L’inflation sur les matières premières a donné des idées aux pays producteurs qui constatent la dépendance des autres pour les importations. L’Arabie saoudite qui commence à craindre pour son avenir en raison de la fin des ressources en énergies fossiles a par exemple décidé de maintenir à un niveau assez bas les volumes mis sur le marché. La Russie mise à mail par les sanctions internationales suit le même chemin en constatant la fragilité des économies de la coalition soutenant l’Ukraine. Tous deux ont annoncé la prolongation de leur réduction de production de pétrole jusqu’à la fin de l’année de respectivement un million et 300 000 barils par jour. La conséquence de ces annonces a été immédiatement : le cours du baril a atteint des sommets au milieu de la semaine écoulée.
Cette stratégie inquiétante car elle met en péril tous les efforts de l’ultra-libéralisme pour juguler l’inflation et calmer la sourde colère de leur population. Toutes les astuces sont utilisées mais elles ne portent que sur des ajustements de façade sans toucher aux dépenses essentielles. Bien évidemment tout le monde constate que dans le secteur de l’alimentation les évolutions sont assez aléatoires selon les événements géopolitiques. Ces derniers influent en effet sur des produits essentiels qui ne retrouveront jamais leurs cours antérieurs. La loi du marché basée sur l’offre et la demande vantée par les adeptes de la mondialisation tourne à plein régime dans tous les secteurs.
Les céréales ne tarderont pas à manquer dans les pays les plus dépendant des importations et qui souvent n’ont pas les moyens de les payer à des niveaux prohibitifs. Ce n’est qu’une question de semaines pour que les premiers troubles apparaissent en Afrique ou au Moyen-Orient. Une famine généralisée n’est pas impossible et l’alimentation deviendra la ^préoccupation essentielle pour deux raisons : la débâcle climatique qui réduit les productions et les entraves à la libre circulation des denrées essentielles. Ce constat déjà grave pour les équilibres mondiaux vient de prendre une tournure encore plus angoissante avec la décision prise par l’Inde d’interdire les exportations du riz « basique ».
Les Indiens arguent du fait qu’ils souhaitent conserver l’intégralité de leurs stocks pour justement pouvoir nourrir leur propre population. La consommation continue en effet de progresser en volume. Sus la planète elle représente 14 000 kilos chaque seconde, soit 468 millions de tonnes. Le riz est la 2ème céréale alimentaire la plus cultivée au monde, avec un volume annuel qui a atteint 410 Milliards de tonnes à la fin du 20ème siècle. Elle a été supérieure à la consommation depuis 2004, ce qui permet de renforcer les stocks de riz disponibles pour 3,5 milliards de personnes dans le monde. La décision des Indiens sème cependant la panique.
Les principaux pays producteurs sont la Chine, et l’Inde (environ 50% de la production mondiale) suivies de l’Indonésie, du Bangladesh, du Vietnam ou encore, de la Thaïlande. Ce dernier pays est le plus grand exportateur devant le Vietnam, le Pakistan et… l’Inde. Aussitôt certains gouvernements ont entamé des pourparlers pour sécuriser dans la durée leur approvisionnement à des prix acceptables. Tant pis pour les autres qui n’ont pas eu cette réactivité. Devenue la nation la plus peuplée sur la planète et en route pour devenir la troisième puissance économique l’Inde va peser sur le secteur essentiel de l’alimentation.
Cette dernière est utilisée comme arme de guerre dans de nombreux conflits. Les réserves sont pillées, les infrastructures ravagées et les agriculteurs ou paysans se retrouvent dans l’impossibilité de semer, récolter, prendre soin de leurs cultures et du bétail. Prenons le conflit en Ukraine a causé une pénurie alimentaire, combinée à une hausse des prix des denrées alimentaires et des engrais jusqu’à un niveau jamais atteint précédemment., faisant augmenter encore davantage les prix des produits de base et réduisant la disponibilité des denrées alimentaires dans le monde entier. Ce sont des « bombes » à retardement qui se préparent pour le printemps 2024.
Croire que la France va y échapper sur ses propres productions relève de la vision libérale optimiste. J’ai par exemple rencontré en Mayenne Moïse, un jeune producteur de lait qui m’a annoncé dans les mois qui viennent, une disparition de nombreuses coopératives faute de productions suffisantes à collecter. Le vieillissement des éleveurs, le coût de denrées complémentaires et surtout l’absence de relève motivée conduira à une situation critique très proche. Faute de moyens financiers des millions de personnes ne mangent plus déjà à leur faim dans notre beau pays. En plus elles auront du mal à trouver des produits de base devenus plus rares et plus chers.
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M’sieur, c’est sur vos bancs, à l’école, que j’ai appris en lisant son « Avis aux lecteurs » du « Gargantua » ce que disait le grand Rabelais: « MIEUX EST DE RIZ QUE DE LARMES ESCRIPRE ».
Tout ça ne nous annonce pas vraiment l’espoir de « lendemains qui chantent ».
Si l’on ajoute l’évolution du climat qui se révèle également catastrophique on peut de poser la question : ne serions nous pas déjà trop nombreux sur la planète Terre ?
Dans ce cas il risque de se passer le même prétendu phénomène mis en doute par les études de certains chercheurs, que chez certains animaux (et nous sommes des animaux) qui se « suicideraient » collectivement afin de sauver quelques individus qui pourront assurer la continuation de l’espèce.
Nous en avons, « à l’insu de notre plein gré », les moyens avec l’arme atomique
Si on n’a pas fini de les faire disparaître d’ci là, les amérindiens d’Amazonie ont toutes leurs chances.