Ce n’est même plus un gouvernement, c’est un orchestre dans lequel personne n’a la même partition et joue selon ce qu’il a un intérêt à faire entendre. Une cacophonie d’une exceptionnelle densité avec en plus un impresario qui dénigre le détenteur de la baguette de la direction et qui accumule les déclarations polémiques pour simplement exister, se fait entendre en permanence. Entre celles et ceux qui menacent de quitter le groupe ; celles et ceux qui ne savent même pas se servir de l’instrument qu’on leur a confié ; celles et ceux qui cherchent seulement à profiter du moment de gloire que le hasard leur a confié ; celles et ceux qui jouent à contre-temps, ils n’ont plus comme seul point commun la volonté de retarder (et pour quelques-uns) de hâter la chute de celui qu’ils ont juré de soutenir.
Le ramoneur de Haute Savoie doit être sourd dingue car il laisse l’impression de ne pas entendre. Il continue à croire que de toutes les manières s’il est viré il aura démontré que lui, personnellement, a tout fait pour colmater le trou dans la coque du cargo des finances publiques. Pas une seule des mesures qu’il a proposées n’a trouvé grâce auprès de ses «alliés » ou ses «amis » qui ne lui veulent que du mal. En fait le projet de budget sera pulvérisé avant même d’arriver en session plénière. La commission des finances qui l’examine dynamite une à une les propositions. L’augmentation de la taxe sur l’électricité a été par exemple balayée. La désindexation des retraités suivra le même chemin. Elle a renforcé l’impôt sur les très hauts revenus. Un autre amendement NFP-Modem a permis de supprimer son caractère exceptionnel voulu par le gouvernement. Et ce n’est que le début.
Les députés s’éclatent. Ils jouent aux éléphants dans le magasin de porcelaine en brisant à coup d’amendements toutes les propositions du gouvernement. Un massacre à la tronçonneuse que le ministre en charge des comptes publics regarde avec désolation. A Matignon on joue l’indifférence sachant que toutes les manières que le sénat passera derrière et que toutes les manières on reviendra au texte initial au moment du 49-3. Il n’y a pas d’autre issue. Il faut tenir jusqu’à cette échéance. Les fêtes de fin d’année permettront de gagner du temps et après une belle loi sur l’immigration permettra de survivre en janvier. Il sera alors temps de se tirer avec les honneurs et de laisser le maître des montres se dépatouiller. La situation deviendra en effet intenable.
Le gouvernement se sera effiloché au fil des semaines. La France sera montrée du doigt par ses ennemis et par tous les autres car elle aura été discrédité de tous les cotés : par les déclarations intempestives de son Président, par son désastre financier, par son « ingouvernabilité », par son attirance pour les idéaux du temps passé, par ses prétentions ! Vous me direz que ce n’est pas mieux ailleurs et que vous seriez bien incapables de trouver une autre contrée où vous installer afin de trouver un brin de sérénité. Est-ce vraiment une excuse ? Il faut en douter. Les lendemains déchanteront c’est certain.
La défiance contre la politique atteindra un niveau tellement élevé que plus personne à la base osera se réclamer d’un rôle dans la démocratie représentative. Les plaies du quotidien ignorées dans ces manigances méprisantes et irréalistes s’amplifieront. Tous les jours le fossé se creuse entre la caste de quelques centaines de « capitalistes » (femmes et hommes vivant dans la capitale) et les gens confrontés à une réalité dont ils ignorent tout. Aucun ne sait que le seuil de pauvreté correspond à 60% du revenu médian. Ainsi, les personnes gagnant moins de 1 216 euros par mois (ou 2 554 euros, par exemple, pour un couple avec deux enfants de moins de 14 ans) sont pauvres au sens de l’Insee. Ce qui représentait en 2022 14,4% des Français, soit 9,1 millions de personnes. Une proportion qui a sensiblement augmenté sur les 20 dernières années, note l’Insee : en 2004, le taux de pauvreté était de 12,4%. A cause de qui ? A cause de quoi ? Qui en est responsable ?
Le gouvernement ressemble à un mélange des pièces de trois ou quatre boîtes de puzzle, un château de cartes posé devant le ventilateur du RN, un édifice en allumettes, un pneu couvert de rustines mal collées à cause d’une dissolution de mauvaise qualité. Plus personne ne comprend rien à ce qui se passe. Plus personne ne sait qui est d’accord avec qui, qui soutient qui, qui veut la peau de qui, qui tient qui, qui va s’en tirer ou succomber. La seule certitude c’est que le pire est à venir…
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Vous dites en conclusion, Monsieur, que l’Epire est à venir. Ce qui revient à dire qu’on est menacés de balkanisation? Je me méfierais, quant à moi, si l’Epilote est au volant.
De Gaulle , revient , c’ est la chienlit dans ce pays ……
Petit exemple factuel , je fais refaire mon permis de conduire rose trois volets en format carte sur le site ANTS …
résultat , je reçois le nouveau format carte , mais sans mon permis auto repris dessus .
Je demande ma retraite pour quelque trimestres du privé , erreur de montant sur mes salaires , mais en ma défaveurs évidemment , et longs échanges toujours pas réglés .
Je détaille pas le bazar pour déclarer un abri de jardin , avec dessin technique , heureusement , j’ ai de beaux restes ..
Je peux rajouter une personne que je connais bien ,sous AAH et RQTH à qui la CAF fait des dettes sans arrêt et des emmerdements comme c’ est pas possible , tellement facile de s’ attaquer aux plus faibles , alors que sa curatrice ne faisait pas le boulot , c’ est vrai qu’ avec un algorithme anti fraude discriminatoire , ça aide bien….
Ce monde est dingue , les politiques ne font pas exception , et contrairement à d’ autres , je reste zen devant tout ça .
Cordialement.
Bonjour,
relire Tocqueville et retourner à son époque est bienfaisant pour notre esprit cela permet de prendre le recul nécessaire pour analyser les travers de notre époque.
» Songez, messieurs, à l’ancienne monarchie ; elle était plus forte que vous, plus forte par son origine ; elle s’appuyait mieux que vous sur d’anciens usages, sur de vieilles mœurs, sur d’antiques croyances ; elle était plus forte que vous, et, cependant, elle est tombée dans la poussière. Et pourquoi est-elle tombée ? Croyez-vous que ce soit par tel accident particulier ? pensez-vous que ce soit le fait de tel homme, le déficit, le serment du Jeu de Paume, La Fayette, Mirabeau ? Non, messieurs ; il y a une autre cause : c’est que la classe qui gouvernait alors était devenue, par son indifférence, par son égoïsme, par ses vices, incapable et indigne de gouverner. » Voilà la véritable cause. Discours prononcé à la Chambre des députés, le 27 janvier 1848, dans la discussion du projet d’Adresse en réponse au discours de la couronne.
Tocqueville le 24 février 1848 fait cette réflexion après avoir discuté avec les gardes nationaux de son quartier » Je fis, à cette occasion, une réflexion qui s’est bien souvent présentée depuis à mon esprit : c’est qu’en France, un gouvernement a toujours tort de prendre uniquement son point d’appui sur les intérêts exclusifs et les passions égoïstes d’une seule classe. Cela ne peut réussir que chez des nations plus intéressées et moins vaniteuses que la nôtre ; chez nous, quand le gouvernement ainsi fondé devient impopulaire, il arrive que les membres de la classe même pour laquelle il se dépopularise, préfèrent le plaisir de médire de lui avec tout le monde aux privilèges qu’on leur assure. »
La description de la fuite du bonhomme Thiers ( le génocidaire des communards de 1871) pendant les évènements de 1848 vaut son pesant de cacahuètes et explique pour partie sa haine du bas peuple.
Je ne saurais que vous conseiller de lire ou relire SOUVENIRS DE ALEXIS DE TOCQUEVILLE, écrit dans un Français parfait il nous renvoie à une analyse profonde de notre situation politique d’aujourd’hui. Le défilé de portraits des hommes politiques du temps de Tocqueville se transpose pleinement avec l’actualité.
Bonne lecture aux courageux qui pourront le télécharger ici : https://fr.wikisource.org/wiki/Souvenirs_(Tocqueville)/02/03
Et bon dimanche à tous et toutes.