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Grèce et Portugal : les destins croisés

La Grèce a retrouvé une part de son indépendance virtuelle depuis que les organismes financiers ont cessé de le mettre officiellement sous tutelle en raison des dangers qu’elle fait peser sur les « retraités » allemands et les banques ayant consenti des prêts antérieurs à des taux prohibitifs. Sous perfusion, la Grèce sort de ce carcan de manière théorique puisqu’il lui faudra continuer à appliquer la politique d’austérité décrétée hors de ses frontières. Un contrôle de sa situation aura lieu tous les trimestres et la dette est repoussée de quelques décennies sans que quiconque soit capable d’affirmer que son remboursement sera possible. Pour l’instant près la faillite fin 2009, la Grèce a fait l’objet de trois plans successifs en 2010, 2012 et 2015 au cours desquels il a perçu la bagatelle de 289 milliards d’euros du FMI, de l’Union européenne et de la Banque centrale européenne.
La crise financière mondiale de 2008 causée, mais on l’a oublié par la faillite de la banque Lehman Brothers a plongé les emprunteurs grecs dans une situation quasiment désespérée. La situation économique s’est alors considérablement affaiblie pour devenir catastrophique générant une vraie pénurie de prêteurs pour… prêter afin de rembourser des prêts souvent effectués par eux-mêmes. Une histoire su serpent qui se mord la queue pour finalement devenir prisonnier de lui-même en perdant toute indépendance. Athènes n’a vite plus été capable de trouver les financements nécessaires, l’obligeant à avoir recours aux institutions internationales et se livrant ainsi pieds et poings liés à des financiers destructeurs de tout le tissu social pour des fautes commises par des gens issus des organismes souvent responsable de la « faillite ».
 La crise de la dette en tant que telle a ensuite débuté en octobre 2009, lorsque le nouveau gouvernement socialiste élu a révélé que le déficit budgétaire du pays était trois fois plus élevé que le chiffre officiel annoncé par le précédent gouvernement conservateur. Un sauvetage financier a alors été mis en place par l’Union européenne, le FMI et la BCE en échange de mesures d’austérité drastiques, provoquant de violentes émeutes à Athènes. Des mesures terribles ont été prises dans tous les secteurs de la vie sociale (retraites, fonctionnaires, santé, impôts..) et tous les biens que possédait l’État ont été bradé pour faire du « liquide ». Désormais la Grèce ne vit réellement que de l’agriculture et du tourisme et se retrouve donc tributaire du pouvoir d’achat non pas de ses habitants mais des acheteurs étrangers ou des visiteurs venant majoritairement du reste de cette Europe qui la met à genoux.
Dans le même temps le Portugal a refusé de se plier au diktat de la BCE et du FMI. Là encore le pays était lui aussi au bord de la faillite en 2011. il a fallu d’urgence renflouer les caisses avec là encore en contre-partie des décisions pas faciles à faire accepter : deux mois de salaires supprimés aux fonctionnaires, même chose pour les retraités. Les carrières bloquées, les investissements stoppés, les services publics touchés de plein fouet…avec comme corollaire une perte drastique du pouvoir d’achat pour les classes moyennes. Par contre sont arrivés 78 milliards de ces prêteurs qui n’ont pas longtemps mis leur nez dans les affaires portugaises car les élections législatives il y a trois ans ont permis une coalition de gauche décidée à mettre fin à l’austérité. Et elle la fait.
En redonnant, même modestement du pouvoir d’achat grâce au rétablissement des salaires amputés des fonctionnaires et des retraités en consentant un petit coup de pouce du salaire minimum le gouvernement n’a pas fait de miracle mais a simplement redonné la confiance.
L’apport de nombreux « résidents permanents » venus de pays plus riches et dotés de moyens financiers convenables, le formidable investissement dans les énergies renouvelables qui a diminué la facture du commerce extérieur ( l’énergie électrique produite par les renouvelables a dépassé la consommation du pays)., les rentrées des expatriés et l’arrivée de 150 000 migrants vite intégrés dans l’économie réelle ont consolidé cette « relance » qui n’a jamais été vraiment autorisée (et qui ne le sera pas!) en Grèce. Résultat : taux de croissance à 2,6 % et chômage n’atteint plus que 7,8 % ! Pas de solution miraculeuse ayant rétabli la situation antérieure mais une autre approche de la solution à la crise et une vraie indépendance à l’égard de Bruxelles imposée aux autres !
La Grèce desserre provisoirement les liens financiers quand le Portugal est devenu le meilleur élève de la zone euro avec un déficit budgétaire qui tend vers le zéro (rappelez moi de combien ile st en France!). A Lisbonne on a cependant une inquiétude : ce résultat est obtenu avec une politique exactement à l’opposé de celle de Merkel et macron dans tous les domaines ! Et c’est idéologiquement inadmissible !

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Cet article a 8 commentaires

  1. Philippe LABANSAT

    Qui ose s’affranchir du totalitarisme planétaire ? Qui choisit de s’y engouffrer ?

  2. LAVIGNE Maria

    Là où il y a une volonté, il y a un chemin… Quand allons nous nous débarrasser de ces parasites qui vivent en suçant le sang des peuples ? Ces prédateurs feraient bien de réfléchir car à force de tirer sur la corde, elle finit par casser mais en causant des dégâts. Chez nous, Jupiter et ses sbires feraient bien d’ouvrir les yeux. Il est clair qu’il a été payé d’avance pour faire le sale boulot

  3. Alain .E

    Euh , oui bien sur , mais les cadeaux fiscaux aux retraités français entre autre , qui s’ exilent et ne consomment plus en France , est ce bien moral ??
    les prix de l’ immobilier qui flambent et qui font que le retraité portugais ne peu plus louer à Lisbonne , est ce bien heureux??
    toute solution amène un lot de nouveaux problèmes à priori ……

    1. Elie Arié

      Heureusement ! Sinon, que la vie serait ennuyeuse !
      Et puis: comment être  » de gauche  » s’ il n’y a plus de classes défavorisées ?

  4. bernadette

    La crise de la dette quelle histoire !.
    Ce qui pour moi est grave, c’est le logement indigne et insalubre qui ne profitera pas aux locataires pauvres mais aux proprietaires.
    Qui va payer tous ces travaux ? Quels en seront le contenu des marches negocies ? avec qui ?. Je veux bien croire que la loi apportera si elle est votee une avancee mais c’est incertain pour les occupants actuels. Ces occupants vont ils devenur des SDF ?

  5. jacques

    Effectivement un même constat pour deux solutions différentes. Même constat pas tout à fait ! La dette grecque en 2009 126.7 % de son PIB, celle portugaise 83.6 (France 78.9) mais avec un régime fiscal qui marche. Les grecs sont les rois de la tricherie fiscale depuis que l’impôt existe, avec l’aval de leurs gouvernants qui n’hésitent pas à montrer l’exemple. Des secteurs exempts d’impôts (armateurs) n’ont pas été touchés ou à la marge pour redresser le pays mais les petites gens oui. Les portugais sont beaucoup plus intègres en matière fiscale. Mais la dette grecque est détenue en grande partie par l’Allemagne et la France et ces derniers avaient tout intérêt à ce que le feuilleton dure pour pouvoir faire des bénéfices sur la misère des peuples. Même le « très social » FMI, a dit que la Grêce était maltraitée par l’Europe. Malgré cela les entreprises allemandes sont devenues propriétaires à bas coût de pans entiers de secteurs économiques grecs, les françaises ne sont pas en reste.
    De plus au niveau des gouvernants nous avons un dirigeant grecs venu de la gauche radicale qui s’est carrément couché devant les ultras libéraux de Bruxelles et de l’autre un gouvernement socialiste qui lui fait passer son peuple avant les affairistes. Dans les deux cas le peuple a souffert mais les portugais ont encore l’espoir d’un monde meilleur alors que les grecs n’ont que l’exil (projection 2060, les grecs perdront près de 2 millions d’habitant du à l’exil des jeunes). Heureusement le gouvernement portugais ne se revendiquait pas d’un social ultra libéralisme de bas étage! Si Hollande avait eu le courage ou bien seulement l’honnêteté d’appliquer le programme sur lequel il avait été élu (vous savez « l’ennemi c’est la finance, il faut une réforme juste de la fiscalité..etc. ») Macron n’existerait pas, et la droite la plus conservatrice ne gouvernerait notre pays (Vous savez toujours plus de pognon pour les premiers de cordée, rien pour les premiers de corvées).
    Même si Sarkosy fut le président des riches et Macron des très riches selon Hollande, ce dernier fût tout de même celui des très bien lotis et des dirigeants d’entreprise blindés. A quand un président solidaire de tous les français du plus petit au plus grand et pas l’inverse. Malheureusement l’horizon est toujours vide d’individus désintéressés….

  6. faconjf

    @ Jacques je ne suis pas trop d’accord avec vous sur l’exemplarité des Portugais vs les grecs. J’étais au sud de Portugal en 2017 et en Crête en 2016, aucun problème pour régler avec la carte de crédit en Grèce mais paiement quasi systématique en liquide au Portugal ma carte internationale ne passait pas … Sauf si je n’avais pas assez de liquide où là miraculeusement ça refonctionnait !
    J’ai de très bons amis au Portugal et les soit disant largesses du gouvernement n’améliorent pas de façon sensible la situation des Portugais modestes.
    Quand aux politiques Français désintéressés … Il faudrait déjà songer à bruler l’ENA pour sortir du mythe de la fabrique des élites intellectuelles de la France.
    Il ne faut pas compter sur ceux qui ont crée les problèmes pour les résoudre ( A. Einstein).

    1. François

      Tout à fait d’accord pour l’ENA @faconjf ! Marchez devant, je vous suis … à dix longueurs ! ! !
      Cordialement

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