L’examen du budget de l’État avec sa composante sécurité Sociale ressemble fortement à une représentation théâtrale du plus mauvais goût. Les invectives, les positions hypocrites, les entourloupes politiciennes et les trahisons, les lâchetés ou les effets du je je-m’en-foutisme le plus honteux marque les débuts de cette législature. Dans le contexte actuel l’Assemblée nationale donne une image de la démocratie représentative extrêmement dangereuse pour la démocratie qu’elle prétend représenter. Le premier fléau est celui de l’absentéisme. Il est dramatique parmi certains groupes car il dénote un irrespect absolu des valeurs que leurs membres son sensés défendre.
« Les seuls qui sont omniprésents sont ceux du rassemblement nationale » confiait un député du bord opposé. « Ils sont entre 70 et 80 en permanence dans l’hémicycle et ils jouent à constituer des majorités sur des sujets pouvant leur permettre de renforcer leur communication vers des secteurs sociaux à conquérir ou à conforter. » Même au sein du NFP il n’y pas la même assiduité. Et un constat s’impose : les maître du Palais Bourbon sont les députées RN. Ils naviguent politiquement à leur guise dans les méandres du fleuve budget. C’est le premier constat.
Depuis des jours c’est donc open bar pour les modifications du texte budgétaire initial. Seuls quelques parlementaires soutenant la minorité n’ayant aucune majorité s’opposent pour la forme (quand ils ne votent pas pour) à des modifications proposées par le NFP ou le RN. Cette attitude reflète un désintérêt absolu pour des débats n’ayant aucune utilité. En effet ils ont été avertis que le vote final du texte budgétaire se serait par le 49-3 et ils savent que les motions de censure n’ont aucune chance d’aboutir. Donc le « socle commun » se fissure de toutes parts et le chacun pour soi reflétant l’évolution du pays (1) joue à plein.
Les députés de Droite et de la Droite se prétendant du centre ont abandonné le palais Bourbon pour travailler leurs circonscriptions puisque une nouvelle dissolution est déjà programmé pour dans un an. Le fameux bouclier anti-Rn appartenant au passé il est préférable de ratisser le terrain plutôt que de perdre son temps à défendre un gouvernement condamné à survivre jusqu’à la fin du premier trimestre 2025. Pour le moment les États-majors ont fait l’impasse sur le fonctionnement de l’assemblée. La dédiabolisation du RN se renforce de jour en jour avec la bordellisation constante des séances et donc il vaut mieux ajuster le budget 2025 au palais du Luxembourg. Les vrais négociations se dérouleront au Sénat.
Raminagobis Larcher attend son heure. Il imposera sa vision à deux ans du renouvellement de la moitié de la docte assemblée à un gouvernement qui n’a aucun pouvoir réel. Deux ministres (intérieur, relation avec le Parlement) joueront un rôle essentiel dans la période qui s’ouvre. Les collectivités locales seront épargnées et quelques mesures ponctuelles comme la suppression de la taxe destinée à financer la LGV Bordeaux-Toulouse peuvent rester parmi les modifications retenues. Pour le reste on assistera au « retricotage » de la proposition budgétaire de Barnier avec quelques accentuations dans la baisse des dépenses. L’accord sera négocié par le Vendéen qui deviendra ainsi davantage le Premier des ministres qu’il ne l’est déjà.
Un budget « acceptable » reviendra au Palais Bourbon pour la forme. Il sera contesté par une partie du NFP qui criera au scandale ce qui lui permettra d’exister. Le RN trouvera bien quelques récriminations à formuler pour flatter son électorat. Les soutiens aux candidats à la succession manifesteront pour la forme leur désaccord mais ne seront pas responsables du contenu de la proposition d’austérité pour tous. Ils attendront avec plaisir le 49-3 et ne redouteront pas à quelques jours des fêtes de fin d’année un renversement du gouvernement qui pourra présenter ses vœux 2025.
En définitive les élus du suffrage universel direct se sabordent eux-mêmes pour laisser la main à ceux qui ne le sont qu’au second degré (2). Hier ils ont confirmé ce transfert de la patate chaude en refusant le volet recettes du budget à une large majorité (socle commun et RN) contre un vote positif du NFP. Une sacrée partie de poker menteur puisque c’est l’opposition de Gauche qui soutient le projet certes modifié du…gouvernement de droite et c’est la droite devant normalement l’approuver et l’extrême droite qui refuse le même document ! Qui peut imaginer que le citoyen comprend quelque chose à ce tripatouillage digne des grandes heures de la IV° République.
(1) https://www.sudouest.fr/politique/opinions/la-chronique-de-michel-winock-la-societe-des-individus-22070551.php
(2) les sénateurs sont élus par des délégués des collectivités territoriales
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Quand la « cinquième » a été proclamée, on a entendu des « vous allez voir ce que vous allez voir, avec la nouvelle constitution, les nouveaux gouvernements pourront gérer sereinement le pays sans crainte de chutes inopinées et répétées des « cabinets ». Finie la gabegie de la Quatrième !
On voit…..qu’il serait temps de changer de constitution…. si celle ci donnait un réel pouvoir aux citoyens, et s’il reste des citoyens.
Au fait, qu’en est -il du procès des attachés parlementaires du RN qui se déroule, selon la formule consacrée dans un assourdissant silence ?
Bizarrement celui de Cahuzac, pour une affaire gros sous également, avait soulevé une indignation quasi générale, une publicité considérable et un impressionnant mouvement de protestation.
_Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au delà._
@JJ nous venons de passer de la 5éme à la 4éme et demi car nous cumulons les inconvénients de l’une et de l’autre.
Le gouvernement intérimaire est suspendu au sort du clan Lepen devant les tribunaux et tout est fait en coulisses pour prolonger le sursis… Les dépités R haine pourrait bien se venger d’un jugement judiciaire sévère par un vote renversant le gouvernement. Dans sa graaaaaande indépendance la justice- vous savez celle qui tient la balance avec les yeux bandés- pourrait bien condamner tout en y mettant les formes. En cas de condamnation, la loi Sapin 2 de 2016 impose des peines obligatoires d’inéligibilité pendant cinq ans. Un véritable psychodrame se joue entre les juges et les pouvoirs, se passer de l’épouvantail Lepen pourrait enrayer la mécanique électorale qui sauve immanquablement l’oligarchie en place. Nous jugerons de l’indépendance de la justice sur pièces.
Bonjour,
je viens de traverser notre pays du sud-est vers le nord-ouest et j’ai constaté que le malaise agricole connaissait un regain de fièvre avec les pancartes retournées aux entrées des communes.
Le bon sens paysan constate que rien n’est changé on marche toujours sur la tête, la dissolution n’a fait qu’empirer les choses les grands mamamouchis qui croient gouverner ne sont que des intérimaires prêts aux pires félonies pour conserver leurs sièges.
Et pendant que les députés qui sont sur des sièges éjectables abandonnent la passerelle pour labourer leur terrain électoral envahissant facedebouc de leur présence au moindre barbecue ou boudin-partie organisé par les chasseurs du coin. Le paquebot France coule normalement !
Foin de toutes les considérations bassement économiques, aux chaloupes sauvons nos intérets! Il se trouvera toujours quelques laquais serviles pour souquer ferme vers la terre ferme et sauver nos destinées d’élus choisis par les gueux déguisés en castors !
On n’est pas sérieux quand on est député
Un beau soir, foin des réalités aux cruautés économiques
des charrettes de chômeurs menaçant le marché.
On va sous les tilleuls verts pour lancer ses répliques,
en espérant que le jour dit pour nous ils iront voter.
Aux gueux béats on rince le gosier aux frais de la république.
On n’est pas sérieux quand on est député!!
Toutes mes excuses à Rimbaud d’avoir déguisé ses vers, il ne m’en voudra pas c’était en 1870, lui qui écrivait le 15 mai 1871 à Georges Izambard, son ancien professeur ses « colères folles qui me poussent vers Paris où tant de travailleurs meurent pourtant encore tandis que je vous écris ! ».
Pour les uns les ors et les honneurs de la république, pour les autres les sacrifices et les privations ! La cérémonie expiatoire destinée à laver les fautes économiques des élus est commencée. Sortez vos mouchoirs et les outils d’autoflagellation car c’est certains si nous en sommes là c’est NOTRE faute!
Les grands mamamouchis qui se sont succédés à la passerelle ne sont responsables de rien.
On n’est pas sérieux quand on est député, ministre ou sénateur!!
Bonne journée
facon jf @ « Le bon sens paysan constate que rien n’est changé on marche toujours sur la tête, » …et que le Mercosur ne va pas arranger les choses.
Quand les « gueux », il y a maintenant de nombreux mois ont lancé l’alerte à propos de cette menace pour l’économie nationale, la santé publique, y compris pour le monde agricole qui sera la première victime, ce fut accueilli par un tonitruant silence. Ça y est , maintenant ils découvrent et prennent conscience des risques.
Encore une fois, merci l’Europe.
Il n’y a rien à ajouter, c(est désespérant un point c’est tout…
Allez, bonne journée quand même à toutes et tous.
@ gilles jeanneau Désespérant c’est le mot
https://youtu.be/cd1C8n7oaT8
La charrette s’avance enveloppée du brouillard de novembre!
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Le mois de novembre n’est encore qu’à sa première moitié … Mais à part ça madame la marquise tout va très bien, tout va très bien.
Réjouissez vous L’ex-ministre de la santé Olivier Véran vient de créer une société de conseil lui permettant de vendre son carnet d’adresses à des entreprises. Ouf !! j’étais inquiet.
Cette chronique de l’auteur de « Roue Libre » et de ses fidèles lecteurs-commentateurs contient tous les ingrédients de la colère sociale et de la désespérance. Le fait est que le débat budgètaire est demeuré au niveau comptable,sans quelques perspectives à moyen terme capables de donner du sens au sursaut politique dont nous avons besoin.
La mobilisation au sein d’un front républicain appelait des initiatives politiques courageuses et inédites;le spectacle donné par l’assemblée nationale pourrait bien être le symptôme d’une crise politique et sociale,et pour tout dire,démocratique.
Les clignotants économiques et sociaux attestent du niveau croissant du danger global que court notre société;et l’absence d’une ambition mobilisatrice risque bien de déboucher sur la multiplication des situations de colère et de blocage,qui conduisent tout droit à la violence et à l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite,quel que soit son capitaine.
Force est de constater que le front républicain ayant écarté le pire,il n’a pas eu le prolongement en forme de sursaut politique que les citoyens attendaient. Le pire est devenu possible.
Deux sujets me préoccupent particulièrement. C’est d’abord la colère des agriculteurs que je vois monter inexorablement,attestant d’un ébranlement profond de la cohésion nationale et de la solidarité qui devrait cimenter les différentes composantes de notre société. J’entends les conséquences de la réduction des récoltes de blé et des vendanges,la crise sanitaire qui frappe les élevages,les trésoreries qui n’en peuvent plus ;je vois bien que l’agriculture est de plus en plus industrielle et de moins en moins familiale. Et ce qui s’annonce concernant l’accord de libre échange négocié avec les pays du Mercosur est très inquiétant. J’ose à peine demander ce qu’il advient du projet de loi d’orientation agricole adopté en mai et suspendu à la suite de la dissolution de l’assemblée nationale. Bref,je vois dans ce secteur d’activité se répandre le sentiment d’abandon,source de toutes les colères qui conduiront à ce que le pire devienne désormais possible.
Autre source d’inquiètude: le débat relatif au projet de loi de finance de la sécurité sociale. Il y a alerte rouge à de multiples égards. Notre cohésion nationale y résistera t elle avec son cortège de revendications sans avenir et de colères sans perspectives? Le 49.3 ne correspond pas à ce que la majorité de nos concitoyens ont exprimé lors des élections législatives anticipées;je crains les nuits désespérantes des violences désordonnées.
Il faut rappeler ici que nos associations portent les politiques publiques de solidarité et que leurs perspectives sont sombres. L’Etat fait des économies et les budgets départementaux craquent sous le poids des dépenses sociales;nous savons bien que nos associations du secteur sanitaire et social notamment,mais aussi culturelles et sportives vont servir de variables d’ajustement de la rigueur budgètaire. Comment »faire société « dans de telles conditions? Nos associations gagneraient à se faire entendre ,et avec elles les partenaires sociaux ,pour sauvegarder une protection sociale digne de ce nom.
Si la solidarité a encore un sens et si notre contrat social a de l’avenir,il est temps en effet,que vienne le moment du courage et du sursaut politique.