvent plus être pris en charge (plus de 200 enfants sont sans affectation d’établissements spécialisés en Gironde) ou dans des délais interminables et ils ne restent que les situations extrêmes. Et encore. 

La prison ne règle rien. La médecine a bien du retard. La société se crispe toujours plus. Les ressources humains de la Dgsi ne sont plus extensibles. Le nombre d’extrémistes ou de fanatiques ne cessent de progresser. L’attaque de samedi soir marque d’une pierre noire l’avenir de la France. Le vrai basculement qui ne concerne qu’une minorité dangereuse a peut-être eu lieu avec ce crime soigneusement téléguidé.

Dans le même temps un jeune d’une quinzaine d’années avoue avoir tué de sang-froid ses parents et avoir mis le feu à la maison. Les couteaux sortent pour des différends de sorties de bal ou avant des matchs de football. Les rafales d’armes automatiques crépitent dans les rues des quartiers. Dans le monde un individu sur huit relèverait de traitement psychiatrique. Pas seulement dans les classes les plus pauvres mais au sommet de quelques États. Dans ce maelström angoissant il est difficile de trouver une lueur d’espoir.

La lutte contre la violence sous toutes ses formes repose certes sur une répression active mais encore faut-il en analyser objectivement et sereinement les causes pour la prévenir. Ce travail nécessite une coordination entre toutes les composantes d’une société apeurée et peu coopérative. Alors il y aura encore et encore des vies humaines sacrifiées

Cet article a 7 commentaires

  1. christian grené

    Et si on transformait tous édifices religieux (églises, mosquées, synagogues,..) en prisons? Pour moi, n’importe quelle religion est la source de tous les mots.

    1. Laure Garralaga Lataste

      à mon cher ami christian…
      Attention cher christian, protèges-toi car je tiens beaucoup à tes commentaires !

  2. J.J.

    « L’autre aspect de l’acte terroriste de samedi concerne justement la reconnaissance du fait que tout individu qui tue de sang-froid au nom d’un extrémisme religieux (quel qu’il soit) relève de traitement psychiatrique. »
    Sans aller aussi loin, on peut considérer que toute croyance irrationnelle, basée sur des déclarations ou écrits sans références scientifiques ou historiques relève du domaine de la psychologie : le phénomène de la dissonance cognitive illustre mon propos. Des personnes particulièrement intelligentes, à l’esprit très développé, dont le surmoi sans doute rejette toute référence irrationnelle, affichent cependant leur dépendance à des croyances sans fondement (d’où la dissonance).
    Lorsque cela reste dans le domaine de la douce rêverie, les conséquence restent minimes, même parfois bénéfiques. Lorsque ce phénomène atteint des personnes plus ou moins psychiquement déséquilibrées, apparaissent fanatisme et violence.
    Ce phénomène ne touche d’ailleurs pas seulement les croyances religieuse, des dégâts comparables peuvent être constatés dans le domaine de la politique par exemple.

    1. François

      Bonjour J.J. !
      Merci pour votre dernière phrase avec l’exemple … flagrant !
      Par contre, le coté « psychiatrique » ou « phycologique » invoqué par le criminel et largement débattu par le sinistre de l’Intérieur et sa cavalerie de merdias est plus proche de la Comédie Française que de Cadillac sur Garonne ! Il est quasiment certain que ce paravent …que dis-je ce bouclier fait parti de la formation des djihadistes !
      Amicalement

  3. Alain.e

    Le seul barbu que je tolère , c’ est le père Noel , et encore, des fois , c’ est une ordure . je déteste aussi certains moustachus célèbres pour leur apport à l’ inhumanité .
    Du coup , ils me rasent alors , je me rase .
    Au vu du nombre de croyants dans différentes religions , je considère également que les troubles psychiatriques affectent gravement des milliards d’ individus sur cette planète.
    On peut être seul et avoir raison contre tout le monde , Galilée par exemple ….
    la science , seulement la science bon dieu , ah zut
    Cordialement.

  4. facon jf

    Bonsoir,
    de retour du pays des magyars je relis les articles de roue libre que j’ai manqués. Le sentiment d’insécurité règne en France et la différence est sensible avec d’autres villes européennes que j’ai visitées dernièrement. Ce dernier voyage m’a conduit de l’aéroport de Genève à Budapest et j’atteste de la sérénité dont jouissent ces villes comparées à la paranoïa Française. Les formalités sécuritaires sont pourtant sérieuses mais aucune présence de militaires en armes dans les aéroports ni de contrôle de faciès à la Police des frontières. Dans la capitale de la Hongrie, qui fourmille de touristes venus sur les marchés de Noël, grande sérénité point de patrouilles de militaires armés comme des portes-avions la police se fait discrète. Les communautés religieuses aussi se font discrètes, une habitude qui prend sa source dans l’histoire du pays maintes fois envahi au nom des croyances religieuses. Des Romains aux Ottomans en passant par les Calvinistes et les luthériens chacun des envahisseurs est venu avec le sabre dans une main et les ornements de sa religion dans l’autre main. La répartition des croyants se configure maintenant comme suit sur les 10 millions d’habitants. La religion la plus importante en Hongrie est le catholicisme (67,5 %), ainsi qu’une minorité importante calviniste (20 %). Les autres religions minoritaires comprennent le luthéranisme (5 %), le judaïsme (0,5 %) et l’orthodoxie (0,5 %). Une autre source parle de 16 % d’athées. Les Musulmans sont très minoritaires avec 0.3 % et le judaïsme ne compte que 10 à 12 000 fidèles à égalité avec les bouddhistes. La Loi sur la liberté de conscience et le statut juridique des Églises date du 1er janvier 2012 après qu’une première version avait été retoquée par la cour constitutionnelle.
    L’insée nous dit :  » En 2019‑2020, 51 % de la population de 18 à 59 ans en France métropolitaine déclare ne pas avoir de religion.
    Si le catholicisme reste la première religion (29 % de la population se déclare catholique), l’islam est déclaré par un nombre croissant de fidèles (10 %) et confirme sa place de deuxième religion de France. Le nombre de personnes déclarant une autre religion chrétienne augmente également, pour atteindre 9 %. La fréquence et l’intensité de la pratique religieuse varient en fonction de la religion déclarée : seuls 8 % des catholiques fréquentent régulièrement un lieu de culte, contre un peu plus de 20 % des autres chrétiens, des musulmans et des bouddhistes, et 34 % des juifs.
    Le fait religieux est donc minoritaire dans notre pays, le nombre de personnes radicalisées reste très préoccupant. L’inquiétude des gouvernements est palpable et génère des mesures visibles anxiogènes.
    L’ensemble de la gestion du système psychiatrique est dans le plus grand dénuement depuis des années et plus le climat est anxiogène plus il y a de passages à l’acte. Le nombre de lits publics en psychiatrie , qui était en 1984 autour de 114 000, tomba à 90 130 en 1988. Selon la DREES, le service public hospitalier ne comptait ainsi plus que 57 389 lits en 1997, 47 000 en 2003, et 42 000 en 2014. Le développement d’une prise en charge ambulatoire moins onéreuse compensa en partie la suppression des lits d’hospitalisation. Solution inapplicable en milieu carcéral !! Donc on garde les malades en zonzon sous camisole chimique jusqu’à leur sortie et tant pis pour la suite…

    On n’a pas le c.l sorti des ronces !!
    Bonne soirée

  5. Laure Garralaga Lataste

    Alain, philosophe de la Liberté disait :  » Penser, c’est dire non. »
    Alors, cette rubrique « Roue Libre » et ses commentaires en sont un bel exemple !

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