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Les médiocrités politiciennes m’exaspèrent

Il devient de plus en plus difficile en cette période de débattre. Ce mal de l’accusation facile, de la mise au ban des contestations, de la condamnation de simples remarques gagne du terrain quasiment comme un épidémie bien connue. Quand dans le fond on est voué aux gémonies par tous l’échiquier politique c’est que l’on devient libre. Une situation certes inconfortable et usante mais rassurante quand on se regarde dans la glace en se rasant. Il n’y a plus en effet de militants réels mais des partisans aphones et courtisans. Il clame leurs certitudes au moment des campagnes électorales puis disparaissent totalement dans les combats du quotidien.

Il suffit pour s’en persuader de rester fidèle à sa manière d’être et de parcourir par exemple le marché de votre commune. En ce moment vous revoyez des figures connues qui ne se réveillent que quand il s’agit de taper sur la gueule des autres et surtout sur ceux qu’il appellenet à l’union quand elle leur est favorable. Se montrer en tendant un tract devient alors un acte courageux qui vous confère un statut supérieur à celui du citoyen moyen. La constante de ces distributeurs de papiers que plus personne ne lit c’est qu’ils adorent les procès d’intention vis à vis de ceux qui ont pris leurs distances avec l’engagement partisan. C’est simplement la traduction de la faiblesse de leurs arguments et plus encore de leur vision totalitariste de la vie sociale.

Une part de la Gauche actuelle a une propension naturelle à considérer que toutes celles et tous ceux qui n’apprécient pas les outrances, les discours incantatoires, les dérapages inadmissibles appartiennent à la catégorie honnie des suppôts de la Droite. Ignorant tout des parcours individuels, ayant souvent eu une trajectoire marquée par la course en zigzag, oublieux de ce qu’ils ont été ou de ce qu’ils n’ont pas accompli, prompts à dénoncer la paille dans l’œil de l’autre pour s’empêcher de voir la poutre dans le leur, ces « juges » se parent dans l’hermine de leur vaillance au combat. La liberté accordée aux autres se limitent au périmètre de leurs certitudes. La fraternité s’estompe devant les consignes. La République c’est eux ! 

La période actuelle voit renaître le mot de traître comme en une époque noire où les comportements étaient d’une toute autre nature. Ne pas approuver toutes les postures, dénoncer certaines pratiques ou se montrer sceptiques sur quelques propositions irréalistes, ne relèvent par de la traîtrise mais plus certainement de l’honnêteté. Quel est le traître ? Celui qui distribue une feuille dont il sait bien qu’elle n’a aucune valeur autre que celles des promesses électorales intenables ou celui qui comme Jaurès a « le courage de chercher la vérité et de la dire » ? Personnellement je suis et je resterai un adversaire résolu, acharné, motivé de idées mêmes dédiabolisées de l’extrême-droite ou de la Droite fascisante. Et l’essentiel est là… Le reste ne regarde que moi. 

En 1976 j’étais des militants créonnais « dissout » par la Fédération de la Gironde du PS pour « irresponsabilité » et «  désobéissance ». En 1983 j’ai été traduit devant la commission des conflits pour avoir écrit dans le journal pour lequel je travaillais en tant que journaliste professionnel, que le PS perdrait les mairies de Talence et de Le Bouscat. En 2006 pour la tenue de ce blog j’ai été à nouveau traduit devant le tribunal populaire pour des critiques jugées néfastes. En 2015 j’ai quitté définitivement le PS à la suite de la proposition de Valls d’inscription dans la Constitution de la déchéance de nationalité. Chaque fois qu’il l’a fallu j’ai fait le choix des valeurs et je continuerai à le faire. Je revendique le droit à n’être maintenant qu’un citoyen. Et c’est déjà difficile de l’être chaque jour.

A cet égard je n’ai aucune leçon à recevoir. Je respecte toutes celles et tous ceux qui s’opposent avec constance, opiniâtreté et intelligence à la montée des idéaux néfastes pour la démocratie. Mais je ne supporte plus les procès en sorcellerie, les accusations malveillantes et infondées, les apostrophes staliniennes ou les écrits oublieux du passé de celux qui me doivent plus que je leur dois. Je continuerai comme je le fais depuis le 5 septembre 2005 à m’exprimer sur ce blog que j’ai créé à cet effet chaque jour. Personne n’est obligé de la lire. Personne n’est contraint de l’approuver. C’est devenu ma manière de militer. Je l’assume. 

Je fais front avec mes mots et mes moyens que certaines et certains ne considèrent pas comme populaires. J’ai collé, distribué, dialogué pour mes convictions durant cinquante ans. J’ai tenu des centaines de réunions publiques. J’ai apporté la contradiction dans certaines. La construction de l’avenir appartient à d’autres. C’est la loi de la vie sociale et ce n’est pas parce que je ne le fais plus que j’ai perdu mes convictions. 

Je reste tant que ma santé me le permet un citoyen engagé quotidiennement dans la vie associative en laquelle je continue à croire. Tant d’autres l’ont désertée quand elle ne servait plus leurs intérêts. Et ce n’est pas parce que je ne vais pas poser mes vieilles fesses sur une chaise dans une salle des fêtes aux cotés de gens déjà convaincus que je renie mes valeurs humanistes, tolérantes, solidaires et laïques. Je ne renoncerai pas cependant à refuser la complaisance et la médiocrité. Malheureusement elles reviennent à grand pas. 

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Cet article a 10 commentaires

  1. François

    Bonjour J-M !
    Avec le risque de te surprendre, j’approuve ce texte … où on peut reconnaître le « vieux » militant têtu agrippé à ses valeurs de jeunesse comme un naufragé à sa planche-épave au milieu de la tempête du siècle !
    Je te poserai juste une question:
    En fait de « tempête du siècle », après mults dérobades et passes des toreros gouvernementaux que tu as souvent cautionnés, nous sommes dans le mur ou un pied au dessus de l’abîme … qu’il va falloir franchir ! ! En toute franchise, pourrais-tu reconnaître une SEULE fois que cette décadence suicidaire ou mortifère n’est que le résultat des célèbres dates 1968 et 10 mai 1981 ?
    Tu as trois heures …. ! ! !☺
    Amicalement

    1. J.J.

      « cette décadence suicidaire ou mortifère n’est que le résultat des célèbres dates 1968 et 10 mai 1981 ? »
      Pourquoi pas, tant qu’on y est 1789 ou 1871 ?

      1. facon jf

        De l’aveu même de Giscard d’Estaing en 1980 – lors d’un diner organisé par Claude Bébéar- :  » il s’agissait de choix Atlantistes et Européens, de choix de règles, de carcans, de discipline qui permettaient de contrôler le jeu démocratique français « . Le PC était puissant à cette époque, souvenez vous et les détenteurs du saint Pognon avait peur, il fallait marginaliser le PCF le rendre sinon vain , du moins inoffensif. La disparition du « vieux » PCF résulte de la cohabitation de 1981 et de son incapacité à s’opposer à la mondialisation qui a désindustrialisée ses bastions.L’article 25 de la loi du 3 janvier 1973*, constitué d’une seule phrase : « Le Trésor public ne peut être présentateur de ses propres effets à l’escompte de la Banque de France. » Pour ses détracteurs, cela implique que l’Etat ne peut plus créer de monnaie et se trouve donc désormais obligé de se financer auprès des banques privées (dont la banque Rothschild) est le premier pavé dans la vitrine de l’indépendance Française.
        *loi « Pompidou-Giscard-Rothschild » de 1973

      2. François

        Bonjour @J.J. !
        Si j’ai mis en avant ces dates ou périodes auxquelles on peut ajouter le 27 Mars 1957 ( Bizarre ? C’est au printemps que fleurissent … nos futures désillusions ! ! ), c’est tout simplement parce qu’il n’est pas nécessaire d’aller réveiller nos ancêtres pour solutionner les maux que nous avons engendrés … même si c’était à grands coups de « On a gagné ! » ! !
        Amicalement

  2. François

    …. après moult dérobades …. excusez Chef, j’ai glissé ! ! !

  3. Batistin

    Merci Monsieur pour la clarté du propos. J’en étais resté à « chien aboie ne mord pas » et étais bien incapable, avant de vous lire, de me défendre mieux que cela contre les meutes et l’embrigadement forcé.

    1. J.J.

      Bonjour, Batistin. bien content de vous revoir sur Roue Libre.
      J.J.

  4. Ménière Jean-Marie

    Merci Monsieur pour vos propos que je fais miens et que bien d’autres silencieux partagent : « Je reste tant que ma santé me le permet un citoyen engagé quotidiennement dans la vie associative en laquelle je continue à croire. Tant d’autres l’ont déserté. Et ce n’est pas parce que je ne vais pas poser mes vieilles fesses sur une chaise dans une salle des fêtes aux cotés de gens déjà convaincus que je renie mes valeurs humanistes, tolérantes, solidaires et laïques. Je ne renoncerai pas cependant à refuser la complaisance et la médiocrité. » Encouragements et salutations distingués.

  5. facon jf

    Bonjour,
    c’est toujours un petit bonheur du matin que de lire votre blog, cet espace privilégié où chacun peut exprimer accords et désaccords sans insultes ni invectives. Je vous remercie pour votre pugnacité sur le front des valeurs et pour votre courage à « porter la plume dans la plaie » (du légendaire Albert Londres ). Évidemment que tout cela se paye cash, évidemment que parler fort et clair est souvent mal reçu, évidemment que dans ces circonstances les pires détracteurs sont les gens de votre propre camp. C’est le prix à payer pour rester libre et éclairé par nos convictions.
    Ceci étant dit, il faut faire le constat, navrant au demeurant, que toutes ces heures passées au service de nos valeurs n’ont pas plus de portée que le vibrionnage et l’agitation des mouches dans un bocal. Agitation désordonnée voire ridicule, des mouches dans une bouteille fermée; elles s’agitent certes mais cela ne change rien à la situation de la bouteille! Le monde qui entoure la bouteille à changé, tout a été claveté et goupillé pour nous enfermer dans une logique de domination par l’argent, hier du temps de Jaurés et plus tard de Blum le mur de l’argent était construit à l’intérieur des états. Depuis la fin des années 1970 les puissants ont construit les murs hors de nos frontières nous enfermant alors dans la bouteille économique de nos pays. Le but était de nous passer autour du cou le carcan des règles économiques internationales. Ainsi la stabilité du système capitaliste est maintenant garantie par la mondialisation des contraintes réduisant la contestation au constat d’un état de fait comparable à la pluie qui tombe ou pas. La dette est à fois le moyen social démocrate vicieux de faire taire les braillards en leur distribuant de l’argent que l’on n’a pas, – assistance et subsides/charité, fonds et amortisseurs sociaux -sans prendre aux nantis. La dette est ensuite jetée au visage des braillards en leur disant il faut la rembourser, il faut payer, il faut maintenant consentir à l’austérité. Il faut marcher droit cesser de s’écarter du droit chemin. La procédure pour déficits intentée par l’UE (rss) illustre parfaitement la limite économique imposée au débat démocratique. Nous ne sommes plus maîtres de nos propres déterminations, nous sommes soumis pour tout ce qui est important aux déterminations extérieures rendues abstraites comme le marché mondial des marchandises qui impose la productivité , le marché mondial des capitaux qui impose le taux de profit, le marché mondial de la dette souveraine qui impose ses critères de solvabilité. Le fameux Mur de l’Argent des années 30 a été délocalisé, construit à l’extérieur! Dans la campagne actuelle le centre, les bourgeois prennent appui sur l’argument de la dette pour dévaloriser toutes les propositions politiques des classes sociales populaires et des salariés, ils utilisent cette contrainte extérieure pour annuler le résultat des élections, Et ils ne se cachent même plus!
    Bartoidelà et la Marine nationale ont très bien compris comment ça marche c’est pourquoi ils rétropédalent en cadence sur les promesses du scrutin d’hier. La dette a un lien avec la lutte des classes ce que, bien sur, tout le monde vous cache, y compris les gôches celles-ci sont pour les dettes car elles leurs permettent de temps à autre de gouverner en trahissant jour après jour les promesses d’hier.
    Le milliardaire américain Warren Buffett a déclaré il y a quelques années, non sans humour, qu’il existait « bel et bien une guerre des classes mais c’est ma classe, la classe des riches qui fait la guerre et c’est nous qui gagnons ».
    Au plaisir de vous lire.
    bonne journée

  6. Alain.e

    Si la médiocrité n’ était qu’ en politique , ça passerait encore , mais elle est présente un peu partout en ce bas monde .
    La politesse , le respect des autres et un sourire , et ça roule .
    J ‘ ai du mal avec les gueulards , les braillards , les vociférateurs , les vélociraptors aussi du reste .
    Tant qu’ à dire des bêtises , autant y mettre les formes avec un Français bien châtié, et un peu d’ esprit .
    En tout cas , je suis vacciné d’ une certaine bêtise syndicale que j’ ai côtoyé un temps , et ne croyant plus au père noël , n’ attends pas grand chose du futur immédiat .
    Cordialement

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