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La stratégie constante du harcélement de la laïcité

Depuis des décennies et même depuis la loi de 1905 sur la séparation de l’église et de l’État les attaques directes ou indirectes à l’égard des principes qui constituent la laïcité n’ont jamais cessé. Les religions n’ont eu de cesse d’imposer leur présence dans l’espace public. Ce ne fut pas toujours perceptible car elles savent se faufiler dans les interstices que leur laissent nos institutions républicaines. Via des structures parallèles à caractère politique le catholicisme a largement participé à la gouvernance du pays et continue à le faire. Des associations extrémistes bénéficient en effet d’un regard pour le moins bienveillant de l’État car elles sont censées défendre l’héritage culturel de la France.

Comme dans le monde les théocraties avouées ou masquées, prennent le pouvoir, il devient difficile de maintenir le cap chez nous. Des groupes islamistes harcèlent la valeur essentielle de notre démocratie. Ils multiplient les provocations cherchant ainsi l’affrontement leur permettant de victimiser celles (ce sont essentiellement des femmes qui sont utilisées) qui conduisent des actions limitées mais largement médiatisées. Tout a débuté il y a maintenant 34 ans dans un collège de Creil. Qui s’en souvient ?

Le 18 septembre 1989, la France allait se diviser pour la première fois su le foulard à l’école. À l’origine d’une polémique qui lancera sous l’influence de Bruno Mégret le Front national, trois jeunes filles scolarisées au collège Gabriel Havez de Creil, dans l’Oise : Fatima, Leila, et Samira. islamistes pratiquantes, portent un foulard depuis un an et refusent de le retirer.  Au nom de la laïcité, les trois jeunes filles sont reconduites chez elles par un enseignant : elles n’entreront pas au collège tant qu’elles n’ôteront pas leur foulard, au moins dans les salles de classe. C’est parti pour des mois de querelles sémantiques avec une prise de position pour le moins jésuite d’un certain Lionel Jospin ministre de l’Éducation nationale.

« Je crois qu’il faut veiller à deux principes : d’abord veiller à la laïcité de l’école où l’on n’affiche pas de façon ostentatoire les signes de son appartenance religieuse. Mais il faut veiller à un autre principe, l’école est faite pour accueillir les enfants, pas pour les exclure. » expliquait Jospin. On s’en remettra au Conseil d’État. Quelques semaines plus tard, le 27 novembre 1989, un arrêt du estime que le port du foulard « islamique » n’est pas incompatible avec le principe de laïcité car il ne constitue pass un signe ostensible de laïcité. On n’en reparlera plus ou du moins pas trop durant quelques temps. Arrivera alors l’époque du voile ! Un degré est franchi !

En 2003, Jacques Chirac, président de la République de l’époque, décide de constituer un groupe de réflexion sur l’application du principe de laïcité dans la République : la Commission Stasi. Chirac suit les recommandations de la commission et lance la rédaction d’un projet de loi interdisant les signes religieux dans les écoles publiques françaises. En 2004, cette loi est votée et adoptée par l’Assemblée nationale, et entre en vigueur dans les écoles françaises. Des tentatives de port du voile mettront à mal le texte. Il faudra l’interpréter.

« Comme tout signe religieux, le voile n’est interdit qu’à ceux qui exercent une mission de service public, car ils ont un devoir de neutralité », expliquait le rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité. Cela inclut les fonctionnaires de l’État, des collectivités territoriales, les agents de la SNCF, de la CPAM… Les élus peuvent, eux, afficher des signes religieux, sauf quand ils accomplissent une mission de service public. « Par exemple, quand il célèbre un mariage, un maire ne peut porter aucun signe religieux, car il représente l’État »

La loi prévoit que l’on interdit le port de tout signe religieux « ostensible », ce qui inclut le voile islamique mais aussi la kippa et le port de grandes croix. La loi permet le port de symboles discrets de sa foi, tels que petites croix, médailles religieuses, étoiles de David, ou mains de Fatma – bien que cette main puisse être portée indépendamment de la religion, n’étant pas de source musulmane. C’est clair et il faut donc inventer une nouvelle polémique pour exploiter le sentiment d’exclusion offrant une rente de situation aux extrémistes de tous poils.

L’abaya est alors entrée dans le giron des vêtements portant à polémique. Cette longue robe traditionnelle couvrant le corps des femmes a encore une fois remis la religion islamique sur le devant de la scène. Le Minsitre a réagi et a décidé d’en interdire le port… ce qui bien évidemment masque les réalités de la rentrée scolaire. L’abaya portée par quelques dizaines de lycéennes dans le pays va meubler l’actualité !

Il y aura bien évidemment des recours auprès du Conseil d’État et rien ne dit qu’il donnera raison au ministre puisque l’on est en pleine interrogation en fonction de la qualification juridique qui sera retenue : l’abaya est-elle un vêtement religieux ou pas ? La qualité de l’enseignement en sera améliorée… Objectif une nouvelle fois atteint par les manipulateurs de la religion à des fins politiques.

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Cet article a 13 commentaires

  1. Pc

    Comme d’habitude les problèmes secondaires et sans intérêt prennent la pas sur les vrais problèmes de l’école, le niveau, le recrutement, les remplacements etc…
    La plupart des parents se fichent bien des tenues vestimentaires, ce qu’ils veulent c’est qu’on s’occupe de leurs gamins.

    1. J.J.

      « La plupart des parents se fichent bien des tenues vestimentaires, « jusqu’à un certain point, témoin l’émoi et les réactions disproportionnées provoquées par les mesures prises par certains chefs d’établissement exigeant une tenue correcte et décente des élèves, surtout filles et qu’ls n’ont pu faire appliquer.

    2. Laure Garralaga Lataste

      @ à mon ami Pc…
      … des parents… qu’on s’occupe de leurs gamins.
      N’attendent-ils pas autre chose…? Personnellement, je choisirais… travailler à en faire des citoyens-citoyennes.

  2. Philippe Labansat

    Il est clair qu’il y a une offensive sournoise et permanente des religieux pour contester, attaquer, ébranler les fondements laïcs de notre république.
    Le pire, c’est quand nos valeurs d’ouverture, de tolérance, de fraternité, sont utilisées pour saper le socle même de nos principes.
    Il ne faut pas être naïf, ne pas être des laïcs péteux, tenir bon au profit de tous…

  3. J.J.

    Quitte à passer pour un censeur rétrograde, je pense que cette interdiction de l’abaya devrait être assortie de l’interdiction de tout autre signe à connotation religieuse, grand ou petit. Il m’est arrivé parfois de constater le port d’une croix, par des personnels de l’enseignement public et cela m’a choqué , car petit ou grand, le symbole est visible et avoue la dépendance à des croyances qui doivent rester inconnues des personnes rencontrées.

    Les croyances ou non croyances relèvent du domaine privé. C’est une garantie de paix et de sécurité pour les uns comme pour les autres.

    Cette interdiction de l’abaya que certaines jeunés fille portent de bonne foi, je pense, en signe de pudeur et de modestie (ce qui est évidemment raté car interprété plutôt comme provocateur) devrait s’accompagner en corolaire d’une plus grande rigueur dans la tenue vestimentaire des élèves (même pas rigueur, simple décence ).
    Je réside à proximité de deux établissements secondaires et je suis consterné quand je vois les tenues (ou non tenues) particulièrement indécents, à la limite de l’exhibitionnisme affichées par certaines élèves élèves. Un établissement scolaire n’est pas une plage ni un salon pour défilé de mode. Question de respect de soi et des autres.
    Sans en revenir à l’époque où il fallait porter la cravate même sous un col roulé, je trouve que pour un garçon également, se présenter en short aux épreuves du baccalauréat ou de tout autre examen relève d’un manque total de respect de soi et de l’importance de l’activité à laquelle on participe.

    1. François

      Bonjour @J.J. !
      Ce n’est pas être « un censeur rétrograde » que de mettre en avant des principes qui découlent … de la bonne foi ! !
      Oui ! Je vous approuve. N’oublions pas que, laïcité OU religion, ce ne sont que des Régles de Vie à ne pas exposer de manière ostentatoire mais À PRATIQUER et là, il y a du balayage à pratiquer devant beaucoup de portes ! !
      Amicalement

  4. François

    Bonjour !
    « SILENCE DANS LES RANGS ! Je veux voir une seule tête sans couvre-chef, un seul tablier.
    En passant devant moi, montrez vos mains recto verso.
    Premier rang, avancez EN SILENCE … vous suivez ……. »
    Il s’appelait Monsieur Saigne … et il lachait sans difficulté les enfants de chœur réclamés pour les cérémonies religieuses.
    Il y avait des français, des italiens , des espagnols, des polonais, quelques portugais, des bohémiens de passage: cherchez les absents …. source de problème actuels !
    Amicalement
    C’était il y a soixante dix ans … avant 1968.
    Amicalement

  5. christian grené

    Comme j’étais en classe de philo, puis en fac de lettres, je sais qu’il existait déjà en 1968 l’abaya de math’élem’… Fallait-il le Rabelais?

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ à mon ami christian…
      Toi aussi tu as fait philo… ! Je comprends mieux.

  6. Alain.e

    Merci à nos politiques de tout bord , de nous avoir amené à ce point de non retour , complaisance , accommodements acceptables , dérogations , etc……
    Il faudrait raconter l’ histoire des religions pour comprendre ce qu’ il se joue maintenant .
    “La tolérance atteindra un tel niveau que les personnes intelligentes seront interdites de toutes réflexions pour ne pas offenser les imbéciles”.

    Pour moi , les choses sont claires , il y a beaucoup plus d’ imbéciles que de gens intelligents sur cette planète et ça m’ afflige et attriste vraiment .
    Cordialement .

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ à mon ami Alain…
      Ce triste constat m’oblige… et je m’interroge : à qui la faute… ?

    2. facon jf

      Tout concoure actuellement à l’ abêtissement des foules, il suffit de regarder les « étranges lucarnes » pour s’en convaincre. Plus que jamais le mot d’ordre Orwelien est la consigne  » La guerre, c’est la paix. La liberté, c’est l’esclavage. L’ignorance, c’est la force. ».
      Regardez comment on traite l’information sur la guerre en Ukraine.
      Regardez comment on traite les concepts des libertés et comment ces dernières ont été piétinées durant les 6 dernières années.
      Regardez ce que devient la connaissance ( Antonyme de ignorance) dans notre société.
      L’éducation Nationale devrait par la connaissance briser l’ignorance pour promouvoir la paix, la liberté et l’égalité ( pour la fraternité faut pas rêver ).
      Il est clair que pour les classes dominantes une institution qui parviendrait à ces buts ultimes remettrait gravement en cause leurs intérêts.
      C’est la raison pour laquelle tout est fait pour empêcher la réalisation de ces objectifs. Nous touchons bientôt au but, encore un effort pour détruire l’institution qui a permis à beaucoup de prendre l’ascenseur social, place à sa majesté pognon qui promeut la réussite des fils de…
      Le 16 octobre 2020 Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie, est assassiné par arme blanche et décapité peu après être sorti de son collège de Conflans-Sainte-Honorine. Si, comme le dit Orwell, la liberté consiste «à dire aux gens ce qu’ils ne veulent pas entendre», alors œuvrons à notre émancipation individuelle et collective. Et n’oublions pas la dernière leçon que monsieur Paty nous a donné par l’absurde et le tragique : l’ignorance ne peut être la force.
      Cordialement

  7. facon jf

    Bonjour,
    mais pourquoi faut-il que NOUS sautions dans tous les pièges tendus par un gouvernement à bout de souffle?
    Se draper dans la défense de la laïcité tout en vendant des armes de destruction contre le peuple yéménite, se gaver des pétrodollars des pires royautés musulmanes et venir agiter sous notre nez un symbole des provocations religieuses … L’amarre de remorquage est tellement grosse que NOUS ne voyons pas la manœuvre de diversion.
    Mais quelles sont donc les brillantes compétences de l’ancien élève de l’école privée Alsacienne diplômé d’un master2 en affaires publiques de l’IEP Paris et d’une licence de droit ? Que connaît ce jeune millionnaire, par héritage, des difficultés des enseignants ou du fonctionnement de l’éducation nationale ? Son passage comme secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, Jean-Michel Blanquer de fin 2018 à mi 2020 s’est cantonné aux dossiers de la jeunesse et la mise en place du service national universel (SNU).
    Le jeune loup Attal fait ce qu’il sait faire… des coups politiques !
    Et là je dois dire chapeau! Une décision qui ne coûte rien et qui déchire les camps politiques à droite comme à gauche. En piétinant les plates-bandes de la droite extrême et de l’extrême droite les conseillers de Mac-ronds essayent aussi de  » cornériser » Dard-malin tout en chassant sur les terres de la Marine.
    A gauche c’est la cacophonie PS et Cocos POUR à contrario écolos et LFI CONTRE fissurant encore un peu plus le puzzle Nupes.
    L’écran de fumée est parfait pour dissimuler les conséquences néfastes de l’inflation et le délabrement des services publics à commencer par l’éducation.
    Une belle polémique quoi de mieux pour dissimuler les inquiétudes économiques et géopolitiques du moment. Noyer la réalité sous une vague de communications centrée sur les « valeurs Républicaines « , Il sait faire du cinéma le fils à son papa ( Yves Attal, avocat puis producteur de cinéma fortuné ) .

    Privé de moyens financiers par l’UE, le gouvernement marche sur la corde raide au-dessus du vide Il ne lui reste que la communication pour dissimuler son incapacité à agir.

    Prochaine étape le référendum à questions multiples savamment rédigé pour donner l’impression merdiatique d’une adhésion politique quelque soit le résultat.

    Bonne journée

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