Les crises et les guerres généreront une profonde modification du rapport des individus avec de multiples secteurs de la vie quotidienne : santé, économie, alimentation et même environnement. Alors que nous restons sur une vision très restreinte de ces mutations et que nous continuons à nous chamailler sur des chiffres ou des principes dépassés, des évolutions profondes et durables se profilent. Le retour de mots effrayants appartenant à ce que nous pensions être le temps passé comme « pandémie », « criminels de guerre », « bombardements », « inflation », « famine », « cataclysmes » démontrent que les enjeux sont ailleurs. La campagne en cours en France n’est vraiment pas à la hauteur et sombre de plus en plus dans la médiocrité politicienne.
Il faut convenir que cette période ne favorisera guère les échanges sur le fond puisque depuis des années les débats se résument à des formules toutes faites que l’on se jette à la tête pour provoquer des clashs valorisant celle ou celui qui le cause. Par exemple dans le domaine de l’environnement, c’est particulièrement net, où on a assisté à une dérive dramatique des argumentaires en oubliant que rien ne sera résolu sans adhésion du plus grand nombre. Désormais une sorte de « struggle for life » débute sur tous les continents et particulièrement en Europe. Les peuples se recroquevillent sur le principe que le salut dans la vie quotidienne passera par des principes totalement étrangers à la protection de notre bien commun qui est la nature.
L’environnement va passer au second plan dans les mois qui viennent car le retard dans les actions de préservation conduiront à ne pas pouvoir proposer des substitutions immédiates aux dégâts actuels. Les volumes des « productions » en tous genres prendront le pas sur les méthodes et sur leurs conséquences vis à vis de la planète. Il va falloir par exemple davantage de céréales pour compenser les conséquences de la guerre russo-ukrainienne ce qui va entraîner une course aux rendements. Cette nécessité vitale pour des milliards d’êtres humains va reléguer au second plan la non-utilisation des pesticides ou des engrais de synthèse. Le combat sur ces sujets est perdu d’avance à court terme voire à moyen terme.
Le débat autour de l’énergie nucléaire qui aurait pu constituer l’un des points essentiels des présidentielles n’existe plus. Brutalement une prise de conscience du fait que « l’indépendance nationale » repose sur une diversité d’indépendances toutes plus ou moins méprisées depuis de longues années au nom du libéralisme permettant de marchandiser tous les besoins essentiels : alimentation, énergies, santé. Même si cette appréciation choquera les vieux opposants au Général de Gaulle : nous ne survivons que grâce à sa vision de ce que devait être notre capacité à ne pas dépendre de l’extérieur.
Charles de Gaulle il y a 70 ans avait tenu le discours de la souveraineté énergétique. Produire de l’électricité grâce à l’atome, c’est possible depuis les années 50 en France. A l’époque, le site de Marcoule dans le Gard est choisi pour une expérimentation. Le 28 septembre 1956. Pour la première fois, la France réussit à fabriquer de l’électricité grâce à l’atome. Deux ans plus tard, en 1958, le Général de Gaulle se rend en personne sur le site de Marcoule. Sa visite, commentée à la télé, est un enjeu politique et très patriotique.
Les années passent, le Général de Gaulle continue de faire la tournée des centrales, en construction ou déjà achevées. Septembre 1963, direction le site nucléaire du Tricastin dans la Drôme. Pour lui, ça ne fait aucun doute, l’énergie de demain, elle viendra du nucléaire ! Il y déclarera : “Nous avons décidé d’avoir ce qu’il nous faut. Et d’autant mieux, et d’autant plus, que cette puissance nucléaire comme on dit est liée directement à l’énergie atomique elle-même qui est comme vous le savez tous, le fond de l’activité de demain.” C’était l’époque où EDF était véritablement une entreprise de service public.
Faute de mettre la citoyenneté au cœur de la vie politique et d’avoir choisi de s’adresser aux consommateurs de tout et de rien, les acteurs actuels ont créé des réflexes dramatiques reposant sur la valeur fric. Ils répondent aux problèmes de l’avenir non pas par une vision globale mais par des catalogues de mesures où l’électorat coche l’article qui lui convient. Il sera pourtant impossible demain de régler les problèmes écologiques sans un engagement citoyen autonome et responsable. Or ce volet est totalement oublié dans la construction du monde d’après tout comme l’est l’éducation populaire. Il est vrai que c’est plus dangereux que bien d’autres propositions.
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« Pour lui (le général), ça ne fait aucun doute, l’énergie de demain, elle viendra du nucléaire ! »
Très bien, mais il semble que mon général a oublié de se poser deux questions :
1) Où et comment se procure -t-on de l’uranium de façon sure et durable ? Car sans uranium, une centrale nucléaire, c’est comme une chaudière si le robinet du gaz est fermé. Et de l’uranium , il en pousse peu en France.
2) Que fait-on des déchets, qui ne sont pas de la matière inerte, et dont on ne peut prévoir ni l’évolution ni les mutations. Elles représentent un danger majeur et non évaluable à l’échelle géologique du temps(après nous le déluge, c’est ça ?).
Une situation de conflit génère l’apparition systématiques des vautours et profiteurs de guerre. Ils sont déjà à l’œuvre.
Question naïve dont des technocrates nous fourniraient avec leur morgue habituelle la réponse( voilà pourquoi votre fille est muette), à nous pauvres sous développées du bulbe : comment se fait-il que les combustibles, achetés à un cours normal, stockés depuis longtemps soient actuellement vendus a un prix qui a considérablement augmenté ?
Évidemment appliquer à ce genre de marché les règles d’un problème de cours moyen prix d’achat, frais bénéfice, prix de vente, relève d’un esprit particulièrement fruste et non rompu aux belles envolées réglementaires d’un spécialiste en marketing et lobbying.
Quand à la recherche et la mise en œuvre de solutions pour éviter les pratiques nuisibles à l’environnement, l’utilisation de produits chimiques et autres substances funestes pour le biotope et l’Humanité, adieu , panier, vendanges sont faites.
La FNSEA ne se tient plus de joie !
D’ailleurs pourquoi alors continuer à espionner les contempteurs poitevins des bassines scélérates, puisque leur opposition devant la situation d’urgence va tomber à l’eau ?
Évidemment que le nucléaire c’est notre indépendance.
Évidemment que la matière première ne se trouve pas sur notre sol national, comme pour les énergies fossiles.
Évidemment que le contexte actuel instruit la spéculation. Je n’ai rien compris au traitement politique de la pandémie : on est en guerre alors qu’il s’agit d’une crise sanitaire. Mais fallait bien justifier la mise sous contrôle de la communication (lire Jean-Norton Cru, lettres du front et d’Amérique, 1914-1919 de M6F Attard-Maraninchi et R. Caty – Publications de l’Université de Provence).
Et comment arrivera-t-on à exploiter les pauvres des pays en voie de développement pour leur arracher les métaux (rares) nécessaires aux batteries ?
Voila pourquoi il faut changer de paradigme (plus facile à écrire qu’à faire même pour l’auteur), pourquoi il faut imposer la lutte contre le réchauffement climatique partout, pourquoi il faut que chacun assume les conséquences sur son territoire et arrête d’exporter la misère qu’il ne veut pas voir (chez lui).
Voilà pourquoi : https://www.petitionenligne.com/pour_la_paix?fbclid=IwAR0wJyy51SvnftGFy2YorvOLW7BmeMbsRDqwpEpoprokntc06yrR9xyhzK0
On peut rester anonyme.