Selon la fameuse chanson d’Aznavour « la misère serait moins pénible au soleil ». Une affirmation qu’il est bien difficile d’admettre car justement le réchauffement de la planète fragilise les ressources alimentaires et les guerres larvées ou ouvertes accentuent la détresse des peuples. Chez nous une évolution aurait permis au chanteur dans son « invitation au voyage » d’affirmer que la misère est moins pénible en ville qu’ailleurs. Tous les constats convergent mieux vaut en effet vivre dans les zones urbaines que dans le milieu rural.
Selon le Centre de Recherche pour l’Étude et l’Observation des Conditions de vie (CREDOC) la hausse de la précarité alimentaire s’est accentuée à la fin de 2022 et 16 % des Français soit plus de dix millions d’habitants ont déclaré ne pas manger à leur faim. La première cause de cette situation qui s’accélère reste l’inflation ayant des conséquences imprévues. Contrairement à l’idée couramment répandue bon nombre de foyers ou de personnes seules en difficultés financières vivaient à la limite de leur ressources avant que les prix s’envolent. Pour eux l’accès aux produits les moins chers était déjà difficile et ils se moquent pas mal de la « querelle » sur les grandes marques. Jeunes, moins jeunes et plus encore retraités ne peuvent en effet plus acheter les fameux « premiers prix » dans les grandes surfaces ou les supermarchés.
La grande majorité des précaires de villes ont de multiples solutions solidaires pour accéder à de la nourriture ou des services sociaux en quelques minutes. Il n’en est rien dans la ruralité. D’abord les prix pratiqués dans la très grande majorité des moyennes surfaces sont nettement supérieurs compte tenu de la taille du commerce. Ensuite l’absence de solution de mobilité isole davantage des personnes en difficulté qui vivent isolées ou recluses et donc l’accessibilité des lieux d’entraide reste problématique.
Le réseau des Restos du cœur, les antennes de la banque Alimentaire ou du secours Populaire sont rares et manquent dangereusement de bénévoles et donc de moyens. Enfin en zone rurale les centre Communaux d’Action Sociale n’étant pas obligatoire dans les communes de moins de 1 500 habitants les soutiens n’existent pas du tout. Le problème du déplacement est aggravé par la disparition des commerces de proximité et par le surenchérissement de certains produits comme le pain quand il est encore porté à domicile. La faiblesse du niveau des retraites agricoles rend la précarité toujours plus dure quand il faut assumer le coût des carburant pour aller vers tous les services de première nécessité.
Parfois chassés des villes par le coût des solutions de logement et plus encore leur rareté, les néo-ruraux (beaucoup de familles mono-parentales) rejoignent le tissu social précarisé des « installés ». On retrouve donc de plus en plus en plus dans les campagnes ou les gros bourgs qui restent structurants des personnes qui se sont retrouvées avec de petites ressources après une rupture, des agriculteurs, des aides à domicile qui gagnent très peu, des travailleurs précaires qui cumulent les contrats courts, des personnes en invalidité professionnelle, des gens ayant cru qu’ils seraient plus heureux loin des métropoles et n’ayant pas mesuré le surcoût des déplacements domicile-travail.
Facteur aggravant de cette pauvreté : le non-recours aux aides sociales. Certaines personnes ne perçoivent aucune aide ou n’ont pas fait de demande de CMU, car elles n’ont pas d’ordinateur ou éprouvent de la gêne à demander un soutien Les précaires ruraux se retrouvent le plus souvent seuls face à leurs difficultés et ils s’enfoncent inexorablement dans une forme de misère secrète.
Il faudrait déployer d’autres moyens avec le soutien des grands distributeurs comme des «épiceries solidaires itinérantes » puisque les commerçants ayant irrigué les campagnes durant des années 50 à 80 ne reviendront plus. Des sortes de « drive » inversés ! Les services d’aide à domicile pourraient être encouragés à mettre en œuvre cette distribution d’intérêt collectif sur la base des prix déjà trop élevés des grandes chaînes de distribution. Un partenariat expérimental avec La Poste (Colissimo) déjà contrainte de se déplacer dans les villages pour porter des colis de la ventre via internet ne constituerait pas une hérésie.
Pour le moment selon le CREDOC 41 % des personnes aux faibles revenus n’ont pas eu d’autre choix que de restreindre leur budget alimentation lors de la deuxième moitié de l’année 2022. Pour beaucoup d’eux, l’insuffisance de nourriture coexiste avec l’impression de rogner sur la qualité des aliments. Premières victimes de cette situation : les femmes, les plus jeunes (24 % des moins de 25 ans) et les personnes au chômage. Ces dernières « cumulent souvent d’autres formes de fragilités, notamment vis-à-vis de leur santé ou de leur logement. Ils n’ont même plus en campagne les mésanges et les rouges-gorges, les récoltes dans les champs ou le bois pour se chauffer.
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Et il y a des populations encore plus misérables qui risquent leur vie et leur liberté à traverser des mers et des contrées inhospitalières pour tenter de trouver une amélioration à leur situation.
Pauvre monde.
C’est ça le progrès que l’on nous vante tant ?
@ à mon ami J.J.…
Une proposition à ta suggestion : « il y a des populations qui risquent leur vie et leur liberté à traverser des mers et des contrées inhospitalières… » L’expérience vécue par ma famille me pousse à répondre positivement !
Résultat de ma revue de presse quotidienne et matinale. Complétement hors du sujet, comme d’habitude, sinon de l’actualité. N’entend qu’une cloche….
https://www.vududroit.com/2023/05/russie-occident-lautre-guerre-de-100-ans-premiere-partie/
à mon ami J.J.…
De retour sur nos échanges, ma proposition de réponse est…
N’entend qu’un son…