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Normandy, France, Month 2022.

« J’ai la crève » et c’est dur à assumer

Depuis trois jours j’ai ce que l’on appelle communément « la crève », une sorte de maladie diffuse alliant la fièvre, le mal de gorge, un nez qui pisse et une toux constante. Dans le fond ce n’est pas bien grave mais fortement pénible car bien entendu ça tombe un week-end et il n’y a que l’auto-médication qui puisse être utilisée pour tenter d’endiguer ces symptômes de maux réels mais non identifiés. Quand presque toute sa vie on n’a jamais eu à s’arrêter de travailler pour ce genre de situation, on ne connaît pas les effets néfastes de cette situation. Je sui irritable, chiant, exigeant, comme si les autres étaient responsables de mon incapacité à surmonter ces moments qui me paraissent  épouvantablement pénibles.

Avoir la » crève » c’est surtout se retrouver dans l’incapacité d’identifier la maladie qui nous accable. Il est vrai que bon nombre de ces affections sont difficilement identifiables par les médecin qui avouent que désormais elles s’entremêlent et se complexifient. Il leur faut persuader les patients que les traitements les plus simples sont les plus efficaces. En effet le système de santé si pointu en matière de spécialistes peine à répondre au niveau des généralistes. Le Doliprane devient alors le médicament le plus prescrit. On estime à 300 millions le nombre des boîtes vendues sur ordonnance mais il faut y ajouter toutes celles qui sont achetées par les patients eux-mêmes.

On sait que 36 millions de patients, soit plus de la moitié de la population française, se sont vus prescrire du Doliprane, signe du caractère toujours emblématique de ce médicament au cœur d’une récente polémique. Sanofi compte en effet vendre la majorité d’Opella, sa filiale produisant ces gélules si familières. Au fait où en est-on de cette cession souhaitée par Sanofi. Il a fallu un accord tripartite entre le fabricant, les fonds américains et l’État pour que l’affaire soit conclue. Dans le fond c’est le cadet de mes soucis puisque ce qui compte pour moi c’est le résultat de l’absorption de leur produit sur la température affichée sur le thermomètre.

La « crève » se soigne aussi éventuellement par un antibiotique. En ce qui me concerne je ne suis pas un fan absolu mais parfois il est indispensable d’accepter une prescription de ce genre. En 2023, les prescriptions d’antibiotiques en médecine de ville se sont stabilisées (-0,2% par rapport à 2022). Selon un indicateur exprimé en doses définies journalières d’antibiotiques (pour 1000 habitants), la consommation a baissé de 3,3% par rapport à 2022. Après deux années consécutives marquées par une augmentation du recours aux antibiotiques, les chiffres de 2023 s’inscrivent dans la tendance de baisse modérée mais constante. Il existe une certain déception chez les patients français à qui on explique que leur praticien ne leur en donnera pas. Or le monde commence à se préoccuper de l’antibiorésistance.

Le bilan de l’antibiorésistance en France, pays pourtant encore relativement épargné par rapport à d’autres régions du monde, est lourd : 130 000 cas d’infections à bactéries multirésistantes ou hautement résistantes et 5 500 décès annuels. Cette situation ajoutée au fait que désormais nous les ingérons lors de nos repas. Des résidus peuvent se retrouver dans les aliments d’origine animale tels que la viande, le lait ou les œufs suite à des pratiques défaillantes telles que le non-respect de la période d’attente légale ou l’abus de promoteurs de croissance. L’accumulation peut avoir des conséquences sur la réaction ultérieure à des traitements indispensables.

« La crève » vous me dirait n’a que faire de ces considérations. Je me rends compte que depuis de longues années je n’ai pas pris le temps de m’intéresser à ce qui est le plus important son propre corps. Le rythme de vie interdit souvent de se pencher sur soi-même et donc trop tard je découvre ce que veut dire ne pas être en forme. Je ne m’en étais guère aperçu. Autour de moi les AVC, les cancers, les maladies neurodégénératives, les infarctus m’apparaissent tout à coup dans leur réalité. Être actrice ou acteur de la vie publique, c’est laisser accroire que l’ont résiste à tout, que l’on a pas de défaillances et que la maladie vous épargne. Jusqu’au jour où ça vous tombe sur la tête.

Je me gave sur la férule de mon infirmière très maternelle de miel, de citron, de potions aux herbes, d’huiles réputées essentielles, des tisanes. Je m’inflige des pulvérisations, des expectorations, des inhalations. Bref je tente de me débarrasser ou au moins d’atténuer ce qui m’a envahi. Trop long. Trop soft.  J’ai la « crève » et il me tarde qu’elle me quitte. C’est tellement chouette la vie sans contrainte et sans soucis de santé. Avec la philosophie de Ricet Barillet, chanteur de « la servante du château » on peut relativiser la situation : « Passé soixante ans, quand on se réveille sans avoir mal quelque part, c’est qu’on est mort. ». Rien n’est plus vrai.

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Cet article a 9 commentaires

  1. François

    Bonjour Jean-Marie !
    Alors … malade ? La « crève » ? Et oui, mon povr’ J-M, on devient fragile vu notre catégorie d’age (voir mon dernier commentaire). Aussi premier principe à adopter :  « Charité bien ordonnée commence par soi-même » ! ! ! Soigne-toi et surtout ne te fais pas tester sinon le maître des horloges va encore nous confiner ! ! !
    Donc la célèbre petite boite jaune refait son apparition sur la table de lecture avec le miel et les tisanes de ton infirmière adorée.
    Un truc de nos Anciens qui ne doit rien à la Sécu :
    Tu prends un demi bol d’eau chaude, tu incorpores un jeu de citron et une cuillère à soupe de miel (toutes fleurs ! !), tu complètes avec le bon produit de la Maaartiiiniqu’. Là, tu t’installes sur le bord du lit et tu avales le mélange. Tu te couches et, dès que la lampe du plafond attaque la Valse de l’Empereur, les couvertures tirées sur la tête, laisse le remède agir ! ! Efficacité garantie … SGDG !
    Bonne guérison Jean-Marie car l’Actualité regorge de sujets de dissertation sur lesquels tes fidèles lectrices et lecteurs déçus t’attendent avec impatience !
    Amicalement

    1. J.J.

      François @ Un autre remède encore plus « drastique « : la tisane des quatre chapeaux.

  2. J.J.

    « J’ai la crève » et c’est dur à assumer… »
    Ça arrive de temps en temps et en effet il n’y a guère de remède, sinon attendre que « ça passe ». Il y a quelques années, je me suis réveillé un matin avec des symptômes de crève, sans fièvre et une douleur à la poitrine bien connue, symptôme de rhume, grippe ou autre affection similaire.
    Au téléphone, « mon » médecin en vacances, les autres cabinets appelés ne prennent pas de nouveau patients et le cas échéant me proposent d’attendre une petite quinzaine, y compris le toubib sur la place, en bas de l’immeuble.
    Comme je ne me sentais vraiment pas bien, à tout hasard, j’appelle les urgences, dans un premier temps, je décris mon mal et la régulatrice me propose de me rendre à l’hôpital. Mais malencontreusement, je déclare cette douleur à la poitrine. Aussitôt questionnaire : âge, état de santé etc. Et mon interlocutrice décide d’envoyer une ambulance. Malgré mes dénégations lui assurant que je n’avais aucun symptôme de malaise cardiaque, je me suis vu transporté dans un engin, gyrophare bleu activé, faisant une entrée remarquée aux urgences. Dévêtu, puis revêtu de la tenue réglementaire j’ai eu droit à la radio, l’électrocardiogramme, l’auscultation sous tous les angles etc., observant de pauvres diables mal en point, bien plus que moi attendant leur tour. Après toutes ces observation le responsable du service m’ a donné une ordonnance de DOLIPRANE …et m’a conseillé de consulter mon médecin quand il serait de retour de vacances. J’ai présenté des excuses pour avoir fait perdre leur temps à ces braves gens qui m’ont assuré « qu’ils étaient là pour ça ».
    Cette affaire date du temps où il existait encore un Hôpital Public.

  3. christian grené

    Hé, Jean-Marie! dis-toi que tu n’es pas seul avec cette crève. Mais pas au point d’entretenir un petit mélange des genres entre Ricet Barier… et Grédy.

  4. christian grené

    Pardon Mr! Barrier avec deux r. J’vais au coin ou au tableau?

  5. M-Cl. J.

    Et oui, ça arrive quelques fois! On se sent très mal et il n’y a rien d’autre à faire qu’à avaler les gélules jaunes et rouges…Qui d’ailleurs ne font pas bcp d’effet en pareil cas, à part pour le mal à la tête. Il ne reste plus qu’à attendre que ça passe, avec les remèdes du XIXe siècle, si bien administrés pour toi, si j’ai bien compris…
    Mais en revanche on peut agir sur les pbs de comportement: ça n’est la faute de personne, alors pourquoi faire subir à notre entourage notre malaise et notre mauvaise humeur justifiée? Patience à ceux (celles…) qui subissent, un petit effort pour les malades.
    Mais on n’en est plus à l’heure de la leçon de morale, alors bon rétablissement et à très bientôt en meilleure forme.

  6. Alain.e

    En tout cas ,s’ il y en a un qui  » tiens bon la barre  » c’ est Hugues Aufray , malgré ses 95 ans , sans doute les effets de la cryothérapie , quand tu t’ appelles au frais et que tu bosses dans le chaud biz ..
    J’ apprécie particulièrement ces deux citations sur la vieillesse , en plus de celle de Ricet Barrier
    « Vieillir , c’ est l’ œuvre d’ une vie  »
     » Un vieux , c’ est un jeune qui a réussi « 

  7. faconjf

    Bonjour,
    comme tous les vieux qu’ont de l’âge, l’hiver nous apporte son lot d’inconforts résultat des températures extérieures qui font le yo-yo ainsi que l’hygrométrie. Nous vivons en une époque moderne où tout doit être au top y compris les humains. Pour améliorer le confort des toussoteux et des hypocondriaques, on rempli à grands frais les armoires à pharmacie. Pendant une longue période de mon activité professionnelle, j’étais la cible hivernale des virus et autres microbes me sautant dessus à la faveur des écarts de températures entre l’intérieur proche des 40° et 100% d’hygrométrie et les températures extérieures franchement négatives et sèches. La crève avec le nez qui dégouline c’est pas top pour se déplacer d’une zone dite propre à une zone potentiellement « contaminées » nécessitant le port de tenues complémentaires assurant la transpiration et appareils respiratoires isolants interdisant de s’égoutter le pif. L’usage des vasoconstricteurs, aujourd’hui interdits sans ordonnance depuis décembre dernier, était intensif. Dolirhume, Actifed Rhume, Humex, Rhinadvil Rhume… ont fait la fortune des pharmaciens qui ne pouvaient ignorer les risques encourus par leurs clients. Des infarctus du myocarde et des accidents vasculaires cérébraux peuvent se produire après utilisation de médicaments vasoconstricteurs (pseudoéphédrine) destinés à soulager les symptômes du rhume. Le risque est très faible mais ces événements peuvent se produire quelles que soient la dose et la durée du traitement ( je suis rassuré à posteriori hihi!). Le risque d’effets indésirables est aggravé en cas d’utilisation simultanée d’un vasoconstricteur oral (comprimé) et d’un vasoconstricteur à usage local (spray nasal) disponible uniquement sur prescription. Ce risque est d’ailleurs rappelé dans les résumés des caractéristiques du produit (RCP) et notices des médicaments concernés. Communication de l’ANSM en 2023, il aura fallut du temps à Bigpharma et aux potards pour accepter la fin de cette rente de situation.
    D’autant que un rhume bien soigné se traite en 7 jours et un rhume pas soigné dure 7 jours.
    Comment soulager le rhume ?
    Voici les recettes de L’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé)
    Le rhume guérit spontanément en 7 à 10 jours.
    Des gestes simples aident à soulager l’inconfort lié aux symptômes du rhume :
    – Humidifier l’intérieur du nez avec des solutions de lavage adaptées : sérum physiologique, sprays d’eau thermale ou d’eau de mer…
    – Boire suffisamment ;
    – Dormir la tête surélevée ;
    – Maintenir une atmosphère fraîche (18-20°C) et aérer régulièrement les pièces.
    J’ajoute que l’installation d’un réseau de gouttières sous les narines peut être envisagé, le montage des supports est un peu douloureux et le retour sur investissement en économie de mouchoirs est trèèès long.
    Sur cette mauvais blague, sortez vos mouchoirs et
    Bonne journée

  8. Pierre Lascourrèges

    Un mélange d’humour et de dérision ne peut évidemment pas faire de mal. Si j’en crois certains témoignages dans ton entourage, j’ai entendu dire que tu avais eu jusqu’à 39 de fièvre. Si je peux me permettre, je m’autorise à faire une comparaison avec un élément essentiel, si caractéristique dans l’univers des courses de chevaux qui te passionne tant. Ainsi, je serais tenté de dire qu’avec un 39 affiché, ta cote n’a sans doute jamais été aussi élevée. Et ce n’est pas franchement bon signe. Comme pour tout bon cheval, je te souhaite qu’elle baisse car tu n’es pas favori. En attendant, on espère prendre plaisir à te retrouver au bistrot du coin pour partager tes pronostics hippiques et placer tes meilleurs paris.

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