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Mayotte se prépare à la guerre de l’eau qui touchera tôt ou tard le monde

Un séisme dévaste le Maroc, causant des ravages matériels et humains considérables et la France offre immédiatement dans un bel élan de solidarité, son concours pour venir au secours des populations sinistrées. Des pluies diluviennes ravagent la Libye provoquant l’effondrement de barrages mal entretenus et un hôpital de campagne est envoyé pour essayer de subvenir aux besoins de sinistrés abandonnés. Les appels à la générosité modialisée se multiplient dans un contexte de crise provoqué par le déferlement d’images de désolation. Notre pays a historiquement la référence de sa réactivité solidaire dans l’urgence internationale. On se souvent de Kouchner et le sac de riz ! 

Au cœur de l’océan indien, sur 376 km² de territoire national se prépare pourtant une crise humanitaire qui pour le moment laisse le grand public totalement indifférent. Après avoir durant des semaines alimenté les divagations des plateaux des télés ne carburant qu’à la haine et à la démesure, Mayotte devrait pourtant y retrouver une place de choix. La destruction des bidonvilles pour tenter de juguler la migration depuis les îles voisines de Grande Comore ou d’Anjouan, ah, ça on en a vu des reportages. La visite du pourfendeur de l’immigré jaugeant l’efficacité dans les « bangas » des bulldozers aété largemet diffusée. En revanche on n’a pas vu trop de propositions pour réduire le déficit en eau qui menace la population et qui ne se règlera pas par une visite ministérielle. 

Le Préfet dont il faut saluer l’énergie et la solidité, tente de sensibiliser à une crise déjà présente risquant de devenir catastrophique à très court terme.  Les deux retenues collinaires – qui représentent 80 % de la ressource avec les rivières – ne sont plus remplies qu’à 7,5 % au nord, à Dzoumogné, et 16 %, au centre, à Combani. Il reste un quinzaine de jours de capacité de distribution. Jamais dans l’histoire locale la pénurie avait atteint un tel niveau. Or les habitants sont déjà privés de ce bien très précieux deux jours sur trois depuis un mois.

Ayant basé la couverture de besoins par les eaux pluviales, Mayotte est le premier département français touché globalement par les effets du réchauffement climatique. La faiblesse des infrastructures, leur mauvais entretien (fuites sur le réseau et crédits disparus) et la difficulté à trouver des solutions alternatives compatibles avec le niveau de vie le plus faible de notre pays, font que désormais il faudrait un plan massif pour tenter sur de nombreuses années d’atténuer ces réalités. La démographie galopante lié à l’immigration clandestine ne laissera pas le temps de construire des réponses pérennes. Une part du territoire national part à la catastrophe. 

Pourquoi ne déclenche-t-on pas le plan Orsec ? Pourquoi ne lance-t-on pas un appel à la solidarité ? Pourquoi ne mobilise-t-on pas des moyens d’urgence similaires à ceux des interventions dans les catastrophes naturelles ? Aucune des mesures proposées ne répondra en effet à la pénurie totale qui s’annoncent. Les forages, l’augmentation de la production d’eau de dessalinisation, le pompage en rivière ne seront des palliatifs à échéance du début 2024 ! La production espérée se situerait entre 15 et 20 000 m³ alors que le minimum absolu est de 28 000 dans le contexte actuel et qu’elle devrait être de 43 000 ! Alors on va encore rationner. C’est donc une grave crise humanitaire et sanitaire qui se profile dans le département le plus pauvre de France.

Déjà minée par une violence l’île devient une poudrière. L’inflation aggrave un contexte social extrêmement tendu. En dehors de bouteilles d’eau minérale distribuées aux personnes les « plus fragiles », les packs en vente libre atteignent 10 euros. Il faudrait des envois massifs venant de tous les pays disposant de quantités disponibles et dans ce domaine; Or les ONG ou associations caritatives restent bien passives d’autant que s’ouvre la tragédie des Arméniens du Haut Karabakh.

Cet été sur le territoire métropolitain le cap des 100 communes privées d’eau potable a été franchi. Il y a fort à parier que ce nombre sera battu en 2024 et ne cessera d’augmenter. Le département de Mayotte par sa configuration et sa situation fait figure de territoire éloigné et spécifique. Dans quelques jours comme sur bon nombre d’autres sujets, on constatera que nous passons à coté de l’essentiel et que nous attendrons d’être à sec pour…. anticiper

Comme toujours l’État réagit aux effets alors que le travail de fond. Le débat engagé sur l’accès « à une eau potable propre et de qualité et à des installations sanitaires qui est un droit humain. » devient essentiel mais pour le moment on en est à l’immigration. L’immigration. L’immigration vous dis-je ! Rien que l’immigration.

Cet article a 4 commentaires

  1. François

    Bonjour J-M !
    Ce matin, petite erreur comptable … pardonnable !
    « …et un hôpital de campagne est envoyé … »
    D’après le milieu médical, il faut écrire: « et NOTRE hôpital de campagne est envoyé » car, au dernier inventaire, nous n’en avons qu’UN ! ! !
    Croisons les doigts … ! !
    Bons soins.
    Amicalement.

  2. Laure Garralaga Lataste

    Quand je lis… « sur le territoire métropolitain le cap des 100 communes privées d’eau potable »… Si on ajoute les territoires hors métropole, combien, sont-ils ?
    Je suis scandalisée et considère cette situation inadmissible ! Alors je m’interroge:  » l’art de gouverner n’est-il pas devenu  » l’art de glisser la poussière sous le tapis » ?

  3. Alain Clause

    Gouverner, c’est prévoir ; et ne rien prévoir, c’est courir à sa perte » Emile de Girardin
    cela s aggrave de mandat en mandat.
    bon rétablissement.

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