Nous avons plongé dans la société de l’éphémère, de l’instantanéité, de l’immédiat. Illico toute personne qui, d’une manière ou d’une autre, fait référence au passé est catalogué de réactionnaire et mis à l’écart. Les supports médiatiques, la nouvelle donne des réseaux sociaux, la hiérarchisation de l’actualité, la suppression de l’enseignement de l’Histoire, le déracinement social, conduisent à gommer toute référence à l’antériorité des faits. Dans cette spirale de l’oubli institutionnalisé, la notion de tradition disparaît au fil des jours. Dans tous les secteurs de la vie collective, tout ce qui a plus ou moins de lien avec les racines, se meurt inexorablement.
Souvent par a-priori ou par ignorance de leurs origines, les éléments d’une culture transmis jusque-là naturellement ou au prix des efforts de celles et ceux qui l’entretiennent par respect ou par amour, s’effilochent et s’éteignent. Maintenir en vie une tradition suppose un courage que beaucoup n’ont plus. Ils renoncent ou se replient sur de petits groupes qui entretiennent alors le culte de ce qui devient une survivance dépassée. Les autres boudent ou sont hostiles.
Dans le domaines de la gastronomie, de la sociologie, des pratiques collectives, de toute action d’intérêt général, il est malvenu de se référer à pratiques ou des actes ayant existé et venant du passé. Refusant de les analyser, de les mesurer, de les apprécier, les tenants de la modernité condamnent avec d’autant plus de virulence qu’ils n’ont rien à mettre à la place.
En fait, le mépris des héritages constitue une rente de situation car il évite de s’interroger sur son propre chemin. L’abandon de sa propre identité permet de vilipender celle des autres. Selon le principe voulant que la nature ait horreur du vide, l’effacement des éléments culturels qui ne sont plus défendus et maintenus laisse… la place à ceux des autres. La modernité rend ringardes les pratiques d’antan ayant parfois résisté à des aléas terribles de l’Histoire. Nul ne songe à contester la nécessité d’adaptations mais elles ne sauraient détruire les anneaux du lien entre les générations plus que jamais menacés.
Jamais par exemple la généalogie n’a eu autant de succès. Jamais les livres mémoire personnalisés n’ont été autant été édités. Jamais les médecines réputées inspirées de techniques ancestrales n’ont été autant utilisées. Jamais le « vintage » n’a été autant à la mode. Jmais les guiguettes n’ont autant proliféré. N’empêche que ce n’est qu’une tranche d’âge qui s’évertue à se reconstituer un passé ou à y puiser des raisons d’exister dans un monde stressant. La fameuse formule « c’était mieux avant ! » qu’ils n’osent pas énoncer, leur brûle les lèvres. Il vaut mieux la rengainer d’autant qu’elle recouvre des réalités bien différentes selon les oarcours de vie.
Les traditions meurent du manque de volonté des détenteurs de leur histoire à les faire vivre ou seulement de les transmettre. Les efforts pour lutter contre la vague du mépris vis à vis du passé, nécessitent une motivation exceptionnelle. D’abord pour lutter contre l’indifférence pour tout ce qui repose sur des valeurs de partage, de solidarité, de fraternité réputées sans apport à son intérêt personnel. Lutter contre les idées reçues, les approximations dévastatrices, les concepts rétrogrades masqués par une idéologie avant-gardiste intolérante constitue ensuite un obstacle difficile à éliminer. Enfin le temps de convaincre venu l’impression d’être un ‘has-been » s’incruste. Le renoncement s’avère plus facile et la tradition se meurt.
Je reste persuadé que l’identité d’un territoire, d’une commune passe par la préservation de son patrimoine bâti, ses particularismes culturels, ses pratiques humaines aussi modeste soient-elles. Dans la période actuelle avec des arrivées de populations nouvelles il y a urgence à tout tenter pour rassembler autour de ce qui constitue encore un fil commun depuis parfois des décennies voire de siècles. C’est un travail ingrat qui mérite d’être mené dans tous les secteurs.
L’association des cruches sadiracaises a par exemple choisi ce chemin. Celles de La Sauve autour du site « ferroviaire » et de l’abbaye poursuivent la même mission. A Créon les fêtes de la Rosière, les spécificités de ville bastide restent des supports indispensables à la spécificité locale. Ce sont des atouts de développement social !
Bien d’autres exemples existent ailleurs mais ils s’essoufflent. Leur survie ne tient souvent qu’à un noyau de personnes dévouées et motivées. Jusqu’à quand résisteront-elles à l’air ambiant voulant que leur rôle soit raillé ou considéré comme dérisoire dans le monde du profit, de l’exceptionnel, de la course à l’inédit. J’aime bien ce que disait Michel Crépeau l’ancien maire de La Rochelle : « le vrai progrès, c’est une tradition qui se prolonge ! ».
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Bonjour J-M !
Je n’ai que deux mots :
BRAVO … MERCI ! ! ! !
Une référence : « La fabrique de crétins » ( Jean-Paul Brighelli)
Pour les accros d’écrans :
https://youtu.be/aBBFPUQzh1w ( 80 mn très utiles!)
Bonne journée … fraîche ! !
Amicalement
Un arbre sans racine cela n’existe pas, un arbre dont on coupe les racines fini par mourir.
@ à mon amie Marie-Christine…
J’en suis bien certaine… Et suis bien placée pour dire… Bravo et merci !
« la suppression de l’enseignement de l’Histoire, » est malheureusement remplacée par des émissions de télé ou des ouvrages « grand public » commis presque exclusivement par des galopins propagandistes comme les citoyens Berne et Deutsch, qui parfois fleurtent avec des milieu très moyennement fréquentables.
Les leçons, les observations, les explications que l’on aurait pu tirer du passé, si l’on cherche un peu, dans l’histoire humaine ou « géologique » ont été systématiquement écartées, ignorées, même pas évoquées. Et pourtant elles auraient peut être permis non pas d’empêcher, mais au moins de prévoir et de tenter de s’adapter aux bouleversements économiques et climatiques qui nous assaillent.
Faire porter toute la responsabilité de l’évolution actuelle du climat sur l’action des « gaz à effet de serre » (qui n’est pas négligeable) est une preuve disons, pour être polis, de la « courte vue » volontaire ou naturelle des autorités théoriquement compétentes.
Dans un monde « normal », ce n’est pas quand les migrants périssent en mer qu’il faut commencer à chercher les moyens d’agir en leur faveur.
à mon ami J.J.…
A-t-on un jour enseigner l’Histoire de façon objective… ?
L’histoire n’est-elle pas écrite par les vainqueurs… et donc à leur seule gloire ?
Certainement mais il ne faut pas exagérer, mais on trouve certains historiens qui ont quand même parfois un souci d’objectivité.
À ce propos je vous recommande la lecture dc cet excellent petit livre : « Principes élémentaires de propagande de guerre utilisables en cas de guerre chaude, froide ou tiède » Anne Morelli professeur honoraire d’histoire Université de Bruxelles. Éditions Aden
Bien d’accord avec ce billet ! Ceux qui n’ont pas de racines, comme les arbres, sont condamnés à mourir. Renier, oublier volontairement nos racines, voire les cacher conduit à des souffrances intérieures parfois bien douloureuses.
Soyons nous-mêmes avec notre culture, cela fait la richesse d’un pays.
Bonne rentrée à tous et que les médias publics nous proposent des émissions sur l’histoire de notre pays dignes d’intérêt pour tous.
Ne dit-on pas qu’il faut savoir d’où l’on vient pour savoir où l’on va ! D’aucuns l’ont oublié et font tout pour faire oublier.
Je rentre juste à la maison et je me jette sur mon JMD. C’est comme dans un restaurant où l’on ne sait que choisir tellement tout est bon. Jean-Marie, c’est toi qui me nourris!..
@ a mi amiguito christian…
Tu rentres de vacances… ?
Prépare-toi à te nourrir de pages d’Histoire…