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Les dépassements sont en bonne santé

Le hasard d’une formule ajoutée au bas de liste des éléments à analyser pour connaître, avant ma visite annuelle chez le cardiologue, a suffi à enclencher un processus auquel je n’étais pas préparé. Un chiffre (13 comme par hasard!) écrit en gras à la fin des résultats et la nouvelle tombe : il faut effectuer des examens complémentaires ! Une sorte d’engrenage qui va durant trois mois, me conduire de laboratoires en laboratoires, des cliniques en cliniques et de rendez-vous de décodage en rendez-vous de décision, est enclenché. Le système de santé que je n’avais que très occasionnellement financé s’ouvre avec ses réalités actuelles.

Le 2 juin le premier contrôle (IRM) confirme la suspicion détecté lors de examens sanguins. Une tache ronde comme une grosse bille se camoufle dans ma prostate. Je le craignais sans trop y croire mais avec une pointe de lucidité qui naissait de ce nombre 13 dépassant les normes en vigueur. En deux ou trois minutes le médecin passe m’annoncer alors que je rhabille que je dois consulter mon urologue. J’avais anticipé !

La durée de la mise en forme des résultats relève du supplice chinois. A tel point que la secrétaire avoue qu’elle s’est révélée impossible dans la forme habituelle. Ses excuses s’accompagnent d’un geste « commercial » me valant un exonération du supplément d’honoraires initialement prévu. Ce seront mes débuts dans le monde du dépassement d’honraires !

La rencontre programmée avec le spécialiste débouchera en effet sur un tour des établissements permettant de détecter une éventuelle « évasion » vers des horizons plus lointains de ce que l’on ne nomme pas un « cancer ». Le mot ne figure pas dans les comptes-rendus mais il rôde sous des sigles plus ou moins simples. N’empêche que l’annonce d’une nécessaire biopsie ne laisse planer que peu de doute. Le choix n’existe pas vraiment puisque je souhaite aller vite. Accepter les fameux dépassements et obtenir une date très proche ou attendre des semaines (entre le 14 juillet et le 15 août) un créneau dans un système public sous pression.

Les rendez-vous s’enchaînent avec toujours les incertitudes qui les accompagnent. La biopsie confirme qu’il s’agit bien d’une tumeur maligne de niveau 3 ce qui comporte un risque de propagation putatif. La scintigraphie et ses quatre heures de patience éliminera cette hypothèse. Quelques jours plus tard un scanner des pieds à la tête confirme cette localisation « heureuse ». Si ma Carte Vitale avait suffit au centre d’imagerie flambant neuf de l’hôpital de Libourne, elle a été complété par la plus précieuses de ses amies, celles qui n’est plus bleue mais dorée ! Comme pour le peintre ou le carreleur, la signature d’un devis s’impose et la facture est réglée sans délais.

Une coloscopie s’ajoute au programme. Le gastro-entérologue réclame sa part et l’anesthésiste rajoute sa petite dose supplémentaire. La clinique enverra une facture… récapitulant ce que ne me remboursera pas la mutuelle ! Chaque fois le conseil a été le même : « envoyez votre devis à votre mutuelle pour savoir ce qu’elle prendra en compte ! » Une manière d’officialiser la pratique des… dépassements !

Une nouvelle consultation de l’urologue avec une brassée de résultats sur le bureau, débouche sur la décision de pratiquer une prostatectomie via un robot ! Affaire conclue. C’est reparti pour les devis et une palanquée de nouvelles ordonnances me ramenant vers le laboratoire d’analyses médicales et les pharmacies qui bien évidemment n’ont pas les produits demandés. La tendance actuelle est à la pénurie dans tous les secteurs. Mes médicaments habituels pour le suivi cardiaque n’existent plus. « Normal me confie l’un des médecins rencontrés. Les centrales d’achat françaises n’offrent pas un prix suffisants contrairement aux anglo-saxons ou aux pays nordiques. Essayez donc de trouver quelqu’un qui vous en récupérera à l’étranger ! » Il me faudra chercher une officine ayant un stock pour être rassuré durant quelques semaines.

La kiné préparatoire nécessite l’achat d’un appareil avec… dépassement. L’anesthésiste ajoute son devis à celui du chirurgien pour un « petit »… 2500 € qui avec les petits à-cotés antérieurs dépasse les 3 000 €. Tout ira très vite. Tout a été parfait. Tous les professionnels de santé rencontrés ont été au top. Le sstème des dépassemeents tourne à plein régime. Je suis certain qu’il en sera ainsi jusqu’au bout… et que dans quelques semaines je serai plus « léger ». Une cure d’amaigrissement généralisée m’attend J’ai entendu que le gouvernement envisageait de relever le ticket modérateur pour tenter de réduire ses déficits. Est-ce le vrai problème actuel du système de santé ? J’en doute…

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Cet article a 7 commentaires

  1. christian grené

    Entre le sujet d’hier et celui d’aujourd’hui, tout me dépasse!

  2. J.J.

    Bienvenue au club !

  3. Philippe Labansat

    Perso, j’ai déjà refusé des rendez-vous pour des examens importants, parce qu’il y avait des dépassements.
    Autre cas. Après une prothèse de hanche à l’hôpital, mon épouse se voit remettre un rendez-vous pour contrôle quelques semaines plus tard avec le chirurgien.
    Nous arrivons avec les radios. Une quinzaine de personne poiraute déjà dans la salle d’attente. Surprise ! Pour que le chirurgien accepte de nous dire si tout va bien, il faudrait débourser 50 €.
    Ni une ni deux nous déposons les radios confions notre numéro de téléphone à la secrétaire et déclarons que si le chirurgien a quelque chose à nous dire, il utilise le téléphone, et nous tournons les talons. Aucun appel n’a suivi. Sûrement que tout allait bien.
    J’avoue que ceux qui font commerce de la mauvaise santé me révulsent : que ce soit médecins, chirurgiens, laborantins, pharmaciens, laboratoires, kinés, etc.
    Évidemment, comme aujourd’hui tout est commerce dans la santé (foin de l’ambitieux projet de la Sécu !), la prophylaxie n’a malheureusement plus droit de cité, alors qu’elle devrait surplomber tout la politique de santé.
    Bons soins, bon courage, et bonne santé rétablie, à toi, Jean-Marie…

  4. Christian Coulais

    Le serment d’Hippocrate
    Voici le texte revu par l’Ordre des médecins en 2012.

    “Au moment d’être admis(e) à exercer la médecine, je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité.
    Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux.
    Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions. J’interviendrai pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de l’humanité.
    J’informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences.
    Je ne tromperai jamais leur confiance et n’exploiterai pas le pouvoir hérité des circonstances pour forcer les consciences.
    Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera. JE NE ME LAISSERAI PAS INFLUENCER PAR LA SOIF DU GAIN* ou la recherche de la gloire.
    Admis(e) dans l’intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés. Reçu(e) à l’intérieur des maisons, je respecterai les secrets des foyers et ma conduite ne servira pas à corrompre les mœurs.
    Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément.
    Je préserverai l’indépendance nécessaire à l’accomplissement de ma mission. Je n’entreprendrai rien qui dépasse mes compétences. Je les entretiendrai et les perfectionnerai pour assurer au mieux les services qui me seront demandés.
    J’apporterai mon aide à mes confrères ainsi qu’à leurs familles dans l’adversité.
    Que les hommes et mes confrères m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ; que je sois déshonoré(e) et méprisé(e) si j’y manque.”

    *Bon il faut dire à leurs décharges, que l’abonnement au club de golf a aussi augmenté ! Et s’il n’y avait que cela mon bon monsieur.

    Nous te souhaitons un « prompt » rétablissement dans ce dédale médical, au cœur de la 6 / 7ème puissance mondiale. (Tu peux toujours revendre les droits de cette saga à Télé Canal Créon https://www.telecanalcreon.fr/)

    1. J.J.

      Il y a déjà longtemps que l’on parle pour certains médicastres du serment d’hypocrite . C’est facile, certes mais ça illustre une certaine réalité(ou une réalité certaine).
      En fait c’est une sorte de racket moralement illégal, chantage sur la santé légalisé par les pouvoirs publics.

  5. Pometan

    Bonjour Jean Marie
    Je suis comme tu peux le supposer tout à fait d’accord avec toi.
    Mais, qu’a fait la gauche au pouvoir pour inflechir cette tendance ?
    Rien, bien au contraire.
    Pour éviter une telle dérive, j’ai décidé de prendre ma carte au PS quand Lionel Jospin était premier ministre.
    À chaque réunion, j’exposais mes craintes d’une telle dérive .Tout le monde était d’accord avec moi mais, remonter les informations était impossible.
    Le secrétaire du PS girondin de l’époque m’a déclaré un jour que j’étais trop idéaliste : je me suis levé,ai déchiré ma carte et suis parti.
    Mon expérience au PS aura duré deux mois!!!
    Je me permets donc de l’affirmer haut et fort: la médecine à deux, trois vitesses existe grace la complaisance de la gauche française.
    Bientôt, avec l’arrivée du RN au pouvoir (toujours grace à la gauche) on supprimera l’accès aux soins de tous les immigrés…
    Chose plus importante, je te souhaite une excellente santé même si celle ci a un coût exorbitant.
    Je t’embrasse
    Claude

  6. OVEJERO FLORENCE

    Dès que l’on va voir un spécialiste, on nous parle de dépassement !
    Les médicaments sont de moins en moins remboursés et je ne parle pas des lunettes et des soins dentaires !
    J’ai fait un AVC ophtalmique et j’avais des rdv mensuels avec un spécialiste et chaque fois j’avais droit aux dépassements d’honoraires…idem pour les soins…et je ne parle pas des lunettes que je dois depuis 4 ans changer chaque année ! La mutuelle ne suit pas.. donc tout à ma charge !!! se faire soigner est devenu un vrai luxe.
    Et les médicaments ….certains sont devenus impossible à trouver…rupture de la part des laboratoires….
    On fait comment???
    Si la médecine de nos grand-mères étaient efficaces pour tous nos maux….qu’est ce que cela serait bien…
    Bon courage pour la suite….et si l’on arrive à payer tous ces dépassements, c’est pour être en meilleure santé après !

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