Il faut consommer à tout prix puisque la stratégie financière de Bercy repose sur moins d’impôts mais beaucoup plus de taxes sur la consommation. Les ordinateurs commencent à s’affoler car pour que le système fonctionne il est indispensable que les achats se multiplient, les déplacements, se multiplient, que les emprunts se multiplient et que les foyers se retrouvent surtout dans l’incapacité à… épargner ! Un citoyen qui épargne est un mauvais citoyen… Un citoyen qui s’endette est un excellent contribuable ! En fait le piège tendu aux acheteurs pour qu’ils compensent la chute de leur participation directe à la vie collective (taxe d’habitation par exemple) par des taxes invisibles et moins traumatisantes mais plus productives s’est refermé sur les stratèges ultra-libéraux européens et donc français.
L’épargne est toujours abondante en France qui fait partie des pays où le taux est le plus élevé (17,7% au 2ème trimestre 2023). Elle sert essentiellement aux ménages à financer l’achat de logements et à faire des placements financiers. Au 2ème trimestre 2023, le patrimoine financier des Français se compose de 3 693,5 milliards d’euros d’en-cours de produits de taux (dépôts à vue, épargne réglementée, assurance-vie en euros) et de 2 351,2 milliards d’euros d’encours de produits de fonds propres (actions cotées, non cotées, assurance-vie en unités de compte).
L’épargne réglementée des ménages (Livrets A, LDDS, LEP, PEL, etc) représente une part importante de l’épargne financière et des ressources bancaires et atteint 915,0 milliards (soit 15% du patrimoine financier des Français). Et c’est un drame… car ces sommes ne sont pas injectées dans la consommation et ne produisent pas de taxes nationale. La tentation de les taxer est grande mais c’est un trop grand risque électoral. Il ne faut en effet pas croire que ces sommes « placées » sont le fait des possesseurs de revenus les plus aisés.
Alors Bercy fait feu de tout bois pour se procurer un niveau de ressources au moins équivalent. Le budget 2024 repose sur une croissance intérieure largement surévaluée et donc insincère mais peu importe. La méthode Coué ou la fuite en avant ou la cavalerie sont devenues les éléments tactiques de Bercy n’en déplaise à ceux qui en ont la responsabilité. D’ailleurs le Ministre multiplie les annonces ou les incitations incantatoires pour tenter de rassurer et d’assurer.
Il veut par exemple faciliter l’achat immobilier pour effacer la baisse vertigineuse des rentrées de droits de mutation sur l’ancien, relancer la vente de logements neufs en chute libre et le secteur du BTP qui plonge vers la récession. Pour cela une seule solution ; assouplir les règles d’emprunts pour les foyers qui osent se lancer dans le défi d’un investissement de plus en plus onéreux (terrains à bâtir de plus en plus rares et surtout de plus en plus chers ; matériaux en augmentation constante).
« Nous étudierons des nouvelles mesures pour assouplir davantage les conditions d’octroi des crédits », a déclaré le ministre qui a ajouté qu’il souhaitait la création d’une « procédure à l’amiable, entre l’emprunteur et le banquier, lorsque ce dernier refuse un prêt immobilier », pour « aider à comprendre pourquoi le prêt a été refusé et éventuellement, si la situation de l’emprunteur le permet, conduire à une révision de la décision ». Ce n’est pas un hasard car cette semaine se tiendra le Haut conseil de stabilité financière (HCSF), instance présidée par lui-même qui revoit chaque trimestre les règles de l’octroi de prêts immobiliers ( durée et leur poids par rapport au revenu des emprunteurs)
Samedi j’ai discuté avec les représentants du CDAFAL ; association (entre autres) de défense des consommateurs dont els représentants départementaux siègent dans toutes les instances de régulation sociale liées aux familles. L’un des militants mandatés avait participé à la commission départementale de surendettement des particuliers. « L’augmentation du nombre de dossiers a explosé en quelques semaines expliquait-il la mine inquiète. Il y a longtemps que nous n’avions pas une séance avec autant de demandes ». Impossibilité de payer les factures énergétiques ou de régler les mensualités liées à une construction, un achat de véhicules ou à la facture énergétique. « C’est ce secteur qui paraît le plus touché » ajoutait-il.
D’ailleurs illico le Directeur de la Banque de France a tiré le signal d’alarme après les propos ministériels. « Il est souhaitable que l’offre de crédits bancaires reparte maintenant progressivement, mais sans risquer de surendetter les ménages : attention aux suggestions d’oublier les normes de bon sens(…). Il avait déjà souligné « la progression continue et singulière de l’endettement des ménages », ainsi que « la dérive marquée des durées de prêts et de la charge de remboursement ». Pas certain que celui qui gère la pire dette de l’histoire des finances publiques entende cette prudence légitime.
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Bonjour Jean-Marie.
J’ai du mal à passer en Roue Libre, car mon dérailleur est grippé et l’école que tu avais mise au programme des dernières étapes trop difficile pour moi qui suis un sprinteur!
Mes amitiés à tou(te)s.
¡ Ola… Qué tal !
Pour faciliter ton passage en Roue Libre, rien de tel qu’une solide amitié… !
Fuerte abrazo
Merci Jean Marie, hélas ne nous pouvons que nous inquiéter, ce qui est déjà notre cas, car si nous ne sommes pas concernés par les prêts bancaires, nous pensons à nos enfants qui auront bcp de mal à vivre sereinement ! Nos épargnes seront pour eux, ils auront la chance d’être un peu privilégiés, ce qui ne sera pas le cas de ceux qui auront des parents inconscients … si l’état faisait la même chose nous n’en serions peut être pas là … où vas t’on ?
Bises.
Josiane.
Un conseil…: notre épargne devra être doublement fructueuse: pour nos enfants bien sûr mais, hélas, pour nous aussi… Car bientôt, nos retraites ne suffiront plus à combler le montant de nos hébergements en EPAD…
« Il faut consommer à tout prix puisque la stratégie financière de Bercy repose sur moins d’impôts mais beaucoup plus de taxes sur la consommation… »
Lesquelles taxes frappent majoritairement, sournoisement et injustement la population qui est réputée, à tort, ne pas payer d’impôts.
Encore une des réussites de la propagande financière et capitaliste.
« Un citoyen qui épargne est un mauvais citoyen… »
Autres temps, autres mœurs; il fut une époque où l’on inculquait à l’école les notions d’épargne et de solidarité.
Oui, je sais, je suis un vieux crouton.
Que dis-tu… ?
Vieux crouton… !
Que nenni…
Un visionnaire !