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Les cèpes dans toutes les têtes chercheuses

Dans chaque homme installé sur le terrasse du Bistrot des Copains depuis quelques temps, il y a un chercheur de cèpes qui sommeille. Entre quelques considérations sur l’actualité, la situation climatique et ses conséquences sur la « pousse » entrent inévitablement dans les conversations. Entre espoir et résignation, entre vérité et esbroufe, entre prévision et analyse, le dialogue d’une table à l’autre porte sur les constats du jour ou les récoltes potentielles. La température ambiante actuelle n’incite guère à l’optimisme mais on veut y croire! 

De l’aveu de Jacques, un « expert en cépologie », les chances de se vanter d’une récolte exceptionnelle restent très minces. « Il y en a, dans les endroits que je connais, un par ci par là…chez nous. Ailleurs je ne sais pas! Le sol est prêt mais les nuits sont trop froides. La lune monte et il faudrait que le soleil se montre trois ou quatre jours. J’irai demain matin voir quelle est la situation ! La lune sera pleine dimanche! » Il déguste, fait assez rare sur cette terrasse, un Armagnac avec le soin que cet alcool requiert ! Bien entendu, un « taiseux » sur ses performances en cueillette hausse les épaules. Un autre s’exprime.

« Tu ne sais pas les chercher. Moi en une demi-heure j’ai trouvé une quinzaine de girolles et une belle poêlée de cèpes. Tu es myope où tu ne vas pas aux bons endroits... chambre André. J’en trouve et tu viens avec moi tu en trouveras. » L’attaque est rude. Jacques avale un gorgeon de son Armagnac. « Je me méfie car j’en connais un qui quand il en trouve trois ou quatre met une photo trouvée sur Internet pour flamber mais ils ne sont pas meilleurs que les autres. » La réplique n’ébranle pas le donneur de leçons.

Jacques joue la carte de l’honnêteté. « C’est vrai que je n’ai pas trouvé une seule girolle cette année. Je ne dois pas chercher dans les bois où elles poussent. Je n’en ai mangées qu’une seule fois. Je ne sais pas pourquoi… » En fait contrairement à certains des habitués de la terrasse, il n’est cueilleur que pour sa propre consommation. Pour justifier la faiblesse de sa production il cite le plus célèbre des chercheurs locaux : « même ‘Toye’ qui est passé ce matin n’a trouvé que quelques vieux ! » Une manière d’échapper aux moqueries du reste des habitués. Il a laché la réference! 

Il est cependant difficile de déterminer quelle est la part de bluff dans ce dialogue. Les touristes de passage écoutent attentivement ces propos codés sans toujours en comprendre la portée. Ainsi André en rajoute pour la galerie. « Moi je me suis acheté plusieurs dizaines de mètres de tuyau pour arroser sur mon terrain les endroits où j’ai déjà trouvé des cèpes !  ca marche. » Il laisse accroire que la pousse s’effectuerait ensuite à las eule force du bolet…et qu’il suffirait de récolter sans effrots. Le doute s’installe dans certains esprits. Serait-il possible que quelqu’un, devenu alchimiste- mycologue, ait trouvé la formule magique pour éviter les longues quêtes infructueuses dans les sous-bois ? Les indigènes savent que si une sardine a bouché un jour le port de Marseille, les cèpes ont submergé les cageots. 

Ce type de « confidences » porte atteinte au statut de l’authentique « chercheur de cèpes » en démystifiant ses réussites. Jacques n’apprécie guère. Lui en plus de son instinct que l’on prétend transmissible par les gênes, a dû en effet acquérir, grâce à une longue expérience, la connaissance du terrain. Ces fameux « replats » dont on garde parfois jusqu’à son dernier souffle la localisation. De longues études s’avèrent esnuite nécessaires. Être dans la lune et ses montées et ses descentes ; savoir jauger l’humidité en rapport avec l’ensoleillement ; posséder une vraie connaissance des arbres et de la flore ; décoder la météo à moyen terme ; apprécier la nature des sols : autant « d’unités de valeur » que Jacques possède et qu’il n’exhibe pas. L’université de la vie naturelle et simple, lui a permis de décrocher une notoriété concrète que tous les plus prestigieux diplômes ne donnent pas.

« Je pense que d’ici la fin de la semaine il y en aura sans tuyau d’arrosage lance Jacques en insistant. Il se tourne vers moi et ajoute pour que tout le monde entende : je lui en porterai pour le prouver ! » Me voici juge de paix dans un conflit entre occupants de la terrasse. Un arbitrage pas très facile puisque je serai destinataire d’un « pot de cèpes » peu conforme à l’éthique mais j’en accepte les risques tellement ma passion pour ce champignon est présente en moi depuis que je marche. « N’achetez pas des douzaines d’œufs pour l’omelette ! » lance André. Un briseur de rêves à moins que ce soit lui le vrai spécialiste !

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Cet article a 3 commentaires

  1. GRENE CHRISTIAN

    C’est pas beau, laid.
    Autrement dit: cèpe à bolet.
    Bye! J’ai rendez-vous au marché de Créon et va falloir que j’appuie sur le champignon!

  2. Laure Garralaga Lataste

    Je confirme : ce mois d’août n’est pas propice à une récolte historique ! Dans le replat de mon jardin bien protégé, c’est trop sec et ces nuits d’août sont bien « frisquounettes »… ! Souhaitons que septembre les radoucissent… Juste pour pouvoir faire une omelette !

  3. Philippe Conchou

    Aucune chance de trouver des cèpes, pas assez d’eau récemment.
    Par contre nuit froide est plutôt favorable à condition que la journée soit assez chaude.
    C’est le delta négatif de température qui favorise la pousse, à condition d’avoir 40 à 60mm de pluie une dizaine de jours avant.

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