Irène et Jacques installés à l’un des tables de pique-nique de la terrasse du Point relais vélo de Créon goûtent à un repos qu’ils estiment bien mérité. Garés à coté d’eux sous les tilleuls deux bicyclettes bleues exceptionnelles. Des tubes « costauds » qui affoleraient n’importe quel coureur luttant contre la montre servent d’ossature à ces montures à dompter à la force du jarret car les mollets paraissent insuffisants. L’un d’eux montés sur des pneus à tordre les boyaux des adeptes de la légèreté, inspire la stabilité. Le tricycle avec malle à l’avant a des allures de malle-poste. Il appartient à Jacques.
« Vous n’allez pas le croire précise-t-il devant le regard étonné de l’observateur mais il y a dix jours je ne savais toujours pas monter à vélo. J’ai nettement plus de soixante ans et je n’avais jamais pu surmonter mon appréhension de la chute. Lors de mes débuts et alors que mon père avait lâché la selle j’avais effectué une vingtaine de mètres pour tomber lourdement en m’apercevant que j’étais seul. Depuis pour moi le vélo c’était impossible ! » Il a donc demandé un engin robuste, stable et sécurisé pour reprendre la route.
« Nous sommes partis il ya six jours d’Agen pour nous rendre à Bordeaux. Nous effectuons notre première sortie ajoute celle qui possède une bicyclette plus traditionnelle mais visiblement construite par le même artisan. Je vous avoue que si elle est solide je la trouve lourde depuis le départ. Je dirai même très lourde. ». La halte créonnaise est donc justifiée pour un couple qui a accompli d’une traite le tronçon venant de Sauveterre de Guyenne. Même très peu pentue la piste ne cesse de montre… et use le morale. Ils ont tous deux beaucoup apprécié cette partie du trajet.
« Les trois premiers jours le long du canal latéral et ensuite entre Marmande et la Gironde nous avons eu droit aux champs de tournesols et au colza. J’avoue que c’était un peu monotone. Et depuis La Réole nous avons enfin traversé les vignes et je trouve les paysages plus attractifs. Par contre entre Castets en Dorthe et Sauveterre dimanche sous la pluie et les petites routes on a souffert ! » Il n’a pas de voyage qui ne comporte pas sa dose d’imprévus et d’aventures et pour eux elle s’est trouvée sur les collines et les vallées d’Entre Deux-Mers pris dans le sens Sud-Nord. « Il nous a fallu une bonne côte de bœuf hier à midi pour nous redonner de l’énergie » explique Irène.
Sur le banc son compagnon d’infortune vélocipédique tente de maîtriser sa jambe droite ayant du mal à récupérer des efforts consentis. Allongée ou pliée, elle a besoin de se détendre comme si elle était impatiente d’en finir avec le supplice du triporteur à pédales. « Nous avons heureusement réservé l’hôtel pour cette nuit. Une bonne douche effacera la fatigue et la douleur. Nous appelons la veille de notre arrivée car nous avons choisi sur le parcours des chambres d’hôtes… pour le contact et le partage » ajoute Irène jouant de toute évidence le rôle de capitaine de route.
Les cadeaux rafraîchissants des cieux ont été très peu apprécié. « Vous n’allez pas le croire explique-t-elle en souriant mais je viens de photographier le ciel bleu de Créon pour l’envoyer à nos proches ! Ça fait tellement de bien de voir le soleil et le ciel bleu que je n’ai pas pu résister. » Ils attendent donc sagement sur une table vénérable l’heure de regagner l’hôtel. « Nous avons été surpris en effectuant un tour dans le centre de Créon. Le lundi tout est fermé comme si personne n’avait besoin de déjeuner ou boire un coup ! On est en pleine saison touristique et c’est assez surprenant ! » Pour Jacques qui a été cadre territorial en Provence cette situation nuit à la qualité de l’accueil que les nouveaux voyageurs au long cours des pistes cyclables de plus en plus nombreux.
Ils ont été impressionnés par le nombre de familles avec enfants qu’ils ont croisées. Les équipements de plus en plus sophistiqués les ont également impressionnés. « Nous avons effectué beaucoup de rencontres dont celle d’un cycliste plus âgé que nous qui bouclait en rentrant à Toulouse un vrai Tour de France de plus de 3000 kilomètres ! Impressionnant ! Pour nous effectuer Agen-Bordeaux en une semaine c’est déjà un exploit alors une telle distance je prends conscience de ce que ça représente » D’ailleurs jacques précise que « le retour s’effectuera en train ! » On lui pardonnera pour un sexagénaire avancé effectuant ses débuts sur trois roues après avoir échoué sur deux, car c’est déjà un exploit que d’avoir parcouru plus de 150 km quand il n’avait pas dépassé une dizaine de mètres dans toute sa vie ! Une sacrée revanche !
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Attention au relâchement… !
(un des tables, garés… deux bicyclettes, l’un d’eux montés, la piste… de montre… est use le morale)
J’arrête là ces réflexes de vieille institutrice… Souriez, vous êtes filmé (e) !
« Vaillance et Courage » sont deux autres mamelles des Français…
Bonjour !
MERCI Madame ! ! ! ! !
Respectueusement.
Un bonjour particulier à Laure qui n’aura sans doute pas vue l’anagramme de repêchage envoyée tardivement hier soir.
A propos de repêchage – je sais que notre amitié n’en sera en rien altérée – JMD est comme ces drôles de paroissiens, qui pêchent à la ligne tandis que, lui, il a tendance à tirer à la ligne ces derniers jours.
Revenons au sujet. Je propose à Irène et Jacques de rallier Saint-Laurent/Sèvre en tricycle… Amen!
L’homme de foi s’appelait M. Maire.
Tu me remets en selle (c’est le cas de le dire) des souvenirs charentais, lorsque j’étais salarié agricole (année culturale 58-59) dans une ferme (canton de Villebois-La Valette). Mon patron m’avait dégotté dans un grenier un vieux (très vieux assurément !) vélo de course. Pas de dérailleur, un guidons bien recourbé mais pas de cocottes. Le tout en acier trempé, je ne te dis pas le poids. Le fils d’un maçon au village s’était inscrit dans un club cycliste d’une ville voisine (je ne sais plus si c’est Villebois, Maganc-La Valette ou Montmoreau. Il avait un magnifique (pour l’époque) vélo de course. Et avec un autre jeune du village doté d’un beau cyclo-routier, si mes horaires me le permettaient le dimanche (je terminais la traite, le soin aux bêtes ou la sortie au pré et le nettoyage de la vaisselle laitière vers 7H-7H30, puis déjeunais et me douchais et à 17H retour pour rentrer les vaches ou bien refaire les litières, puis traite du soir…), nous partions accompagner le jeune coureur à son club ou à un entraînement individuel. Je ahanais, je coulais littéralement, j’en arrivais à zigzaguer au point qu’un jour une voiture m’a projeté dans le fossé, mais en douceur… J’ai acquis là des mollets d’acier (très très vieux souvenir !!!…) et des bras musculeux (très très vieux… bis !!!…).
@ à notre « revenant » Bruno : BONJOUR !
Je savais que nous avions des points communs… mais je viens d’apprendre que, comme moi, tu gardais les vaches et faisais la traite, Alors que toi, c’était seulement le dimanche ! Moi, pendant les grandes vacances c’était tous les jours… même qu’un jour, j’ai eu le droit d’assister à un vêlage… Impressionnant pour une gamine de 13 ans…
C’était tous les jours. J’étais salarié et avais en responsabilité le troupeau laitier et un tracteur. Donc traite 7/7 (lever 4H30, début traite et soin aux bêtes, y compris alimentation des veaux puis vaisselle laitière. Tous les jours traite du soir et soins aux bêtes. J’avais en plus à part u jeune taureau limousin, assez agressif… mais il y avait avec moi une relation quasiment affective (qui un jour a bien rendu service à un journalier de la ferme).
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