Être dans l’opposition constitue le véritable révélateur du respect que l’on peut avoir de la démocratie. Il faut en effet être costaud, certain de ses arguments, appliqué dans ses analyses et plus encore savoir ne jamais aller trop loin. Dans bien des situations locales, le rôle de contestataire de l’ordre établi par la majorité fait perdre ses illusions. Dans la très grande majorité des cas les convictions affichées avant une élection s’oublient très vite et les démissions s’enchaînent. Des listes entières s’usent en quelques mois donnant un sens à la motivation réelle de personnes qui la constituaient.
La plupart du temps, la raison ne constitue pas la principale valeur des contestations qui pensent que pour être entendues il leur est indispensable de se distinguer par la virulence de ses propos. Désormais avec la médiatisation des débats à tous les niveaux on assiste à une escalade dans les comportements. La tentation des petites phrases réputées « assassines », des discours véhéments tout prêts, de l’escalade verbale constante règne dans toutes les enceintes. Elle pourrit les échanges et donne une image détestable du monde politique.
En allant à l’inadmissible ou aux confins de l’indécence, les opposants se quel bord qu’ils soient espèrent attirer l’attention sur ce qu’ils pensent être une farouche détermination. Le résultat est rarement positif surtout qu’un jour ou l’autre en se retrouvant dans une majorité ils se disent écœurés par les pratiques des élus en désaccord avec eux. Les pratiques en vogue actuellement dans les assemblées conduisent au discrédit général du personnel politicien.
L’accusation de devenir « moraliste » ou « faible » ou « radsoc’ » se répand dès que le désaccord est exprimé avec des arguments ou basé sur des valeurs références. Et pire la médiocrité transparaît vite dans l’absence de propos contradictoires solides et construits. Malheureusement bien des discours sonnent creux. En regardant les débats autour de la réforme des conditions d’accès aux pensions un téléspectateur motivé ne saurait sortir rassuré sur le niveau des pratiques démocratiques d’une République vieillissante.
L’avalanche de situations pour le moins discutables touchant le plus haut sommet de l’État conduit chaque jour un peu plus à délaisser le terrain des idées ou des propositions pour se tourner vers les mises en cause personnelles. Même si souvent les situations en cause ne sont guère glorieuses, elles servent d’exutoire à une forme de haine dangereuse car sans limite. Justement, la vraie intelligence d’une opposition réside dans la capacité à savoir ne pas s’acharner sur celui qui est tombé ou qui a un genou à terre. D’autant que les cris d’orfraie ou de vierges outrées surgissent dès que son propre camp est attaqué de la même manière.
La polémique latente autour de la sanction prononcée par le bureau de l’assemblée à l’encontre d’un député de LFI ayant posé écrasant de son pied un ballon à l’effigie de la tête du ministre du travail ne me choque absolument pas. D’abord parce que celui qui se voulait intéressant a posé avec son écharpe tricolore de représentant du peuple et de la Nation. Le symbole d’un tel acte évidemment diffusé sur les réseaux sociaux détruit, bien plus que la tenue au sein de l’Hémicycle, la dignité d’une fonction.
Qu’il combatte un texte, une proposition, une délibération, une loi au nom d’une vision de la justice, de la solidarité, du partage, de l’équité, de ce que l’on pense être la vérité a quelque chose de sain et de nécessaire mais qu’il écrase sous une botte une représentation d’un homme me révulse. C’est de la suffisance, du mépris, de la médiocrité absolue dont a fait preuve un autre membre de l’assemblée à l’égard des migrants africains. Que le veuille ou non ses défenseurs l’exemple n’est guère plus fin !
Être opposant c’est essentiellement être pugnace, convaincu et convaincant, crédible, pas seulement contre mais capable de présenter des alternatives. A force de vouloir « faire des coups », d’agir en contradiction avec toutes les références sociales et sociétales de base, les élus de ce type renforce l’image des adeptes de la dédiabolisation.
Le débat essentiel à la destruction de cette réforme va donc passer à l’as avec des telles attitudes. Le pouvoir qui n’est pas majoritaire va en faire des tonnes pour masquer sa faiblesse. Rien ne serait pire pour lui que d’arriver le 17 février à ce que plus rien ne s’oppose à un vote. Le groupe Les Républicains espère ne pas avoir à se prononcer puisque soit il se rallie et sa crédibilité en prend un coup soit il implose et il ne survit pas… S’opposer c’est surtout chercher la faille dans la défense de l’autre pour l’affaiblir. Il vaut mieux être judoka subtil que catcheur bourrin !
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Cher Jean-Marie, tu ne m’as pas rappelé hier soir mais ça n’a aucun caractère de gravité. Je voulais juste te dire que j’avais misé gros au PMU sur l’arrivée dans « Roue Libre » ce matin de toutes ces pitreries qui animent l’Assemblée Nationale. Affligeant! Et les médias en font leurs choux gras, comme s’il ne se passait rien loin du Palais Bourbon.
Aujourd’hui, je ne voulais surtout pas me… défiler.
Louis Capet a perdu la tête le 21 janvier 1793, la monarchie a chuté, la République est née. Souhaitons, 230 ans plus tard, que la Vème Républqiue monarchique, de plus en plus anti-démocratique, de Macron-Borne à Dussopt, chute elle aussi, enfin ! La parole à la démocratie, la parole au peuple ! Je soutiens totalement le député Thomas Portes. La violence vient de ceux qui liquident nos droits, nos services publics, nos retraites.
« … l’escalade verbale… pourrit les échanges et donne une image détestable du monde politique. » Est-ce bien nouveau… ?
Je retourne à mes affaires… à bientôt Jean-Marie !
« Sujet » a-t-il remplacé « Roue Libre » ?
L’assemblée est devenue le repère d’un tas de braillards incohérents et incultes.
Et Le Pen se frotte les mains.
…. » qu’il écrase sous une botte une représentation d’un homme me révulse. »
C’est de la suffisance, du mépris, de la médiocrité absolue dont les princes qui nous gouvernent, ou du moins en ont l’intention, ont tout fait pour en arriver là.
Quant on voit avec quelle désinvolture, dans une république qui se prétend exemplaire, les personnages empêtrés dans de peu reluisantes « affaires », y compris de très proches du pouvoir, sont régulièrement « assurés de toute la confiance »(sic) de leurs commensaux (je n’emploi pas ce mot par hasard) à l’annonce de la découverte d’un énième casserole(qui aurait envoyé un simple citoyen devant les tribunaux ), bien que je le déplore, il ne faut plus s’étonner de la violence de certains propos..
@JJ des commensaux ? Mais comment ça ?
Le commensalisme (du latin cum-, « avec » et mensa, « table », par exemple « compagnon de table » ou « manger à la même table ») est un type d’interaction biologique naturelle et fréquente ou systématique entre deux êtres vivants dans laquelle l’hôte fournit une partie de sa propre nourriture au commensal. Le commensalisme est une relation facultative, provisoire ou définitive, bénéfique pour le commensal, mais neutre (ni bénéfique, ni nuisible) pour l’hôte.
Dans le cas qui nous intéresse nous voyons bien qui sont les commensaux, on peut imaginer qui est l’hôte, nous les contribuables. La frontière est mince entre commensalisme et parasitisme. Ainsi certains crabes, les pinnothères, sont commensaux des moules, jusqu’au moment où, la nourriture venant à manquer, ils deviennent parasites et se nourrissent du manteau de leur hôte. Toute analogie avec le sujet est évidemment mal venue… ;-)))
Pour ce qui concerne les bonnes tables où nos « amis » sont parfois invités par des intérêts privés ( mais c’est très rare !!) on pourrait rapprocher ces agapes exceptionnelles de la symbiose mutualiste. La symbiose mutualiste est une interaction entre plusieurs espèces vivantes qui en retirent toutes un avantage évolutif. Cela se traduit par des avantages en matière de protection, de dispersion, d’apports nutritifs ou de pollinisation.
La nature est bien faite !!
Mais toute forme de mimétisme ( Imitation involontaire ), par les populations sus-évoquées ne saurait être possible car il existe un dispositif imparable le Code de déontologie des députés. Et pour les ministres c’est la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP).
La république est bien faite !! Ils sont très forts ceux qui nous gouvernent… ;-)))
Bonjour,
que voila une occasion en or massif pour le ministre de passer pour une victime devant la France entière. C’est bien une erreur tactique qui vient d’être commise par un député inexpérimenté, donnant lieu à une réponse bien cuisinée par les onéreux cabinets de comm attachés à la macronnie. c’est la vieille recette » comment masquer un concert de casseroles par un orchestre de communicants » .
L’insulte M. Dussopt la pratique aussi. En septembre 2014, il interpelle le ministre Emmanuel Macron à l’Assemblée. Le Canard Enchaîné rapporte l’incident et dont la teneur est confirmée par Olivier Dussopt au Lab d’Europe1 : « Je me nomme Olivier Dussopt, je suis député de l’Ardèche. Ma mère est ouvrière, n’a pas de diplôme et a été licenciée à deux reprises. Vous l’avez insultée, ce matin sur Europe1 ». Il lui reproche d’avoir eu un comportement de « connard » et d’avoir fait preuve de « mépris » en déclarant au sujet des employées de Gad qu’elles sont « pour beaucoup illettrées ».
» Connard » à l’adresse de son futur employeur, les insultes s’effacent devant les exigences du débauchage stratégique.
M. Dussopt a aussi la mémoire courte! Il s’oppose en 2010 à la réforme des retraites de Nicolas Sarkozy, qui repousse de 60 à 62 ans l’âge minimum de départ : « Cette volonté est doublement injuste. D’une part, elle écarte d’emblée la recherche d’autres recettes, notamment la mise à contribution de l’ensemble des revenus et en particulier de ceux issus du capital. […] D’autre part, […] à la précarité et au taux de chômage historique qu’ils connaissent, vous allez ajouter l’infliction d’une double peine aux moins de trente ans en éloignant toujours plus le moment de leur départ en retraite. »
Les déclarations précédentes s’effacent devant les exigences d’un poste de ministre.
En janvier 2011, dans le cadre du débat parlementaire sur la révision de la loi de bioéthique, Olivier Dussopt a déclaré : « Quand j’entends que, malheureusement, 96 % des grossesses pour lesquelles la trisomie 21 est déclarée débouchent sur un avortement, la vraie question que je me pose est : pourquoi il en reste 4 % ? ». Pour les femmes qui ont choisi de donner la vie à leur enfant trisomique, comment pensez-vous qu’elles ont accueilli cette déclaration eugéniste?
L »assemblée en a connu d’autres et bien plus graves. À propos d’une nomination, le 20 décembre 1899. Émile Morinaud évoque « l’extrême avantage d’avoir été baptisé au sécateur ce qui, par les temps qui courent, permet toutes les espérances et fait accorder tous les privilèges ». Élégant !
Émile Jean Morinaud, que l’histoire a « heureusement » oublié a été député de 1898-1902
et de 1919-1940 . Il est élu en 1898 comme candidat du Parti français démocratique et antijuif et devient maire de Constantine, battant Gaston Thomson qu’il accuse d’agir « au nom des juifs ». Il est secrétaire du groupe antisémite présidé par Édouard Drumont, auteur de La France juive, ouvrage résolument antijuif. Maire au moment de l’émeute anti-juive (ou pogrom) de Constantine, en août 1934, il laissa faire les émeutiers contre lesquels la troupe ne fut envoyé qu’au bout de trois jours. Après la Première Guerre mondiale, il est député socialiste, puis radical , ce qui lui vaut d’être nommé sous-secrétaire d’État à l’Éducation physique du 2 mars au 13 décembre 1930 dans le gouvernement André Tardieu , puis à nouveau, du 27 janvier 1931 au 20 février 1932, dans les gouvernements Pierre Laval. Dans les années 30 antisémite n’était pas rédhibitoire pour obtenir un poste au gouvernement.
M. Dussopt est au sein du gouvernement considéré comme proche de Gérald Darmanin sur les questions en lien avec l’immigration. Dans les années mac-ronds il n’est pas non plus rédhibitoire d’avoir été socialiste pour entrer dans un gouvernement de droite extrême…
Je veux dire et répéter qu’il n’existe aucun lien de parenté entre M. Dussopt et Émile Morinaud.
C’est un pur hasard si ces deux personnes apparaissent successivement dans mon commentaire.
Bon repos de fin de semaine
Merci J.J. pour cet exposé didactique et salutaire. Mon week-end s’éclaire.
Et oui, comme disait Audiard, ils osent tout.
@ à mon ami J.J. entre 2 activités écriture/lecture…
» Et c’est même à çà qu’on les reconnait… «
https://www.bfmtv.com/politique/retraite-a-64-ans-l-ex-ministre-marisol-touraine-craint-un-passeport-pour-le-populisme-d-extreme-droite_AN-202301300315.html
C’est « mignon » n’est-ce pas???
Macron,Marisol Touraine ,Élisabeth Born,qui les a mis au pouvoir?.
Comprenez mon amertume ,à 76 ans et après tant d’années militantes, je comprends le député LFI et le soutiens.
« Marifol » Touraine, ainsi la surnommions nous dans notre mutuelle Sogerma dont j’étais le trésorier .Les faits qui se sont déroulés à la Mutuelle de Bretagne dont « mon ex camarade socialiste « ,son directeur, a fini au perchoir, étaient inconcevables
dans notre mutuelle.
Ensuite si le RN est puissant interrogeons nous??
Bonjour @MOULINIER !
» Ensuite si le RN est puissant interrogeons nous?? »
Seriez-vous en train de découvrir et d’emprunter un des chemins de la Raison ?
Comme disait Jacques Bodouin: » Un grand garcon comme vous ? » ! ! ! !!!!!
Cordialement.
Pour revenir sur le fond de l’affaire de corruption le détail est ici sur le blog de R de Castelnau sous le titre; » Affaire Dussopt : les écrans de fumée du PNF »
L’avocat revient sur le fonctionnement du PNF « Le Parquet National Financier a été voulu par François Hollande et créé après l’affaire Cahuzac. »
Pour ce spécialiste du droit le PNF est destiné à protéger les politiques. Deux caractéristiques particulières du PNF permettent ce tour de force judiciaire : la compétence nationale de ce parquet spécialisé. Qui lui permettait de s’emparer de toutes les affaires pouvant naître sur le territoire au détriment des parquets territorialement compétents. La seconde est relative à la composition de l’organe faisant l’objet d’un soin particulier pour éviter toute surprise. Ça c’est la stratégie.
La tactique elle est plus tordue. Le PNF lance une enquête préliminaire qui lui permet de mener à sa main les « investigations », sans débat contradictoire, sans partie civile, sans contrôle de la chambre d’instruction. L’objectif est d’opérer — comme il l’avait fait par exemple pour Alexis Kholer —, et de terminer par un classement sans suite. Dans le cas Dussopt c’est un peu plus difficile, il convient donc de dégonfler l »affaire au maximum Exit la corruption, exit la prise illégale d’intérêts et autres babioles, pour ne retenir en l’état qu’un « délit de favoritisme » qui aurait été commis en 2009 (!). si le juge du fond venait à considérer que l’infraction est constituée et non prescrite, il pourrait appliquer la jurisprudence Jean-Marc Ayrault, condamné à une peine légère pour délit de favoritisme. Ce qui ne l’empêcha pas de devenir ensuite Premier ministre… Ayrault a été condamné en 1997 à six mois de prison avec sursis et 30.000 francs d’amende pour délit de favoritisme dans l’attribution d’un marché public.*
Le blog de R de Castelnau ici https://www.vududroit.com/2023/02/affaire-dussopt-les-ecrans-de-fumee-du-pnf/
* Jean-Marc Ayrault avait été condamné par le tribunal correctionnel de Nantes pour octroi d’avantages injustifiés à la Société nouvelle d’édition et de publication (Snep), qui avait réalisé le journal municipal de la ville, Nantes Passion, de 1989 au 1er janvier 1994. Son P-DG. Daniel Nedzela était alors considéré comme le financier du PS en Loire-Atlantique. Lors de l’audience du 17 octobre 1997, le socialiste avait assuré que « ni la Snep, ni monsieur Nedzela n’étaient intervenus dans le financement » de ses campagnes électorales. Jean-Marc Ayrault n’avait pas fait appel de la condamnation, indiquant simplement dans un communiqué qu’il en « prenait acte, sans autre commentaire ».
Très applaudie à l’Assemblée l’intervention, notamment dans les rangs de la majorité, la réaction d’André Chassaigne, le président du groupe Gauche démocrate et républicaine : « Au nom des députés de mon groupe, je tiens à dire à quel point nous sommes choqués des propos qui ont été tenus. J’ajouterai à titre plus personnel que je me sens blessé, même humilié. Tenir de tels propos est absolument inacceptable. Nous sommes ici pour nous combattre, pour opposer des arguments, porter une parole sans concessions. Mais jamais nos débats ne doivent dévier vers l’insulte. »
Dussopt pleure mais fait des mots croisés à l’assemblée nationale… La forme des débats n’est rien. Seul le fond compte. Et à l’arrivée on risque de se prendre la retraite pour les morts…