Le 24 mai l’association de bienfaisance des cruches sadiracaises tentera de lancer la « journée nationale des cruches ». Cette structure strictement bénévole cherche à préserver avec une pointe d’humour le patrimoine artisanal local d’une commune qui fut l’une des plus prolifiques en France pour la production de poteries et faïences utilitaires dans tous les secteurs de la vie quotidienne au XVIII et au XIX° siècles. Dans le cadre de cette manifestation il a été envisagé de décerner la prix de la cruche d’or à une personnalité dont les propos méritent d’entrer dans ceux qui méritent de rester mis à l’abri pour la postérité dans une cruche scellée. En quelques semaines, les ténors de la vie politique nationale ont fourni au jury matière à délibérer avec jubilation.

La perspective des élections présidentielles conduit les principaux candidats putatifs à rivaliser d’imagination pour polariser l’attention sur leur personne. On attend avec impatience l’entrée en compétition de Hanouna qui devrait surclasser les seconds rôles dans l’outrance verbale qu sont Wauquiez, Darmnanin, Ciotti ou Retailleau. Chaque jour ou presque ils se distingue avec un talent qui malheureusement n,’a rien de comique. Leur perspicacité pour dénicher l’idée absurde qui parviendrait à séduire une opinion dominante avide de propositions correspondant à la simplicité de son jugement n’a pas de limite.

Ainsi Wauquiez a dégainé le plus vite en proposant d’envoyer les OQTF à Saint-Pierre et Miquelon. Il a évité de parler de Cayenne, de l’île des Pins en Nouvelle Calédonie, des Kerguélin ou de la Terre Adélie en raison du coût du transport ou plus certainement pour ne pas mécontenter un électorat trop nombreux dans les deux premiers lieux ! Il a justifié son idée par des explications météorologiques / « Il fait 5 °C de moyenne pendant l’année, avec 146 jours de pluie et de neige. Je pense qu’assez rapidement, ça va amener tout le monde à réfléchir, a détaillé le président des députés Les Républicains (LR). Vous refusez de retourner dans votre pays ? Très bien, vous prenez un aller simple pour Saint-Pierre-et-Miquelon, sans vol retour pour l’Europe. » Des propos qui méritent amplement d’être préservés pour l’éternité en entrant dans la cruche 2025.

Il avait surenchéri sur la superbe invention de Ciotti, collaborateur zélé du RN qui en était resté en 2021 lui à la création « d’un Guantánamo à la Française » pour y enfermer les djihadistes de retour de Syrie ou d’Irak. Il avait regretté que le fameux « camp du bien décerne des brevets de respectabilité » s’y oppose. Il n’avait pas précisé où mais on suppose qu’il l’aurait bien installé dans les Alpes Maritimes ou sur les îles méditerranéennes comme celle du Levant ou de Port-Cros. Il avait lui-même était devancé par Dupont-Aignan qui lui avait fait preuve de moins d’imagination en proposant Cayenne et les Kerguélen. Ils auraient pu au moins chercher des propositions plus singulières comme l’îlot de Clipperton ou celles dites des Éparses ! Tous deux postulent à une médaille !

Comme il ne voulait pas décevoir le jury le la cruche d’or, Darmanin qui vit la justice de l’intérieur a sorti de derrière les barreaux une invention féerique. Il vise la plus haute marche du podium des cruches ! Il envisage un montant « symbolique, mais important » ‘=(sic) au titre des « frais d’incarcération ». Une reprise de la situation de 2003 que Chirac avait trouvé inutile, coûteuse et inégalitaire. Peu importe. On exclurait les détenus « indigents », les détentions provisoires et on chercherait à récupérer quelques dizaines d’euros par l’administration pénitentiaire. Seuls ceux qui travaillent (20 à 25 % des prisonniers) et qui sont payés à un quart du SMIC sont aisément « ponctionnables ». Pour les autres il faudra payer les amendes, les parties civiles (qui le sont rarement), trouver les revenus dissimulés, entreprendre les démarches de saisie et ensuite entamer les poursuites.

Retailleau est un peu à la traîne. Un spécialité qu’il pratique selon les victimes des déséquilibrés qui se promènent dans la vie quotidienne. Il a délivré un énorme lapsus. Le ministre a en effet répondu sur BFMTV à propos du voile : . « Ah non. Mais je n’ai jamais dit que toutes les femmes qui portent le voile étaient des islamistes. Mais ce que je vous dis aujourd’hui, devant vous les yeux dans les yeux, c’est que tous les islamistes, tous, il n’y a pas une exception, souhaitent que les femmes soient violées ». Constatant sa très grosse erreur, Bruno Retailleau a immédiatement dit « pardon ». Marquant ensuite une pause, il a concédé que c’était « curieux d’ailleurs comme acte manqué », avant de reprendre la fin de sa phrase : « soient voilées ».

Nous attendons votre verdict pour mettre dans la cruche de 2024-2025 la prise de position qui doit rester protégée pour les générations futures. Si vous avez d’autres propositions je suis preneur !

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