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L’aveu implicite de l’arrivée de l’austérité tous azimuts

L’offensive gouvernementale va monter en puissance jusqu’aux vacances. Les rumeurs sur un remaniement rend tous les ministres soucieux de lâcher la bride avec une double pensée : exister et préparer son éviction en savonnant la planche à un successeur. L’opinion dominante va avoir une période de franchise qui avait été dissimulée par la période « reforme des retraites ». Pour celles et ceux qui n’auraient pas lu ces dernières semaines « Roue Libre » et qui n’ont donc pas été informés que nous allons droit vers le précipice de la dette causée par les libéralités croissantes accordées au monde du profit, le réveil va être progressif ou brutal. L’appel du 18 juin 2023 sera celui de l’austérité obligatoire.

Tout le monde y va discrètement de son « plan » pour tenter de remettre à flots les finances publiques qui sont lestées par le refus d’améliorer les recettes par un juste effort de tous. Bien évidemment les premières mesures lancées en pâture aux médias concerneront les plus fragiles ou les plus faciles à ponctionner. Les erreurs accumulées depuis six ans vont être payées cash par le plus grand nombre à travers diverses coupes dans les soutiens solidaires indispensables dans une société plus fracturée que jamais.

Le gouvernement a indiqué avoir identifié « au moins 10 milliards d’euros d’économies » potentielles, essentiellement dans les dépenses d’aide au logement, de la santé et en supprimant les avantages fiscaux des carburants. Et ce n’est qu’une « étape » pour contribuer d’ici 2027 au redressement des comptes dégradés de la France. On a rien vu. Çà va taper dur dans bien des domaines et bien des annonces tonitruantes étalées sur plusieurs années resteront des promesses n’ayant engagé que ceux qui les ont écoutées.

Ainsi les sujets qui avaient été présentées comme essentielles prendront du plomb dans l’aile : l’apprentissage et la formation continue verront leurs crédits diminués en 2024. La mise au travail (totalement illusoire) des titulaires du RSA payés par les Départements remplacera sur le marché du travail ces deux axes pourtant essentiels au moment où les lycées professionnels vont être mis en pièces et où on a promis une indemnité de stage. Le fameux bouclier énergétique ne protégera plus de tarifs mouvants. Ce n’est pas le hasard si le PDG de Total a anticipé en limitant le prix du carburant, histoire d’anticiper et de donner un petit coup de main.

Les transporteurs et les agriculteurs entrent dans la zone de turbulence avec la suppression de leur ristourne sur les taxes liées au carburant. Les aides à l’emploi s’envolent alors qu’elles avaient été présentées comme essentielles. Celles à la construction des logements très discutables mais tout de même incitatives en cette période de pénurie qui ne cesse de progresser. Pour le moment aucun effort n’est demandé au secteur où les profits ne cessent de grimper.

Le pouvoir n’a pas entendu le chef économiste de la Banque centrale européenne, Philip Lane, qui conseille vivement aux Etats de taxer « les hauts revenus ou les industries et les entreprises qui sont très rentables malgré le choc énergétique ». La BCE craint en effet l’accumulation de déficits difficiles à financer et leur effet inflationniste si le soutien à la demande est trop étendu. En France on va gratter sur toute les fameuses « aides sociales » qui pénaliseraient lourdement les équilibres budgétaires.

Bercy envisage de ne plus indexer les minima sociaux, dont le minimum vieillesse, sur l’évolution des prix. La prise en compte du patrimoine dans le calcul de certaines allocations est à l’étude, notamment pour l’Allocation personnalisée pour l’autonomie (APA), destinée aux personnes âgées dépendantes. L’APA pourrait ainsi être re-ciblée sur les publics prioritaires sans que l’on sache ce que ce qualificatif signifie. Quant à l’Allocation adulte handicapé (AAH), il conviendrait de revoir périodiquement le stock de bénéficiaires, et d’inciter à la reprise d’activité. Bercy propose en outre de durcir les conditions d’accès aux APL (Aides personnalisées au logement) et aux bourses étudiantes accordées sur critères sociaux. Tout ça sera susurré avant le grand départ en vacances et la fin des fameux cent jours !

L’austérité touchera par ricochet les collectivités territoriales ligotées par la vaste fumisterie politicienne de la perte de leur autonomie fiscale. Elles ne seront donc pas exemptées d’efforts, mais le feront au même titre que l’État et pour investir elles seront incitées à ne pas emprunter… Bon courage aux élus locaux quand on sait qu’en 2024 leur autofinancement sera maigre voire négatif en raison de l’augmentation des dépenses de fonctionnement à périmètre constant. On va payer lourdement une gestion déconnectée de toutes les réalités économiques et sociales.

Cet article a 9 commentaires

  1. J.J.

    Et si on soufflait à l’homme au col roulé l’idée (personne n’y a sans doute pensé.. ) de rétablie l’ISF ? C’est pas un bon projet ça ?

  2. christian grené

    Bonjour J.J.
    L’ISF, késako? Ne serait-ce pas l’initiation à la science-fiction?

  3. Laure Garralaga Lataste

    AUSTÉRITÉ… voilà un « gros mot' » que je ne souhaite à personne… !

  4. facon jf

    Bonjour,
    avis de tempête sur le pouvoir d’achat des plus pauvres il va falloir s’accrocher.
    La bataille des retraites était en fin de compte une guerre d’attrition . En termes Militaire c’est une guerre au cours de laquelle la stratégie consiste à user d’abord les forces et les réserves ennemies. En épuisant les forces combatives défendant le fort en ruines du droit du travail, les stratèges des classes dominantes dégagent la route vers le libéralisme débridé.
    Les nuages s’accumulent à l’horizon le vent se renforce et fraîchit annonçant des temps difficiles. La menace vient du ciel Bruxellois en premier lieu, les Européens s’affrontent sur les futures règles budgétaires de la zone euro. Réunis à Luxembourg, les vingt-sept ministres des Finances de l’UE doivent entrer vendredi dans le vif du sujet des normes de dette et de déficit révisées, censées entrer en vigueur en 2025. Suspendus depuis la pandémie, les anciens « critères de Maastricht » du pacte de stabilité et de croissance sont caducs. Leur réforme est un serpent de mer depuis plusieurs années. La Commission est pressée d’aboutir cette année. Mais, alors qu’elle escomptait un consensus autour de ses propositions dévoilées en avril après de longues consultations, les divergences s’accroissent entre États membres, en particulier entre la France (111 % d’endettement) et l’Allemagne (66 %). La question est comment parvenir aux critères chéris par nos « amis » Allemands ? 60 % du PIB pour la dette et de 3 % du PIB pour le déficit le chemin tracé par les Teutons réclame un critère chiffré strict de réduction de la dette de 1 point de PIB par an, pour les États qui ont un déficit supérieur à 3 %. Réduire la dette de 1 % chaque année, c’est pour la France qui en a accumulé pour 3 000 milliards, mettre environ sur la table 30 milliards d’euros de côté en plus d’un budget qui serait parfaitement équilibré. Défense de rire !!
    Pour le dire autrement alors que nous avons un déficit budgétaire de 125 milliards d’euros en 2022, il faudrait 155 milliards d’euros d’excédents, car réduire la dette en faisant d’autres dettes ce n’est pas réduire la dette.
    155 milliards c’est tout simplement impossible à trouver.
    En attendant les premiers coups de « feuille de boucher » s’abattent sur le budget de la sécu en prétextant les abus commis par les vilains assistés paresseux.
    Le gouvernement acte la fin du « quoi qu’il en coûte ». Le ministre de l’Économie Bruno col-roulé Le Maire a profité ce lundi des assises des finances publiques pour détailler sa feuille de route ces prochains mois. Objectif : redresser des comptes dégradés par les crises successives. Selon le ministre, « au moins 10 milliards d’économies » ont été identifiées pour redresser les finances publiques d’ici à 2027. »
    Bien évidemment tout sera fait pour épargner les plus riches, seuls les plus pauvres passeront à la caisse. A preuve les annonces de taxation des concessions d’autoroutes cachent mal le rapport d’enquête de l’Inspection Générale des Finances (IGF) sur les profits mirobolants des concessions autoroutières. Un rapport vite enterré par le grand mamamouchi de Bercy. Les rapporteurs préconisaient une baisse des tarifs des péages de … 60% ou encore la fin des concessions en 2036 pour Vinci et Eiffage !! La rentabilité mesurée atteint 12% alors que la valeur attendue lors de la privatisation en 2006 ciblait 7.67% . Autrement dit 55 milliards de profits supplémentaires transvasés directement de la poche des usagers autoroutiers dans les poches de Vinci et Eiffage !!
    Pas grave !! les concessionnaires vont faire une ristournette aux usagers payant avec chèque vacances le péage … Sous vos applaudissements .
    Lisez ceci c’est édifiant sur le niveau de corruption sur ce sujet https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/secrets-d-info/autoroutes-l-histoire-secrete-des-privatisations-3448579
    Et je ne vous ai pas parlé de l’immobilier, je ne veux pas vous saper le moral.

    bonne journée

    1. facon jf

      petit complément Les haches de boucher que l’on appelle également feuille de boucherie permettent de couper facilement les morceaux de viande au niveau des articulations ou couper directement avec les os.
      Faut qu’ça saigne
      Faut qu’les gens aient à bouffer
      Faut qu’les gros puissent se goinfrer
      Faut qu’les p’tits puissent engraisser
      Faut qu’ça saigne
      Faut qu’les mandataires aux halles
      Puissent s’en fourrer plein la dalle
      Du filet à huit cents balles
      Faut qu’ça saigne

      Les Joyeux Bouchers
      Chanson de Boris Vian

  5. LAVIGNE Maria

    L’austérité c’est pour les petits, ceux qui ne sont rien, les sans dents, les nantis ne seront pas impactés par les mesures anti-sociales

  6. Alain.e

    Après les trente glorieuses , les trente piteuses , les trente déprimantes sans doute ….
    Ce monde ne tourne pas rond , et je le prouve
    https://www.science-et-vie.com/nature-et-environnement/le-deplacement-de-laxe-de-rotation-de-la-terre-serait-du-a-une-extraction-accrue-des-eaux-souterraines-106540.html
    On est mal chef , et l’ homme en est aussi responsable …
    Austérité , le tournant de la rigueur en 83 pour la gauche , toujours les mêmes mots pour les mêmes maux, l’ histoire bégaie , et qui pour nous faire un peu rêver , ne croyant pas aux miracles , je dirais personne .
    Cordialement

  7. J.J.

    Après les trente glorieuses ,???? Tout est relatif, pour certains peut être. Pour moi, le plus positif des Trente glorieuses (je n’ai pas beaucoup d’ambition ), ça été la possibilité de monter en remplacement de la cabane au fond du jardin par un « buen retiro  » à l’abri des murs, la construction d’une salle de bains, et une chambre chauffable. Et c’était déjà pas mal , c’est vrai

  8. MOULINIER

    Les chiffres records du CAC 40 pour l’année 2022 contrastent quelque peu avec le quotidien des Français, minés par l’inflation et la crise de l’énergie. L’an dernier, les quarante entreprises cotées en bourse ont redistribué à leurs actionnaires 80,1 milliards d’euros de dividendes et de rachats d’actions, selon la lettre financière Vernimmen, un montant « au plus haut historique » depuis ses publications en 2003.
    Un petit 10 % de prélèvement ,cela les auraient-ils ruinés??
    Ensuite depuis 2007 ma fin d’activité, à ce mois de mai 2023, 28.2% d’inflation!
    Les retraité.es sont de plus en plus pauvres:
    -13%ont recours à des associations caritatives,à des magasins de déstockage pour se nourrir.
    -22 % renoncent à des soins et 49%à des dépenses telles que la culture,les sports, les loisirs.
    -33% accèdent difficilement aux transports urbains et l’écart se creuse dans les zones rurales.
    Malgré cela qu’il était maigrelet notre rassemblement du 15 juin place Gambetta.

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