Début décembre 2002, à Johannesburg, Jacques Chirac prononce un discours resté célèbre lors du Sommet mondial de la Terre des Nations unies. Il a été écrit par son conseiller pour l’environnement, un certain Nicolas Hulot. Le contenu ne peut pas être considéré comme prémonitoire puisque deux sujets préoccupaient déjà les citoyens.nes les plus réalistes : la coopération avec les pays pauvres et surtout le réchauffement climatique. Une formule qui restera dans les mémoires résume les propos présidentiels : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs… ». Il l’accompagne d’un constat intangible : « Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas. Prenons garde que le XXIe siècle ne devienne pas pour les générations futures, celui d’un crime de l’humanité contre la vie. » Impossible dans les jours qui viennent de ne pas considérer ces propos comme d’une… brûlante actualité de cet été. En effet nous entrons au sens propre pour 3 ou 4 jours en Gironde dans une période angoissante durant laquelle les risques… d’incendie sont à proprement parler extrêmement angoissants.
Certes de tels événements climatiques ne sont pas inconnus. Et hasard de l’Histoire dans quelques semaines (entre le 19 et le 25 août) le 70° anniversaire des terribles incendies de Saucats, Cestas, Mios,Salles, Marcheprime…communes eds Landes de Gascogne. En fait en rappelant ces faits dramatiques on ne peut qu’évoquer les causes et les éléments ayant transformé un départ de feu accidentel (il aurait pris dans la cabane du gardien fumeur d’une scierie vers 13 heures) en tragédie (82 morts, 52 000 ha brûlés) : trois années de sécheresse consécutive ; un vent violent tournant et des moyens humains dépassés… en raison du mauvais entretien du massif forestier alors peu mité par des habitations. Certes le contexte est différent en raison des effectifs et des engins actuels du service d’incendie et des secours de la Gironde ainsi que de la possibilité de faire appel à des renforts aériens mais le danger reste très important tellement l’urbanisation a désormais gagné sur la zone forestière.
Même si le discours de Jacques Chirac avait une toute autre portée il faut bien se rendre à l’évidence : depuis 17 ans le risque de voir au sens propres des « maisons brûler » n’a jamais été aussi prégnant dans le monde. Partout les incendies font rage. Au Portugal plus de 1 300 pompiers et 400 véhicules sont engagés dans la lutte contre les flammes. Avions et hélicoptères bombardiers d’eau ont repris leur noria, pour appuyer ces soldats du feu qui luttent contre un vaste feu situé une région montagneuse du centre du Portugal. Impossible de savoir quand il sera maîtrisé malgré l’importance des effectifs déployés. On s’attend à des catastrophes similaires en Espagne, aux Etats-Unis, au Canada… ou en France. On regarde vraiment « ailleurs »… en tentant de nous persuader que nous possédons des certitudes sur la réponse à cette évolution estivale inquiétante.
La première inquiétude naît des causes majeures de ces événements. Ils sont très majoritairement, sans que personne ne veuille vraiment l’admettre, d’origine humaine plus souvent volontaire qu’involontaire (94 % des départs de feu). En effet des constations régulières attestent qu’en Gironde sévissent des pyromanes habiles qui savent parfaitement comment mettre en péril le SDIS 33. Départs de feux simultanés sur des territoires différents au moment où les vents sont renforcés par la marée ; endroits difficilement accessibles pour plusieurs raisons (circulation intense, chemins étroits, zones mal entretenues…) ; périodes de sécheresse intense ; possibilité de fuite en se noyant dans les flux de circulation : les scénarios se ressemblent étrangement. Chaque fois les enquêtes, parfois réalisées à partir d’une photo satellite, permettent d’identifier les causes qui resteront pourtant secrètes pour ne pas éveiller les soupçons des auteurs de ces « crimes » contre la nature mais surtout pouvant causer des pertes humaines.
La seconde préoccupation vient de l’inconscience des utilisateurs.trices occasionnels de la forêt. Là encore, dans un contexte comme celui des la période de canicule actuelle, un geste d’une banalité désarmante a souvent des suites dramatiques. Un feu de camp mal éteint, l’inévitable mégot, des étincelles d’un deux roues, des débroussaillages non-maîtrisés… autant de comportements aux conséquences catastrophiques. En fait il s’agit d’une simple illustration de l’absence de citoyenneté dont souffre une société de la sur-consommation dans tous les domaines et la nature en est devenu un ! L’été n’arrange pas ce constat : nous sommes tous responsables et nous nous estimons toujours non coupables !
Une semaine comme celle qui s’ouvre reflète une nouvelle donne sociétale voulant qu’il faille désormais assumer nos errements environnementaux avec la peur de ne pas pouvoir les réparer et les dominer. « La maison brûle… » et nous commençons juste, chaque été, à envisager comment nous pourrions éventuellement faire face à l’incendie ! Or nous sommes en Gironde face à un vrai défi climatique !
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La période estivale est une période angoissante pour nous. Le lotissement en bordure de forêt non débroussaillée nous fait craindre des départs de feux dûs aux promeneurs mais aussi aux quads qui circulent sur les pistes. Que dire de cette loi ou règlement qui oblige les riverains à débroussailler eux-mêmes sur 50 m, je crois, la propriété forestière limitrophe de notre terrain. Parfois je me dis que l’on marche sur la tête et que ceux qui pondent les lois ou règlements aussi saugrenus ont attrapé un coup de chaud…
….et des moyens humains dépassés…..
Ils l’ont été longtemps !
Début des années 60, en alerte ORSEC à Blanquefort, nous avions, comme les contingents du 57 éme de Souges que nous devions transporter, en cas d’intervention en feu de forêt, uniquement des battes à feu, comme les malheureux soldats de Cestas en 1949.
Les moyens se sont améliorés mais les risques ont grandi en proportion.