Le jeudi est un jour bâtard car il arrive bien tard dans la famille de la semaine et n’augure pas une filiation reconnue avec ce foutu week-end auquel on aspire… En général il n’existe vraiment que quand il est accompagné de 3 autres « copains » pour faire un quatuor acceptable en période de boulot. Hier il ne s’annonçait pas terrible. A l’arrivée on aura eu l’extraordinaire feuilleton d’un peloton en chasse derrière l’échappée pouvant conduire au succès. Toute l’actualité s’est résumée à cette poursuite annoncée par les oracles du sport politique et qui s’est déroulée de manière peu conventionnelle.

En fait dès le départ de ma matinée radiophonique les consultants s’évertuaient à lister les éliminés putatifs et les prétendants potentiels à entrer dans le classement de la nouvelle étape gouvernementale. Certains des partants se sachant menacés par leur mentor les ayant embauchés (ou débauchés) à prix d’or, se présentaient en toute hâte devant les derniers micros tendus. Il s’agissait pour eux de donner le change et de prétendre à un repêchage éventuel. Les cadors attendaient paisiblement leur heure se sachant incontournables et surtout préoccupés de la composition de l’équipe qui les entourerait. Quand aux autres, à de rares exceptions près, ils espéraient obtenir un maillot ministériel et ils exhibaient leur dossard sur la ligne de départ ! 

La stratégie appliquée à cette vraie compétition que constitue le Tour des Maroquins, a été étonnante. Alors que depuis des décennies, la liste des « coureurs » retenus pour prendre en mains les destinées de la « course » était annoncée de manière solennelle et en bloc, nous avons assisté aux fuites organisées. Les virés ont eux-mêmes annoncés qu’ils l’étaient. Les promus se sont arrangés pour faire savoir qu’ils l’étaient alors que la sélectionneuse n’avaient encore rien dit. La méthode est habile : de cette manière la situation étant verrouillée il devenait impossible de revenir en arrière. Connu et obtenu ! Une tactique inédite.

Les « échappés » ont donc multiplié les tentatives avec l’espoir de prendre une avance suffisante. Ils avaient probablement des consignes précises de leur « patron ». De source bien informée certaines et certains affirmaient que ces envolées promotionnelles auraient bénéficié d’un dopage distribué en douce aux plus performants. Un certain Gabriel Attal de l’équipe « Education First » a ainsi largement dominé le contre la montre du jour. Il a devancé et surclassé tout le monde en sprintant ver le Grenelle de ses ambitions alors que la compétition n’était pas ouverte. Le maillot blanc du meilleur espoir lui est désormais acquis. Le doute subsiste cependant sur sa vitesse médiatique car il a devancé nettement tous ses autres partenaires et concurrents.

Chaque heure apporta une information différente. L’ardoisier qui gèrait les écarts et les annonces aux plus pressés a eu bien du travail. Au bas des écrans des télés retransmettant en direct le Tour des Ministère les bandeaux défilèrent annonçant les classements plus ou moins exacts aux points intermédiaires. Les déclassés apprirent ainsi qu’ils étaient hors délais de mise en œuvre de leurs obligations et renvoyés à la maison avec pour les plus chanceux un retour à la Chambre.  Un suspense insoutenable s’installa vers midi. Schiappa annonça qu’elle partait après avoir tout donné à ses fans ce qui aura causé sa perte. Elle atténuait ainsi la vague des commentaires désobligeants sur le fait qu’elle ait été virée.

Il n’y aura aussi aucun effet de surprise puisque les « gros mollets » sont restés à leur poste de leaders des classements. Le porteur du maillot aux « poings rouges » ne change pas et se pousse du col ; le bénéficiaire des retombées de la FDJ à Bercy se maintient grâce à sa capacité à encaisser ; le responsable des commissaires en charge de la surveillance générale des épreuves ne bronche pas ; le porteur du maillot réputé vert n’a pas de soucis à se faire : tous ont obtenu des équipiers qui rouleront pour eux ! En fait les années se suivent et se ressemblent. Les palmarès se ressemblent. 

Il y a eu aussi le plus grand nombre de celles et ceux qui restent abrités dans le peloton et que personne ne connaît car nul ne les a vu tenter quelque chose. Des suceurs de roue dit-on ! Un job à temps plein. La passion pour ce Tour des Ministères… n’aura pas été très forte dans l’opinion dominante. Et elle ne le sera pas.  C’est une certitude. Le microcosme politique sera bien le seul à trouver une motivation dans cet ajustement qui aura été pourtant, parait il très compliqué. 

Pendant ce temps quatre mousquetaires grappillaient avec une obstination louable des dizaines de secondes sur un peloton éreinté pour finir avec quelques mètres d’avance. De vrais insoumis ! Une poursuite haletante avec une fois encore aucun Français pouvant l’emporter a meublé ma fin d’après-midi. Le matin en rejoignant la table rectangulaire des chevaliers du rosé j’avais longuement débattu au comptoir du cas mystérieux Vingegaard. Nul doute que ce matin au maire endroit tout le monde se préoccupera du remaniement gouvernemental et s’interrogera sur son importance.

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