« J’aime pas les étrangers. Ils viennent manger le pain des Français ! » Dans son sketch « l’étranger » que seulement les plus de soixante dix ans peuvent connaître, Fernand Raynaud annonçait le racisme ambiant du XXe siècle. Il est d’une brûlante actualité. Le boulanger et son utopie sur la transplantation cardiaque résume parfaitement la philosophie humaniste de cet immigré qui finira par quitter la France et laisser le village… sans pain !
J’ai en mémoire un film documentaire de François de Luca, cinéaste de talent (1) qui diffuse « Nos racines » et des témoignages dont celui de son père sur l’immigration italienne en France. Son père a cette phrase qui trotte souvent dans ma tête : « Pauvres Français ils nous accusaient d’être venus en France pour manger leur pain alors que nous étions tellement pauvres que nous n’avions pas de pain à manger ». Ce constat d’un vieux « macaroni » constitue la vérité sur la situation de la très grande majorité de celles et ceux qui étaient arrivés dans les campagnes françaises pour sauver des propriétés en friche en raison de la terrible saignée de la guerre 14-18.
Tant dans le secteur de l’agriculture que dans celui de la construction leur apport a été déterminant tant dans les années 1925-1935 que dans celles qui ont suivi le conflit 39-45. Marcel Pagnol fort de l’immense succès de la femme du… boulanger accepte une commande de l’État Français pour tourner une histoire susceptible de réconcilier la zone libre avec l’Italie mussolinienne. Un scénario dont la morale est sous-jacente et qui tente d’effacer le rejet indiscutable des Ritals. Fernand Raynaud utiliserait un autre métier que ceux de boulanger et de puisatier. Il prendrait probablement les professions de santé !
Plus de 300 praticiens à diplôme hors-Union européenne en France (on utilise l’acronyme : padhue) ont ainsi entamé hier une grève de la faim qui doit durer trois jours, avant une manifestation prévue samedi devant le ministère de la Santé. Ces padhue protestent contre l’absence de régularisations accordées, pourtant promises par l’ancien Premier ministre Gabriel Attal et Emmanuel Macron en janvier 2024, pour lutter contre les déserts médicaux. Ce sont des médecins, des chirurgiens-dentistes, des pharmaciens et des sages-femmes ayant obtenu leur diplôme dans un pays hors de l’Union Européenne et exerçant en France. Ils sont près de 5 000 et sans eux bon nombre de structures hospitalières ne fonctionneraient plus.
Sur France Inter Abdelhalim Bensaïdi, diabétologue à l’hôpital de Nanterre depuis plus de six ans s’est exprimé sur une situation indigne qui rappelle combien nous sommes fragilisés par des décisions antérieures placées sous le signe de l’austérité pour les services publics seule richesse des plus fragiles. Pour être régularisés, ces doivent passer des épreuves de vérification des connaissances, surnommées EVC. Sauf que lors de la dernière session, 20% des places qui devaient être attribuées n’ont pas été accordées. « Il y a eu des gens qui ont été recalés alors qu’ils ont obtenu plus que la moyenne », s’indigne le docteur Bensaïdi, qui dénonce une décision « arbitraire ». « On se retrouve dans une précarité inadmissible », poursuit le diabétologue.
Dans un service d’accueil d’urgence psychiatrique de jour que je connais la psychiatre roumaine qui fait « fonction » n’avait pas vu son autorisation de séjour renouvelée par la Préfecture et n’avait donc plus le droit de travailler. Tant qu’elle ne l’avait pas son contrat ne pouvait pas être signé par l’hôpital. Le matin faute de médecin tous les malades ont été renvoyés à la rue, chez eux ou dans leur famille quel que soit leur état. Tous les semestres c’est le même scénario ! Saturé, limité en nombre de places, manquant de personnel le service en question vit donc presque au jour sous la tutelle d’un médecin chef français submergé ! Il y aurait beaucoup d’autres exemples.
Ces « padhue » se retrouvent partout dans une précarité inadmissible et pourtant devenue la règle commune. Si les 5 000 s’arrêtaient brutalement de travailler la crise serait visible. En plus à poste équivalent, leur salaire est trois fois moins élevé qu’un titulaire français. Leur salaire, tourne autour de… 1 500 euros nets hors gardes. La recherche régularisation, relève du parcours du combattant, ne fait rien pour leur faciliter la tâche. Avant d’être apte à candidater aux fameuses EVC, les praticiens étrangers doivent obtenir une autorisation temporaire d’exercice, valable… 13 mois. Délivrée par l’Agence régionale de santé (ARS), elle repose sur le fait que le soignant a exercé au moins trois ans dans son pays d’origine et s’est engagé à passer les épreuves de vérifications à son arrivée en France. Quand on vous dit qu’ils viennent manger le pain des Français…
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Situation scandaleuse dont les « padhue », et par voie de conséquence les citoyens français sont victimes chaque jour, l’état chicanier et procédurier se montrant incapable de gérer la crise.
Je connais une médecin spécialiste roumaine, depuis longtemps en France, et qui a dépassé le stade de « padhue », évidemment parfaitement intégrée dans les services hospitaliers et aussi en cliniques privées où ses compétences sont reconnues.
Elle démystifie un peu la noirceur de l’état roumain que l’on nous a présenté comme une porte de l’enfer.
Ce n’était pas le paradis non plus certes, et Nicolae Ceaușescu n’était pas un enfant de chœur, mais on a beaucoup noirci le tableau. L’apprentissage du français était obligatoire, elle n’a donc eu aucune peine à s’intégrer et les études, en particulier en médecine étaient particulièrement performantes. Tout le monde n’a pas eu cette chance.
Bonjour de Saïgon,
Le problème des déserts médicaux qui touchent maintenant les hôpitaux vient de loin. Plus précisément d’une note de la Direction du Budget rédigée en vue du comité interministériel du 5 décembre 1969, dont l’ordre du jour portait sur la réforme des études médicales, expose fermement ce point : « Le problème posé par l’afflux des étudiants en médecine est celui de l’adaptation des effectifs à celui des postes de médecins nécessaires à l’encadrement sanitaire de notre population. Tant que ce problème n’aura pas été résolu de manière objective et autant que possible accepté par les intéressés, nos études médicales soulèveront donc des difficultés renouvelées et le risque qui pèsera sur les finances publiques serait considérable.»
Voilà comment l’ordre des médecins et les mamamouchis de la direction du budget ont engendré le monstre Numérus Clausus qui dévore inéluctablement l’effectif des médecins issus des facultés françaises.
Face au besoin, et pour éviter l’inflation du coût des actes médicaux ( si la demande augmente avec la population et que l’offre diminue le coût augmente) le palliatif consiste à faire venir « temporairement » des médecins étrangers misérablement rémunérés en secteur hospitalier.
Pour l’hospitalier qui gère l’occupation des lits avec un objectif de 100 % c’est tout bénéf ! On rempli les lits et les soins à moindre coût et on se fait rembourser par la sécu au prix max.
Sauf que en cas d’épidémie on est débordé et le système explose !! Çà fait désordre alors il faut dans le cas de la Covid, par exemple , mettre en place le quoi qu’il en coûte et comme ça suffit pas on culpabilise les non-vax et on gère au fil de la tempête le nombre de candidats à l’hospitalisation.
On pourrait multiplier les exemples de décisions aussi ridicules qu’inefficaces ( masques, TGV et avions sanitaires, privations de libertés…).
Tout cela relève de la fameuse théorie du cheval mort.
la Théorie du Cheval Mort
L’idée de base est simple : si vous découvrez que vous êtes en train de monter un cheval mort, la meilleure solution est de descendre et de passer à autre chose. Pourtant, dans la réalité, beaucoup préfèrent adopter des approches moins rationnelles, telles que :
1. Acheter une nouvelle selle pour le cheval.
2. Nourrir le cheval en espérant qu’il se réveille.
3. Remplacer le cavalier par un autre.
4. Licencier la personne chargée de s’occuper du cheval et embaucher quelqu’un de nouveau.
5. Organiser des réunions pour discuter des moyens d’augmenter la vitesse du cheval.
6. Former des comités et des groupes de travail pour étudier le cheval mort et analyser la situation sous tous ses angles. Ces comités travaillent parfois pendant des mois, produisant des rapports et proposant des solutions pour ce cheval qui ne bougera jamais.
7. Finalement, ces comités arrivent à la même conclusion, évidente depuis le départ : le cheval est mort.
8. Cependant, au lieu d’admettre la vérité, on gaspille encore des ressources et des efforts, et on compare le cheval à d’autres chevaux morts pour justifier la situation. Certains avancent même que le cheval manque de formation et qu’il a besoin d’un stage intensif pour « améliorer ses performances ».
9. Ce stage, bien sûr, nécessite une augmentation du budget.
10. Enfin, on redéfinit le terme « mort » pour se convaincre que le cheval est encore en vie.
La théorie du cheval mort fonctionne à plein régime au ministère de la santé et ce n’est malheureusement pas le seul ministère touché. Les pauvres Padhue payent cash la rigueur de décisions iniques qui se cachent derrière les paravents bien pratiques de l’administration bureaucratique.
Aucune honte, aucun scrupule à déshabiller les compétences médicales de pays qui ont formé ces médecins et les voit partir sans retour sur investissement et qui en plus manquent à leur population.
Comme c’est bizarre ! On trouve 800 milliards d’argent magique pour les industries de mort et pas un radis pour les besoins sanitaires …
Tout va bien nos politiques cravachent les chevaux morts.
Bonne journée