La rentrée se profile avec son lot de revendications ou des frustrations. Jamais le climat n’a été aussi morose voire anxiogène. La société est partagée entre la peur sans cesse attisée de la fin d’une planète essoufflée et détériorée, et celle de la fin des mois de plus en plus serrée. Nous connaissions l’opposition entre le global et le local nous nous dirigeons vers une synthèse croissante entre les préoccupations naissant de la géopolitique mondiale et les réalités ordinaires du compte en banque. Parmi les justifications fournies pour la chute de ce dernier on trouve en effet celles qu’offrent les soubresauts des guerres ou des aléas climatiques. C’est donc le serpent qui se mord la queue.
En fait les vrais conflits sont d’une manière ou d’une autre économiques. Les déflagrations provoquées par l’avidité des états dominants ou des multinationales soucieuses de maintenir leurs profits prolifèrent. Le nombre des innocentes victimes de cette quête permanente ne cesse de grandir. La fuite des lieux en perdition s’accroît ce qui conduira à un rejet encore plus fort d’une immigration climatique ou politique ressentie comme un envahissement démesuré.Cet afflux de jeunes ou de moins jeunes, déconnectés de tous les repères de vie collective, profite à des « exploiteurs » sans aucun scrupule.
La précarisation progresse et renforce les réflexes d’auto-défense. La rentrée mériterait son abbé Pierre puisque en France en 2023 près de 2 000 enfants dorment chaque soir dans les rues et des milliers d’autres le font dans l’insalubrité totale. Les palabres sur les institutions, le mode d’élection, les arrangements superficiels, la situation internationale permettent seulement de sauver ce que l’on appelle à tort l’honneur mais n’ont aucun sens. Le quotidien importe peu;
L’Unicef et la Fédération des Acteurs de la Solidarité ont par exemple recensé 3 735 personnes en famille qui avaient sollicité le 115 dans la nuit du 21 au 22 août 2023 qui n’ont pas pu être hébergées faute de places disponibles dans les structures pouvant les accueillir. Parmi ces personnes, 1 990 avaient moins de 18 ans, dont 480 moins de trois ans. Cela représente une hausse de 20% par rapport à la rentrée 2022 et de 124% si l’on remonte à fin janvier 2022, L’hiver n’est pas loin.
Ce constat va aller en augmentant. La crise du logement s’aggrave. Dans tout le pays la carence en loyers modérés ou conventionnés ainsi que le montant des locations rendent vain tout espoir de mise à l’abri des victimes de notre égoïsme. Les associations soulignent que l’hébergement hôtelier qui fait vivre des établissements en difficulté de remplissage et peu cher, « ne permet pas de répondre aux besoins fondamentaux des 29 780 enfants qui y vivent ». Le nombre de femmes isolées sans ressources avec enfant qui errent de lieux en lieux a progressé de 46 % sur un an. On oublie dans ces chiffres celles qui ne parviennent pas à nourrir et protéger leurs progéniture ou qui survivent grâce aux associations caritatives.
C’est aussi la rentrée pour des milliers d’enfants handicapés cherchant une place dans un établissement spécialisé ou cette fameuse insertion adaptée dans le système scolaire. Avec un handicap intellectuel ou cognitif ils ne seront scolarisés à la rentrée que quelques heures par semaine, voire pas du tout. L’absence de scolarisation, ou une scolarisation inadaptée, a selon l’Unapei des « conséquences dramatiques » pour les familles, souvent épuisées par le combat que représente la recherche d’un solution de prise en charge de leur fille ou leur fils.
Sur un échantillon de 7 949 enfants ou adolescents en situation de handicap 18 % « n’ont aucune heure de scolarisation par semaine », 33 % entre 0 et 6 heures, 22 % entre 6 et 12 heures, et seulement 27 % bénéficient d’au moins 12 heures d’enseignement hebdomadaires. Il faut cependant souligner que le nombre de ceux qui sont accueillis à l’école chaque année est passé de 410 000 à 430 000 entre 2021 et 2022. Ce sont près de 6 000 assistants de vie scolaire qu’il faudra recruter mais, même si le ministère y parvient, il ne résoudra pas le manque de places dans les structures adaptées.
Bref c’est la rentrée. C’est celle des enfants qui souffrent, qui peinent, qui ne savent pas ce que l’avenir leur réserve mais c’est aussi celle des enfants-rois, tout puissants, sur-protégés, sur-alimentés et qui demain constitueront des générations oublieuses des autres. Quels sont ceux qui sont le plus en danger ? Quels sont ceux qui menacent le plus les équilibres socio-culturels ? Quels sont ceux qui offrent les meilleures garanties pour demain ?
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Rien à ajouter, merci.
» un rejet encore plus fort d’une immigration climatique ou politique » .
Là aussi un coup d’œil discret dans le rétroviseur permettrait d’appeler les choses par leur nom : non pas immigration mais migration, tout court, car, qu’on le veuille ou non, la mobilité, la nomadisation, [même si certaines populations se sédentarisent pendant de longues périodes], sont « consubstantiels » à l’être humain. La migration, qu’elle soit humaine ou animale n’est pas une fantaisie mais provoquée par une nécessité.
Des structure spécialisée les U.L.I.S. ont été mises en place pour prendre en charge les élèves en situation de handicap. L’acronyme ULIS (qui n’a pas forcément fait un beau voyage). signifie Unité Localisée d’Inclusion Scolaire( Ah qu’en termes galants …) . J’ai constaté que l’ULIS implantée dans l’école voisine a une cour de récréation séparée des autres parties de l’école.
Drôle de notion d’inclusion, sans doute conforme au « bon sens » de l’administration.
Il y a une migration importante vers l’Europe. Notre pays reçoit celle-ci. Pour l’hébergement,je note que des villes et villages sont déserts ou pratiquement déserts dans des régions n’ayant pas l’attractivité importante des métropoles . Ne serait il pas utile de repeupler ces villages abandonnés, de relancer la production maraîchère locale, l’élevage de manière autosuffisante afin d’offrir une solution humaine à ces populations dans le besoin. Bien entendu cela passe par la remise en place de personnel de l’éducation nationale dans des écoles vides. Car tout passe par l’éducation. Apprendre le français et les mathématiques et les rudiments de notre République dans ces petites villes et villages abandonnés permettrait de relancer l’économie locale. De réveiller ces villages et de rendre à terme ces nouveaux habitants fiers d’avoir réussi quelque chose de leur vie en trouvant enfin un point de chute où se reconstruire. Bien entendu,cela demanderait un fort soutien de l’État dans ses fonctions régaliennes. Un déplacement des subventions vers le rural abandonné qui en aurait bien besoin pour absorber cet afflux de population migratoire dû aux changements climatiques, à la précarité alimentaire et aux conflits armés.
Beau projet humaniste certes, mais un vœu pieux ave les princes aux bras cassés qui prétendent nous gouverner, et la difficulté à faire comprendre que sans intégrer « l’autre », l’Humanité n’existe pas.
Ce texte du jour qui se termine par 3 questions aux réponses redoutables m’interpelle… Qu’y a-t-il de nouveau en ce monde…? Je serais tentée de répondre… pas grand chose… !
Bonjour,
Cet article à bientôt 10 ans !!!
https://www.rue89lyon.fr/2013/12/06/enfants-la-rue-une-nouvelle-ecole-occupee/
Que se passe-t-il depuis ? RIEN ! Du coté « des princes aux bras cassés qui prétendent nous gouverner » (@ JJ ) pas de soucis on laisse dormir les problèmes dans la rue.
bonne journée