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C’est la foire aux contestations locales d’intérêt limité

Le conseil municipal de Strasbourg a été reporté à trois reprises durant la journée de hier en raison de manifestations violentes de la part de forains mécontents des décisions de la Maire de la ville. A Grenoble on a assisté au même scénario avec un collectif ‘Touche pas à ma place »  qui s’oppose à des aménagements urbains de partage de l’espace public sur une place de la ville. Désormais les élus locaux sont en première ligne et ces faits qui paraissent réservés aux grandes villes se développent partout. Toute mesure qui contrarie un tant soit peu un groupe économique, politique, social provoque désormais des événements violents.

En Alsace l’annulation de deux fêtes foraines pour des raisons de sécurité et de disponibilité des lieux a générer la révolte des occupants habituels des lieux. Ces événements posent en effet partout des problèmes pour les élus qui doivent souvent fermer les yeux sur une sur-occupation des espaces accordés, des conditions de branchement électriques parfois limites, des déluges sonores pénibles pour l’environnement et des risques de bagarres potentiels. L’évolution des mentalités rend ces moments autrefois attendus par les enfants et les jeunes assez complexes à maîtriser. En fait la mairie n’effectue qu’une annulation temporaire. Faute de site convenable pouvant accueillir les manèges et les stands de la foire de la Saint-Jean qui a lieu au début de l’été, et dans l’attente de l’aménagement d’un nouveau, prévu pour 2027, la municipalité avait en effet décidé de ne pas maintenir les éditions de 2025 et 2026.

pneus et palettes brûlées, bouteilles de gaz déposées devant le centre administratif, blocage de la circulation, envahissement du hall de l’Hôtel de ville : la violence n’a cessé de monter tout au long de la journée. Après avoir reçu une délégation de forains en fin de matinée, la maire a dit “rester ouverte au dialogue et chercher à débloquer la situation”, notamment en demandant à ses services d’évaluer la proposition faite par les professionnels de s’installer sur une autre place , ce qui a déjà été étudiée et écartée, notamment pour des conditions de sécurité et de circulation.

Elle a également rappelé les coûts des installations provisoires consenties par la municipalité évalués entre un et trois millions d’euros par an depuis 2020. Depuis le début du mandat, la mairie cherche un site définitif et proposé plusieurs solutions provisoires sur plusieurs sites. Toutes ont été refusées par nos interlocuteurs qui exigent trois semaines par an, sur un lieu unique, pour 115 attractions. Révélateur du sens du dialogue que les protestataires témoignent à l’égard des élus !

Tout aménagement dérange. Toute construction excite. Toute volonté raisonnable d’aller vers un partage agace. En matière de mobilité c’est patent. Essayez donc dans la zone de rencontre créonnaise instituée pourtant depuis plus d’une décennie de cheminer sur la rue comme le veut l’ordre des priorités et vous constaterez que bon nombre de conducteurs ignorent le code de la route ou se pensent tout simplement les possesseurs du droit exclusif de circuler.

Alors si par hasard vous installez du mobilier urbain ou des constructions pour favoriser une utilisation commune la révolte arrive. A Grenoble les professionnels des foires protestent contre ce qu’ils considèrent comme des entraves à l’utilisation à leur profit d’une place réaménagée quelques jours par an. Bousculades, fumigènes, insultes, envahissement des locaux ont empêché la tenue du conseil municipal. Les « anti-tout » ont frappé !

Le phénomène de ces conjonctions d’intérêts individuels ou groupusculaires qui se muent pour des raisons souvent purement électoralistes en contestation « d’intérêt général » s’intensifie à l’approche des échéances électorales. Le secteur du logement est particulièrement visé surtout lorsqu’ils ont un label « social », au point que Sciences Po’ Paris lance une étude dont le thème est particulièrement intéressant, « maires bâtisseurs, maires battus ? » Ne rien faire. Ne pas broncher dans les domaines de la mobilité, de la transition écologique, de l’urbanisme ou du respect des textes en vigueur reste la meilleure solution pour sécuriser son avenir électoral.

La parcellisation sociale du pays en des centaines de milliers d’entités se prétendant représentatives a atteint son paroxysme se poursuit inexorablement. Les élus locaux étant selon une expression désormais célèbre « à portée de baffes », ils deviennent donc l’exutoire d’un égoïsme ou d’une angoisse née de l’envie de se protéger contre tout ce que l’on pense hostile. Faute de dialogue réel les moindres événements relayés par les réseaux sociaux prennent des dimensions démesurées impossibles à réfréner. Le vivre ensemble n’a plus aucun sens tant il est affaibli par les « communautarismes » qui ne sont pas contrairement à ce que l’on prétend seulement religieux ou ethniques !

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Cet article a 2 commentaires

  1. J.J.

    On peut peut être parler de paranoïa et d’égoïsme collectif (sic).
    En tout cas c’est inquiétant de constater que ces populations n’ont d’autres ambitions que des projets égocentriques, sommaires, sans projection dans le l’avenir.
    Consommer, consommer. Tout, tout de suite, sous n’importe quelle forme, et quel que soit le prix à payer par les « autres », en négation avec un concept hédoniste.
    « L’autre » n’existe que dans la mesure où il pourra aider à assouvir un désir, et passé ce stade, au mieux il sera oublié, sinon deviendra un ennemi potentiel.
    « No futur ! »
    Un naufrage de nos valeurs suite à un sabotage de leur transmission.

  2. facon jf

    Bonsoir,
    faute de temps pour développer mon point de vue (ouf ! dirons vos lecteurs) je vais résumer. D’un coté les forains qui luttent pour la survie de leur activité et de l’autre les mairies souhaitant au mieux ménager la chèvre et le chou. L’aménagement des emplacements en cœur de ville c’est la quadrature du cercle avec un empilement de règles et de contraintes démultipliant les coûts. Les finances communales étant limitées puisque les arbres ne montent jamais jusqu’au ciel les arbitrages sont souvent saignants entre le souhaité et le réalisable. A l’approche des élections ça sent le goudron dit une expression populaire. Les travaux en cours pour couper les cocardes au bon moment posent des soucis aux forains. De plus la conjoncture est morose, comme en témoigne les forains pour Grenoble. Après trois semaines de festivités, les forains quittent l’esplanade et dressent un bilan en demi-teinte de la 89e édition de la foire des rameaux à Grenoble. D’après eux les recettes 2025 sont 30% plus basses que celles des années passées. De quoi attiser encore un peu plus les artisans de la fête au village.
    François Noël Buffet a présenté mardi les derniers chiffres concernant les violences à l’encontre des élus. « 2.501 faits » ont été recensés en 2024, selon les travaux du Centre d’analyse et de lutte contre les atteintes aux élus (CALAE). Cela représente, en moyenne, 40 à 50 agressions par semaine. À noter que ce chiffre marque un léger recul par rapport à 2023, année lors de laquelle « 2.759 faits » avaient été décomptés (-9%), selon le ministre délégué au ministère de l’Intérieur.
    Malgré la baisse de 9% il y aura encore des baffes à recevoir d’ici la fin de l’année.
    Bonne soirée

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