Si l’on analyse les dix-huit mois qui viennent de s’écouler, il s’avère difficile de considérer que la situation de notre pays se soit améliorée. La France s’approche en effet chaque jour davantage de la situation de pays ingouvernable en raison de la dégradation constante de la crédibilité de ceux qui en ont la charge. Le pouvoir recentralisé depuis une vingtaine d’années afin d’adapter le train de vie de l’État aux contraintes imposées par les « gendarmes » financiers européens montre ses faiblesses. Les conséquences du Traité européen adopté contre l’avis des citoyennes et des citoyens en 2005, n’en finissent pas de peser sur les gestions nationales. Vingt ans de destructions au moins aussi dramatiques que celles de ces derniers jours du système républicain, ont conduit à une situation explosive et dangereuse.
La notion de services publics remplacée par celle de « services privatisés ou délégués au monde du profit» » à lentement dégradé la confiance que les usagers devenus clients, avaient dans l’État. Tout doit être « acheté » renforçant les inégalités sociales. La numérisation excessive et sans souci d’accompagnement des plus fragiles a par ailleurs renforcé la « distance » entre ces derniers et la réponse à leurs préoccupations. Les racines du mal ont puisé leurs forces dans ce terreau du quotidien. Les fractures liées à ces constats deviennent patentes.
La déresponsabilisation par le credo constant, totalement anti-républicain, de la fin de la contribution à l’effort collectif par un impôts équitablement réparti a provoqué une illusion, celle de la gratuité du fonctionnement de l’action collective dévolue au plus grand nombre (santé, éducation, justice..). La montée en puissance des réseaux de toutes sortes utilisant volontairement l’anonymat comme source de revenus, a modifié les comportements collectifs. Désormais la désinformation et la provocation ne peuvent plus être stoppée. Il est certain que des manipulations organisées sont à l’origine de biens de comportements constatés dans les émeutes en cours.
La France se transforme donc peu à peu en territoire de la débrouille, du non droit où l’argent constitue la seule référence de la réussite. Il est vrai qu’on ne parle que de ça !Le fameux Produit Intérieur Brut, le niveau de la consommation des ménages, l’éternelle référence à la croissance, les références économiques dopées artificiellement, les profits démesurés des actionnaires, l’absence de volonté de réguler la participation à l’effort commun, génèrent un climat déconnecté de la réalité des fins de mois d’une grande majorité de la population. Uniquement porte-parole de la caste dirigeante des « entreprises » les pouvoirs successifs ont institutionnalisé le délaissement ressenti par les classes moyennes ou très modestes.
Poussés à droitiser toujours plus son discours et ses actes par la montée constante du populisme qu’ils n’ont eu de cesse de faire grandir pour exister en miroir, les gouvernements sur deux décennies, ont étouffé les valeurs fondatrices de la République que sont l’égalité et la fraternité, considérées comme obsolètes. La France constitue donc désormais un patchwork complexe de rancœurs corporatistes ou sociétales. Toutes réformes, toutes initiatives, toutes actions publiques, toutes propositions soulèvent immédiatement des oppositions circonstancielles reposant sur le rassemblement d’intérêts divergents. Tout le système politique ne survit que sur des oppositions hétéroclites agglomérées. Il n’y a plus eu d’adhésion depuis 2002 à un programme présidentiel mais le refus de celui du FN-RN.
La recentralisation du pouvoir par les mesures successives de Bercy à l’égard des pouvoirs locaux, a accentué la dérive. N’étant plus en mesure de répondre aux réalités faute d’admettre que l’ultra-libéralisme avait ses limites, l’État ne répond que par la force ou la contrainte car il se retrouve le dos au mur des exigences de Bruxelles. En plus la majorité en place n’a pas de relais politiques dans les cellules de base que sont les communes, les intercommunalités, les départements ou les régions. Il n’a aucun poids concret sur la mise en œuvre de ses décisions hormis celui de ses propres services dépouillés au fil des budgets. Là encore la confiance n’existe plus entre population et élus et entre l’Etat et les élus.
Les seules réponses apportées depuis maintenant trop longtemps, se traduisent par des plans, des numéros verts, des annonces et l’octroi de rustines posées sur des chambres à air trouées de toutes parts. L’absence de majorité parlementaire n’arrange pas le fonctionnement au plus haut niveau même si, en dehors de la réforme de l’accession aux pensions, elle favorise des décisions moins dirigistes. De tous cotés la surenchère constitue l’ossature de toutes les expressions politiques ne permettant pas d’asseoir un fonctionnement constructif. La responsabilité en incombe aux institutions de la V° république dépassées car inadaptées au contexte français actuel. Il faudra bien en convenir.
Engluée dans une dette faramineuse conséquence d’un « quoiqu’il en coûte » non-contrôlé, étranglée par la menace de l’augmentation des taux d’intérêt, dévaluée dans le concert international par ses rodomontades déconnectées de ses moyens, rongée de l’intérieur par la montée des communautarismes, la France plonge en eaux troubles. Les fameux « cent jours » qui devaient replacer le pays sur les rails de « l’apaisement » et permettre « l’ouverture de nouveau chantiers », se terminent par un Waterloo. Toute la communication atour d’un potentiel retour de la confiance dans l’État et dans son chef vient de se fracasser à l’entrée de l’été, sur une nouvel écueil !
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« La notion de services publics remplacée par celle de « services privatisés ou délégués au monde du profit».
Dernier service dans le viseur de ces messieurs dames du XIIème, au bord de la Seine(vous voyez ?) : la DGCCRF, ces empêcheurs de magouiller en rond. Comme on ne peut pas dissoudre le service comme une vulgaire association contestataire, on va pour alléger son travail (quelle sollicitude !) confier « certaines missions à des organismes privés et compétents en la matière », c’est à dire que l’on va probablement enlever une belle épine potentielle du pied de certaines industries et entreprises qui pourront truander en toute impunité, gruger et empoisonner allégrement le consommateur. Et au passage, si possible engranger de substantiels bénéfices.
Vous avez dit conflit d’intérêt ? Voyons ne laissez pas vagabonder votre imagination et voir du mal partout !
Et je ne vous parle pas des problèmes liés à l’eau et à l’irrigation que l’on va résoudre avec de beaux projets de lois plus ou moins scélérates (qui mijotent au sénat).
Trouvé dan ma revue de presse (je n’ai pas encore u le temps de lire Le Temps suisse)
https://contre-attaque.net/2023/06/20/paye-par-letat-et-invite-dans-les-medias-pour-propager-lideologie-fasciste/
C’est peut-être hors sujet mais je vous fais tout de même part de cette réflexion:
L’ombre d’un doute
Je suis surpris du traitement journalistique de la narration (qui ne raconte rien…) de l’agression du domicile du maire de L’Haÿ-les-Roses. Tout d’abord, la plupart des médias n’ont pas associé formellement l’attaque à la voiture-bélier aux émeutiers de la banlieue ! Étonnant non ? D’emblée ont-ils des infos qu’ils préfèrent ne pas évoquer ?
Il n’est évidemment pas de mon propos de minimiser les conséquences psychologiques et physiques d’un tel assaut sur la femme et les enfants de ce maire qui était dans sa mairie à ce moment-là. Je me demande juste si la cause réelle ne doit pas en être imputée à d’autres acteurs… L’extrême droite ? Des revanchards des actions litigieuses de monsieur Vincent Jeanbrun ou de ses appels à l’établissement de l’état d’urgence ? L’enquête judiciaire nous en apprendra plus.
Ce qui est certain c’est que la presse mainstream ne parle pas de sa qualité de porte-parole des LR, ni de sa proximité avec Valérie PECRESSE, présidente de la Région Île-de-France – ce qui le distingue du maire à la simple portée locale (ce qui n’excuse rien…)- ni du fait qu’il bénéficie miraculeusement de la perte d’agrément d’Anticor…
« Une enquête préliminaire pour favoritisme a été ouverte en septembre 2021 par le Parquet national financier (PNF) à la suite d’une première plainte d’Anticor, déposée en avril 2021. Sans nouvelle des suites données à cette plainte, Anticor a déposé, fin janvier 2022, une nouvelle plainte avec constitution de partie civile afin qu’un juge d’instruction soit nommé. »
D’après Anticor, les actes de Vincent Jeanbrun seraient constitutifs de délits de favoritisme, d’infraction de détournement de biens publics, de prise illégale d’intérêts et de trafic d’influence. Rien de moins, assurément un bon client !
https://www.anticor.org/2022/02/10/soupcons-de-pratiques-immobilieres-illegales-a-lhay-les-roses-anticor-se-constitue-partie-civile/
Ça n’enlève rien à la gravité de faits mais éclaire d’un jour nouveau l’affaire. Dans la région Ile de France pullulent traditionnellement des « affaires » plus ou moins ….je ne sais comment les qualifier.
Je n’ai pu lire ton propos que ce soir à cause du Tour de France, mais je souscris totalement à ton propos.
C’est une déliquescence organisée au profit du privé et orchestrée par l’Europe depuis 2005 et dont on n’a pas fini de payer les conséquences…
Alea jacta es!
Bonne soirée