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Raffut (3) : surtout pas l’arrêt avec les coiffeurs

Quand une compétition internationale s’étire sur plus d’un mois avec une intensité aussi prégnante que celle du rugby, le statut de « remplaçant » n’existe vraiment pas. Les chocs encaissés dans le jeu des auto-tampons qu’est devenu le jeu du ballon ovale ainsi que l’usure physique qui en découle, nécessitent des pauses pour des organismes mis à rude épreuve. Le manager des Bleus a démontré qu’il en avait conscience en annonçant la composition de l’équipe devant terrasser largement les « Teros » uruguayens. Cette décision n’a rien d’exceptionnel dans le contexte actuel mais elle pose un problème de fond puisqu’en fait elle démontre qu’il ne faut pas une seule équipe de France pour jouer une Coupe du Monde, mais deux interchangeables ou mixables.

La presse a appelé à tort les pensionnaires des fauteuils de touche « les coiffeurs » par référence au ballon rond. En fait ce qualificatif professionnel ne s’applique pas un seul instant aux absents de la feuille de match rugbistique puisque son origine remonte à une époque (que j’ai connue) où la notion de remplacement n’existait pas dans le sport. Elle remonte à 1956 lors de l’épopée française en Coupe du monde de football. Les onze joueurs sauf blessure invalidante étaient contraints de boucler la rencontre. Ce qui a valu par exemple à Robert Jonquet, solide défenseur des Bleus, de terminer la demi-finale face au Brésil sur le terrain alors…. qu’il s’était cassé la jambe au bout de 36 minutes de jeu. Incroyable !

Dans ce contexte réglementaire contraint les sélectionneurs alignaient quasiment la même formation durant toute la compétition. Les « suppléants » ne pouvaient espérer qu’une blessure pour avoir une chance de briller. Les titulaires déjà soucieux de leur look sollicitaient des non-retenus pour un match de leur rafraîchir leur chevelure qui n’avaient pourtant pas des allures très fournies. Ce souci des apparences n’a cessé de progresser dans le monde du football mais ne semble pas avoir  envahi celui de l’Ovalie. La seule chevelure dont on se souvient aura été celle de Jean-Pierre Rives surnommé « casque d’or » par le chantre Roger Couderc.

Ce dernier ne se reconnaîtrait pas dans ce rugby où ce ne sont plus des « cabanes qui tombent sur le chien » mais des immeubles de plusieurs étages. Aucun des rugbymen actuels ne songerait pourtant à se transformer en mannequin pour créateurs de vêtements de marques dispensatrices de chèques avec quelques zéros derrière le chiffre principal. Aucun rugbyman ne se teindrait la chevelure en rose, en vert ou en bleu pour se rendre visible à la télé. Cette propension à se transformer en support de prêt à porter ou avoir le souci du cheveu bien léché n’existe pas encore. Mais jusqu’à quand ? 

Galthié ne paraît pas du genre à gérer des « coiffeurs » ou des « facteurs ». Il utilise le qualificatif de « finisseurs » un peu comme dans les polars les plus noirs où certains sont préposés à la dernière balle des basses oeuvres pour achever le boulot accompli par des « tueurs à gages ». Cette appellation donne un statut privilégié aux pensionnaires de ce qui n’est plus un banc de touche ! Demain il leur faudra démontrer leurs prétentions à passer justement du banc au fauteuil et surtout pas d’arrêt au milieu d’une 3séance » dont le résultat ne devrait pas tenir à un cheveu.

Le danger de cette stratégie du « remplaçant-titulaire » ou du «  titulaire remplaçant » réside dans l’incessant brassage ne favorisant pas les automatismes et l’homogénéité de ce qui devra être une équipe dans des moments plus difficiles. Les oiseaux « bleu ciel et blanc » d’Uruguay ne seront pas si faciles que ça à plumer surtout si leurs adversaires confondent vitesse et précipitation, supériorité et facilité, individualisme et solidarité. Si la victoire ne fait pas de doute, le bonus constituera un minimum vital. Le classement final de la poule se jouera en effet sur le score des matchs réputés les plus faciles.

Défenseurs farouches, habités par les valeurs basques que quelques joueurs ont dans le sang, ne refusant pas de faire vivre le ballon, les Teros auront pris une dose supplémentaire de fierté en constatant que Galthié aligne sa Pro D2. La grinta ne dope pas que les Argentins qui d’ailleurs semblent en manquer pas mal en cette édition de la coupe du monde. Battus en match de préparation à Montevideo les Pumas en savent quelque chose. Les « coiffeurs » sont avertis : ni un match rasoir, ni création exubérante. Du sérieux. Rein que du sérieux.

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Cet article a 3 commentaires

  1. Christophe

    Ah Jean Marie, toujours la chronique publiée au début de la journée, qui est probablement une fin de journée qui se termine pour toi par l’envoi de ta chronique.
    Figure toi que dans le même temps, je te rendais hommage dans mon blog confidentiel
    https://lerugbyestunjeu.blogspot.com/2023/09/roue-libre-en-mode-coupe-du-monde-de.html
    J’ai donc rajouté le lien vers cette dernière chronique. Et si j’y parle du virus de la presse à l’école, je pense que tu m’as transmis bien malgré toi, aussi le virus de l’écriture. Mais modestement.
    Tu y découvriras peut être mon article sur le sujet « chorale d’enfants ».
    https://lerugbyestunjeu.blogspot.com/2023/09/boire-des-canons-oui-chanter-en-canon.html
    Cela fera peut-être l’objet d’une de tes prochaines chroniques.
    Sinon j’étais au match Galles Fidji et manifestement j’étais le seul spectateur à ne pas boire de bière, ni à avoir besoin de passer aux toilettes. Bref j’ai vu le match en entier quoi. J’étais aussi venu pour ça
    J’avais pas compris qu’il y en a pas mal qui paient cher pour passer leur temps (et pas que la mi -temps) à faire des va et vient entre leur place et la buvette, leur place et les toilettes, etc.

  2. Philippe CONCHOU

    Cette équipe n’est absolument pas une équipe bis.
    Les 33 sélectionnés ont tous le niveau pour jouer dans l’équipe fanion ce qui est assez rare et fait la force du XV de France.
    Il y a fort à parier que si par bonheur la France arrive en finale un bonne partie d’entre eux seront dans l’équipe.
    Mais on y est pas encore, le plus dur sera la quart de finale.

  3. Alain.e

    Je pense que les coiffeurs , finisseurs , remplaçants de l’ équipe de France de rugby, sont et seront sans aucun doute plus concernés et performants que ceux de l’ équipe de France de football hier soir .
    J’ ai essayé de regarder France -Allemagne et quel ennui , quel mauvais match ….
    Pour le rugby , les quarts de finale seront déjà des finales avant l’ heure , très mauvaises répartitions des groupes et tableaux déséquilibrés , peut mieux faire …
    Cordialement .

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