Chaque jour, le moindre projet local, départemental, régional ou national provoque des réactions négatives en chaîne. Le principe en est simple : « pas de ça chez nous ! » mais on ne critique pas « la nécessité » du projet. La tension monte quotidiennement dans le pays à mesure que les besoins apparaissent. Toutes les annonces d’équipements soulèvent des oppositions plus ou moins massives et organisées. Que ce soit en matière d’urbanisme, de mobilité, d’éducation, de développement économique, d’énergie même de sport… il n’y a plus un seul projet qui ne suscite pas une vague de contestation.
La puissance publique, quel que soit son niveau, doit affronter le phénomène de «l’acceptabilité sociale » qui n’étant jamais pris en compte dès le départ finit toujours par intervenir dans la démarche. Le principe « officiel » de l’enquête d’utilité publique intervenant en fin du processus ne résout en rien ce qui devient le principal obstacle à de nombreuses opérations considérées comme « indispensables. » par ceux qui les initient. Comment obtenir « l’assentiment de la population à un projet ou à une décision résultant du jugement collectif que ce projet ou cette décision est supérieur aux alternatives connues, incluant le statu quo », tel est le dilemme permanent. L’intérêt général doit-il passer avant les considérations individuelles.
Alors que par exemple la «transition énergétique » est sur toute les lèvres et recueille une adhésion majoritaire mais sa mise en œuvre se heurte à de multiples difficultés. Les éoliennes ? Les centrales photovoltaïques ? La géothermie ? Les barrages ? Il suffit qu’une initiative soit prise par exemple dans ces domaines pour qu’aussitôt se dressent des actions de refus collectives de diverses origines. Toutes ne peuvent pas être justifiées mais certaines sont aussi parfaitement justifiées. Si l’on souhaite abandonner les énergies fossiles il faudra bien d’une manière ou une autre trouver des pistes de remplacement.
La période des véhicules électrique va placer « l’acceptabilité sociale » au cœur des prochaines années puisqu’elle nécessitera la prise en compte de multiples atteintes à l’environnement. La balance entre avantages et inconvénients est en discussion. La fabrication des batteries, souvent passée sous silence, génèrera des débats musclés notamment autour de l’extraction du nickel ou du lithium. On entre juste dans des confrontations puisque nul n’a été vraiment associé aux choix effectués. Le gouvernement dope les ventes mais a occulté les conséquences de sa politique qu’il repousse aux calendes grecques.
Dans tous les secteurs les « tribus sociales » s’affrontent autour d’une décision. Elles s’agrègent et se désagrègent au fil des évolutions sociales avec des motivations parfois très diverses. Écrire que c’est le fonds de commerce de certains partis politiques ne constitue pas une exagération. Ils se précipitent pour attiser ou récupérer cette « inacceptabilité sociale ». Une nouvelle prison, un centre de rétention pour OQTF, un lieu d’accueil d’enfants en difficulté sociale… et aussitôt les réunions ressemblent à des meetings politiques.
Des logements sociaux pour les milliers de personnes dans des taudis ou même sans solution pour obtenir un lieu de vie correct ! Et « la racaille » occupe les débats dans les communes ! Le pire c’est que souvent la contestation vient des personnes ayant bénéficié de ce type d’hébergement. Mieux souvent elles ont exigé que l’on en trouve un pour leur fils, leur fille, leur ami(e) ou leur épouse après séparation mais condamnent ensuite les constructions programmées pour répondre à des nécessités reconnues.
On atteint le summum quand sur les réseaux sociaux, déversoir souvent des approximations ou des idées toutes faites transformées en slogans, celles et ceux qui ont parfois très récemment bénéficié du droit à construire sur un quartier, une commune se répandent en propos haineux envers les nouveaux arrivants effectuant la même démarche. « On a trop construit ! On construit trop ! On accueille n’importe qui ! L’insécurité vient d’eux ! » Le plus époustouflant c’est quand les meneurs sont les vendeurs des terrains qui mènent la contestation !
Organisez une réunion d’explication et d’information sur la sobriété énergétique, la ressource en eau, la catastrophe de la réforme de la fiscalité, le fonctionnement de la démocratie représentative, la panade du service public de santé , la pénurie d’eau potable ou la collecte des déchets et vous connaîtrez l’échec sauf si vous leur donnez un parfum de scandale. Tous les jours cette dichotomie entre les grands enjeux de l’avenir et les réactions éphémères prend de l’ampleur.
La France est devenue la nation des grandes idées qui ne sont jamais appliquées. On appelle ça l’esprit français parait-il ! Dans tous les cas les élus (l’État est incapable de le faire) doivent absolument changer leur approche de l’action publique. Certes ils décident mais il leur faut désormais bâtir des stratégies nouvelles de partage de leur pouvoir : programme de rencontres citoyennes régulières, création de structures de concertation ouvertes, panel représentatif de la sociologie de leur territoire, travail d’éducation citoyenne et adaptation de leur programme aux valeurs essentielles sociétales, aller sans cesse vers les autres… autrement tout ne sera qu’affrontements inutiles et dévastateurs.
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Il y aurait tellement à dire que je ne dis rien.
Enfin… le voilà…!Je n’avais qu’une crainte… celle d’avoir disparu des listes… Bon merci de me laisser un moment pour ma lecture et… à + + +
… « mais a occulté les conséquences de sa politique qu’il repousse aux calendes grecques. »
Est-ce bien nouveau… ? N’est-ce pas le travail (ne devrais-je pas écrire le jeu ?) de tout gouvernement ?
S’agissant du point final de ce « Roue Libre », il y a de cela bien des années… » j’ai fait un rêve… » il s’appelait autogestion » !
Comme J.J. je n’ai rien à ajouter.
Si no, buenos dias Laurita!
@ a mi amigo christian…
¡ Buenos días amigo ! J’espère que tu enrichis tes connaissances en Histoire de Bordeaux… !
Si, si, pero soy esperando el texto escribido en el papel prometido por mi mujer con su llave de l’Union Sportive Bouscataise.
Abrazos de la tarde.