Il existe des études qui permettent aux médias d’annoncer des informations qui augmentent leurs audiences. Il suffit de prendre un résultat brut sans lui ajouter les indispensables explications pour qu’il soit compris et surtout reconnu comme valable. Depuis quelques jours les habituels exploitants des chiffres à sensation ont trouvé un bout d’un travail du cabinet Astérés : les retraités français aurait un niveau de vie supérieur au reste de la population. Résumé ainsi ce constat a bien évidemment matière à donner raison au gouvernement de l’austérité galopante qui a décidé avant de rétropédaler, de geler les pensions. En fait la majorité des calculs de l’étude prouve le contraire sauf un seul d’entre eux qui a servi à la diffusion de cette fracture dans la société. Or c’est faux et absurde!
D’abord si on regarde le comparatifs relatif aux revenus disponibles (c’est le plus important), celui des retraités est nettement inférieur à celui affiché par les « actifs ». On trouve un niveau de vie de 113,2 % pour ces derniers et seulement 84,3 % pour les pensionnés ! Un écart de presque 30 points sur le niveau des ressources de base. Rien d’étonnant car bien entendu la chute des rentrées financières au passage à la retraite est très sensible selon le nombre de trimestres travaillés.
Ensuite la disponibilité de ces sommes est altérée par des dépenses croissantes liées à leur âge : cotisations pour diverses garanties sur leur avenir, frais médicaux liés aux dépassements d’honoraires des praticiens, nécessité d’emplois à domicile avec reste à charge, coût des mutuelles… Bref déjà sur le revenu net les différences sont notables. En fait selon l’étude, le revenu disponible et le niveau de vie des retraités sont « inférieurs » à ceux des actifs avec 2 188 euros mensuels en moyenne contre 2 489 euros pour les actifs occupés. Le calcul est simple mais il est aisé de le biaiser en rajoutant le principe du « loyer » que les retraités (pour une bonne part d’entre eux) n’ont pas à verser puisqu’ils sont propriétaires.
La tare actuelle, en pleine crise du logement c’est que les retraités auraient acquis durant leur période d’activité un domicile ce qui booste leurs revenus. Bien évidemment ce patrimoine immobilier ajouté aux pensions leur procure une aisance supérieure à celle des locataires pour qui existe la ponction mensuelle du loyer. Les retraités sont en effet 62% à être propriétaires, en ayant déjà remboursé leur prêt, alors que seuls 17% des moins de 50 ans sont dans cette situation. Depuis quelques temps l’augmentation de la taxe sur le Foncier Bâti est une donnée qui modifie ce panorama généraliste. Est-il pris en compte ? Mystère.
Ainsi sur le niveau de vie, c’est à dire la capacité à assurer le quotidien, la comparaison est toujours défavorable aux pensionnés puisque il se situe à 101,5 % pour eux contre 108,4 % pour le reste de la population. C’est probablement dû à des dépenses de mobilité réduites, des dépendances à l’égard des abonnements divers inférieures, des activités moins onéreuses en général, une organisation de vie avec parfois une autosuffisance alimentaire possible dans les secteurs ruraux. A l’arrivée les comparatifs sur la pauvreté est pourtant sans équivoque : chez les 65-74 ans il est de 10,7%, et de 11,4% pour les plus de 75 ans. Il s’agit des taux les plus bas, quelles que soient les tranches d’âge considérées, les moins de 18 ans étant les plus touchés par la pauvreté (20,4%). Dont acte. Mais ce ne sont pourtant pas eux qui pénalisent les étudiants. Au contraire.
Alors la raison principale de la différence positive diffusée par les médias repose donc sur le logement et pas sur une autre cause. les retraités possèdent plus de patrimoine que le reste de la population. En moyenne, les ménages dont la personne de référence a plus de 60 ans ont un patrimoine supérieur à 300 000 euros, alors qu’il est en moyenne inférieur à 300 000 euros pour les ménages plus jeunes. Ils l’ont acquis au temps de leur activité avec parfois des taux d’emprunt très faibles. La crise de l’immobilier (pénurie de terrains, surcoût de la construction, intérêts des emprunts) rend cette comparaison hasardeuse car l’estimation du bâti existant ne cesse de grandir ou parvient à se maintenir. Malheureusement bien des personnes âgées sont contraintes, faute de revenus suffisants, d’abandonner leurs biens pour deux motivations : l’entretien nécessite de plus en plus de moyens et nouveauté, le paiement du placement dans des établissements de dépendance qui nécessite une vente du domicile.
Le gouvernement libéral a deux cibles depuis de longues années : les retraités et mieux encore les « retraités-propriétaires ». Ils ne contribuent pas assez selon Bercy à la solidarité nationale. Il faut donc absolument démontrer qu’ils sont des privilégiés qui s’ignorent. Sauf que ce qu’ils apportent à la vie collective ou à leurs descendants n’est pris en compte nulle part. Ils soutiennent et renouvellent les solidarités y compris au sein de leur famille et dans le milieu associatif (1), cultivent une expérience de vie et une disponibilité au service de la collectivité nationale, font lien et sens précisément parce qu’ils sont en position de transmettre à la société leur intelligence du réel façonnée à travers le temps, leur temps, Mais ce n’est pas estimable en euros?
(1) 39 % des bénévoles associatifs sont des retraités.
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» Ils l’ont acquis au temps de leur activité avec parfois des taux d’emprunt très faible. »
Ça dépend(et c’est même tout dépendu) de l’époque et du genre d’emprunt. Lorsque j’ai acheté un « mazureau » pour le remettre en état « himself » et pouvoir l’habiter, j’ai dû payer un emprunt qui devait friser les 5 ou 6%, ensuite achat de voiture ou équipement de la maison, les % usuraires tournaient autour de 10%, pas vraiment des cadeaux ! Il est vrai qu’à cette époque le % du livret A était nettement plus élevé.
J’ai lu, ça doit être dans le Huffington, que d’après de « sérieuses études » , les retraités constituaient la couche de population dont les membres vivant sous le seuil de pauvreté était le moins nombreux. Cette déclaration me semble tout d’un bobard, mot que les individus ayant des difficultés avec l’usage de la langue française appellent une » infox ».
39 % des bénévoles associatifs sont des retraités.
Par contre cette déclaration n’en est pas une « infox », et le pourcentage doit même augmenter pour les Restos du Cœur et autres organisations venant en aide aux plus précaires, quel que soit leur âge.
Je me paye le luxe, tous les deux trois mois, pour soulager mes pauvres pieds, une séance de pédicure, dont le prix est passé de 35 à 38 € (décision de la « corporation »), ce qui n’a rien d’exceptionnel ni de contestable en ces temps d’inflation.
Mais notre situation de retraités, synonyme de nantis, est semble t-il est au dessus de ces basses contingences.
Salauds de retraités qui s’ occupent de leurs parents et aussi de leurs enfants , ou , et petits enfants , vraiment des privilégiés que ces gens la .
La cerise sur le gâteau, des calculs imbéciles pour démontrer qu’ils seraient plus riches que les actifs , pas besoin d’ avoir fait l’ ENA pour savoir qu’ une personne plus âgé ayant travaillé plus longtemps a normalement plus de patrimoine qu’ un jeune débutant sa vie .
En tout cas , je vois beaucoup de pauvres d’ esprits en politique , seulement riches de nos impôts versés, et si mal dépensés.
Cordialement.